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EAN : 9782246808466
298 pages
Grasset (01/01/1967)
3.8/5   5 notes
Résumé :

" Si Léopold eût été difforme ou infirme, s'il eût été affligé d'une épaule plus haute ou plus volumineuse que l'autre, ou s'il eût traîné une jambe on aurait pu m'accuser lorsque j'étais enfant de jouer cruellement avec lui en me donnant son apparence."
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dans l'arrière pays marseillais, au début du XX siècle, les frères SIRVAN grandissent tristement à la suite du décès de leur mère, dans la crainte du second mari de leur mère qui les élève. Léopold, l'ainé est couvé par le paratre qui recrute un tuteur chargé de consolider le talent artistique que les enfants ont développé en copiant les oeuvres de Gustave Doré illustrant leurs livres et en dessinant « le cavalier nu » qui hante leurs cauchemars nocturnes. Xavier, méprisé par le paratre s'engage en 1917 et rejoint l'infanterie.

Mobilisé à Rouen, Xavier déserte dès l'armistice signé et fuit en Angleterre. Après une vie d'errance, de débauches et de petits boulots, dont le dessin de rues, il s'enrôle et bourlingue sur toutes les mers du globe, tantôt soutier, tantôt matelot ou barreur. Pendant plus de dix ans, désintoxiqué par l'air marin, il s'instruit en lisant à chaque instant libre et en crayonnant les figures et les paysages observés. Un jour, en Amérique Latine, il découvre dans une revue un dessin du « cavalier nu » dans un article consacré à son frère devenu un illustrateur renommé. Xavier adresse un télégramme à Léopold qui lui répond par retour « Viens. Ne tarde pas. Je suis seul. ».

Xavier rejoint en France son frère physiquement diminué, mais célèbre dans le monde de l'édition pour avoir illustré les oeuvresDe Maupassant, Edgar Poe, Huysmans, Hamsun, Conrad, Kipling … Les deux frères partagent pendant des mois leur passion artistique et l'ainé apprend au cadet les secrets du métier. La ressemblance entre les frères permet progressivement à Xavier de seconder puis suppléer Léopold dont la santé décline lentement. Les deux frères finissent par se confondre et signent simplement SIRVAN leurs oeuvres.

La conclusion arrive … que je ne dévoilerai pas pour ne pas gâcher le plaisir de cette merveilleuse lecture … qui n'a pas encore été commentée par les Babeliotes.

Dernier ouvrage écrit par Edouard PEISSON en 1963, ce roman apparait être le testament de l'écrivain. Quelle part d'auto biographie dans ces pages où l'on retrouve la passion de la mer qui anima l'écrivain tout au long de sa vie et son amour de la littérature ?

Un chef d'oeuvre méconnu que je recommande pour son intrigue, ses héros et le style remarquable de l'auteur qui, avec Roger VERCEL, est un des plus grands écrivains maritimes français du XX siècle. A noter que cette fois nous naviguons dans les structures basses du bateau avec Xavier et non au poste de commandement comme dans les autres ouvrages du capitaine PEISSON et que la majeure partie de l'intrigue est terrestre.

« Le cavalier nu » nous emmène au bout du monde pour nous conduire au fond de notre âme et ainsi connaitre les racines de notre civilisation.
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Une invraisemblable histoire de confusion d'identité entre deux frères qui ne sont pas jumeaux.
Si la mer et le monde des marins sont présents dans ce livre, c'est en filigrane, et Edouard Peisson nous avait habitué à mieux.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ai-je encore quelque chose de commun avec ce garçon se débauchant avec les filles du port, dépouillant de son porte-monnaie un soldat ivre ? Je le vois ce garçon se saoulant en compagnie de Brocca, s'enfuyant avec l'argent de sa maîtresse, et il n'est pas moi, me semble-t-il. Je suis détaché du déserteur de Londres qui tourmentait Maggy, qui l’a abandonnée en lui criant : « II faut être deux pour faire un enfant. » Non. Il n’est plus. La mer m’a sauvé.

Timonier à bord de mon premier cargo, je regarde et j'écoute les longues lames de l'Atlantique du nord. Elles m’apportent la paix. Elles ont écarté les terres de moi, elles m'ont enlevé au monde. Je ne suis plus pressé par la foule. Je n'entends plus les talons sur la pierre autour de moi qui dessine. Leur eau lave et emporte toutes les images qui m'obsèdent. Dans leur épaisseur, la figure du parâtre, de Brocca, des filles, des tenanciers de pubs se diluent. Leur poussière salée m'ôte de la bouche le goût de l'alcool.

Je respire, mon cœur dans ma poitrine dilatée bat à son aise. Semaine à semaine, mois à mois, année à année, la mer m’a guéri. Jamais plus je n’ai été la « petite crapule » d'autrefois et même aux jours de pire détresse je n'ai pas volé une pomme.
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Je tenais les dessins à bonne distance de mes yeux ; le mien dans la main gauche, celui de mon frère dans la main droite, et Léopold s'était encore approché et penchait la tête pour les regarder et nous pensions « semblable ». C'était une révélation brutale ; toute la détresse de notre enfance nous apparaissait soudain. Matérialisée par cette image surgie en nous quelque trente ans plus tôt, en l’un et l'autre en même temps — et il nous aurait été impossible de dire qui le premier, de Léopold ou de moi, en avait parlé. Peut-être celui qui un soir — quel soir ? — avait évoqué par la parole l'étrange cavalier apparu sur la berge n'avait-il fait que décrire la vision qui hantait l'esprit de l'autre dans le moment.

« Le Cavalier Nu » n'était pas que cette angoisse. Il était notre enfance, notre adolescence — je veux dire tous mes troubles, toutes mes folies, toutes mes actions qui paraissaient insensées. Il était la carapace de fer qui avait serré à l'étouffer le cœur de Léopold. Il était le mystère de ses yeux.

Léopold et moi nous n’osions pas nous regarder mais je ne fus pas étonné de l'entendre dire :

— Maintenant il n'est pas nécessaire que je te demande pourquoi quand tu as vu ma litho dans une vitrine de Rio, tu m’as télégraphié.
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En quinze ans de mer j’ai lu des milliers de livres et exécuté des centaines de dessins. On est seul en mer comme nulle part. La passerelle quittée ou la soute ou la chaufferie, car j'ai aussi navigué dans la machine, le repas pris, je m'installais soit sur ma couchette, soit sur le gaillard, soit sur la dunette et je lisais et dessinais. J’ai lu aussi à terre entre deux embarquements, dans les bibliothèques publiques et celles de l’Armée du salut. J’ai lu de tout, en français et en anglais, romans, essais, critiques, ouvrages sur l’art, d’histoire, études philosophiques, pièces de théâtre, de l’ancien, du classique, du romantique, du moderne. Une certaine année, il m'arriva après avoir appareillé de Seattle d'ouvrir la Bible à la première page de la Genèse. Je ne sais plus où je l'ai fermée sur les derniers mots de l'Apocalypse. Entre-temps j'en avais dessiné des dizaines d'images dont j’ai conservé tout un carnet.

L’admirable est que tout ce que j'ai ainsi absorbé a pris sa place dans ma tête comme dans une bibliothèque ordonnée. Je ne dis pas que je n’ai rien oublié — ce serait fou — mais tout a laissé trace de son passage.
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Ma propre expérience et celle que j'ai des hommes me font penser que dans l'existence de chaque être humain il y a un drame ou plusieurs, une tragédie ou plusieurs, et c'est cela la vie, je dirai même que là est le bonheur de vivre : aimer, souffrir, souffrir, aimer, être menacé, déchiré, torturé, mourir.
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