AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791097515799
LA TRACE (14/03/2023)
4/5   16 notes
Résumé :
L’histoire d’une jeune magistrate, obsédée par son désir d’enfant… qui ira jusqu’à proposer dans le cadre de sa fonction, un accord innommable :
« J’ai une proposition à vous faire.
Nous allons conclure un accord. Tous les trois.
Je vais accepter de vous confier un enfant, mais à deux conditions.
Vous serez suivi par une assistante de justice. Elle sera discrète et prendra de temps en temps des nouvelles de l’enfant.
Vous devrez au... >Voir plus
Que lire après Le monde rêvé d'Alva TeimosaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
4

sur 16 notes
5
6 avis
4
4 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Alva Teimosa est designée pour remplacer l'ancien juge. Devant la multitude de tâches qui l'attendent, Alva se promène dans le monde rêvé.

Martine, la greffière, en première ligne raconte La vie rêvée d'Alva Teimosa.

Ces couples qui enfantent à tout va et se voient déchus de leurs droits, ces autres qui maltraitent, et elle Alva qui ne peut donner la vie. Alva, elle n'a qu'elle a s'occuper. Elle est toute seule. Dans un monde pas bien rose presque tout gris. Elle voudrait bien un enfant toute seule, comme le chantait Goldman, elle fume toute la journée du gâchis des uns, du malheur qui s'abat sur elle. Alors Alva, elle rêve. Et la frontière devient de plus en plus mince entre ses rêves et la réalité. Tout s'embrouille jusqu'au jour où…

Le Monde rêve d'Alva Teimosa se lit comme une nouvelle. Ce n'est pas vraiment un livre ou un roman, c'est fugace, rapide, accéléré. L'écriture et le fond sont intéressants, j'encourage l'auteur à écrire deux cents pages de plus, je crois que cela me plairait beaucoup et à vous aussi.
Commenter  J’apprécie          660
Il y a Alva, cette (encore jeune) magistrate au Tribunal de la jeunesse, et son dévorant désir d'enfant.
Il y a Martine, sa (moins jeune) greffière, et son ardent besoin de chaleur, de tendresse, d'amour.
Il y a Micheline et Roberto, handicapés mentaux et parents de six enfants, que les services de protection de l'enfance leur ont systématiquement retirés, par peur qu'ils soient incapables de s'en occuper. Micheline et Roberto, donc, et leurs innombrables requêtes pour qu'on leur en laisse au moins un, d'enfant.

Trois blessures, trois lignes de faille qui convergent vers un même point névralgique de faiblesses et de passions humaines. Un noeud qui ne se résorbera qu'au prix d'une tragédie, puisque aucun protagoniste n'entend renoncer à son rêve obsessionnel.

« Le monde rêvé d'Alva Teimosa » est un tout petit livre, court roman poétique ou long poème en prose, tout en intériorités et douceur, malgré le drame et la noirceur.
L'écriture épurée et aérienne va à l'essentiel, sonde les coeurs et les âmes pour en révéler la complexité, les faiblesses enfouies, les pulsions inavouables.

Thierry Werts est magistrat à Bruxelles, spécialisé notamment en protection de la jeunesse. Pour cette raison, il connaît bien l'univers éprouvant dans lequel il fait évoluer ses personnages, et pour cette raison peut-être, ses mots sonnent si juste.
Mais il ne suffit pas d'être fin observateur ou connaisseur de la psychologie humaine pour faire d'un texte une oeuvre littéraire capable de toucher le lecteur.
Il faut aussi un certain talent (un talent certain), mélange de lucidité, de bienveillance, de sobriété voire de pudeur, de sensibilité. Et comme pour « For intérieur - Haïbuns », Thierry Werts coche à nouveau toutes ces cases.

#LisezVousLeBelge
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          430


La vie est un fil ténu sur lequel danse le Monde.

Entre ombre et lumière. Entre joie et tristesse.

Sur ce fil tendu, se profile notre destin à l'instable équilibre.

Il suffit parfois d'un souffle, d'un rien,

d'un sentiment d'injustice qui nous secoue,

pour le faire basculer.

Entre métro, boulot, dodo, certaines poursuivent

le fil de leur existence jusqu'à leur crépuscule.

Alva n'est pas de celles-là.

Le souffle de vie qui se refuse à pousser dans son ventre,

Alva le désirait, en guerrière, jusqu'à l'obsession.

