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A la recherche du temps perdu - ... tome 2.2 sur 7
EAN : 9782080704696
445 pages
Flammarion (04/01/1999)
  Existe en édition audio
4.6/5   34 notes
Résumé :
La deuxième partie d'A l'ombre des jeunes filles en fleurs : " Noms de pays : le pays ", en faisant écho à la dernière partie de Du côté de chez Swann : " Noms de pays : le nom ", annonce un progrès dans la connaissance des réalités.
La ville rêvée, enveloppée de brumes, se révèle bien différente, illuminée par un soleil éclatant. Mais ce Balbec au nom oriental permet au héros d'accéder à un autre orient de ses rêves. Mme de Villeparisis, amie d'enfance de sa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Pour le quatrième tome de A la cherche du temps perdu, plus précisément le deuxième tome de A l'ombre des jeunes filles en fleurs, on adhère de plus en plus au rythme ou à la musicalité de Proust. Son attachement à la famille va peu à peu connaitre une déclinaison d'autant plus que son histoire d'amour avec Gilberte bat de l'aile. Il la surprendra un jour en compagnie d'un autre garçon au Champs-Elysées alors qu'il avait prévu lui rapporter des fleurs. Autant la douleur est forte pour notre jeune adolescent, autant le voyage à Balbec avec sa grand-mère arrive à point nommé pour marquer la rupture avec la Gilberte. En effet, Balbec sera un lieu de nouvelles rencontres, de fréquentations différentes


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Le séjour en villégiature à Balbec (nom inventé qui aurait comme cadre, Cabourg) permet à Proust de faire le lien entre ses amours finissantes avec Gilberte et celles naissantes avec Albertine.
Il part donc avec sa grand-mère pour la ville balnéaire pour soigner ses nerfs sensibles.

Et de fait il va les soigner ses nerfs! C'est la grande époque des désillusions adolescentes, où Marcel apprend à approcher les gens, à les aimer, puis surtout à prendre une distance avec eux.

le cadre maritime se prête parfaitement à ses sentiments changeants comme la couleur de la mer et le Grand Hôtel de Balbec où le petit univers (encore un!) est décrit par le menu, il s'y côtoie des bourgeois plus ou moins parvenus et des aristocrates de la vieille France, le tout sur fond d'affaire Dreyfus.
Marcel se met donc à mater les jeunes filles qui passent tout en nouant de nouveaux liens avec Saint-Loup (Baron de Charlus), officier en permission dont la tendre amitié avec le jeune narrateur paraît sans équivoque bien que celui-ci s'amuse à brouiller les pistes en reportant ses fantasmes sur les fameuses «jeunes filles en fleurs», petit groupe qu'il a remarqué et duquel il extrait Albertine qui lui est présentée par l'entremise du peintre Elstir (nom amusant lorsqu'on parle d'amours qui s'en vont…)
Dans le petit groupe, Marcel se décide pour Albertine bien qu'Andrée l'attire aussi et que Gisèle s'intéresse à lui. Entre tout cela, le jeune homme philosophe sur l'amour, l'amitié, les femmes et l'existence, rappelant si besoin était que Proust – en bon bergsonien- voulait écrire à la fois un essai et un roman.

" Et c'était par conséquent toute sa vie qui m'inspirait du désir; désir douloureux parce que je le sentais irréalisable, mais enivrant, parce que ce qui avait été jusque-là ma vie ayant cessé brusquement d'être ma vie totale, n'étant plus qu'une petite partie de l'espace étendu devant moi que je brûlais de couvrir et qui était fait de la vie de ces jeunes filles, m'offrait ce prolongement, cette multiplication possible de soi-même, qui est le bonheur."

Son point de vue sur les jeunes filles change tout comme celui qu'il avait sur Balbec. Son imagination, ses illusions sont mises à l'épreuve de la «réalité» qui est encore mise à distance par le narrateur adulte.

Et c'est en philosophe sensible qu'il finit ce roman, sur cette lumière figée de Balbec opposée peut-être à l'aspect marin d'Albertine, dont les apparitions dans le temps changent comme elle, car pour lui, il est plusieurs Albertine.

En ce sens, Proust reste un écrivain d'ambiance, il multiplie les couleurs, les impressions sont des variations presque infinies. D'ailleurs cet aspect inachevé des choses hante la Recherche, c'est à la fois la description d'une personnalité qui se façonne comme celle d'une création qui sert à la fois le souvenir et le présent: sur les tableaux d'Elstir apparaît une Odette Swann du temps passé tout comme les formes des rochers sous une certaine lumière est recherchée par le narrateur dans ses ballades dans les environs où les pique-niques avec les jeunes filles sont d'autant de tableaux que lui-même se rappelle.

