Lorsque je participe à une dédicace, j'aime, dans la mesure du possible, lire les romans des auteurs avant de les rencontrer. Cela me permet de mieux appréhender leur univers et de me familiariser avec leur écriture. Ainsi, les échanges n'en sont que plus riches. Or, dans le cas de
Stefan Platteau, je n'ai pas souhaité débuter directement par sa trilogie et lire son premier tome, Manesh, de plus de sept cent pages. J'y suis allée plutôt en douceur en commençant par ce one-shot composé d'une novella
le Roi Cornu et du court roman proprement dit,
Dévoreur.
Le Roi Cornu : Les Princes Firwanes Leth et Karaôn sont demi-frères et se disputent le trône à la mort de leur père. Conformément au rituel ancestral, ce sera dans l'arène et au milieu des Piliers célestes, juges des hommes et des rois, qu'ils devront se départager…
Dévoreur : Aube se fait du souci pour son voisin, le marchand d'ânes, Vidal. Depuis quelques temps, il ne semble plus le même homme. S'il apparaît distant et bourru de prime abord, il se commue par la suite en véritable bourreau, séquestrant et usant même de violence sur ses deux petites filles. Or, Aube découvre que Vidal serait sous l'emprise maléfique de l'Astre Kiarvathi surnommé le
Dévoreur…
La première chose qui m'a frappé dès le début de ma lecture est le style littéraire poétique et recherché de
Stefan Platteau. Les mots sonnent avec justesse, de manière cohérente, rythmée et harmonieuse.
Puis, le récit prend des allures de conte et fait apparaître des figures emblématiques. C'est ainsi que
le Roi Cornu fait référence au mythe de la sorcière isolée sur son île comme Circé dans l'Odyssée, la Dame du Lac dans les légendes arthuriennes ou les Gallicènes de l'île des vieilles apparaissant dans le premier tome de Rois du monde de
Jean-Philippe Jaworski. Ces femmes douées de magie ont pour rôle soit d'éprouver le héros soit de leur apporter leur aide. Dans
le Roi Cornu, Morkhan joue les deux rôles. Quant au court roman
Dévoreur, il met en scène la figure de l'ogre bien présent dans le petit Poucet, Barbe Bleue ou encore dans le conte de Jack et le Haricot magique. D'ailleurs, le Château de sel dans lequel Vidal a élu domicile après s'être transformé en ogre m'a beaucoup fait penser à la demeure du Géant, en haut de la tige de haricot. Ainsi, l'ogre conserve la même symbolique que dans les contes traditionnels, celui du père autoritaire. Exception faite dans
Dévoreur, ce sont les adultes, les héros de l'histoire et non les enfants ;
Stefan Platteau oppose ainsi le père barbare (Vidal) aux parents protecteurs (Aube et Peyr).
Enfin, si j'ai beaucoup apprécié le style littéraire et l'univers de
Stefan Platteau, en revanche, j'ai eu plus de mal avec le rythme de l'intrigue. En effet, le récit très contemplatif met du temps à s'installer, quelques longueurs sont donc à redouter. Il faut toutefois que je précise que mon ordre de lecture a pu jouer aussi sur mon ressenti. En effet, je venais de terminer l'énorme coup de coeur du bâtard de Kosigan (T.1) de Fabien Cerruti lorsque j'ai débuté
Dévoreur.
En conclusion, je suis très contente d'avoir pu appréhender la plume de
Stefan Platteau au travers de ce one-shot. Si le style littéraire est finement ciselé et l'univers inspiré de contes de fées traditionnels bien approprié par l'auteur, en revanche, j'ai peur que dans un roman de sept cent pages comme Manesh, cela ne me déroute un peu trop. Toutefois, cela n'enlève rien au talent de
Stefan Platteau, c'est juste une question de goût. Donc, si cet aspect ne vous rebute pas, alors foncez!
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