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Solange Lecomte (Traducteur)
EAN : 9782253050032
156 pages
Le Livre de Poche (01/08/1991)
3.29/5   38 notes
Résumé :

Elvira, quinze ans, et Spinny, sa cadette, viennent de perdre leur mère. Elvira tient un journal, qui évoque une terrible crise d'adolescence, jalonnée de morts violentes. Suicides ? Accidents ? Meurtres ? La cadette, elle aussi, a été traumatisée par la mort de sa mère. Spinny souffre d'hallucinations. Et la nuit, la vieille maison retentit de ses hurlements. Un soir, les deux sœurs apprennent que leur père ch... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Heartstones
Traduction : Solange Lecomte

ISBN : 9782253050032

Un roman court et l'un des plus inquiétants de son auteur. Elvira et Despina, dite Spinny, sont les filles de Luke et d'Anne Zoffany, lui enseignant notamment le grec et la théologie et elle, mère au foyer. Atteinte d'un cancer du sein ou de l'utérus (la chose n'est pas précisée avec netteté), Anne refuse la mutilation imposée par l'opération et préfère se laisser mourir. Les deux filles, quinze et treize ans, se retrouvent seules avec leur père dans l'immense maison tapie à l'ombre de la cathédrale. Une maison en vieilles pierres, qui rend bien leurs politesses aux gargouilles de l'église voisine, et lourde d'une sombre histoire de sorcière : au XVIème ou au XVIIème siècle, une jeune femme avait été accusée de ce forfait et condamnée à mort tandis que son "familier" - un chat - était tué et enterré sous les fondations de la maison que l'on s'apprêtait à bâtir. Deux ou trois autres histoires de fantômes viennent s'ajouter à cela mais, dès la mort de sa mère, Spinny affirme voir le fameux chat et entendre même une voix féminine qui l'appelle, elle, par son prénom, la nuit, aussi bien dans ses rêves que dans la réalité. Ses cris réveillent alors toute la maisonnée et un changement de chambre n'a aucun résultat positif.

Au premier abord, la famille semble avoir toujours été anticonformiste. C'est ainsi que les filles appelaient leurs parents par leur prénom et l'on ne tarde pas à se rendre compte que, en tous cas dans la première partie du livre, Elvira, flamboyante mais anorexique, nourrit envers Luke une espèce de "complexe d'Electre" ou alors "d'Antigone." Elle tient un journal, au style un peu alambiqué - c'est elle-même qui le dit - et suit des cours qu'elle prétend menés de façon extraordinaire dans un collège où Spinny la rejoint lors de la rentrée suivant le décès de leur mère. En dépit de son intelligence et de sa finesse d'analyse, le personnage paraît au lecteur assez peu sympathique, trop imbu de son importance et de ses qualités intellectuelles et certainement très narcissique.

Aussi ne s'étonne-t-on guère de sa réaction lorsque Luke annonce son prochain remariage avec une jeune femme qu'il a rencontrée à l'Université où il exerce, Mary Leonard. Aux yeux d'Elvira, ce mariage ne peut ni ne doit se faire. Et elle est prête à tout pour faire échouer ce beau projet.

De fait, visitant, avec l'accord du Doyen, la façade de la cathédrale alors en rénovation, Mary Leonard fait une chute mortelle. Mais voilà qu'Elvira, quoique intérieurement ravie, ne se rappelle vraiment ni avoir tranché quelques cordes çà et là, ni avoir poussé Mary dans le vide.

Luke, c'est compréhensible, tombe alors en pleine dépression et sa fille aînée mange de moins en moins. La fièvre apparaît, le délire et une sorte de coma tandis que son corps se recouvre peu à peu d'une espèce de fourrure blonde : c'est l'anorexie dans toute sa redoutable gloire - on notera au passage que Spinny, elle, présente l'autre face de la maladie, la boulimie - et elle se retrouve hospitalisée ...

Le traitement semble réussir et la jeune fille revient à la vie et au bon sens. Mais, du coup, en retrouvant les pages de son "Journal", elle a honte et se remet en question, ne comprenant plus ni les pensées, ni les agissements qu'elle avait couchés à l'époque sur le papier. En outre, côté mémoire, rien ne s'est arrangé, au contraire, mais, en parallèle, les écailles qui aveuglaient Elvira sur les qualités de son père, qu'elle voyait jusque là sans défauts, tombent et se dissolvent. Elle n'en arrive pas à le traiter de "beauf", surtout qu'il n'a pas raté son suicide mais on n'en est pas loin ...