" Et c'est en somme une façon comme une autre de résoudre le problème de l'existence, qu'approcher suffisamment les choses et les personnes qui nous ont paru de loin belles et mystérieuses, pour nous rendre compte qu'elles sont sans mystère et sans beauté; c'est une des hygiènes entre lesquelles on peut opter, une hygiène qui n'est peut-être pas très recommandable mais elle nous donne un certain calme pour passer la vie, et aussi – comme elle permet de ne rien regretter, en nous persuadant que nous avons atteint le meilleur, et que le meilleur n'était pas grand-chose – pour nous résigner à la mort."
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Rapide et facile au début, plus dur voir très difficile vers la fin. le plus ardu chez cet auteur est la concentration à avoir pour le lire, on ne peut s'y plonger pour se changer les idées, il faut vraiment s'y consacrer à part entière.
Par contre, c'est impressionnant de retrouver des pensées et réflexions personnelles, et de savoir que même lui est passé par des stades indécis. Ma principale: lorsque l'on sait que l'on va obtenir ce que l'on désire, on s'aperçoit qu'on ne le veut plus vraiment... Mais Proust est vraiment trop long dans ses raisonnements, et surtout très compliqué.

Mais ce n'est pas ça qui va me faire abandonner "A la recherche du temps perdu" !
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Or, en sortant du concert, comme, en reprenant le chemin qui va vers l'hôtel, nous nous étions arrêtés, ma grand'mère et moi, pour échanger quelques mots avec Mme de Villeparisis qui nous annonçait qu'elle avait commandé pour nous à l'hôtel des "croque-monsieur" et des œufs à la crème, je vis de loin, venir dans notre direction la princesse de Luxembourg à demi appuyée sur une ombrelle de façon à imprimer à son grand et merveilleux corps cette légère inclinaison, à lui faire dessiner cette arabesque si chère aux femmes qui avaient été belles sous l'Empire et qui savaient, les épaules tombantes, le dos remonté, la hanche creuse, la jambe tendue, faire flotter mollement leur corps comme un foulard, autour de l'armature d'une invisible tige inflexible et oblique qui l'aurait traversé. Elle sortait tous les matins faire son tour de plage presque à l'heure où tout le monde, après le bain, remontait pour le déjeuner, et comme le sien était seulement à une heure et demie, elle ne rentrait à sa villa que longtemps après que les baigneurs avaient abandonné la digue déserte et brûlante. Mme de Villeparisis présenta ma grand'mère, voulut me présenter, mais dut me demander mon nom, car elle ne se le rappelait pas. Elle ne l'avait peut-être jamais su ou, en tout cas, avait oublié depuis bien des années à qui ma grand-mère avait marié sa fille. Ce nom parut faire une vive impression sur Mme de Villeparisis. Cependant la princesse de Luxembourg nous avait tendu la main et, de temps en temps, tout en causant avec la marquise, elle se détournait pour poser de doux regards sur ma grand'mère et sur moi, avec cet embryon de baiser qu'on ajoute au sourire quand celui-ci s'adresse à un bébé avec sa nounou. Même, dans son désir de ne pas avoir l'air de siéger dans une sphère supérieure à la nôtre, elle avait sans doute mal calculé la distance, car, par une erreur de réglage, ses regards s'imprégnèrent d'une telle bonté que je vis approcher le moment où elle nous flatterait de la main comme deux bêtes sympathiques qui eussent passé la tête vers elle, à travers un grillage, au Jardin d'Acclimatation. Aussitôt du reste cette idée d'animaux et de Bois de Boulogne prit plus de consistance pour moi. C'était l'heure où la digue est parcourue par des marchands ambulants et criards qui vendent des gâteaux, des bonbons, des petits pains. Ne sachant que faire pour nous témoigner sa bienveillance, la princesse arrêta le premier qui passa ; il n'avait plus qu'un pain de seigle, du genre de ceux qu'on jette aux canards. La princesse le prit et me dit : "C'est pour votre grand'mère." Pourtant, ce fut à moi qu'elle le tendit, en me disant avec un fin sourire : "Vous le lui donnerez vous même", pensant qu'ainsi mon plaisir serait plus complet s'il n'y avait pas d'intermédiaire entre moi et les animaux. D'autres marchands s'approchèrent, elle remplit mes poches de tout ce qu'ils avaient, de paquets tout ficelés, de plaisirs, de babas et de sucres d'orge. Elle me dit : "Vous en mangerez et vous en ferez manger votre grand'mère" et elle fit payer les marchands par le petit nègre habillé en satin rouge qui la suivait partout et qui faisait l'émerveillement de la plage. Puis elle dit adieu à Mme de Villeparisis et nous tendit la main avec l'intention de la même manière que son amie, en intimes, et de se mettre à notre portée. Mais cette fois, elle plaça sans doute notre niveau un peu moins bas dans l'échelle des êtres, car son égalité avec nous fut signifiée par la princesse à ma grand'mère au moyen de ce tendre et maternel sourire qu'on adresse à un gamin quand on lui dit au revoir comme à une grande personne. Par un merveilleux progrès de l'évolution, ma grand'mère n'était plus un canard ou une antilope mais déjà ce que Mme Swann eût appelé un "baby".Enfin, nous ayant quittés tous trois, la princesse reprit sa promenade sur la digue en incurvant sa taille magnifique qui comme un serpent autour d'une baguette s'enlaçait à l'ombrelle blanche imprimée de bleu que Mme de Luxembourg tenait fermée à la main.
