AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782379130120
489 pages
Mon Poche (16/08/2018)
5/5   1 notes
Résumé :
Frédéric Pons nous propose une réflexion approfondie sur la personnalité de Poutine. Comment s'est-il imposé à la tête de l'une des premières puissances mondiales, que veut-il, que sont ses objectifs, que cachent ses stratégies ?
Sources et témoignages inédits, l'auteur nous livre une lecture rigoureuse et saisissante pour mieux comprendre et cerner cet homme mystérieux, toujours au coeur de l'actualité.
Que lire après PoutineVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cet ouvrage de Frédéric Pons propose une biographie de Vladimir Poutine, né le 7 octobre 1952 à Saint-Pétersbourg. C'est dans cette ville que le jeune Volodia grandit et se forge son caractère et son éloquence. Ses deux frères aînés meurent pendant la guerre et ses parents ont failli y laisser leurs vies eux aussi : affamée dans cette période difficile, sa mère se réveillera au milieu d'un tas de cadavre.

D'abord jeune voyou, il intégrera le corps des Pionniers (sorte de scoutisme version soviet). Petit, pas vraiment costaud, il décidera de se lancer dans les arts martiaux. D'abord la boxe (ce qui lui vaut de se faire casser le nez), puis le sambo et enfin le judo. C'est par celui-ci qu'il se forgera un mental d'acier : pour Vladimir, le judo est plus qu'un sport, c'est une philosophie.

Il ira à l'université pendant 5 ans, tout en rêvant d'intégrer le KGB (il ira même toquer à la porte pour se présenter!). Finalement, son rêve se réalisera puisqu'il entrera au KGB et y servira pendant 16 ans. Mais son rêve sera désenchanté : affecté en Allemagne de l'Est, il y rédigera principalement des fiches de renseignements. L'URSS est alors en voie de désintégration et Vladimir y assistera, impuissant.

Il est alors important de remettre la Russie en perspective via ses trois crises majeures du XXe siècle : la chute des Tsars en 1917, la lutte contre les nazis (qui fait 25 millions de morts, le siège de Leningrad est fondamental dans le récit russe) puis, plus tard, l'effondrement de l'URSS (perte de 5 millions de km² de territoire et de 50 millions de citoyens).

De retour en Russie, Vladimir quitte le KGB et se lance en politique en devenant conseiller du maire à la mairie de Saint-Pétersbourg, en charge des affaires internationales et du redressement économique de la ville. En 1998, il est nommé à la tête du FSB qui succède au KGB. Après seulement 13 mois, il devient premier ministre de Boris Eltsine.

Vient alors la deuxième guerre de Tchétchénie. Poutine est alors premier ministre et il s'agit de montrer aux provinces qui souhaitent s'émanciper de la Russie que cette dernière est toujours forte, sans oublier les enjeux économiques avec les oléoducs qui passent par la Tchétchénie. Poutine est alors le seul à avoir le courage de prendre ce dossier à bras le corps suite aux attentats terroristes islamistes. Il pressent que cela peut entraîner un nouvel effondrement de la Russie. Il est alors présent partout dans les médias et gagne énormément en popularité.

Grâce à cette popularité acquise, Vladimir Poutine devient président de la fédération de Russie le 26 mars 2000. Il a pour modèle Pierre le Grand et veut comme ce dernier, tout du moins dans un premier temps, s'ouvrir vers l'Europe, la Chine et l'Orient. Il souhaite un renouveau du patriotisme, la grandeur de la Russie et un Etat fort. Il lance alors une chasse contre les oligarques russes, ces géants des secteurs énergétiques, qui ont profité de la fin de l'URSS pour s'enrichir et privatiser des pans entiers de l'économie russe. Vladimir tient à les contrôler et à ce qu'ils ne s'investissent pas dans la politique. Certains refuseront, ils serviront d'exemples : Pougatchev, Khodorkovski, Berezovski... Les autres devront se plier aux exigences du Kremlin et ne pourront plus siphonner l'économie russe comme auparavant.

