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EAN : 9782070329090
120 pages
Gallimard (03/11/1995)
4.25/5   6 notes
Résumé :
«APOÈME n. m. (De a privatif et poème. - Pour nous, apoème a vite perdu son aspect négatif. Apoésie n'est pas impoésie, non-poésie, anti-poésie. Tant s'en faut. Lorsque nous écrivons un apoème selon notre loi intime et un art inaccoutumé, nous sommes poète autant qu'est musicien l'artiste qui compose une œuvre "atonale", c'est-à-dire "dans une écriture musicale étrangère aux règles tonales de l'harmonie". Apoésie et atonalité impliquent des recherches positives. L'a... >Voir plus
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Ohé maçons, brique la messe !
Ohé croyants, rose chancreuse !
Ohé stagiaires, mes amis !
De la limite à la limite
La nuit est un diamant pour rire.
Or navigable, mer muette;
Oiseaux, chaloupes dissipées;
Ô vitrail, mouture stellaire !
Ma bouche, ma cousue, murmure.
Dans le coeur me naît une source
Qui, claire, coule par mes veines
Et va transmettre aux paysages
le "moi", vibrante architecture.
Babil ! sermons ! à vous, mirages,
La part de mes terres charnelles,
Les meules bleues de la fatigue.
Voilà bien là les morts intimes :
Les sommeils volés à l'envi,
La chambre close ouverte aux rêves.
Hors les laitiers, les boueurs fous,
Qui me réveillera ? Je marche,
Une étoile mourante aux lèvres,
Colleur d'affiches immolé
A la vindicte de la foule.
Oh vite un cirque où l'on exulte !
Crient les ribleurs en ribambelle.
Le clown est triste : punition.
La lune court après les ombres
Qui jouissent dans les courants.
Je jette un juron comme un gant.
Sommation ! Lacs, on vous somme
De rendre au ciel paix et clémence;
Fleurs giratoires, l'on vous somme
Célébrants parjures, l'on vous
Somme de rendre à l'horizon
L'ostensoir du soleil levant.
La Terre s'offre, et les Morts germent,
Seuls sur l'île de l'Evangile.
Je bois au sein de Dieu. Ô clown !
Il n'est que la sagesse d'or,
L'azur têtu, la primevère,
L'armure osseuse pour se taire.

Quand le silence eut retombé,
Mes baisers bouclèrent la route :
Circuit serré comme une corde
Autour du cou, circuit bandé
Tel l'arc-en-ciel qui ceint le monde.
Ce fut la prison sous la peau.
De l'épiderme au coeur, mensonge !
Musique, ronge-moi et songe :
Combien de mûres violettes
Trahirent ma langue et mes doigts !
Tant de fourmis sous le talon
Que je ne pus les recenser !
Et que dire du jour de mai
Où, armé d'aiguille et de fil,
Je condamnai à tout jamais
Les jeunes roses du jardin ?
La tache est là, bouleversante,
Que boit le buvard de l'abîme...
Tache d'oiseau touché à mort
Plongeant dans les vagues de blé...
Je me révolterai dès l'aube.
tout est commun, l'arbre ! la feuille !
Le groseillier grappillonneux !
Le boeuf solard, martyr paisible !
La paysanne et sa fanchon !
L'épouvantail ivre de gestes !
La houle noire des mineurs !
Les vitriers chargés d'images !
Père brisé ! veuve ravie !
Que l'on s'ennuie à ce jeu-là.
Pour recours j'ai le souvenir
D'un camarade sachant rire.
A donc vienne la minaudière
De ton enfance sur les dents,
de ton corps sur la défensive -
Le divin artifice ! filles
pointues de notre bonnet d'âne,
Gavroche au poings givrés de sucre,
Mouche confite en la lumière,
Et vous, solfège défendus
Sous le pupitre chuchotés...
Ô tinte la clochette grêle !
Signal de l'éparpillement
- "Larousse sème à tous les vents."
A tu, à toi, à Chat botté
Les espiègles lycéens
sur les pianos de pavés
ils bondissent, le muscle neuf,
déclenchant un chahut que même
le bourgeois salut au passage.
Allez, la classe buissonnière,
Cache-nez ! lustrines ! galoches !
Bonnets phrygiens ! et plaies et bosses !
Les polissons, les pubertaires,
les sans-cultottes banlieusards,
la gent mignonne échevelée,
Cognez ! cassez ! brûlez! hurlez !
Forcez l'amour humain : Bastille !
Des flingots, vous n'en aurez guère !...
Les guêpes meurent tant et plus
Après des extases d'épouses;
Les colombes crient qu'elles tuent ;
Le peuplier perd l'équilibre;
C'est le divorce ! et c'est la guerre !
Le long hiver aux fumées folles...
Quand le printemps reverdira,
Nous serons des alléulias,
-Balets de Faust, rats d'Opéra,
Gaminerie, feux de Bengale,
Théâtre propritiatoire.

