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EAN : 9782355480256
116 pages
Du Lérot (16/05/2009)
4.1/5   5 notes
Résumé :
Ramuz vient d'emménager dans sa maison de la Muette à Pully lorsqu'il se casse le bras et reste immobilisé plus de deux mois. Dès qu'il peut reprendre l'écriture, il note toutes les sensations et les impressions qu'il a ressenties lors de cette épreuve. Plus qu'un journal de ses maux, c'est une réflexion générale sur la vie, sur l'écriture. L'aventure, banale en soi, prend une ampleur universelle. Ramuz doit apprendre la patience, la dépendance, l'humiliation des sc... >Voir plus
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La découverte d'un livre est souvent une source d'événement incertain, rare sont ceux rencontrés dans les médias, ces suceurs de sangs consanguins, aimant plaire à leur camarades, pliant l'échine pour se complaire des considérations littéraire, juste la mansuétude d'un ami, d'un confrère, d'un éditeur et le pouvoir des mots en devient illusoire, c'est navrant mais il reste des incorruptibles, des libraires indépendants, des critiques littéraires libres, au détour d'un flânerie dans l'antre Les passeurs de textes, ma librairie où coulent des univers divers, des pépites, des livres perdus des mémoires, et ces deux romans de C.F. Ramuz, Une main et L'amour du monde.
J'ai recherché des informations sur cet auteur Suisse du début du siècle, et j'ai aimé cette façon comment C.F. Ramuz définit sa propre biographie dans une Lettre à Henry Poulaille, mai 1924.
« Je suis né en 1878, mais ne le dites pas. Je suis né en Suisse, mais ne le dites pas. Dites que je suis né dans le Pays-de-Vaud, qui est un vieux pays Savoyard, c'est à dire de langue d'oc, c'est à dire français et des Bords du Rhône, non loin de sa source. Je suis licencié-és-lettres classiques, ne le dites pas. Dites que je me suis appliqué à ne pas être licencié-és-lettres classiques, ce que je ne suis pas au fond, mais bien un petit-fils de vignerons et de paysans que j'aurais voulu exprimer. Mais exprimer, c'est agrandir. Mon vrai besoin, c'est d'agrandir... Je suis venu à Paris tout jeune; c'est à Paris que je me suis connu et à cause de Paris. J'ai passé pendant douze ans, chaque année, plusieurs mois au moins à Paris; et les voyages de Paris chez moi et de chez moi à Paris ont été tous mes voyages! (Outre celui que j'ai fait par religion jusqu'à la mer, ma mer, descendant le Rhône.)»
J'aime cette originalité, cette façon humoristique de se définir et sa manière de jouer avec les mots comme un jongleur, un prestidigitateur qui de nos jours se font rares.
En préambule, Guy Poitry, comme une notice pour utiliser un appareil électroménager, nous conseille une lecture guider pour mieux comprendre, et s'introduire dans l'âme de J.C. Ramuz lors de son écriture et nous livrer l'atmosphère de cette époque des années trente . Ce roman fût écrit, suite à une chute sur une plaque de verglas, se brisant l'humérus gauche en 1931, de cet incident J.C. Ramuz entrevoit l'écriture de ce court roman Une main, qui sera publié en 1933, ce texte banal, purement autobiographique sème le trouble par sa simplicité et originalité de l'écriture, un puzzle de mots savamment distillé au gré de la pensée de notre auteur, une constellation littéraire illuminant la nuit obscure de la lecture.
La dualité selon C.F Ramuz de l'être humain, c'est la pensée envahissant l'esprit et le corps se mouvant au gré des incertitudes qui l'habitent, le mouvement mécanique privant l'âme de cette horloge biologique dénué de pensée. de cette distorsion au moment de la chute, C.C Ramuz vogue dans sa lecture d'un texte, selon des recherches, c'est un ouvrage d'Arthur Eddington, La Nature du monde physique, sa pensée n'oublie pas un passage qu'il se remémore, alors que ses pas machinalement s'aventurent sur un sol glissant, prisonnier sans le savoir, distrait surtout de ses pensées, notre aventurier pour un paquet de cigarettes, s'égare dans son village dans les émulations littéraires venant prendre possession de son esprit, pour le faire chuter sur une plaque de verglas qu'il aurait dut par présence d'esprit remarquer, si sa condition première n'aurait pas été happée par cette lecture. L'ironie de ce passage, c'est la présence d'une piétonne, s'amusant d'une remarque sur le sol glissant, sans pour autant s'inquiéter de l'état physique du narrateur étendu de tout son long sur le sol, après sa glissage, s'en allant et laissant note blessé dans une sorte d'ahurissement comique, avec cette tirade sur « les pions de bas sur mes souliers. », pour ne pas glisser.
