30 discussions pour une éducation antisexiste

Des questions sur lesquelles le commun des mortels s'arrête peu ou pas car il n' y a pas lieu ou parce que les réponses tombent sous le sens. Et pourtant !
Prenons une déclaration parmi les trente, développons et nous verrons que rien n'est simple. Au mieux on répète ce qui se dit autour de nous, au pire on botte en touche.

J'ai parfois été interpellée, n'ayant auparavant pas intégré tous les contours de la question. Ainsi, la proposition n°5 ( La nature vous a dotées d'un instinct qu'on a pas.) induit que les mères sont "des parents" innés. Etre parent est un processus même si cela se manifeste différemment pour les personnes impliquées.
En revanche d'autres m'ont confortée dans mes positions d'autant plus que je compose avec ces situations (consentement, discrimination) sur mon lieu de travail au sein de l'éducation nationale.

C'est un livre intéressant, dense et accessible dont le principal atout est de s'appuyer sur du vécu des autrices. Toutefois, et c'est mon seul bémol, ces discussions paraîtront hors d'atteinte dans des contrées ou la division sexuelle du travail structure la société.

Merci à la Masse Critique Privilège et aux éditions Marabout pour cet envoi.

"Le rose, c'est pour les filles." "Les garçons n'aiment pas les poupées." "La nature a doté les mères d'un instinct que les pères n'ont pas." "Mais quelle chochotte celui-là !"
Qui n'a jamais entendu voire même prononcé ces phrases ?
Dans cet ouvrage d'à peine plus de deux cent pages, les auteures, Pihla Hintikka et Elisa Rigoulet, nous dressent 30 situations de la vie de tous les jours dont le point de départ est une réflexion de sexisme ordinaire, pour ensuite la discuter, l'étudier et tenter de la réfuter par des argumentaires travaillés. Ces scènes se passent à la maison, à l'école, avec la famille ou les ami-e-s.
Ce manifeste va beaucoup plus loin que les dichotomies classiques rose vs bleu et pompier vs princesse. Il est en effet question de la mixité dans la société, des choix de métier, du positionnement des individus, des comportements genrés et des rôles assignés implicitement à chacun. Il n'est donc uniquement de l'égalité des sexes vue uniquement par le prisme féminin. Il est aussi question de la place des hommes dans la société pour qu'ils aient une place suffisante mais pas excessive, et pour que les pères soient davantage inclus et présents auprès des enfants.
A titre personnel, je m'intéresse aux questions d'égalité entre les sexes et au féminisme. J'essaie d'ouvrir les yeux et d'être vigilante. Mais, paradoxalement, le fait que tout s'apprend dès le plus jeune âge n'est pas une conscience que j'ai toujours eu. Or, tout commence dès l'enfance, au sein même des foyers. La conscience égalitariste devrait être transmises aux enfants par les parents qui eux-mêmes auront été sensibilisés à ces questions qui ne relèvent pas d'une « mode » actuelle mais bien d'un nouveau modèle de société.
La lecture du livre m'a fait prendre conscience de la facilité avec laquelle on reproduit ce que l'on a toujours connu et que, par manque de temps ou de volonté, on n'interroge très peu souvent nos comportements quotidiens. Alors il faut des personnes comme ces deux femmes pour nous tirer par le bras et nous dire « Ce que tu dis est-il juste ? Ce que tu fais, même inconsciemment, est-il juste ? Ne penses-tu pas que … ? »
Deux choses m'ont particulièrement marquée dans ce livre. Tout d'abord, le choix assumé de recouvrir à l'écriture inclusive que l'on accuse souvent d'alourdir inutilement les textes. Force est de constater que cela n'a pas été le cas lors de ma lecture. de plus, cette écriture colle parfaitement au sujet de l'ouvrage. Alors, ce choix assumé et de surcroît logique. Ensuite, j'ai été ravie, et rassurée, de constater que, bien qu'elles « baignent » dans le sujet, mêmes les auteures flanchent parfois et elles aussi sont sur le chemin du perfectionnement. Par exemple, on lit que lors d'une réunion à l'école de son fils, Elisa n'a pas souhaité répondre à une remarque sexiste d'un parent d'élève, car elle n'a pas voulu argumenter et paraître « chiante ». Elle s'est rendue compte après coup qu'elle-même s'était mise en retrait. Cela m'a davantage rassurée que si j'avais lu qu'elle avait répondu à cette personne car cela montre son humanité et son humilité.
Les deux auteures ne nous culpabilisent jamais, elles ne nous donnent pas plus de listes toutes faites d'arguments à redire en soirée ou en société. Non. Elles nous apprennent tout simplement à réfléchir et à nous interroger.
Je recommande chaudement ce livre qui s'adaptera parfaitement aux situation de vie de chacun-e-s car, que l'on soit parent ou non, on est tous concerné-e-s. C'est aussi probablement un ouvrage qui devrait être pris en compte par l'Education Nationale.
Pihla Hintikka et Élisa Rigoulet sont les auteures du Guide féministe de la grossesse (2019), et de Fille-Garçon, même éducation (2020).