Quand le printemps recouvrera
l' étincelle de son génie
(Je veux dire le soleil) et
l'hirondelle au gré de l'azur,
Nous saluerons la femme, celle
qui passe et jamais ne s'efface
Ravi des beaux jours, mon sang me
Répand dans ses vaisseaux choisis.
En vérité, c'est le printemps
Nous parlons langue contre langue.
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Apoème 3


Extrait 4

Ainsi les orgues devenaient des barricades.
Les hommes s’éprenaient de femmes, sans paroles.
Ils tournaient le danger comme un oiseau le chat.

La vie avait sur eux la lueur des cristaux...
L’amour ne froidira plus. Hola ! émeutiers,
(Les lampes sourdes de la nuit sont des injures).

Le ciel couve de longs couteaux d’argent ardent.
Nous renverserons Dieu. Attendez qu’il existe !
Puis un canon balance le soleil en l’air.
On met les mains sur les yeux. C’est de la folie.
Le soleil soûl jure dans les peupliers trembles
Et saigne jusqu’à la Pâque sur les cerises.
Devant ce miracle nos ouvriers s’émeuvent.
Il fait bon. Leurs adages font la chandeleur.
La révolte s’ouvre, comme Christ que l’on cloue.
Les citrons dynamités de l’aurore éclatent.
Les saisons percutent. Je ne me souviens plus.
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Apoème 3


Extrait 1

Hommes, souvenez-vous des marches et des haltes.
Hommes, la gorge en feu, nous bûmes aux fontaines.
Hommes penchés dehors, les trains vous emportaient.
Hommes, je vous revois offrir des roses rouges.
Hommes, mes délicats, vous tuiez des oiseaux.
Hommes à tout venant les veillées vous fanèrent.
Hommes, descendez l’eau, debout sur les péniches…
Faites encor vos jeux ! clamèrent les forains.
Les roues lancées à bras tournaient, tournesols ivres,
Avec un bruit fou de crécelles. La lumière
Inspirait les joueurs suffisamment pour que
Leurs lèvres parussent murmurer des mots d’or.
Certains criaient : Je mise sur la liberté.
Il leur fallut rompre les cordons de police.
Hommes nus, seriez-vous damnés de père en fils ?
On dit que vous avez la guerre dans le sang.
Dockers, coolies chinois, batteurs de tam-tam nègres,
Chômeurs américains, caravaniers arabes,
Peaux-Rouges peints sur des mustangs amadoués…
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Fragments du « Sélénite »
Paris, 1949


Si doivent m'accuser d'être dans la lune les étranges innocents qui se vantent d'avoir les pieds sur terre, eh bien ! je passerai aux aveux tout de go : « Je suis un Sélénite. »
_______________________________________________________________

La lune fait la part belle de la mort dans le ciel de la vie.
Les nobles loups y hurlent.
Les sages hiboux la hululent.
_______________________________________________________________

comme un appeau tout de silence et de clarté
comme un leurre d'amour par belle nuit d'été
_______________________________________________________________

voyeuse
qui ne se départ jamais de sa sérénité
alors qu'en chaleur les chattes noctivagues
feulent à cœur tendre
_______________________________________________________________
...
p.111

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Apoème 3


Extrait 2

Hommes plongeant les doigts dans les raisins dorés ;
Hommes blottis au creux du foin ; hommes si noirs
Qui visitez les cheminées ; hommes donc à
La belle étoile ; hommes hélant les feux Saint-Elme ;
Hommes de nulle part qui parlez plusieurs langues ;
Camelots, boulangers, mosaïstes, pilotes ;
Hommes ! anges ! démons ! je vous nomme. C’était…
C’était au temps parfait des blés et des bluets,
Fable de l’existence idéale ! Après quoi
Les laveuses battirent, agenouillées, les
Bleus de fondeurs, les soies d’amants, les tabliers
D’élèves, les draps lourds… Elles oignirent leurs
Mains de l’huile sainte du fleuve, et s’en allèrent.
Sur les chemins, la nuit venue, des dieux frileux.
Le visage en deux coupé par le clair de lune,
Vidaient leurs gourdes pour se donner des couleurs.
Alors roula l’hiver comme un beau tambour blanc.
La symphonie ? n’est qu’une affaire de patience.
Disait-on. Les arbres dépouillés chuchotèrent :
Où sa cache le loir ? Il leur vint à mémoire
Des cas désespérés : biche blessée, mésange
Prise à la glu, vanesse aux doigts d’une pinceuse.
Abeille qui se noie dans la bouteille close. `
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