Jusqu'à ce moment suspendu où tout s'écroule,

où l'étincelle de l'espoir choisit son camp,

se consume à jamais ou embrase un destin…

Dans son Monde Rêvé, il n'y a pas place pour la jalousie ou l'injustice.

Dans son Monde Rêvé, Alva est amoureuse et sera bientôt mère.

Dans son Monde Rêvé, un battement d'aile de papillon n'engendre pas de tornade…

▪️▪️

Pour la chronique de son excellent « Demain n'existe pas encore », dans lequel il nous parlait avec pudeur des miroirs brisé de l'enfance maltraitée, j'avais écrit que les mots de Thierry Werts étaient posés en phrases élégantes, touchant à l'âme avec beaucoup d'humanité, par leur simplicité et leur bienveillance…

Il en est de même pour « le Monde Rêvé d'Alva Teimosa », qui emporte le lecteur vers d'autres thématiques, celles des rouages de la justice (*), du désir empêché d'enfanter, des mères pondeuses, de la responsabilité parentale, de l'amour et de la jalousie…

L'écriture de Thierry Werts est une prose poétique, aérienne et sensible. Aux côtés d'Alain Cadéo et de Tom Noti, il est de ces écrivains des Éditions La Trace qui parviennent à peindre avec retenue et délicatesse toute la densité d'une âme brisée.

Merci aux Éditions La Trace et à Babelio pour l'envoi de ce livre.

(*) Étant ou ayant été magistrat, porte-parole du parquet fédéral belge, conseiller à la cour d'appel de Bruxelles, Thierry Werts a pu se spécialiser en matière de protection de la jeunesse et en droit pénal humanitaire. Ses romans témoignent de son expérience et des rencontres qui ont marqué sa vie professionnelle.

Commenter  J’apprécie          251
Thierry Werts : Je me balade souvent dans les ruelles de ma mémoire. J'y croise ta beauté…
Depuis l'enfance, je m'interroge. Un moment ce fut de mon âge. Puis beaucoup moins. Chercher sans cesse le pourquoi des choses est bien souvent déplacé, voire inconvenant. J'en ai pourtant fait mon métier de magistrat et cela fait plus de vingt ans que je regarde le monde de trop près. Cela ne se fait pas sans risque. Je m'imagine parfois tel un funambule, prenant de la hauteur et n'ayant d'autre choix que d'aller de l'avant. de ce voyage – souvent éprouvant – à la rencontre de mes semblables, je retiens des visages, des horizons. de façon étonnante, ils me suggèrent de vivre dans l'instant présent et m'invitent à traverser chaque jour comme si c'était le dernier. Je les revois parfois, lorsque je suis saisi par le mystère de tout ce que le monde infini porte en lui de beauté et de force, malgré tout. Autant d'instantanés. de questions sans réponse.
Thierry Werts, cet inconnu des lettres, allait bousculer le bel ordonnancement des Lettres belges. À la lecture de For intérieur édité aux éditions pippa, Rony Demaeseneer écrivait déjà : « Un premier recueil fort, personnel qui répond à une nécessité, celle de dire la vérité rien que la vérité face à ces vies isolées, cachées sous les toits de tôle, mais que l'on découvre en son « for intérieur ». Pour Werner Lambersy, la découverte de ce « For intérieur » poétique m'a aussitôt touché par sa justesse de ton et de fonds. Trop près du feu, on se brûle ; trop loin on se gèle. Plus loin dans sa préface, le même Lambersy écrivait : le poète met tous les jours le monde au monde, et les hommes dans le monde des hommes ! On les connaît hostiles à tout ce qu'ils ignorent et cette peur établit sans cesse un rapport de force dévastateur. Il s'agit donc, pour quelqu'un comme Thierry Werts, de changer ce rapport de forces en rapport d'amour.
