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EAN : 9782930659022
Cactus Inebranl (01/01/2007)
4.57/5   7 notes
Résumé :
Découragé par le combat quotidien contre un corps en souffrance, fatigué des contraintes que la médecine lui impose, un homme décide d’en finir avec la vie. Il s’organise une mort festive et décide de périr par son vice : la Chimay Bleue. Boire jusqu’à ce que mort s’ensuive ! Froidement, il planifie les derniers mois de son existence qu’il rythme selon une consommation soutenue de bières trappistes. Alors qu’il arrive au terme de son chemin de croix, il rencontre l’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Bon. J'ai pas mal lu sur l'alcoolisme et pour cause, je bosse comme psychologue dans un service qui s'occupe de personnes qui en souffrent.J'ai pas mal lu de livres psychologiques donc, aussi, de fait. J'ai aussi de bonnes connaissances de la justice pénale, les avocats, le système, la lourdeur, la rage et la honte ; et j'ai croisé avec sympathie l'auteur de ce roman.
Ceci étant posé, je peux dire que le personnage principal du livre, que l'on suit en first-person-shooter (si je peux dire) (oui je peux le dire) (en tout cas je l'ai dit) tient parfaitement la route, ce type malade physiquement suite à une vie trop excessive, qui décide de mourir de la plus belle mort qu'il puisse imaginer, s'enquiller des Chimay bleues est authentiquement crédible.
J'ai déjà rencontrés de ces spécimens.

Les détails du comment-réaliser-son-projet sont amusants (ce livre est baigné d'humour, bien nécessaire), bien trouvés, et on sent bien que l'écrivain connaît le sujet.

"Je ne demandais rien.
Si, juste une chose.
Le droit de boire jusqu'à en mourir."

Puis, bam, une rencontre. Une rencontre souvent ça change tout. Ici, la rencontre fait tout révéler, "tout" peut-il se rejouer...

"Elle était seule, la guinguette était boudée par la clientèle. Assise sur l'escalier de la terrasse, elle observait, mélancolique, les jeux des enfants dans la rivière, quelque chose au fond de son regard me portait à croire qu'elle regrettait avoir grandi.
Je partageais son opinion.
Elle me gratifia d'un sourire séraphin et d'un bonjour timide."

Progressivement, dans une forme de pire en pire, on avance. Pas le temps d'être triste qu'il faut être encore plus triste et pas le temps d'être encore plus triste pour exploser de rage et pas le temps d'exploser de rage qu'il faut à nouveau être triste... Assez terrible; D'aucuns pourraient penser que ce parcours (anti-)vita ou parcours mortis est impossible, que l'auteur exagère, qu'il en a trop fait, qu'il aurait dû s'arrêter, que c'est trop n'en jetez plus. Ben, en fait, non.
IRL (si je peux...), j'ai rencontré des parcours pareils, où la compassion est oversaturée tant il y a de quoi-s. Il y a trop. L'excès n'est pas que dans le produit, produit qui souvent aide, espoir de solution, de dissolution, jamais gagnant mais. Bref, oui, ça existe. Je ne sais pas si l'auteur lui-même croit en la crédibilité totale, s'il en a connu, s'il en a l'expérience indirecte, directe... Mais, hélas, oui, ce bleu qui passe au noir profond, ce n'est pas la mort, c'est la vie. La/le pute de chien-ne de vie. Vie à noyer. Voilà.

Un mot sur la construction et le style. Style sans fioriture inutile, les détails précis et justes servent le récit, ils sont nécessaires. Comme je disais, l'auteur insuffle une certaine dose d'humour et de bonhommie qui elles aussi permettent de respirer.
Comme dans une nouvelle (j'ai l'impression que l'auteur avait d'abord envisagé une nouvelle, puis), son personnage et son histoire, après le tournant, se rendent compte d'être sur une route à plusieurs tournants, une route infernale. Un chemin de croix (au pluriel) qui me fait penser à la référence ultime : Malcolm Lowry et son Au-dessous du Volcan, A ceci près qu'ici l'auteur table sur la densité et la brièveté des mots et du texte pour faire effet, alors que Lowry s'étend et étend la souffrance dans une longueur et langueur étouffantes. Deux partis pris pour des conclusions pas si différentes.
Du coup, comme il est court, ce roman peut être mis dans des mains que les pavés rebutent. Impossible de pas être touché. Peu ou prou.

Je re-commande (la tournée), vous l'aurez compris.


