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Anne-Marie Garat (Autre)Stéphane Durand (Autre)
EAN : 9782330140625
192 pages
Actes Sud (07/10/2020)
3.6/5   10 notes
Résumé :
Comment voir la vie sauvage avec des yeux nouveaux ?

Olivier Remaud nous fait passer derrière les apparences. La neige crisse, la banquise craque, des blocs de glace dérivent dans l’océan. On navigue en kayak, on plonge dans des eaux froides, on entend les voix de peuples autochtones. Des écosystèmes entiers surgissent d’une nature que l’on croyait vide. Les icebergs deviennent des arches biologiques et les glaciers ne sont plus des choses mais des êt... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Détruisez vos idées toutes faites sur la structure d'un iceberg. Cet essai nous permet de découvrir l'essence même de ces blocs de glace souvent évoqués dans la littérature et les arts en général, ces blocs qui aujourd'hui fondent de manière alarmante. L'auteur, par ailleurs philosophe, nous guide afin de mieux appréhender le désastre en cours.

Si tant est qu'on les observe scrupuleusement, les icebergs prennent la forme de créatures divines ou de bâtiments, d'animaux mythologiques gigantesques, plus globalement de tout ce que l'imagination humaine peut avoir de fertile. Mieux : ils bougent sans cesse, tournent sur eux-mêmes, voguent sur les flots et… accouchent. Olivier REMAUD explique méticuleusement ce phénomène, celui de donner naissance à un nouvel iceberg. S'appuyant sur les découvertes des siècles passés, notamment par le biais de la littérature et des explorateurs, en actualisant la thèse de façon documentée, il conte la vie d'un iceberg et c'est saisissant.

Contrairement à une idée préconçue et répandue, les icebergs n'existent pas que sur mer. En effet, on les trouve aussi dans les glaciers de montagne, eux aussi accouchent et possède une vie. « D'abord, le centre d'un glacier se déplace plus rapidement que ses côtés. Ensuite, sa partie inférieure et ses étendues basses se meuvent plus lentement que sa partie supérieure et ses étendues hautes. Dans un glacier sinueux, c'est en revanche le côté vers la courbe extérieure qui progresse le plus. Enfin, un glacier voyage plus lentement l'hiver que l'été ».

Un iceberg émet des sons qu'il faut savoir étudier et les glaciers évoluant en glace morte ne se régénèrent pas. Ces deux blocs blancs sont le thermomètre du changement climatique, ce sont eux qui nous alertent. L'auteur convoque de nombreux noms passés ou présents diversement spécialistes des icebergs : John MUIR, Elisée RECLUS, Bérangère COURNUT, Mario RIGONI STERN et tant d'autres. C'est avec eux qu'il développe ses idées. Pour l'aspect visuel, il fait indirectement appel aux somptueuses photographies de Camille SEAMAN (allez voir son blog, les clichés y sont de toute beauté).

L'exercice est difficile pour le lecteur ignorant, mais il vaut le coup de persévérer, car devant lui l'iceberg revêt une image mouvante, vivante. Dans un monde où l'anthropocène est encore tout puissant, il n'est pas vain de remarquer qu'une vie peut ne pas prendre les traits que l'humain lui a jusque là imposée. L'ouvrage est certes ardu, technique, mais il révolutionne vos préjugés, vous proposant une nouvelle vision des icebergs et des glaciers. La bibliographie de fin de volume est copieuse, et la postface de Anne-Marie GARAT remarquable et passionnée. de plus en plus en apnée dans cette collection somptueuse qui est Mondes Sauvages de chez Actes sud, je suis comme un jeune novice redécouvrant le monde qui nous entoure, déconstruisant mon parti pris inconscient, observant la nature sous un nouvel angle où la domination humaine n'a plus sa place.

« Penser comme un iceberg » peut être lu comme une biographie des icebergs et des glaciers. Certes, il faudra vous accrocher pour en saisir tout le sens, mais l'expérience est passionnante et utile dans un monde semblant aujourd'hui à bout de forces. Elle montre que les icebergs, les glaciers sont notre mémoire collective car ils contiennent de rares et précieuses informations sur le monde de naguère, remontant le fil des siècles et même des millénaires. Ils sont les gardiens en même temps que les lanceurs d'alerte et les historiens de notre planète dans son intégralité.

