Une Chine en carton-pâte… Il y a une dizaine d'années, j'avais lu « Visa pour Shanghai » (2 fois), « de soie et de sang » et « CyberChina » : j'avais aimé cette immersion, via le roman policier, dans un pays tellement inconnu pour moi . Cette fois, le voyage littéraire ne fonctionne pas. Sans doute parce que je viens de lire «
le clou » (
Zhang Yueran), autrement percutant, mais pas seulement.
L'intrigue criminelle est un prétexte à circuler dans Shanghai au temps du COVID, plus précisément au temps de la politique anti-COVID du PCC. On n'y croit pas vraiment : 3 meurtres qui se révèlent 2 plus 1 pour mettre un peu de trouble dans la recherche du suspect. Mais surtout l'enquête est plombée par une charge, qui se veut féroce alors qu'elle n'est que grossière, contre l'Etat-Parti Chinois. L'auteur fait montre d'un manque flagrant de subtilité dans le déroulement de son récit.
D'un côté les très bons : Chen Cao l'inspecteur et poète vieillissant, Jin la jolie secrétaire aux petits soins, et les amis de l'ombre (Molong, Gu, Pang surtout enfermé à Wuhan). de l'autre, la méchante hydre du Parti, qui surveille tout, contrôle tout et gère le « tableau d'ensemble » selon lequel le PCC ne peut mener qu'une politique formidable en matière de COVID, bien supérieure à celle de l'Occident Tout cela n'est pas expressément novateur, et ne change en rien l'appréciation que l'on peut avoir ni de la coercition exercée par le pouvoir Chinois sur son peuple, ni .de la soumission de celui-ci, ni même de la souffrance des victimes. On aimerait entendre quelque chose d'autre que le récit figé d'une société figée.
Le reste du décor, les incessantes citations soi-disant poétiques de Chen, les minaudages de Jin, les flatteries de Hou filateur en chef du policier, suinte l'ennui et la boursouflure. Ce qui surnage, hélas un peu encombré par tout le reste, ce sont les extraits du « Dossier Wuhan » où on perçoit la réalité du confinement concentrationnaire qui a sévi en Chine.