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Dans ma mythologie festive personnelle, les bières fortes se dégustent à plusieurs et sont le prétexte de discussions animées où tout le plaisir consiste à savourer les histoires qu'on se raconte avec plus d'emphase et d'exaltation sous les effets conjugués de l'alcool et du bon goût du houblon. Il était donc facile pour moi d'entrer dans ce roman un sourire aux lèvres, d'y lire une farce, la plaisanterie d'un homme singulier qui décide de se suicider à la trappiste, un prétexte à faire rire en critiquant la vie de ceux qui ne savent pas y prendre du plaisir. La soûlographie a des rebondissements délectables ! Jean-Philippe Querton a la plume virevoltante et imaginative, quand elle est dopée à la Chimay bleue ! Et si son personnage boit seul, il me semble que c'est pour mieux convier le lecteur à sa table ! Puis, l'histoire prend une tournure plus sombre. L'homme rencontre une jeune fille qui pourrait interrompre sa beuverie suicidaire mais la bière est profondément noire. Et tandis que le lecteur que je suis dégrise, le personnage boit la Chimay jusqu'à la lie. Et la réalité rattrape ma mythologie personnelle : l'alcool triste succède souvent à l'alcool gai et tous deux terminent toujours par une énorme gueule de bois, à assumer seul au petit matin blême. Voilà une plongée profonde dans la vie d'un buveur de bière qui me fera lever mon prochain verre de trappiste avec plus de respect et de philosophie. Santé l'artiste !
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Etonnant et épatant ! Tant dans la qualité d'écriture que dans le déroulement du scénario. Cette histoire m'avait attiré et je ne fut pas déçu, que du contraire. Un homme décide de se suicider en se noyant avec une des bières Trappiste belges les plus sacrée, la Chimay Bleue. Son projet est mené avec beaucoup de méthode et de conviction, le choix porté sur la célèbre bière est pleinement assumé et on se régale au fil des pages. On ne boit plus jamais une bière de la même manière. Et puis, il y a ces rencontres qu'on suit avec passion et la perdition programmée du personnage prend des allures insoupsonnées.

J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce livre que je n'oublierai pas. L'écriture est vraiment agréable et on est très vite pris dans le tourne page. L'auteur mérite à être plus connu, plus lu. L'ouvrage est édité par une petite maison d'édition qui envoie elle même l'ouvrage http://cactusinebranlableeditions.e-monsite.com/

Je recommande chaudement, une vraie découverte !
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Le milieu de la littérature est d'une incroyable injustice.

On achète et surcote souvent des Lévy, des Musso, des Nothomb, des auteurs grandiloquents à la publicité exagérée qui se vendent comme des petits pains, alors que nous avons, à côté de chez nous, en Belgique, parfois dans la ville d'à côté, des oeuvres bluffantes, méconnues, sous-estimées.

C'est le cas pour moi de "L'homme à la Chimay bleue", bière pourtant que je n'apprécie guère, écrit par Jean-Philippe Querton, qui narre l'histoire d'un suicidaire qui décide d'en terminer avec la vie en s'enivrant de trappistes. Après tout, pourquoi pas ? C'est court (150 pages, 9€), ça se lit d'une traite - comme on regarde en une fois un film d'1h30, ce que j'essaie moi aussi d'écrire en tant que maigre auteur - et c'est très bien rédigé, meilleur que les romans de gare précités qui se vendent pourtant par millions d'exemplaires.

Un extrait, pour l'exemple :

« Je remplis le verre d'un bon tiers, laissai la mousse retomber, écoutai les crépitements délicats provoqués par la rencontre du gaz carbonique avec l'air, observai, amoureux, la couleur noirâtre du nectar, l'humai, le portai à mes lèvres et en avalai deux gorgées. »

Il paraît, selon le personnage principal, que c'est à partir de la troisième Chimay que le monde devient merveilleux. Moi, après la première, je me sens déjà nauséeux. Bref, je vous conseille vivement ce livre belge qui surpasse aisément la "grande concurrence franco-parisienne".
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Bien qu'il fasse partie de la collection « Cactus Noir » des éditions Cactus Inébranlable, on rentre dans le livre avec légèreté, presque distraitement, en suivant son ton badin comme le lapin d'Alice, sans savoir dans quelles profondeurs il risque de nous mener. Et là, il sera trop tard pour en ressortir. Car si l'auteur manie remarquablement l'humour et la langue française (on a l'impression que chaque mot, chaque phrase, sont distinctement articulés, ce qui est tout de même une qualité épatante pour un livre…), il nous fait également rentrer sans échappatoire dans le style subjectif du narrateur. On suit ses pensées, sa narration, de plus en plus noire et confuse au fur et à mesure qu'il s'enivre et se noie, comme annoncé, dans ses Chimay bleues. Et les badinages du début se font roman noir sans qu'on ait vu venir le changement de couleur.

Le résumé le plus succinct et le plus précis du livre se trouve bel et bien dans les quelques mots de l'incipit. le programme de l'Homme à la Chimay bleue, dont nous ne connaîtrons jamais le nom, semble drôle aux premiers mots, mais beaucoup moins au fur et à mesure de son application méthodique, d'autant que ladite botte de radis va sérieusement courber l'orientation du récit et les intentions du narrateur.

