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Un roman noir comme je les aimes remplis de subtilité de rebondissements et de références subtiles. Lire ce récit permet de revenir dans les rues de Rome, en passant par le Paris des années 70 et une projection dans la Sicile des années 90
On plonge dans l'histoire agitée de la fin du XXe siècle, dans une étrange course au trésor évoquant de célèbres affaires politico-judiciaires, de l'après-68. Antonin, un ancien braqueur devenu écrivain et traducteur, notamment d'Andrea Camilleri, voit sa vie basculer lorsqu'un jeune homme vient lui demander des comptes.
C'est le fils d'un droguiste assassiné par un braqueur dont Antonin a soutenu la libération en défendant l'assassin de son père.
La rencontre va engendrer la catastrophe qu'Antonin attend depuis toujours.
Cette somme politique s'achève à l'aube des années 20 et laisse dans une réflexion profonde sur la notion d'engagement et des rouages actuels de la société. Une lecture d'été noire et exaltante !
#NetgalleyFrance #Maldonnes
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Première lecture d'un polar de Serge Quadruppani et je ne sais vraiment pas quoi en penser ! Ai-je aimé ? Pas aimé ? Les deux je crois !

J'ai apprécié le personnage d'Antonin, toujours en train de se chercher, ne sachant pas vraiment qui il est. J'ai très souvent eu l'impression d'être à côté du texte ou du sens que l'auteur a voulu lui donner, avec de l'ennui à la clé ! Des malfrats, un auteur ex malfrat, la Mafia, des intellos...

Plein de changements d'époques ont fini de me perdre ! Quelques jours après l'avoir fini j'en suis encore à me demander ce que j'ai lu et ce que je vais bien pouvoir en dire !

Peut-être n'était-ce pas le meilleur livre pour faire connaissance ?

#Maldonnes #NetGalleyFrance

Challenge MAUVAIS GENRE 2021
Lecture THEMATIQUE juin 2021 : Moins de 100 lecteurs
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La place des intellectuels dans la pensée révolutionnaire ne peut faire l'objet de débat. Même si celle-ci a tendance quelque peu à s'étioler, à perdre de sa superbe tant il est difficile à l'heure des réseaux sociaux de faire entendre une pensée étayée et raisonnée, les mouvements de gauche révolutionnaire ont toujours eu un souci de théoriser leur action à travers des penseurs. Mais aussi des intellectuels pouvaient donner de la voix quand des activistes étaient arrêtés pour leurs faits d'armes par les pouvoirs en place, synonyme d'oppression et d'autoritarisme. Avec Maldonnes, son dernier roman paru dans la collection Noir de Métailié, Serge Quadruppani nous fait baigner dans cet univers.
Antonin Gandolfo est un auteur de polar et traducteur. On peut le qualifier aussi de militant. Il a eu une jeunesse révolutionnaire qui va l'amener à flirter avec le banditisme , s'y essayer même sans y persévérer. de ce passage il en restera la Rencontre de Georges Nicotra, truand gauchiste qu'il défendra avec d'autres intellectuels pour lui éviter le cachot dans une affaire de braquage à Sin le Noble dans le Nord. Mais, peut-être que des années plus tard, la rencontre avec Guillaume, le fils du droguiste tué lors d'un braquage par le "révolutionnaire" italien à la gâchette facile lui fera reconsidérer son soutien et engagement auprès de lui...?
Difficile exercice que de résumer en quelques lignes la foisonnante et érudite prose de Serge Quadruppani! Maldonnes nous régale nous régale tant par sa construction que par la plongée dans la vie tumultueuse d'Antonin, Georges et Olga, liés par une mystérieuse cantine métallique semblant être aussi salvatrice que maléfique pour celui ou celle qui en détient l'accès. le lecteur est pris dans ce récit à plusieurs voix qui traverse les rêves révolutionnaires de la France de la fin des années 60 jusqu'au début du nouveau millénaire avec des nouvelles formes de lutte en passant par 1981 et l'arrivée de la Gauche au pouvoir. Serge Quadruppani a mis beaucoup de lui dans ce roman même s'il s'en défend dans une forme de postface explicative. Il n'en reste pas moins tout un mot de questionnement autour de l'engagement et de l'aveuglement généré par des figures emblématiques capables d'embarquer des personnes intelligentes de raison. Mais sur eux aussi, il peut y avoir Maldonnes.
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Merveilleux de causticité, d'humour, de tendresse et d'allant, un polar en forme de somme politique provisoire, où la vengeance est bien glacée, l'avidité bien déchaînée, et l'amour bien présent, même s'il porte ses propres complexités.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/06/23/note-de-lecture-maldonnes-serge-quadruppani/