La suite du livre semble être une longue frustration physique où se perd notre auteur dans son paysage qui l'environne, sa maison et ses pièces diverses, un paysage qu'il scrute par la fenêtre se modulant des saisons, l'hiver neigeux, le froid, cette atmosphère l'emprisonnant encore plus dans son handicap. C.F Ramuz médite son sort, se contusionne dans des pensées contradictoires. « Misère de la machine humaine. » puis « Beauté de la machine humaine. », de ses méditations, son esprit vagabonde dans les reflux ondulatoires d'idées en désordonne, « La continuité fait place à la discontinuité, qui n'est que l'occasion d'une nouvelle continuité. », « L'homme est né pour la contemplation. », « L'homme d'imagination est un anxieux, c'est un candidat à la folie. », « L'espoir, chaque fois déçu, d'y découvrir peut-être le point où l'esprit, accroché enfin et pour toujours à une certitude, va pouvoir appeler à lui le coeur et se réconcilier avec lui. ».
Dans l'hôpital, C.F Ramuz décrit de son regard étroit, celui d'un malade, les interstices de son corps en bataille, des autres patients, du paysage rencontré, puis navigue en lui des pensées philosophiques, métaphysiques, tout le long de sa convalescence chez lui dans sa maison, C.F Ramuz dans les méandres de sa main invalide chavire de sa demeure devenu un bateau dans une tempête, en équilibre avec son corps incontrôlable, avec son masseur, sa peur l'envahit d'une douleur sourde et inerte, cette nature le caresse de sa force naturelle.
Ce court moment de vie, un passage délicat physique transporte le lecteur vers la source même de l'inspiration de l'écriture d'un roman, C.F Ramuz infuse sa force fragile dans ces mots, avec ce texte autobiographique, cette main devenue parasite, et un esprit errant.
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Soirée rencontre à l'espace Guerin à Chamonix autour du livre : Farinet ou la fausse monnaie de Charles Ferdinand Ramuz enregistré le 20 juillet 2023 en présence de Gérard Comby (membre de l'Office tourisme de Saillon & de la Commission du Patrimoine)
Résumé : Un généreux Robin des bois, roi de l'évasion, porté par la plume de C. F. Ramuz.
Farinet, c'est un fameux faux-monnayeur, roi de l'évasion et Robin des bois qui vécut entre Val d'Aoste, Savoie et Valais au XIXe siècle. Arrêté pour avoir fabriqué de fausses pièces qu'il distribuait généreusement dans les villages de montagne, il s'évade à de nombreuses reprises. Ce héros populaire à la vie romanesque et rocambolesque meurt à 35 ans, en 1880. Cinquante ans plus tard, Ramuz s'empare du personnage et en fait le héros d'un récit classique, haletant comme un roman d'aventure, mais porté par son style unique : irruption du présent au milieu d'une phrase, mélange des temps qui rend le présent dense et incandescent, langue vaudoise aux accents paysans transfigurée par une écriture singulière, moderniste, au confluent des révolutions artistiques du XXe siècle (il est passionné par Cézanne et Stravinsky). Farinet se serait caché un temps au fond de la vallée de Chamonix, dans une grotte au-dessus de Vallorcine. Un petit mémorial y est installé. Ce roman est paru pour la première fois en 1932.
Bio de l'auteur :
Ed Douglas, journaliste et écrivain passionné par l'Himalaya, a publié une douzaine de livres, dont plusieurs ont reçu des prix. Deux ont été traduits en français : de l'autre côté du miroir (Éditions du Mont-Blanc, 2018), Himalaya, une histoire humaine (Nevicata, 2022). Il publie des articles de référence dans The Observer et The Guardian. Il est rédacteur en chef de l'Alpine Journal et vit à Sheffield, en Angleterre.

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