Et il est vrai que Thierry Werts allait montrer que l'écriture n'était pas qu'une suite de mots. Son second ouvrage intitulé Demain n'existe pas encore, à des lieues du premier écrit, allait à son tour faire sourciller l'intelligentsia de notre plat pays. Alain Cadéo écrivait dans sa préface de Demain n'existe pas encore : Il est toujours surprenant de constater qu'en peu de pages, on sait donner aux personnages le poids total en charge de leurs âmes blessées. C'est trois fois rien et il y a tout.
Mais n'est-ce pas ce que Thierry Werts nomme : « allongement infini de l'instant »… ?
Le Monde Rêvé d'Alva Teimosa sera à son tour une troisième pierre dans le cheminement intérieur de l'auteur. Mais surtout à mes yeux « le cairn » que tout écrivain, que tout poète, devrait repérer sur son parcours, s'y arrêter, le soupeser. Comprendre ce qu'est la mise en mots d'une suite d'émotions. Lambersy déjà cité plus haut écrivait, toujours à propos de Thierry Werts, « La force d'un poème, j'ajouterai d'un texte, tient toute dans sa nécessité, sa transcendance, son émotion si on préfère, à son évidence. Écrire un poème (outre qu'on ne peut pas donner rendez-vous au vent, mais qu'on peut toujours laisser la fenêtre ouverte) c'est quoi qu'on en dise souvent continuer à croire à travers tout à l'homme. »
Thierry Werts est cet homme qui a rendez-vous avec le vent. Les mots lui sont offerts décapés, lustrés, brillants de sens. Mais il ne s'en contente pas. le sculpteur va entrer en action, donner naissance au gemme. Il va bousculer jusqu'à son éditeur.
Pourtant, l'écrivain avoue qu'il n'aurait peut-être pas osé poursuivre sur le chemin de l'écriture…
Le Monde rêvé d'Alva Teimosa est la concrétisation de sa volonté d'interpeller, de surprendre l'ordre établi. Il y réussit fort bien. Son roman, son texte, les flocons de sa pensée sont l'évidence. L'auteur écrit : Je me balade souvent dans les ruelles de ma mémoire. Je voudrais tant être candide. Comme ces épais nuages qui voyagent tout là-haut.
Le titre de son roman-texte est à lui seul une réflexion offerte au lecteur.
Pour soulever le napperon, j'écrirais que c'est l'histoire d'une femme qui… Mais c'est justement l'histoire, le rêve d'Alva… prénom dont l'étymologie est d'origine suédoise. Il signifie « vie, donner la vie ».
Geneviève Munier écrit à propos de Thierry Werts : Ce dentellier habile à manier le fuseau, carreau et bobinoir et transformer un texte en une vague de guipure… Sensible, amoureux de mots épicés, sucrés, salés, parfumés, Maître dans l'art de couper, réduire, émincer, et de nous mijoter « magistrat-lement »…
Mais j'en reviens pour ma part à ma chronique et au pitch du roman. Après le prénom d'Alva, nous découvrons que cette dame s'appelle Teimosa. Ici aussi l'écrivain use de subtilité. le caractère de son héroïne est affiché. Elle est têtue, obstinée, tenace, bornée. Je laisserai au lecteur le choix du meilleur synonyme.

