En une moitié de siècle, quelques journaux mythiques ont traversé l'univers de
la bande-dessinée et ont fait du neuvième art ce qu'il est aujourd'hui.
Un de ceux-là était chaque semaine un événement dans la cour de récréation.
Et, je me souviens attendre impatiemment le retour des courses pour que ma mère souriante le sorte du fond de son panier.
Je me souviens aussi aimer l'été parce que, sur le marché, de vieux invendus étaient bradés par lots en pochettes plastiques ...
Pif Gadget !
En ce temps, le premier cadeau de bonux était la blancheur.
Celui de Pif était
la bande-dessinée.
Rahan, le docteur Justice, Teddy Ted, Loup-Noir et Robin des bois, le grêlé 7/13, bien sûr ...
Mais aussi Arthur le fantôme, Horace le cheval de l'ouest, les rigolus et les tristus, Placid et Muzo et Pifou ...
On n'en finit pas de faire le tour de ces années d'humour et d'aventure.
C'est pourtant ce que propose le magnifique album de
Christophe Quillien, paru en 2018 aux éditions " "Hors Collection".
Il revient sur l'essentiel et le superflu en un peu plus de 250 pages.
Glop glop !
C'est là une inestimable anthologie d'illustrations précieuses et de textes explicatifs.
Une formidable remise en contexte !
On y retrouve le souvenir de tous les gadgets que l'on a aimé : les mythiques pois sauteurs du Mexique, le véritable appareil photo, la boîte voleuse qui accompagna les premiers pas du magicien que je ne suis jamais devenu, les insolites lunettes à volet, le stylo microscope, la visionneuse avec laquelle il m'a fallu fuir la lumière dans un placard et bien d'autres petits objets originaux et marrants ...
Mais l'album de
Christophe Quillien fait surtout la part belle à la BD contenue dans Pif gadget.
Et, c'est là un véritable festival !
Pour ma part, ayant snobé les aventures de Guy l'Eclair durant mes années "journal de Mickey", c'est avec les pionniers de l'espérance que j'ai découvert la science-fiction.
Un choc initié par les talents conjugués de
Raymond Poïvet et de
Roger Lecureux.
Cette immense saga reste aujourd'hui encore une des plus belles et passionnantes séries du genre.
Il est à noter d'ailleurs que Poïvet signera dans les tous premiers numéros de "Pilote" les aventures à travers le temps de Mark Trent qui malheureusement se sont injustement perdues à travers les méandres de l'histoire de la BD.
Bref, de
la bande-dessinée, et de la meilleure !
Et, il faut rendre à Cézard ce qui lui appartient ... la découverte, dans la galaxie « Lépiédecheze », de la planète des Rigolus et des Tristus qui est un monde bicolore, rouge et vert, sur lequel Arthur le fantôme débarque un beau jour avec son vaisseau spatial.
Il y découvre deux peuples en conflit ...
En effet, il suffit aux protagonistes de faire rire ou pleurer leurs adversaires, à grand renfort de calembours, pour les faire changer de camp et de couleur : rouge pour les Rigolus, vert pour les Tristus.
Et, toutes les semaines, avec "Pif Gadget, le jeune tristus se transformait soudain en rigolus !
Avec ce bel album de
Christophe Quillien, c'est comme si tout recommençait ...