Ce que le temps a fait de nous

Le format de « ce que le temps a fait de nous » ainsi que les illustrations enfantines sont évidemment bien choisis puisque le thème de ce petit livre est la vieillesse, la sénilité et plus précisément les moments où la maman du narrateur « redevient » une petite fille.
Fils unique, le narrateur héberge sa maman qui ne peut plus vivre seule. Sa sénilité l'amène à s'amuser avec des rubans et des boutons et surtout à ne plus jouer le rôle de maman mais de petite fille. le narrateur s'invente une soeur Sabrina , soeur qui aurait pu le soulager du trop lourd poids de s'occuper seul de cette maman. Ses échanges avec cette soeur imaginaire sont touchants.
Beaucoup de tendresse qui émeut mais qui fait aussi un peu sourire, je dis bien un peu car la nostalgie et le chagrin ont pris le dessus dans ma lecture.
L'écriture est douce et déborde d'émotions sans pour autant tomber dans du pathos. Très beau petit livre sur l'amour filial, la vieillesse.

La mère âgée recueillie .

Le fils, face à sa mère vieillie, se rappelle tous les personnages qu'elle a été et qu'il a connus : « Toutes ces femmes en elle ». La jeune mère, l'adulte attentionnée, soucieuse des vieilles voisines, et ce qu'elle est devenue sur le tard, une enfant attirée par les rubans, raffolant des boutons de couleur. On sait le renversement des rôles, celui de la mère devenant la fille de son fils, gardant les mêmes préoccupations : « as-tu goûté ? » «  T'es-tu bien amusé  ? », phrases récurrentes, empreintes de sollicitude, qui ne correspondent plus à la réalité d'un fils … quinquagénaire.

L'humour des situations n'occulte pas un comportement plein de tendresse, dans les paroles, les gestes et les attentions affectueuses. le fils incarne le rôle attendu de « mon fils », acquiesce aux demandes inattendues, se plie aux circonstances. Il se sent « investi d'une mission », comme jadis lorsqu'il rendait visite avec sa mère à de vieilles dames esseulées. « Elle est si seule ! » disait alors la mère, et ces phrases gravées dans l'esprit de « mon fils » lui dictent son attitude indulgente et généreuse.

On est sensible à ce récit pudique, aux chapitres courts avec un titre, à la clarté du présent dans des phrases simples. Les paroles se glissent naturellement dans le récit, fluidité obtenue par l'absence de guillemets et d'alinéas. On pense à un récit d'enfant, dans sa pureté.

Tous les personnages - sauf le fils, sont féminins et on voit même intervenir une soeur imaginaire. Les gouaches d'Hélène Rajcak séduisent par leurs couleurs vives et un apparent naturel. Un bon moment de lecture.

Décidément la vieillesse devient un thème littéraire, comme dans le livre de Pierre Gagnon, « mon vieux et moi » 92 pages. Chez j'ai lu.

Un court roman emporté par un très beau texte, vraiment touchant.
L'histoire d'un homme qui recueille sa maman, une vieille dame sénile. Elle collectionne les rubans et ne se souvient plus du prénom de son fils qu'elle appelle "mon fils".
Ce roman traite de la vieillesse, de la mémoire, des souvenirs, de l'amour filial avec beaucoup de subtilité et d'élégance.

Ce que le temps a fait de nous
de Isabelle Minière, illustrations d'Hélène Rajcak,

Éditions du Chemin de Fer. 67 pages.

Petit livre (67 pages) mais pas un mot ne manque pour décrire la vie en commun de ce vieux garçon et de cette jolie maman qui joue avec des rubans et des boutons.

Il s'invente une soeur,Sabrina, et lui en veut de le laisser s'occuper seul de cette maman, elle aurait su, elle ce qu'il fallait faire. Lui n'est qu'un homme.

il devient amoureux de Natacha, mais comment la faire entrer dans sa vie alors que maman ne la connait pas?

Maman? elle s'inquiète pour son petit garçon: as-tu goûté au moins?

tu n'aimes plus les coquillettes?

Ce roman n'est fait que de petites phrases entre ce quinquagénaire et cette maman qui vit dans son monde de petite fille. Qui des deux est le plus dans l'enfance?

Quel beau roman, plein de tendresse!

De plus, très bien imagé par Hélène Rajcak, un petit bijou.

C'est un livre précieux que celui d'Isabelle Minière. le format, la mise en page, les gouaches d'Hélène Rojcak forment l'écrin d'un texte où la mélancolie sereine se teinte d'une drôlerie délicate.
"Mon fils" raconte la mémoire en vrac de sa maman,les souvenirs qui s'échappent et qu'il est désormais seul à caresser. Ces scènes entre deux temps débordent d'une douceur et d'une tendresse infinies. La vieillesse qui joue avec les rubans multicolores de la vie qui fuit. L'amour transmis comme un baiser au front de l'enfant qui dort.
Isabelle Minière dessine avec une intense sensibilité ces deux enfances qui se croisent, s'apprivoisent et se réconfortent : l'une y replonge alors que l'autre ne parvient pas à véritablement grandir.
L'écriture fluide, compatissante, panse doucement les blessures qu'elle fait naître. C'est un roman très bref mais qui s'est profondément imprimé dans ma mémoire.