Comme une sale crève au plus profond de l'hiver, la fin du monde colle à la vieille peau de notre monde.
Elle n'en finit pas d'en déchirer les derniers lambeaux.
Merci les moralistes réactionnaires, les banquiers opportunistes, les bannières de tout ordre, les journalistes étroits et faussement provocateurs, et autres bienfaiteurs de l'humanité*.
L'auteur de cet album ne leur a pas dédié.
Car
la crève, grace à eux, se portent bien.
La "crève", Libéro la connaît.
Il sait qu'elle frappe en aveugle.
A Turin, la ville est à feux et à sang.
Les soldats sont toujours là.
Ils assurent le grand nettoyage de cette civilisation condamnée à la barbarie ...
"
La crève" est un désespérant album de bande-dessinée paru chez Glénat en 1988.
90 pages, grand format ...
la crève y prend ses aises.
L'album est signé par Justin Norman et Riff Reb's.
Le chapitrage et la mise en page sont audacieux, et atypiques.
Ils impriment au récit un mouvement rapide.
Il y a du style et de la personnalité dans la construction de l'ensemble.
Le dessin, très soigné, est à la fois réaliste et empreint du style de son auteur.
Il est très marqué des expressions de visage, ce qui donne aux personnages une véritable épaisseur et rajoute au récit du tragique et de la profondeur
Il y a du Riff Reb's, là-dessous.
Le texte est efficace et inattendu.
Il est un brin engagé.
Je ne mettrai pas ma main au feu qu'il ne souffle pas là-dessous un léger vent contestataire.
Non, non ...
L'album, qui accuse pourtant un bel âge, n'a pas pris une ride.
Ce qui prouve bien que
la crève se porte bien, de mieux en mieux même.
Le récit est un moment arraché à
la crève, un moment de lutte et de répit.
L'on n'en saura pas plus, ni sur avant, ni sur après.
N'est sûr, ici, que l'instant présent, celui peut-être de cette lecture, de ce bel album redécouvert ...
* excusez l'auteur, c'est lui qui le dit, les autres, tous ceux que l'on a omis car la liste serait trop longue et il y a mieux à faire.