Ode aux trois règnes
Nous sommes à la perle …
Extrait 4
Nous habitons comme la loutre une catiche,
Nous funambulons avec l’écureuil,
Nous vivons le cerf qui dague sa biche,
Et nous jouons à la truitelle de ruisseau.
Nous sommes la dent carnassière,
Le bec du tournepierre,
Et la serre du sacre, et l’ongle du pourceau,
Nous sommes la fange et la neige sœurs,
Le soufre qui sort vif des sourdes épaisseurs,
L’émail des volcans, le silex nectique,
Oui, le porphyre du portique.
Nous avons fait le pas,
Du granit des brisants
Au granit des gisants,
Et nous n’ignorons pas et nous ne savons pas.
Du sable remuant nous avons hérité,
Pourtant nous est venu l’astre en sa fixité.
Nous sommes terre d’os, nous sommes terre d’ombre,
Terre de vigne que l’on sombre,
Terre aux lèvres du matelot, terre amoureuse
Tendre à la force laboureuse,
Et de par la fraternité jamais éteinte
Nous sommes terre sainte.
Ode aux trois règnes
Nous sommes à la perle …
Extrait 1
Nous sommes à la perle, aux loges de l’orange,
Aux pointes de l’oursin, aux piquants de la bogue,
Aux rémiges du fou, aux nageoires de l’ange,
Au duvet de l’oison, aux soies du sanglier,
Au front grave et crineux du cheval de collier.
Nous sommes le réveil du bourgeon rédempteur,
Et la sève, et le sang au cœur même du cœur.
Nous sommes les printemps créés au creux des meules,
Le chaume, le glui, le feurre, les éteules,
L’ormille, le couseau, le sarment, la tonnelle,
L’air framboisé, l’air saturé de citronnelle,
Les empires du cèdre et les émois du tremble,
Les pétales quand le bouquet se désassemble,
Le lichen glaucescent sur les vieilles écorces,
La scille en bord de mer, la prêle d’onde douce,
L’hélianthe annuel au zénith de ses forces,
La truffe d’été qui dort sous la mousse.
Nous sommes à la perle …
Extrait 4
Nous habitons comme la loutre une catiche,
Nous funambulons avec l’écureuil,
Nous vivons le cerf qui dague sa biche,
Et nous jouons à la truitelle de ruisseau.
Nous sommes la dent carnassière,
Le bec du tournepierre,
Et la serre du sacre, et l’ongle du pourceau,
Nous sommes la fange et la neige sœurs,
Le soufre qui sort vif des sourdes épaisseurs,
L’émail des volcans, le silex nectique,
Oui, le porphyre du portique.
Nous avons fait le pas,
Du granit des brisants
Au granit des gisants,
Et nous n’ignorons pas et nous ne savons pas.
Du sable remuant nous avons hérité,
Pourtant nous est venu l’astre en sa fixité.
Nous sommes terre d’os, nous sommes terre d’ombre,
Terre de vigne que l’on sombre,
Terre aux lèvres du matelot, terre amoureuse
Tendre à la force laboureuse,
Et de par la fraternité jamais éteinte
Nous sommes terre sainte.
Ode à la neige
blanche autant qu’absolue
dans un silence d’œil
qui rêve l’éternité blanche
*
neige neigée
tellement soleillée
que d’un blanc aveuglant
et brûlante !
*
moelle de diamant
*
neiges du Harfang aux iris jaunes d’or
et ventre blanc pur de la Panthère des neiges
*
de quel oiseau fléché fuyant à travers ciel
ce pointillé de sang sur la neige vierge ?
Ode aux trois règnes
Nous sommes à la perle …
Extrait 3
Nous sommes « aux oiseaux », et nos coudées sont franches
Les beaux soirs de frairies.
C’est nous encor, « gestueux » comme dix mille branches
Chiffonnes ou fleuries
Nous ressemblons au jour qui ralentit sa course
Pour voir ensoleillé son portrait dans la source.
Nous sommes l’abeille cirière,
Sur le chantier la fourmi menuisière,
En haut d’un picholin la cigale à tambour
Et le grillon dans la gloriette du four.
Nous fréquentons le troglodyte
Mignon dont le cœuret palpite,
Le pitchou, la lulu, la grande charbonnière ;
Nous parlons hirondelle, en rang sur la gouttière.
On se risque, renard rouge tout flair tout œil.
L'encre et le sang, Henri Pichette
lu par l'auteur