Dans la seconde partie du livre, Elvira reprend son journal intime mais nous assistons alors à un effort sincère pour essayer de comprendre ce qui s'est passé. Et là, l'éclairage devient tout autre ...

La fin donne l'un des frissons les plus agréables que j'aie jamais ressenti en lisant ce type de littérature d'autant que, avec l'immense talent qu'on lui connaît, Ruth Rendell parvient à maintenir le doute jusqu'au point final : chez qui la Folie est-elle véritablement nichée ?

Oui : chez qui ? Et pourquoi ? Et comment tout cela va-t-il réellement se terminer une fois que nous, lecteurs, aurons tourné la dernière page et abandonné les deux soeurs à leur destin ? ...

Lisez, vous verrez bien. ;o)
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Ruth Rendell avait l'habitude d'écrire des drames psychologiques à l'atmosphère dense, aux personnages souvent frustres, complexés, pathologiques, mais qui jamais, ou rarement, ont atteint l'intensité qui règne dans ce court roman, ou longue nouvelle, comme on veut.

Intensité d'écriture, intensité des sentiments, crescendo dans l'intensité d'action, tout concourt à en faire une des meilleures productions de Ruth Rendell.



Perturbée par la mort de sa mère, Elvira, quinze ans, tient son journal. Perturbation mais également soulagement. Et son journal est le récit de ses relations sentimentales avec Spinny, sa jeune soeur, mais surtout avec son père.

Spinny l'agace parfois, par sa puérilité, ses angoisses nocturnes, son comportement trop terre à terre. Quant aux sentiments qu'Elvira manifeste envers son père, ils sont ambigus mais secrets.

Elle vit en communion spirituelle avec cet homme bien fait de sa personne, distingué mais austère. Austérité entretenue par ses fonctions d'enseignant et d'homme d'église.

Elle lui voue un amour beaucoup trop fort pour être uniquement filial. Et lorsque le père décide de se remarier, pour Elvira, c'est plus qu'une déception, une amère désillusion, une cruelle souffrance. Personne ne peut lui prendre son père, cet être qu'elle adore et partage avec parcimonie avec sa soeur Spinny.

Un jour, c'est le drame. Deux semaines avant la date fixée pour la cérémonie, Mary Leonard, puisque tel est le nom de l'intruse, chute d'un échafaudage, lors de la visite guidée de la cathédrale. Accident ? Meurtre ?



Récit d'une crise d'adolescence relatée par celle qui la subit, qui la vit, Douces morts violentes est d'un pathétisme poignant et l'on ne peut que plaindre Elvira dans ses sentiments exacerbés malgré parfois ses propos quelque peu pédants.

Ruth Rendell, dans ce livre, atteint à l'apogée de son art et de ses préoccupations qui la poussent à écrire. Elle excelle dans la description, dans l'analyse du comportement féminin, avec tout ce qui en découle d'angoisse, de souffrance, de persécution, de névrose, délaissant un peu la trame du roman policier pour se consacrer à une littérature, une forme d'écriture plus élaborée et en même plus dépouillée.

Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Voici un petit roman bien étrange sur la vie de deux soeurs qui viennent de perdre leur mère.
L'une est en pleine crise d'adolescence et confie tout son mal être a son journal intime, elle adore son père.
Quand a sa soeur, depuis la mort de sa mère, elle est en proie à d'horribles hallucinations, elle dort très mal et a souvent la vision d'un chat et subit des hurlements nocturnes.
Mais voici que la vie des deux soeurs va basculer quand leur père leur annonce plus tard qu'il va se remarier...
Que va t-il se passer a l'arrivée de cette nouvelle jeune femme ?
Elle ne fera pas longtemps partie de la famille, je vous laisse découvrir pourquoi et comment !
Cette famille va partir pour l'un dans la dépression, pour l'autre dans l'anorexie et puis aussi dans la boulimie, un destin terrible pour tous , pour une fin bien étrange...
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Plongée dans les méandres d'un cerveau malade. Car la jeune narratrice, Elvira, a tout d'une sociopathe. Les pensées, sans filtre, qu'elle nous livre nous glacent. Puis, un tragique évènement nous livre une autre facette de sa personnalité mais sans jamais atténuer la tension qui nous accompagne jusqu'au dénouement, terrifiant à souhait. de plus, l'écriture est magnifique. Un régal.
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Un roman court certes mais bien ficelé. J'ai adoré l'intrigue et l'angoisse qui monte crescendo au fil des pages. En résumé, j'ai passé un agréable moment et je le recommande.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
[...] ... Quand l'accident est arrivé, le Doyen ne regardait même pas dans notre direction et je ne saurais dire où se trouvaient exactement Luke et Mr Cyprian. Je sais à peine où j'étais et où se trouvait Spinny. Je me souviens simplement que Mary Leonard s'est arrêtée devant la Cène et s'est reculée pour mieux la regarder en levant la tête vers le ciel. L'ai-je touchée, poussée ? Est-ce seulement la rupture du cordage qui a causé sa mort ? Je ne saurais le dire. J'ai l'esprit vide de tout souvenir sur mon comportement et après quelques semaines, quand j'essaie de me rappeler ce qui s'est passé, je ne vois que le bleu intense du ciel, les hautes tours de pierre dans la lumière radieuse, un vol d'oiseaux blancs passant à des hauteurs vertigineuses et les statues de la Cène aux traits estompés par les siècles et les intempéries. Je vois aussi Mary Leonard en robe rouge qui se dresse sur la pointe des pieds ...

