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EAN : 9782370550972
Le Tripode (05/10/2017)
4.44/5   9 notes
Résumé :
Dans les dernières années de sa vie, entre 1991 à 1994, Hugo Pratt choisit d’accompagner d’aquarelles des textes rares d’Arthur Rimbaud, Rudyard Kipling et Giorgio Baffo.

Ces recueils, devenus depuis introuvables, sont rassemblés pour la première fois dans un coffret et accompagnés de préfaces inédites d’un des meilleurs connaisseurs d’Hugo Pratt, Dominique Petitfaux.

L’œuvre de Pratt permet de le deviner, les livres occupèrent une plac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Mon dernier cadeau d'anniversaire que je n'ai pas pris le temps de chroniquer ici.
Magnifique coffret de 3 albums, associant Pratt à Rimbaud, Kipling et Baffo.
"Dès que me vient une idée je fais un sonnet", disait ce dernier. La devise de Pratt serait plutôt, dès que me vient une idée je peins une aquarelle.
Aquarelle dont le sujet, en l'occurrence, est l'évocation des souvenirs fantasmés de Hugo : Norma de Mar de Plata, Rosa, Irma, Nelli, Elle, Esther, Luciana de Venise, Esther de Rome, et Liliana d'aujourd'hui !
A lire et à regarder " Écoute, peintre ; tu vas me peindre une femme, sans chemise, telle que Dieu l'a créée..."
Mission accomplie ! Bravo Hugo !
Lanciers du Bengale aux milles couleurs pour illustrer sur fonds de drapeau britannique, les poèmes de Kipling.
Aquarelles mouchetées, plus suggérées que peintes.
Guerriers Beja dans le désert, le cheveu dru et tressé, le sabre brandi, le bouclier arboré dans une pose étudiée. Peur ou respect ?
Dromadaires vêtus du drapeau Éthiopien...Casques coloniaux et uniformes vert bouteille. Kilts de la garde Écossaise.
L'amour n'est jamais loin sous "la lune d'autrefois", lorsque "L'Océan Indien se couche et sourit..." pourrait penser Gunga Din occupé à batailler contre l'envahisseur ! Des soldats à 1 shilling par jour !
Kaboul envahie à jamais, pour l'éternité !
"Ne cherchez pas à poser vos questions à d'autres qu'à ces livres que je laisse après moi."
Et Rimbaud me direz-vous ? Il n'est pas oublié !
D'Aden où il séjournait le 25 août 1880 jusqu'à Aden où il se trouvait encore le 30 avril 1891.
Lettres minutieuses de blanchisseur de ménagère ou de comptable dans lesquelles le poète, comme s'il voulait fuir les rimes, détaille avec précision ses dépenses abyssales et ses recettes fugitives...
"Les gens du Harar ne sont ni plus bêtes, ni plus canailles que les nègres blancs des pays dits civilisés ; ce n'est pas du même ordre, voilà tout."
Aquarelles sombres, visages soucieux des hommes affairés insensibles aux sourires éclatants des femmes de passage.
Rimbaud obnubilé par la réussite de ses projets toujours plus hypothétiques, floué par la rouerie du roi Ménélik...
Aquarelles qui se délitent dans le sable et le soleil du désert...
Merci Hugo !
Lien : https://camalonga.wordpress...
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Un très beau coffret où l'on tombe sous le charme des splendides aquarelles d'Hugo Pratt qui illustrent des poèmes de Kipling, des lettres de Rimbaud et des poèmes de Baffo.
On replonge alors le temps de la lecture entre Aden et Harar, aux confins de l'Inde et de l'Afghanistan, ou au contraire dans l'intimité débridée vénitienne à la poésie parfois douteuse mais toujours égayante !
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critiques presse (3)
Sceneario
18 janvier 2018
Un coffret indispensable dans toutes bonnes bibliothèques, que je ne peux que vous inviter à vous procurer. Une belle invitation au voyage.
Lire la critique sur le site : Sceneario
ActuaBD
19 octobre 2017
Les éditions Le Tripode viennent de publier un coffret de trois volumes où Hugo Pratt délaissait un temps ses aventuriers de papier pour se mettre au service des mots d’écrivains-voyageurs : Rudyard Kipling, Arthur Rimbaud, le voyage se faisant rêverie en pensant au corps des femmes.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BDZoom
11 septembre 2017
Alors que le mois de septembre va voir arriver le nouveau « Corto Maltese » de Rubén Pellejero et Juan Díaz Canales, c’est une facette plus intimiste du créateur du personnage que proposent les éditions Le Tripode. De quoi ravir ses inconditionnels !
Lire la critique sur le site : BDZoom
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Ma chère maman,
J'ai bien reçu vos deux bas et votre lettre, et je les ai reçus dans de tristes circonstances. Voyant toujours augmenter 1'enflure de mon genou droit et la douleur dans l'articulation, sans trouver aucun remède ni aucun avis, puisqu'au Harar nous sommes au milieu des nègres et qu'il n'y a point, là d'Européens, je me décidai à descendre. 11 fallait abandonner les affaires : ce qui n'était pas très facile, car j'avais de l'argent dispersé de tous les côtés; mais enfin je réussis à liquider à peu près totalement. Depuis déjà une vingtaine de jours, j'étais couché au Harar et dans l’impossibilité de faire un seul mouvement, souffrant des douleurs atroces et ne dormant jamais. Je louai seize nègres porteurs, à raison de 15 thalaris l'un, du Harar à Zeilah; je fis fabriquer une civière recouverte d'une toile, et c'est là-dessus que je viens de faire, en douze jours, les 300 kilomètres de désert qui séparent les monts du Harar du port de Zellah. Inutile de vous dire quelles horribles souffrances j'ai subies en route. Je n'ai jamais pu faire un pas hors de ma civière; mon genou gonflait à vue d'oeil, et la douleur augmentait continuellement.
Arrivé ici, je suis entré à l'hôpital européen. Il y a une seule chambre pour les malades payants : je l'occupe. Le docteur anglais, dès que je lui ai montré mon genou, a crié que c'est une synovite arrivée à un point dangereux, par suite du manque de soins et des fatigues. Il parlait tout de suite de couper la jambe; ensuite il a décidé d'attendre quelques jours pour voir si le gonflement diminuerait un peu après des soins médicaux. Il y a six jours de cela, mais aucune amélioration, sinon que, comme je suis au repos, la douleur a beaucoup diminué. Vous savez que la synovite est une maladie des liquides de l'articulation du genou, cela peut provenir d'hérédité, ou d'accidents, ou de bien des causes. Pour moi, cela a été certainement causé par les fatigues des marches à pied et à cheval au Harar. Enfin, à l'état
où je suis arrivé, il ne faut pas espérer que je guérisse avant au moins trois mois, sous les circonstances les plus favorables. Et je suis étendu, la jambe bandée, liée, reliée, enchaînée, de façon à ne pouvoir la mouvoir. Je suis devenu un squelette : je fais peur. Mon dos est tout écorché du lit; je ne dors pas une minute. Et ici la chaleur est devenue très forte. La nourriture de l'hôpital, que je paie pourtant assez cher, est très mauvaise. Je ne sais quoi faire. D'un autre côté, je n'ai pas encore terminé mes comptes avec mon associé, m[onsieu]r Tian. Cela ne finira pas avant la huitaine. Je sortirai de cette affaire avec 35 000 francs environ. J'aurais eu plus; mais, à cause de mon malheureux départ, je perds quelques milliers de francs. J'ai envie de me faire porter à un vapeur, et de venir me traiter en France, le voyage me ferait encore passer le temps. Et, en France, les soins médicaux et les remèdes sont bon marché, et l'air bon. Il est donc fort probable que je vais venir. Les vapeurs pour la France à présent sont malheureusement toujours combles, parce que tout le monde rentre des colonies à ce temps de l'année. Et je suis un pauvre infirme qu'il faut transporter très doucement ! Enfin, je vais prendre mon parti dans la huitaine.
Ne vous effrayez pas de tout cela, cependant. De meilleurs jours viendront. Mais c'est une triste récompense de tant de travail, de privations et de peines !
Hélas ! que notre vie est misérable !
Je vous salue de cœur.

