Quel beau cadeau que cette « Masse Critique » qui a fait de moi l'heureux témoin d'instants figés sur papier glacé au coeur de la tempête.
Pour tout dire, j'avais arrêté mon choix sur un livre dont le sujet me tient à coeur, les migrants et puis... j'ai juste vu écrit «
Mathieu Rivrin », «
Tempêtes » et mon cerveau s'est mit en pilotage automatique n'ayant plus qu'un but, avoir ce bouquin entre les mains. Celui là et pas un autre.
Je suis
Mathieu Rivrin depuis quelques années à travers ses photos publiées sur le net et ce livre, il me le fallait.
Mathieu Rivrin est photographe. Photographe de mer, d'Océan. Photographe de vagues et d'écume. Traqueur, pisteur de lumières, il s'en fait serviteur en rendant à travers ses instantanés, toute la magie d'une nature dans ce qu'elle a de plus sauvage, dans ce qu'elle a de plus féroce, l'alliance des vents et de l'océan.
Ici, dans «
Tempêtes », c'est la Bretagne qui est mise en lumières. Il faut dire que l'auteur est un enfant du cru et qui mieux qu'un breton pour faire ressentir sa terre et sa rage océane ?
Dès la première page on est dans le bain, pris au coeur de la vague. On se laisse emporter par cette avalanche d'écume.
L'onde, au fil des pages, grossie par les dépressions croisées au milieu des océans, vient s'échouer en terre bretonne dans un feu d'artifice fait de sable et d'algues, de pierres polies et de coquillages, d'embruns et de légendes.
Pour t'accueillir ami lecteur, la côte sauvage de Quiberon a revêtue sa plus belle tenue d'apparat. La roche se drape d'écume et… Et le temps se suspend et le voyage inattendu t'embarque. D'un coup tu n'es plus à Quiberon mais sur le toit du monde, tu es au coeur de l'Himalaya là où la neige et la roche s'épousent comme la vague habille le sable de sa dentelle.
L'arrêt sur image fait le chaos apaisement, l'insoumission des flots devient tapi blanc immaculé, les embruns se cristallisent.
Retour en Bretagne, et ça envoie du lourd entre terre et mer. Chaque cliché est un pruneau qu'on se prend de plein fouet. Les phares bretons, c'est le far ouest.
Des noms, un mythe. le phare de la Vieille, de la Jument, de Nividic, de Kermorvan, celui d'
Ar Men ou du Créac'h ou encore le phare du Four, des Pierres Noires, de Kéréon, le phare de Trévennec. le temps d'une tempête, leur enfer nous convie au rêve, à la fascination.
Belle île et puis forcément Ouessant, la première dame de France au royaume de la colère des éléments, nous invitent à partager leur relation passionnelle avec l'océan en furie.
Des vagues et encore des vagues, des vagues à n'en plus finir, belles et rebelles. Des vagues et des vagues venant s'échouer sur le sable, sur une roche ou une digue. Des vagues sans pudeur qui vivent leur relation fiévreuse avec la terre, des vagues qui crinières au vent réaniment les Breizh d'une mer parfois trop sage.
Une sagesse qui trouve sa place dans les photos de
Mathieu Rivrin. Plus qu'une sagesse je dirai un repos entre deux coups de vent, voilà c'est ça l'océan se met en pause. Une parenthèse qui fait la part belle à la lumière qui de ses rayons vient peindre des ciels aux couleurs irréelles de fin du monde et donner à l'océan cette couleur glaz qui pour les bretons regroupe tous les tons de vert, de bleu et de gris dont se parent les eaux qui baignent leur côte.
Ce livre est vraiment un très beau cadeau que m'ont fait les
Editions Ouest France, Babélio et
Mathieu Rivrin. Merci à eux.
Ami lecteur, j'espère vraiment que tes lectures croiseront un jour les pages de
Mathieu Rivrin. Si c'est le cas, je te promets… monts et mer veillent et c'est juste exceptionnel.