« La vraie poésie ne veut rien dire, elle ne fait que révéler les possibles. Elle ouvre toutes les portes. À vous de franchir celle qui vous convient »
Jim Morrison.
Entrevoir, c'est essayer de voir « entre », voir à travers les images que nous renvoie la réalité, la magie fugace, impalpable, du monde.
Voilà comment j'essaie de résumer la sensation de la lecture de tous ces merveilleux poèmes de Paul de Roux, (encore) un poète découvert grâce à mes ami.e.s babeliotes.
Et une autre veine poétique, unique, même si, et je n'aime pas les comparaisons, je ressens la proximité d'approche avec celle de
Philippe Jaccottet, ou de Jean Grosjean.
C'est une poésie du quotidien, a-t-on écrit, mais certes pas une poésie du quotidien anecdotique et banal tel que pourrait le laisser imaginer ce qualificatif.
Non, c'est, au travers du rythme des saisons, du vol des oiseaux, des feuilles sous la pluie d'automne, de l'apparition fugace d'une jeune fille, de bruits, de chants, d'odeurs, une sorte d'assimilation par le poète, et par nous avec lui, de la réalité du monde, non de sa matérialité, mais de la vie profonde que le monde nous révèle, la beauté des êtres vivants et des choses, le temps qui passe, la mort comme prolongement naturel de la vie.
Et puis, je voudrais citer, à côté de ces nombreux et magnifiques poèmes dédiés à ces brefs instants de la vie, ces merveilleux croquis poétiques qui nous livrent en quelques mots l'atmosphère de l'oeuvre d'
Antoine Watteau, Claude Lorrain, Marc Chagall, Zoran Music, de
Georges Rouault, de l'Angélique d'Ingres, et d'autres encore, tels ce portrait d'un numismate ou l'évocation saisissante de la scène tragique où
Nietzsche embrasse un cheval maltraité par son maître, ou une scène de film, ou la mort d'un clown…
Dans sa concision, son apparente économie de moyens,
Paul de Roux nous conduit, comme d'autres le font par d'autres chemins, vers l'essentiel de ce que peut nous donner la poésie, c'est à dire accéder au mystère du monde.