Arthur Rimbaud - Aden, 30 avril 1891
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Ma chère maman,
J'ai bien reçu ta lettre du 5 janvier.
Je vois que tout va bien chez vous, sauf le froid qui, d'après ce que je ris dans les journaux, est excessif par toute l'Europe.
Je vais mal à présent. Du moins, j'ai à la jambe droite des varices qui
me font souffrir beaucoup. Voilà ce qu'on gagne à peiner dans ces tristes pays !
Et ces varices sont compliquées de rhumatisme. Il ne fait pourtant pas froid ici; mais c'est le climat qui cause cela. Il y a aujourd’hui quinze nuits que je n'ai pas fermé l'oeil une minute, à cause de ces douleurs dans cette maudite jambe. Je m'en irais bien, et je crois que la grande chaleur d'Aden me ferait du bien mais on me doit beaucoup d'argent et je ne puis m'en aller, parce que je le perdrais.
J'ai demandé à Aden un bas pour varices, mais je doute que cela se trouve.
Fais-moi donc ce plaisir: achète-moi un bas pour varices, pour une jambe longue et sèche - (le pied est n'41 pour la chaussure). Il faut que ce bas monte par-dessus le genou, car il y a une varice au-dessus du jarret. Les bas pour varices sont en coton, ou en soie tissée avec des fils d'élastique qui maintiennent les veines gonflées. Ceux en soie sont les meilleurs, les plus solides. Cela ne coûte pas cher, je crois. D'ailleurs je te rembourserai.
En attendant, je tiens la jambe bandée.
(…)
Cette infirmité m'a été causée par de trop grands efforts à cheval, et aussi par des marches fatigantes. Car nous avons dans ce pays un dédale de montagnes abruptes, ou l'on ne peut même se tenir à cheval. Tout cela sans routes et même sans sentiers.
Les varices n'ont rien de dangereux pour la santé, mais elles interdisent tout exercice violent. C'est un grand ennui, parce que les varices produisent des plaies, si l'on ne porte pas le bas pour varices; et encore ! les jambes nerveuses ne supportent pas volontiers ce bas, surtout la nuit. Avec cela, j'ai une douleur rhumatismale dans ce maudit genou droit, qui me torture me prenant seulement la nuit ! Et il faut se figurer qu'en cette saison, qui est l'hiver de ce pays, nous n'avons jamais moins de 10 degrés au-dessus de zéro (non pas en dessous). Mais il règne des vents secs, qui sont très insalubres
pour les blancs en général. Même des Européens, jeunes, de vingt-cinq
à trente ans, sont atteints de rhumatismes, après deux ou trois ans de séjour !
Arthur Rimbaud - Harar, 20 février 1891
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Chers amis,
Je vais bien tout de même, et je vous souhaite beaucoup mieux.
Nous sommes dans nos étuves printanières; les peaux ruissellent, les estomacs s'aigrissent, les cervelles se troublent, les affaires sont infectes, les nouvelles sont mauvaises.
Quoi qu'on en ait dit dernièrement, on craint toujours fort que la guerre russo-anglaise se déclare prochainement. D'ailleurs les Anglais continuent d'armer dans l'Inde, et, en Europe, ils cherchent à se réconcilier les Turcs.
La guerre du Soudan s'est terminée honteusement pour nos Anglais. Ils abandonnent tout, pour concentrer leurs efforts sur l'Égypte propre: il y aura probablement ensuite des histoires au sujet du Canal.
La pauvre France est dans une situation tout aussi ridicule au Tonkin, où il est fort possible que, malgré les promesses de paix, les chinois flanquent à la mer le restant des troupes. Et la guerre de Madagascar semble aussi abandonnée.
J'ai un nouvel engagement ici pour jusqu'à fin 1885. Il est fort possible que je ne le finisse pas : les affaires sont devenues tellement mesquines ici, qu'il vaudrait mieux les abandonner. Mon capital arrive juste à quinze mille francs à présent; cela me donnerait à Bombay à 6 % sur n'importe quelle banque, une rente de 900 francs qui me permettraient de vivre en attendant un bon emploi
Mais nous verrons jusqu'à la fin de l'année.
En attendant de vos nouvelles.