Ce livre est paru en 2020. La version poche que je me suis procurée est récemment sortie. Je me permets à ce propos une remarque : la minuscule police de caractères m'a rendu la lecture particulièrement difficile, ma presbytie ne remerciant pas le choix de la taille. de plus, mon ouvrage, neuf, s'est vu rapidement amputé des pages 18 à 30, comme une glace fondant en direct, un glacier perdant des blocs entiers. Il est vrai que de plus en plus, les éditeurs tirent sur la corde et imposent des livres de moindre qualité pour un coût moins élevé. Cette technique n'est pas judicieuse, elle rend l'ouvrage fragile et en fait un produit de consommation courante à l'obsolescence physique quasi instantanée. Aussi, si vos finances vous le permettent, optez pour la version grand format de cet essai. En plus vos yeux vous remercieront.

« Les glaciers sont les archives du passé, de véritables bibliothèques à ciel ouvert. Leurs cristaux de glace cachent des richesses infinies : des strates de poussière, des bulles de gaz, des isotopes d'oxygène. Certains « carottages » de calottes en Antarctique remontent des signatures chimiques vieilles de plus de huit cent mille ans. Les échantillons prélevés au moyen de grands tubes métalliques abritent les témoignages d'événements antiques. La communauté scientifique les date sur une échelle de temps long : une éruption volcanique s'est produite quelques millénaires plus tôt, les nuages avaient telle température au moment où les flocons de neige sont tombés puis se sont cristallisés. Les cristaux contiennent les vestiges de l'ancienne atmosphère. le ciel est dans la glace. C'est la raison pour laquelle la disparition progressive des étendues glaciaires rend l'humanité chaque jour un peu plus amnésique. Nous perdons notre propre mémoire. Et le présent lui-même s'efface sous nos yeux ».

https://deslivresrances.blogspot.com/

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Le titre du livre et la 4e de couverture sont attirants : " Des écosystèmes entiers surgissent d'une nature qu'on croyait vide. (...) Ce livre est un éloge des vies inattendues. C'est aussi une réflexion sur la discrétion comme art de cohabiter avec des entités non humaines.."
Arrivée à la moitié du livre, je reste un peu sur ma faim. C'est plutôt un recueil bibliographique de diverses expériences historiques de voyageurs du grand froid. C'est malgré tout assez intéressant et original pour moi qui ne suis jamais allée plus au nord que Trondheim en Norvège (et en juillet).
J'apprends beaucoup de choses, mais j'espérais un peu plus d'ambiance.
Après plusieurs semaines sans arriver à lire plus de trois pages à la suite, je mets le livre au frais, pour peut-être le reprendre plus tard.
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Penser comme un iceberg, ou penser avec et autour de l'iceberg ? Dans ce livre difficilement classable, Olivier Remaud nous partage à la fois sa passion pour les grands espaces glacés, et des réflexions sur ce que la nature la plus inhospitalière peut paradoxalement nous apporter.

Il m'a fallu un peu de temps pour comprendre le concept du bouquin. Ce n'est pas vraiment un essai car il n'y a pas de message simple que l'auteur cherche à faire passer. Ce dernier cite un grand nombre d'écrits, mélangeant à la fois des romans, des récits de voyage, des description scientifiques, des légendes amérindiennes... En fait tout ce qui touche de près ou de loin aux icebergs (mais pas que : aux grands espaces glacés et aux glaciers en général) nourrit son texte, qui se déploie étrangement, chapitre après chapitre, sans que l'on semble suivre un plan clairement défini.

Le résultat est un livre impressionnant par l'érudition qu'il mobilise. Données géographiques, physiques, historiques, sociales, linguistiques, ethnologiques... J'en ressort avec une conviction : les iceberg sont des lieux pétris de vie, qui semblent parfois eux-mêmes vivants sous certains aspects. Et la façon "d'être au monde" de ces blocs de glace fascinants se fait selon la règle du "donner-recevoir-rendre" que l'auteur appelle à déployer à notre tour.

Car à la fin, même en parlant de glaces, c'est pourtant bien une invitation à collaborer au monde dans un équilibre en perpétuelle reconstruction que l'auteur nous appelle.

Un livre un peu confus mais avec de jolis passages, et un message plein de sagesse.