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Savoir qu'on n'a plus rien à espérer n'empêche pas de continuer à attendre.
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Et le soir ils ne dînaient pas à l'hôtel où, les sources électriques faisant sourdre à flots la lumière dans la grande salle à manger, celle-ci devenait comme un immense et merveilleux aquarium devant la paroi de verre duquel la population ouvrière de Balbec, les pêcheurs et aussi les petits bourgeois, invisibles dans l'ombre, s'écrasaient au vitrage pour apercevoir, lentement balancée dans des remous d'or, la vie luxueuse de ces gens, aussi extraordinaire pour les pauvres que celle de poissons et de mollusques étranges (une grande question sociale, de savoir si la paroi de verre protégera toujours le festin des bêtes merveilleuses et si les gens obscurs qui regardent avidement dans la nuit ne viendront pas les cueillir dans leur aquarium et les manger). En attendant, peut-être parmi la foule arrêtée et confondue dans la nuit y avait-il quelque écrivain, quelque amateur d'ichtyologie humaine, qui, regardant les mâchoires de vieux monstres féminins se refermer sur un morceau de nourriture engloutie, se complaisait à classer ceux-ci par race, par caractères innés et aussi par ces caractères acquis qui font qu'une vieille dame serbe dont l'appendice buccal est d'un grand poisson de mer, parce que depuis son enfance elle vit dans les eaux douces du faubourg Saint-Germain, mange la salade comme une La Rochefoucauld.
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D’ailleurs il semble que notre attention toujours attirée sur ce qui nous
caractérise le remarque plus que toute autre chose chez les autres. Un myope dit d’un autre : « Mais il peut à peine ouvrir les yeux » ; un poitrinaire a des doutes sur l’intégrité pulmonaire du plus solide ; un malpropre ne parle que des bains que les autres ne prennent pas ; un malodorant prétend qu’on sent mauvais ; un mari trompé voit partout des maris trompés ; une femme légère des femmes légères ; le snob des snobs.
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Si, en ce goût du divertissement, Albertine avait quelque chose de la Gilberte des premiers temps, c’est qu’une certaine ressemblance existe, tout en évoluant, entre les femmes que nous aimons successivement, ressemblance qui tient à la fixité de notre tempérament parce que c’est lui qui les choisit, éliminant toutes celles qui ne nous seraient pas à la fois opposées et complémentaires, c’est-à-dire propres à satisfaire nos sens et à faire souffrir notre cœur. Elles sont, ces femmes, un produit de notre tempérament, une image, une projection renversée, un « négatif » de notre sensibilité. De sorte qu’un romancier pourrait, au cours de la vie de son héros, peindre presque exactement semblables ses successives amours et donner par là l’impression non de s’imiter lui-même mais de créer, puisqu’il y a moins de force dans une innovation artificielle que dans une répétition destinée à suggérer une vérité neuve. Encore devrait-il noter, dans le caractère de l’amoureux, un indice de variation qui s’accuse au fur et à mesure qu’on arrive dans de nouvelles régions, sous d’autres latitudes de la vie. Et peut-être exprimerait-il encore une vérité de plus si, peignant pour ses autres personnages des caractères, il s’abstenait d’en donner aucun à la femme aimée. Nous connaissons le caractère des indifférents, comment pourrions-nous saisir celui d’un être qui se confond avec notre vie, que bientôt nous ne séparerons plus de nous-même, sur les mobiles duquel nous ne cessons de faire d’anxieuses hypothèses, perpétuellement remaniées. S’élançant d’au delà de l’intelligence, notre curiosité de la femme que nous aimons dépasse dans sa course le caractère de cette femme, nous pourrions nous y arrêter que sans doute nous ne le voudrions pas. L’objet de notre inquiète investigation est plus essentiel que ces particularités de caractère, pareilles à ces petits losanges d’épiderme dont les combinaisons variées font l’originalité fleurie de la chair. Notre radiation intuitive les traverse et les images qu’elle nous rapporte ne sont point celles d’un visage particulier, mais représentent la morne et douloureuse universalité d’un squelette.
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