De la trilogie Krachevski (« Y », « Rue de la cloche », « La forcenée »), qui marquait son entrée en fiction entre 1991 et 1993, aux plus récents « Loups solitaires » (2017) et « Sur l'île de Lucifer » (2018), ancrés dans l'actuel Limousin de son coeur, en passant par sa trilogie Simona Tavianello (« Saturne », « La disparition soudaine des ouvrières » et « Madame Courage ») de 2010-2012, orchestrant une vision affûtée – et pourtant non dénuée d'humour et de sensualité – d'une certaine Italie d'aujourd'hui, Serge Quadruppani a toujours su mêler avec une immense adresse les trames de la grande échelle criminelle, capitaliste et géopolitique avec celles d'un monde en plus petit se nourrissant d'autobiographie, réelle ou supposée. C'est pourtant plus particulièrement l'atmosphère spécifique de « Colchiques dans les prés » (2000), roman explicitement inscrit ici dans la bibliographie du narrateur principal, Antonin Gandolfo, qui en profite justement pour ironiser sur la tendance du lectorat à vouloir démêler le vrai du faux dans ses romans, atmosphère toute irriguée de braquages anciens et de vengeances inassouvies, qui sert d'amorce à la vaste fresque condensée en moins de 300 pages par ce « Maldonnes », publié en mai 2021 chez Métailié.

Multipliant les allusions, sans jamais gêner, bien au contraire, l'implacable déroulé polyphonique (en plus du corps principal du roman d'Antonin Gandolfo, il faudra compter soigneusement avec les récits croisés de Guillaume Lepreneur et d'Olga Nicotra) de ce thriller atypique, Serge Quadruppani convoque au détour des lignes aussi bien Gustave Flaubert (et certain faubourg de Salina) que Carlo Emilio Gadda, Elsa DorlinSe défendre ») que Giorgio Agamben (avec « une politique qui dévoile ses acteurs dans leur vérité nue »), ou Giuseppe Tomasi di Lampedusa que Giorgio Scerbanenco, et nous invite subrepticement à une véritable visite guidée de la Bibliothèque Italienne qu'il dirige chez Métailié depuis 1999, mobilisant lorsque nécessaire, par clin d'oeil joueur ou par instrumentalisation narrative, Andrea Camilleri ou Carlo Lucarelli, Giuseppe Genna ou Gioacchino Criaco, Massimo Carlotto ou les Wu Ming. Armé d'une merveilleuse causticité, il nous entraîne par de remarquables chemins détournés dans les méandres du capitalisme tardif et de sa rage punitive longtemps après les faits (l'affaire Cesare Battisti n'est peut-être pas si loin, non plus que les réflexions indispensables sur ce que fut la lutte armée dans les années 1970), en des territoires ignorés où la vengeance glacée et l'avidité brute ont plus que jamais droit de cité, où les sociétés financières luxembourgeoises ont plus à voir qu'on ne croit avec la dérive continentale conduisant des Beati Paoli de Luigi Natoli aux mafieux de Leonardo Sciascia – voire de Francis Ford Coppola (dans l'auto-parodie contemporaine du selfie généralisé) -, où « le dominant ne saurait chercher d'excuse dans la soumission du dominé », même s'il s'agit, encore et plus que jamais, de « contrecarrer les récits dominants ». Que cette rude balade dans les chemins de traverse soit conduite avec l'humour des « trous » mystérieux demeurant dans la fiche Wikipédia d'Antonin Gandolfo et avec la tendresse qui pointe jusqu'aux possibilités de fins alternatives au roman, ultime clin d'oeil à celles de « Colchiques dans les prés », ne rend que plus puissant et plus nécessaire ce polar en forme de somme provisoire.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Une chronique de Margot, sur Aire(s) Libre(s).
Anto­nin Gan­dolfo est un ancien braqueur, ex-anar devenu écrivain et traducteur (peut-on réellement cesser d'être anarchiste même quand on est écrivain et lettré est une question qu'on se pose, d'ailleurs). Il est notamment traducteur d'Andrea Camilleri, comme l'auteur de ce roman à qui Antonin ressemble étrangement.
« Rejeton d'une lignée détachée de ses racines, je n'ai connu de l'Italie que la cuisine de maman. En même temps que les vertus de savoirs universitaires que j'avais à tort jusque-là rejetés en bloc, Sonia m'a appris la langue de mes aïeux et c'est grâce à elle qu'un jour de furetage dans sa bibliothèque, j'abordai aux rivages du prodigieux continent Camilleri dont j'allais tirer bientôt l'essentiel de mes revenus. Entre nécessité de rencontrer mes éditeurs et désir de comploter avec les camarades de la revue Titanic que j'avais fini par fonder avec Francis, j'avais un alibi pour séjourner à Paris, tout comme j'avais une bonne raison de filer à Rome, avec la nécessité de nouer ces contacts directs qui font les bonnes collections de littérature étrangère. »