Au fil de sa lecture, le lecteur découvrira des instants de tous les jours, éclairés avec les mots de l'auteur. Qui n'a pas un jour observé un pigeon dodu, qui se dandinait sur l'appui de fenêtre, tapotant de la pointe du bec le vieux chambranle décrépit.

C'est ce que suggère l'écrivain. D'ouvrir notre regard sur les êtres que nous croisons, de les observer, de découvrir leurs hésitations, leurs tâtonnements, leurs choix, et d'écouter avec eux la petite voix lancinante qui murmure dans leur tête…

N'oublions pas que l'écrivain Thierry Werts est magistrat. Ses personnages il les observe…
Il y a la greffière au sourire discret. Elle côtoie l'innommable. L'indicible. Dans l'ombre du juge, elle brasse la misère du monde par pelletées. Charrie des torrents pouacres de boues infâmes. L'air de rien. Dans l'indifférence générale.
Et quand le patron part à la retraite, les dossiers restent, les affaires sont latentes…

L'arrivée d'une nouvelle toge va tout réanimer.

Un roman pétri d'humanité.

Lien : https://lesplaisirsdemarcpag..
Commenter  J’apprécie          50
L'inaugurale préface de Geneviève Meunier, ode aux mots de Thierry Werts, « une balade éperdue de beauté au coeur du Valois ».
L'attention à la littérature, ce qui va advenir de ce texte bleu-nuit, tremblant de pluie et de mal-être.
Est-ce l'humanité même dans l'effluve de ces deux protagonistes ? Femmes cornéliennes, agrippées aux diktats de la justice.
L'intrinsèque des existences meurtries par les non-dits, les frustrations, l'amour dans ses plus vives contradictions, attentes et faiblesses. Les fractures d'un mal d'enfant.
Martine greffière, solitaire « chemin ainsi/seule/dans la rigole du monde qui l'entoure/est son quotidien...Plutôt invisible. Comme décalée. A la bordure des autres ».
Les rituels déformés par les habitudes qui prennent place dans un quotidien terne et figé. Mais l'Ère des Petits riens est résistante. « Se nourrir de mots constitue pour Martine le plus doux des réveils matins ».
Mimétisme. « Se sentir conquérante. Autant que conquise ».
Texte subliminal, salle des pas perdus, le tribunal en filigrane et le maillet si oublié dans l'ordinaire glacé de Martine. Jusqu'au jour où Alva Teimosa arrive subrepticement afin de remplacer un juge parti à la retraite. Elle est beaucoup plus jeune que Martine. L'ombre et la lumière, les contraires qui vont s'assembler telles des poupées gigogne. Elles vont se découvrir, s'aimer, un peu, beaucoup, passionnément, Alva, « l'allure d'une madone mystérieuse et attirante ».
L'aura sublimée, Martine est envoûtée, « Échappatoires inespérées ».
Mais voilà, le fragment va être un détonateur. le fil à plomb qui vacille. le tribunal pris dans un tourbillon. La satire advient. La causticité des épreuves de grandes personnes blessées dans leur chair. Elles n'ont pas le droit au doute. La justice doit régner de rigueur et d'équité.
Quelle est donc cette famille dont les enfants sont retirés dès la naissance parce que les parents sont handicapés et vulnérables, 1,2,3,4,5… Et pourtant ici, rayonne le désir de maternité, l'amour d'un père et d'une mère prêt à éclore. Peut-on tout juger ? Tout mettre sur la table et décider dans une dérision qui fait froid dans le dos. Un troisième degré de lecture absolument magnifique et gorgé de tendresse envers et contre tout s'élève. Thierry Werts est le maître de cette trame percutante. Comment Alva va réagir, elle, malade et quasi en déséquilibre ? Faire un bébé toute seule. En crise avec Martine, angoissée, une juge cabossée par un mal profond. Devenir mère coûte que coûte. Martine ressent le délitement de leur relation. Que va-t-il se passer ?
Le Monde Rêvé d'Alva Teimosa est tempétueux, le point commun de toutes les faiblesses humaines. Les déchirures des désirs, en mille morceaux, papier cadeau déchiré. Les douleurs des bouleversements d'un amour devenu un jeu de massacre. Lorsque la pulsion maternante dévore jusqu'au regard.
Que peut-il advenir d'un Monde Rêvé ?
Ce roman sombre est l'immersion dans la féminité, dans l'espace irrésistible des intensités psychologiques. Les tragédies touchantes et sans distance. le tribunal est le voile des apparences. Il faudrait pourtant insister sur les intériorités, chercher les réponses à la constance de ce couple fragilisé à qui on retire les oisillons à peine nés.
Les lucidités invincibles, l'implacable cruauté humaine. C'est un livre fronton, viscéral et touchant, écrit par un magistrat. Ce qui change tout, car il sait. Publié par les majeures Éditions La Trace.
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il y a des corps que l’on connaît.
On ne sait pas depuis quand.
On les sait.
C’est tout.

Des voix aussi.
Qui chuchotent
des larmes de plaisir
et racontent les étoiles.

Commenter  J’apprécie          90
Morceaux choisis par l'auteur lui-même:
"Regarde sans t'attendrir
La vie, la mort,
Cavalier, poursuis ta route!" (W.B.Yeats, Derniers poèmes)
"Et je marchais, droit devant, sans m'arrêter, ne sachant trop quoi faire, gesticulant, psalmodiant, ivre de confidences que je ne pouvais partager qu'avec les pierres les genêts les nuages". (Alain Cadéo, Des mots de Contrebande)
Commenter  J’apprécie          00
Le malheur des autres ne se partage pas avec ceux qu'on aime.
Commenter  J’apprécie          30
Cheminer ainsi
seule
dans la rigole du monde qui l'entoure
est son quotidien.

Dans l'ombre du juge,
elle brasse la misère du monde
par pelletées.
Charrie des torrents pouacres
de boues infâmes.
Commenter  J’apprécie          00
Il y a des moments rares
dans la vie
où l'on aimerait être ailleurs
et où, dans le même temps,
on ne quitterait l'endroit où l'on est
pour rien au monde.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : maternitéVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (33) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1429 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}