Cette écriture à la première personne qui nous emmène dans l'esprit de plus en plus confus du narrateur est étonnante à bien des égards. La précision du langage et les répliques inénarrables de l'auteur (qui commet et publie, par ailleurs, des recueils d'aphorismes, ceci éclairant peut-être cela) feront le bonheur des amateurs de langue française. Ces qualités d'écriture ne nuisent cependant pas au récit en lui-même, remarquable par sa courbe de narration, ses ellipses, ses non-dits et sa rapidité. Ici, pas de mots inutiles, de descriptions qui se complaisent dans leurs adjectifs, de récits emboîtés, de flous artistiques… L'histoire est d'autant plus limpide que le narrateur se trouble au travers de sa trappiste favorite. La course folle et précise de quelques mots jetés sur le papier, jusqu'à leur aboutissement final.

Un livre à déguster, une fois, deux fois, trois fois. Ce sera sans doute la meilleure.
Lien : http://metveelplaisir.wordpr..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
« Je remplis le verre d’un bon tiers, laissai la mousse retomber, écoutai les crépitements délicats provoqués par le rencontre du gaz carbonique avec l’air, observai, amoureux, la couleur noirâtre du nectar, l’humai, le portai à mes lèvres et en avalai deux gorgées. »
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« Je voulais des graisses, des lipides, des sauces, des calories.
Crever de lipoabsorption.
M’empoisonner dans la béatitude.
Périr dans l’euphorie.
Rendre l’âme dans la jouissance.
Mon anéantissement serait festif ou ne serait point ! »
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« Avant que le mot « fin » ne s’écrive en toute lettre sur le roman de mon itinéraire, ne manquait que l’épilogue que je rédigeais aujourd’hui, trempant ma plume dans la bière trappiste. »
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La porte était fermée à clef, je n'avais donc pas reçu de visite. C'était donc moi le responsable de ce carnage.
La nuit, une autre personnalité agissait à mon insu dans cet univers. Contre qui m'étais-je battu ? Mon corps était investi d'un autre esprit qui agissait étrangement, il saccageait, démolissait, abîmait, détruisait le peu de choses qui m'appartenaient encore.
Je n'aimais pas cet autre moi-même.
Ce fou qui sommeillait en moi.
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Il n'en pouvait plus de vivre, il voulait se noyer dans la bière trappiste et en crever...
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Videos de Jean-Philippe Querton (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Philippe Querton
« Cette compilation qui se voudrait anthologie complète […] a pour but de proposer aux lecteurs de revisiter l'oeuvre de l'auteur par la lorgnette des aphorismes, des fragments, des éblouissantes et percutantes réflexions qui ont traversé son esprit entre 1943 et 1987 […]. » (Préalable & remerciements)
« […] La meilleure histoire belge, je vais te la dire, c'est la plus terrifiante de toutes : « Il est une fois Scutenaire et les Belges n'en savent rien ». Et les Français non plus. (...) Il dit tout, mais par brèves giclées, Scut. Il sait la vie, la mort, l'avant, l'après (...), l'amère patrie, le surréalisme, les frites, les cons, les moeurs, les larmes et la façon dont, chez lui, il doit éteindre au rez-de-chaussée avant d'éclairer au premier pour ne pas faire sauter le compteur électrique. » (Frédéric Dard)
« le texte lapidaire est une spécialité belge. […] […] cet orpailleur de l'apophtegme reste merveilleusement méconnu […]. « J'écris, dit Scutenaire, pour des raisons qui poussent les autres à dévaliser un bureau de poste, abattre un gendarme ou son maître, détruire un ordre social. Parce que me gêne quelque chose : un dégoût ou un désir. » […] Scut le météorite a tout lu, tout vu, tout englouti et tout restitué dans un habit neuf. « J'ai quelque chose à dire et c'est très court. » Maximes en percussions et sentences en saccades sont étrillées, débarbouillés au gant de crin. Sa façon de dire merde alentour est à nulle autre pareille. […] […] Réfractaire, récalcitrant, insoumis sous toutes les latitudes, Scutenaire n'est point de ceux qu'on puisse congédier en ambassade. Dans les poussées d'angoisse, il usait, comme d'un remède à toute épreuve, des aspirines de l'humour. Elles ne le guérissaient pas mais l'apaisaient. […] » (Patrice Delbourg, les désemparés, Éditions le Castor Astral, 1996)
« Mes inscriptions sont une rivière de Californie, il faut tamiser des tonnes de sable et de gravier pour trouver quelques pépites, voire des paillettes. Remarquez, sable et gravier ne sont pas matières inutiles. » (Louis Scutenaire)
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Référence bibliographique : Louis Scutenaire, J'ai quelque chose à dire. Et c'est très court., Collection d'Inscriptions, évocations et autres textes rassemblés par Jean-Philippe Querton, Cactus Inébranlable éditions, 2021. https://cactusinebranlableeditions.com/produit/jai-quelque-chose-a-dire-et-cest-tres-court/
Image d'illustration : https://www.kobo.com/us/en/ebook/louis-scutenaire-1
Bande sonore originale : Crowander - Don't You Leave Don't You Leave by Crowander is licensed under an Attribution-NonCommercial 4.0 International License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/crowander/from-the-piano-solo-piano/dont-you-leave
#LouisScutenaire #JAiQuelqueChoseÀDireEtCEstTrèsCourt #LittératureBelge
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