Londres, 1949. Quand il découvre que son dernier recueil de nouvelles fantastiques a déjà été écrit par un autre auteur, qu'il ignorait totalement, 20 ans plus tôt, le journaliste-écrivain George Croft n'est pas au bout de ses surprises. Son enquête sur l'origine de ce mystérieux recueil va le conduire à la suite d'un dramaturge digne du
Grand-Guignol, jusqu'à croiser les figures qui hantent son théâtre de l'horreur et retrouver l'Angleterre des années... 1920 !
Floc'h est encore un jeune graphiste quand il signe cette première oeuvre et déjà, un succès. le scénario admirable et les textes parfaits de
François Rivière y sont pour beaucoup. Avec les décors magnifiquement plantés dans le trait, la composition, les couleurs et le découpage, on se croit dans un roman de
Jean Ray. On pourrait passer des heures à détailler certaines scènes. le rythme, la tension et les rebondissements avec la hâte d'une révélation nous tiennent en haleine. Quant au dessin, on a tout dit sur la marque de Floc'h. Avec un tel scénario et de si bons personnages, on oublie la question de la parodie. Oui, le style marche sur les pas de Jacobs et
Hergé. Il pourrait même en être une habile synthèse et George Croft un Tintin londonien plus âgé et installé... jusqu'à cette histoire où le fantastique le tire vers un autre monde. En relisant
le Rendez-vous de Sevenoaks après le dernier Blake et Mortimer de Floc'h j'ai aussi trouvé le 1er trait du graphiste plus vif. Et les couleurs d'époque magnifiques.
Je rejoins donc encore et toujours aujourd'hui ce que disait
Charlie Hebdo en 1977 à la sortie de ce bijou : "il y a tout là-dedans : crime, mystère, sang, passion et fantastique. C'est la meilleure recette de B.D. que j'aie goûtée depuis pas mal de temps, si on exclut
Tardi et son Adèle." C'est dire !