Moi: "J'ai fini le livre que m'a prêté Alexandra."
Mon Laurent: "Et alors? C'est bien?"
Moi: "Oui, c'est super intéressant. Ce sont de petites discussions entre les autrices et divers interlocuteurs, sur l'éducation qu'on donne aux garçons et aux filles. L'une des autrices est Finlandaise, ce qui donne un regard vraiment très intéressant sur les façons de faire françaises..."
Mon Laurent: "Ah oui? Et c'est si flagrant que ça, les différences et le sexisme dans l'éducation?"
Moi: "Bien sûr, et ceci dit j'en étais déjà convaincue. Il n'y a qu'à regarder les rayons des livres jeunesse... Dans la même collection, "Le tracteur de Peter" où il est un vrai agriculteur, et "Léa -ou je ne sais plus quel prénom- joue à l'infirmière", parce que les filles ne peuvent que "jouer à" et pas être, et surtout pas médecin, non, juste infirmière..."
Mon Laurent: "Ah oui, là je suis complètement d'accord avec toi. Les jeux et les jouets c'est pareil."
Moi: "Oui. Et rappelle-toi comme la puce s'est fait moquer d'elle en maternelle parce qu'elle avait un sac à dos Car's!!"
Mon Laurent: "Il y a encore du boulot... Et le livre est intéressant là-dessus?"
Moi: "Oui, il propose des idées nouvelles, sans donner de leçons, juste des pistes, et toujours en douceur. Jamais l'ombre d'une agressivité, rien de Chiennes de garde, on peut tous et toutes s'y reconnaître. Tu devrais le lire."
Mon Laurent: "Pourquoi pas?"
Moi: "En plus, ça m'a fait penser à la conversation que j'ai eue récemment avec Benoit, quand il est venu me montrer des photos de son bébé."
Mon Laurent: "Pourquoi?"
Moi: "Il m'a dit que sa femme était fatiguée, et il a ajouté "je fais au maximum pour l'aider"
Mon Laurent: "Et???"
Moi: "Comme si c'était normal que ce soit l'homme qui aide la femme. Leur enfant, il l'a voulu au moins autant qu'elle; ils en sont très heureux tous les deux: c'est ensemble qu'ils l'ont désiré et accueilli, et même si c'est elle a qui a accouché et qui allaite, même si elle est en congé mat alors que lui a repris le boulot, c'est leur rôle à tous les deux. Il n'est pas question que l'un AIDE l'autre."
Mon Laurent: "Oui, tu as raison..."