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Lecture : automne 2021. J'avais acheté ce livre avec celui de Vinciane Despret, Habiter en oiseau, que j'ai lu bien avant. Je n'aime pas vraiment comparer les livres quand ils ne sont pas écrits par le même auteur. La collection Mondes sauvages d'Actes Sud regorge de merveilles, elle est un ravissement pour les yeux et, comme j'achète parfois des livres pour la couverture, c'est sans doute la première raison de mon achat de Penser comme un iceberg. J'avais vu Olivier Renaud dans La Grande librairie avec Sylvain Tesson et son discours m'avait intriguée, deuxième raison.
J'ai mis une étiquette philosophie à ce "récit" car j'ai un peu de mal à le situer. Par moments, "animiste", enfin si l'on considère l'iceberg comme un animal, à d'autres historique puisqu'il raconte la conquête des étendues glacées par les humains et les scientifiques, à d'autres encore véritable traité d'ethnologie sur les peuples des glaces...
Olivier Renaud nous invite à considérer l'iceberg comme un être doté de vie, d'ailleurs il héberge des milliers de formes vivantes, et, du coup, à lui prêter des sentiments et des droits.
J'aime cette manière d'insérer notre histoire, nos meurs et nos existences au coeur du vivant et non à l'écart.
Malgré tout, la lecture était un peu trop entrecoupée et déductive pour moi.
Un bon livre, malgré tout, à relire afin de mieux comprendre et s'imprégner du message.
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Ni un récit, ni un essai à proprement dit, cet ouvrage inclassable nous raconte avec faconde un emblème méconnu de la vie sauvage : l'iceberg ! Une invitation à se passionner pour les mondes polaires et ses cathédrales de glaces, qui ne sont évidemment pas que des obstacles, et encore moins des dangers sur la route d'hommes trop imprudents et arrogants. Rafraîchissant !
Lien : http://www.embarquements.com/
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les blocs donnent l'impression qu'ils errent sur l'eau comme les nuages blancs dans le ciel. Ils flottent en fait juste sous la surface de l'océan. Lorsqu'ils se cassent, leur force motrice est une puissance explosive. Ils détonnent comme une poudre de canon qu'on allumerait et qui causerait un bruit de tonnerre. Le son de leur rupture est terrible. Il remplit toute l'atmosphère du lieu. (…)
Le spectacle d'une cathédrale qui s'effondre sur elle-même ou celui d'une montagne qui s'ouvre seraient du même ordre.
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Contrairement à ce que nous pensons, nous ne sommes jamais seuls. Ne pas être vu, ni entendu, ne senti, cet effacement-là est impossible. Vivre, c’est toujours être repéré. Il reste sans doute beaucoup à faire pour apercevoir, sans les gêner, les êtres qui nous observent, de jour comme de nuit. Nous ne savons pas nous rendre discrets. Nous brandissons trop de miroirs entre nous et la nature. Le plus souvent, nous ne prêtons attention qu’à nos semblables. Tantôt on les célèbre, tantôt on les stigmatise. Puis on s’enfuit.
Là réside l’illusion : croire que nous ne sommes pas scrutés quand nous sommes loins de nos congénères. Croire que nous progressons incognito lorsque nous sommes seuls. Croire enfin que nous pouvons être vraiment seuls.
C’est se tromper de monde.
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Les hypothèses sur la mobilité des glaciers pouvaient varier (la dilatation des cristaux, leur regel, de l'eau à la base qui les fait glisser. (…) D'abord, le centre d'un glacier se déplace plus rapidement que ses côtés. Ensuite, sa partie inférieure et ses étendues basses se meuvent plus lentement que sa partie supérieure et ses étendues hautes. Dans un glacier sinueux, c'est en revanche le côté vers la vers la courbe extérieure qui progresse le plus. Enfin, un glacier voyage plus lentement l'hiver que l'été.
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Les icebergs furent longtemps considérés comme des personnages secondaires. Ils faisaient les gros titres des journaux quand des navires sombraient après les avoir percutés. Puis ils disparaissaient dans la brume et personne ne leur prêtait plus attention.
Dans les pages qui suivent, ils occupent le premier rang. Leur matière respire. Ils basculent et roulent sur eux-mêmes comme des baleines. Ils abritent des formes de vie minuscules et participent aux affaires humaines. Aujourd’hui, ils fondent avec les glaciers et la banquise.
Les icebergs sont au cœur de petites histoires et de grands enjeux.
Ce livre est une invitation à découvrir des mondes riches en affinités secrètes et en paradoxes inévitables.
Autant de manières de voir la vie sauvage avec des yeux nouveaux.

Situation, p. 11
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Vidéo de Olivier Remaud
Rencontre avec Clara Arnaud autour de Et vous passerez comme des vents fous paru aux éditions Actes Sud et de Olivier Remaud pour Quand les montagnes dansent chez Actes Sud.


Clara Arnaud, née en 1986, est l'autrice d'un premier roman, L'Orage, publié aux éditions Gaïa en 2015, et de 2 récits de voyage. Elle travaille depuis 10 ans dans le domaine de la coopération et a vécu en Chine, en République démocratique du Congo et au Honduras.

Olivier Remaud est philosophe et directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. Dans ses travaux, il s'intéresse aux usages du monde sous un double aspect: les fables sociales et les formes de vie. Il a publié de nombreux ouvrages, dont Penser comme un iceberg (2020,) et Quand les montagnes dansent (2023, Actes Sud).
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29/03/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER

Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite (https://ausha.co/politique-de-confidentialite) pour plus d'informations.
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