Au moment où elle est tombée, je regardais ailleurs. Elle a poussé un cri. Luke s'est mis à hurler, il est accouru et il est resté un certain temps affaissé aux pieds des apôtres, bouche bée d'épouvante et de souffrance. Je me le rappelle bien et je me rappelle aussi le bruit qu'a fait le corps en heurtant le sol, un bruit tout à la fois dur et mou. Elle gisait sur ces pavés que nous appelons des coeurs, mais je ne sais pas s'il y avait du sang. Sa robe était trop rouge pour qu'on pût le voir. ... [...]
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Ainsi, c'était l'intelligence de Mary Leonard qui l'avait séduit. On ne pouvait en douter. Qu'avait-elle d'autre, en effet ? Mais cela me fendait le cœur de savoir qu'il l'aimait pour son esprit. J'ai failli tomber à genoux et le supplier de renoncer à elle, mais mon amour-propre ― l'idée que je me faisais de ma dignité ― me l'a interdit.
" Je lui ai demandé de m'épouser et elle a dit oui. "
Naturellement, aucune femme au monde ne lui aurait dit non !
Spinny a paru ravie, comme si on venait de lui promettre une sortie ou un cadeau. Elle s'est approchée et lui a passé les bras autour du cou. Ce n'était pas de moi qu'il pouvait attendre ce genre de démonstration et il le savait bien. Spinny est tellement prodigue d'élans qu'ils n'ont plus la moindre valeur. Quoiqu'il la laissât se pendre à son cou, c'était moi qu'il cherchait du regard. J'ai vu qu'il y avait de la transpiration sur sa lèvre et des supplications dans ses yeux. Et j'ai souffert de le constater. Mais avant même d'avoir pu ouvrir la bouche j'ai ressenti dans mon esprit une espèce de séisme, une curieuse effervescence, puis un grand calme. J'ai su que jamais cette femme ne viendrait régenter la maison, que jamais elle ne l'épouserait. Ni elle, ni une autre. Jamais. Pourquoi avais-je été assez stupide pour voir une menace là où il n'en existait pas, là où il ne pouvait pas y en avoir ?
Bien entendu, je ne l'ai ni embrassé, ni touché. Je me suis contentée de répliquer de tout mon cœur, d'une voix qui débordait d'amour :
" Mes meilleurs vœux de bonheur pour l'avenir, Luke. "
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[...] ... Après la mort de Mère, Spinny s'est mise à voir et entendre des fantômes. C'était sans doute pour elle une façon d'attirer l'attention. Je m'imagine qu'ayant senti que Luke et moi nous étions devenus tout l'un pour l'autre, elle se trouvait un peu perdue. J'ai requis son aide pour répondre à la multitude de lettres de condoléances qui nous sont parvenues. Il me semblait que les gens seraient touchés en recevant un petit mot de sa grosse écriture enfantine, avec sa façon naïve d'exprimer son chagrin dans des tournures de phrases qui n'ont encore rien perdu de leur candeur.

- "La nuit dernière, j'ai vu le chat, Elvira," m'a-t-elle dit en fermant l'enveloppe destinée à Mrs Fitzboyne, l'épouse du Doyen rural.

Nous faisions notre correspondance sur le secrétaire du salon. Dans cette pièce, la longue fenêtre à meneaux donne sur le Passage de la Vierge, qui était alors jonché de fleurs de tilleul.

- "Oui, Elvira, j'ai vu le chat arriver dans ma chambre. Il est entré dans ma chambre et s'est installé dans ma bibliothèque.

- A l'avenir, tu ferais mieux de fermer ta fenêtre," ai-je répliqué en souriant.

- Quand je ferme la fenêtre, il passe à travers le panneau de la porte." ... [...]
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