Et les relations avec l'Otan ? Un pas est fait pour tenter de réconcilier la Russie avec elle. La Russie va même adhérer à l'OMC en 2012 et des exercices interarmées verront le jour. Sans oublier une coopération lors de l'accident du sous-marin Koursk ou après l'attentat du 11 septembre pour lutter contre le terrorisme islamiste. Mais la Russie sera mise en retrait et certaines promesses ne seront pas tenues. En 1990, le secrétaire d'Etat américain, James Baker, avait promis que l'Alliance Atlantique ne s'étendrait pas vers l'Est si la Russie acceptait que l'Allemagne puisse adhérer à l'Otan dans son intégralité. Gorbatchev accepte le marché, la Russie n'étant alors pas en mesure de négocier. Malgré cette promesse (restée uniquement orale) : l'Otan ne cessera de s'agrandir : Pologne, République Tchèque, Hongrie puis en 2004 l'Estonie, la Lettonie, La Lituanie, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie !

Une fracture plus importante apparaît en 2008 avec l'Otan sur le conflit de la Géorgie. La Russie est alors dans une meilleure santé économique et si Poutine a récupéré une armée en déliquescence lors de son arrivée au pouvoir, il a entrepris une grande réforme de celle-ci. La Russie n'a pas non plus oublié le précédent du Kosovo, lorsque leurs cousins slaves orthodoxes se sont fait bombarder par l'Otan avec pour justificatif l'autodétermination des peuples. Dès lors, la Russie utilise ce même prétexte pour porter secours aux régions séparatistes pro-russes (Crimée, Ukraine...). Il s'agit de réaffirmer les intérêts des Russes sur ces territoires proches et de couper l'herbe sous le pied à ces régions autonomes qui se rapprochent dangereusement de l'OTAN. La Crimée est aussi essentielle puisqu'elle offre un accès à la Mer Noire via le port militaire de Sébastopol.

Au pouvoir, Vladimir Poutine renforcera aussi la religion orthodoxe. Pour lui, c'est une composante essentielle de la civilisation russe. En 2010; la douma vote une loi du Kremlin pour restituer à l'Eglise les biens confisqués par l'Etat. En 2013, une loi interdit la propagande homosexuelle aux mineurs et insiste ainsi sur le modèle traditionnel de la famille. Il y a alors une renaissance de l'institution cléricale. Finalement, Eglise et Etat semblent suivre le même chemin. C'est aussi une raison de la pression de la Russie envers l'Ukraine pour lui rappeler ce qu'elle est : 40% des paroisses de l'Eglise orthodoxe russe sont en Ukraine. Avec le conflit, il y a un risque de scission entre l'Eglise de Kiev et celle de Russie.

Poutine apparait surtout comme une personne pragmatique, il dira "celui qui ne regrette pas l'URSS n'a pas de coeur, mais celui souhaite sa restauration n'a pas de tête". Joueur d'échecs, il analyse les situations avant d'abattre ses pions. Mais il n'est pas seul et saura aussi s'entourer : Dmitri Medvedev qui sera son premier ministre puis son successeur comme président pour ensuite redevenir son premier ministre, ou encore Sergeï Lavrov, emblématique ministre des affaires étrangères.

Soljenitsyne a dit peu avant sa mort "Poutine a reçu en héritage un pays pillé et à genoux, avec une majorité de la population démoralisée et tombée dans la misère. Et il a commencé sa reconstruction [...] petit à petit, lentement. Ces efforts n'ont pas été remarqués et appréciés tout de suite."

Reste à voir si la nouvelle guerre en Ukraine (qui ne figure pas dans ce livre édité bien avant) aura raison de la Russie de Poutine ou la renforcera.


Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"La Russie est l'un des derniers gardiens de la culture européenne, des valeurs chrétiennes et de la véritable civilisation européenne", disait Poutine le 19 septembre 2013. [...] Il fustigeait une Europe qui "renonce à ses racines, à son idéologie traditionnelle, culturelle et religieuse, et même sexuelle...". La loi autorisant le mariage homosexuelle en France, "fille aînée" de l'Eglise catholique, a ainsi beaucoup étonné et choqué en Russie.
Commenter  J’apprécie          00
Dans son ouvrage, elle explique la renaissance du sentiment de la fierté russe, ancré sur trois "valeurs" jugées fondamentales : un patriotisme positif et constructif, opposé au nationalisme négatif, un sentiment de puissance ("derzavnost"); un sens très fort de l'Etat ("gosudarstvennicestvo") qui fait tout l'originalité du modèle russe.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Frédéric Pons (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Frédéric Pons
Témoignage de Frédéric Pons sur le général Bigeard.
autres livres classés : russieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (2) Voir plus




{* *}