— Arthur Rimbaud - Maison Bardey, Aden
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On massacre, en effet, et l'on pille pas mal dans ces parages. Heureusement que je ne me suis pas encore trouvé à ces occasions-là, et je compte bien ne pas laisser ma peau par ici, - ce serait bête ! Je jouis du reste, dans le pays et sur la route, d'une certaine considération due à mes procédés humains. Je n’ai jamais fait de mal à personne. Au contraire, je fais un peu de bien quand j'en trouve l'occasion, et c'est mon seul plaisir.

Je fais des affaires avec ce monsieur Tian qui vous a écrit pour vous rassurer sur mon compte. Ces affaires, au fond, ne seraient pas mauvaises si, comme vous le lisez, les routes n'étaient pas à chaque instant fermées par des guerres, des révoltes, qui mettent nos caravanes en péril. Ce monsieur Tian est un grand négociant de la ville d’Aden, et il ne voyage jamais dans ces pays-ci.

Les gens du Harar ne sont ni plus bêtes, ni plus canailles que les nègres blancs des pays dits civilisés; ce n'est pas du même ordre, voilà tout. Ils sont même moins méchants, et peuvent, dans certains cas, manifester de la reconnaissance et de la fidélité. Il s'agit d'être humain avec eux.

Le ras Makonnen, dont vous avez dû lire le nom dans les journaux et qui a conduit en Italie une ambassade abyssine, laquelle fit tant de bruit l'an passé, est le gouverneur de la ville du Harar.

À l’occasion de vous revoir. Bien à vous,

Rimbaud, 25 février 1890 Harar
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Chers amis,
Je suis arrivé dans ce pays après vingt jours de cheval à travers le désert Somali. Harar est une ville colonisée par les Égyptiens et dépendant de leur gouvernement. La garnison est de plusieurs milliers d'hommes. Ici se trouve[nt] notre agence et nos magasins. Les produits marchands du pays sont le café, l'ivoire, les peaux, etc. Le pays est élevé, mais non infertile. Le climat est frais et non malsain. On importe ici toutes marchandises d'Europe, par chameaux. Il y a, d'ailleurs, beaucoup à faire dans le pays. Nous n'avons pas de poste régulière ici. Nous sommes forcés d'envoyer notre courrier à Aden, par rares occasions. Ceci ne vous arrivera donc pas d'ici longtemps.
Je compte que vous ayez reçu ces 100 francs, que je vous ai fait envoyer par la maison de Lyon, et que vous avez trouvé moyen de me mettre en route les objets que j'ai demandés. J'ignore cependant quand je les recevrai.

Arthur Rimbaud - Harar, 13 déc 1880
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Voici l'homme qui a donné au voyage ses lettres de noblesse ! Celui dont la passion de la liberté est résolument contagieuse.
"Corto Maltese", par Hugo Pratt, tous les albums sont publiés chez Castermann.
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