Un excellent livre facile à lire, que j'ai dévoré en une soirée ! 30 discussions pour une éducation antisexiste est conçu sous la forme de dialogues entre les autrices et leurs ami-e-s/famille. On y retrouve les « petits clichés sexistes qui ne font pas de mal à une mouche » (mais qui sont à la base des inégalités de genre, notamment salariales), à de vraies interrogations de personnes adultes ou enfants qui cherchent juste à « bien faire ». Leurs réponses regorgent de preuves, d'études complètes pour appuyer leurs propos, et aussi d'éléments-types de réponse (à préparer pour la belle-famille un peu lourde, par exemple).

Un petit bémol sur la forme : les discussions et personnages sont fictifs, même si le fond de discussion a bien existé. Cela donne une impression de faux un peu étrange, surtout dans les premières pages. Toutes les questions sont prétexte à répondre en citant une source, bien pratique pour les autrices mais peu crédible pour les lecteurs-lectrices. J'avais préféré la forme dans le guide féministe de la grossesse, des mêmes autrices, qui parlaient simplement en leur nom au lieu d'inventer des situations.

Toutefois : cela rend le livre très digeste, et idéal à prêter au conjoint ou à la belle-famille toujours, au moindre désaccord : plus qu'à trouver le chapitre correspondant, et en quelques pages vous aurez une réponse antisexiste et bienveillante.

Cela étant dit, le contenu est très intéressant. Il est question de réunions de parents en école maternelle, du contenu des bibliothèques d'enfant, de coupes de cheveux, de petites moqueries qu'on laisse passer… Que des situations qui arriveront à coup sûr à tous les parents. Encore une fois, tout est sourcé. J'ai aimé les nombreuses références à la Finlande (si dans un autre pays européen ils arrivent à faire autrement, pourquoi pas nous ?) et surtout qu'elles creusent profondément chaque sujet, en liant des sujets qui paraissent futiles à des problèmes sociétaux qui semblent apparaître comme par magie à l'adolescence ou l'âge adulte (spoiler alert : c'est faux, dès 3-4 ans les enfants sont déjà conscients des différences de pouvoir entre les hommes et les femmes : les hommes font de la moto, gagnent beaucoup d'argent et sont présidents, les femmes sont douces, s'occupent des enfants et organisent des goûters avec les copines).

Voilà, un grand merci aux autrices donc de proposer un ouvrage très accessible pour que tout le monde réalise à quel point se comporter de façon antisexiste avec les enfants est primordial ! Et merci aux éditions Marabout pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une masse critique privilégiée.

Cet ouvrage, de format poche, propose en 30 discussions d'aborder des thèmes que rencontre tout parent dans l'éducation de son enfant : jouets, couleurs, orientation sexuelle, apparence physique, rôle des parents... le tout sous l'angle du genre, ou plutôt comment dégenrer l'éducation que nous donnons à nos enfants. A chaque fois une page contextualise le thème abordé, puis vient un échange entre deux personnes, rarement plus, mais toujours en nombre limité pour ne pas perdre la lectrice/le lecteur. A chaque fois une situation initiale est décrite et l'une des deux personnes pose la question de l'impact de nos représentations genrées. Les dialogues sont crédibles et fournissent des arguments à s'approprier et à éventuellement utiliser dans les conversations avec nos proches.
Parmi les éléments très positifs : est abordée la transidentité, et notamment à travers le regard adolescent. On dépasse donc le monde de l'enfance et c'est une vraie valeur ajoutée.

Etant féministe et engagée dans une démarche réflexive, je n'ai pas appris grand-chose, mais je ne doute pas que ce livre sera le bienvenu entre les mains de jeunes parents démunis sur ce sujet. le mode de présentation retenu en facilite la lecture et il peut être lu dans le désordre, au gré des besoins ou des centres d'intérêt. Ajoutons que son prix, de 5 euros, le place à la portée de toutes les bourses.

Seul bémol : quelques pistes de lectures complémentaires sont distillées dans les dialogues, souvent comme argument d'autorité à l'appui des réflexions proposées, mais sont justement noyées et non reprises dans un espace synthétique. Mais cela n'enlève en rien le sérieux du contenu, je vais d'ailleurs prêter ce livre très prochainement !