C'est un anti­hé­ros qui paraît assez démuni face aux évé­ne­ments de la vie. Il semble avoir du mal à tran­cher, il hésite, tâtonne, dans ses choix de vies et dans ses choix de femmes, aussi… Il passe de vie en marge, d'erreurs en mauvais choix, de milieux en radicalités, de femme en femme, de figures en icônes. Une maladresse tous azimuts dans une vie déjantée, de fait, et difficile à assumer telle qu'elle est : en désordre. Un jour, pendant qu'il pré­pare des grillades sur une ter­rasse, dans une île éolienne, car il vit retiré sur l'île de Salina, il reçoit une visite sur­prise et voit à nouveau sa vie basculer. Un jeune homme vient lui demander des comptes : Guillaume Lepre­neur, le fils du dro­guiste assassiné par un braqueur, Georges Nicotra, connu d'Antonin, qu'il avait fait libé­rer de pri­son en le défendant.
Les choses vont se complexifier encore sous nos yeux de lecteurs : cette réclamation du fils envers le défendeur va-t-elle engendrer la catastrophe qu'il attend depuis toujours ? Antonin va essayer de démêler les fils qui l'ont conduit jusqu'ici, il entreprend le récit de sa vie.

Une vie bien emmêlée pour redouter le pire
Antonin a flotté et navigué dans les milieux inter­lopes, confesse et distribue des idées liber­taires, a toujours mili­té à corps et à cris contre tout et son contraire. Il s'est très rapidement aperçu qu'il n'était pas taillé pour les braquages : en avril 1971, il braque un cercle de jeu, avec deux complices : Jean et Phi­lip­pine. Mais la peur lui fait perdre pied, il tire un coup de feu, erreur, pour empê­cher l'irréparable. le braquage échoue. Jean est arrêté mais ne le dénonce pas. Pour éviter le pire, encore une fois, Anto­nin rompt toute rela­tion avec lui et Philippine.

Une autre prison, pourtant, verra Antonin, arriver. Il deviendra par la suite homme de lettres et de polars, croisement, carrefours des voies, comme le sont les prisons, parfois, avec ou sans violence ou hasard. Peu de temps avant d'être libéré, quelques années plus tard, Jean refera surface et fera suivre l'adresse d'Antonin à Georges Nico­tra, un détenu qu'il a côtoyé quand il était, lui, en prison, à la Santé, un truand gauchiste, soutenu par les milieux liber­taires et d'ultra-gauche. Antonin gravite, navigue dans ces milieux, et il en connaît et comprend les trames, les fils, il soutient, avec une bande d'intellectuels, le braqueur et écrivain Georges Nicotra et participe au mouvement qui va le faire libérer de prison après un braquage pour lequel il se proclame innocent.
La diversification des voix et des regards
À la moitié du livre, les points de vue vont se diversifier, en une étonnante complémentarité, puisque le vrai dépend souvent de qui le dit ou qui le croit…
La suite :
Lien : https://aireslibres.net/2024..
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Je le sais bien pourtant que je trouve Serge Quadruppani bien meilleur traducteur qu'auteur ... mais je ne résiste jamais à l'appel de ses nouveaux romans ...

Mais là, je dois dire que je me suis laissée emporter avec plaisir dans le récit d'Antonin, ex-(mais-toujours-un-peu-)anar, ancien braqueur devenu écrivain et traducteur, notamment d'Andrea Camilleri (tiens, ça me rappelle l'auteur !), qui passe de femme en femmes, et de Paris à Rome ou aux îles éoliennes ...

Lorsqu'un jeune homme vient lui demander des comptes, Antonin ayant défendu l'assassin de son père, Antonin entreprend le récit compliqué de sa vie, racontant les braquages, la cantine planquée pleine de billets qui moisirent, la défense de Georges Nicotra, ce truand gauchiste soutenu par toute l'intelligentsia parisienne (un peu comme Roger Knobelspiess, non ?), mais aussi les évènements plus récents comme le G8 de Gènes et les affrontements qui y eurent lieu.

Un roman qui m'a entraînée dans les rues de Rome (pas assez), dans le Paris des années 70 et la Sicile des années 90.

Un roman à la construction itérative dans le quel j'ai bien apprécié la façon dont Guillaume et Olga se sont emparés du récit pour donner Leurs Versions des événements décrits par Antonin dont ils avaient un ressenti différent.

Bref, un roman qui me réconcilie avec Serge Quadruppani :)

Vivement le suivant !
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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