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EAN : 9791041414680
464 pages
Points (26/01/2024)
3.8/5   203 notes
Résumé :
Un motocycliste - le narrateur - et son fils Chris franchissent la frontière du Minnesota. Un homme semble les poursuivre, Phèdre, ravisseur d'enfants, motard fantôme qui n'est pas sans rappeler le Roi des Aulnes de la légende.

La course commence, malgré le danger, dans la chaleur de juillet, vers la côte californienne. Et avec elle, un chatauqua, discours enflammé, généreux, semblable à ceux que tenaient autrefois les forains parcourant les États-Uni... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
3,8

sur 203 notes
Un peu décontenancée à l'idée de me lancer dans la critique de ce livre, je vais essayer de commencer par le début.
J'ai lu pour la première fois ce roman il y a une bonne dizaine d'années, lorsque j'étais étudiante en lettres. Je l'avais découvert par hasard - je pense! - et je l'avais beaucoup aimé, je l'ai régulièrement cité au fil des ans. Je viens de le relire, sachant qu'il y avait encore beaucoup de choses à découvrir dans ce texte. J'ai été bien surprise: je me demande si je l'ai vraiment lu en entier la première fois...
Effectivement, je me souviens de ce père qui quitte le Minnesota en moto, son fils d'une dizaine d'années à l'arrière, pour un long trajet jusqu'à la côte Pacifique. Accompagné d'abord d'un couple d'amis, il traverse le Montana et les Rocheuses, cela se passe dans les années 70.
La route est longue; pour ne pas s'impatienter et souffrir des aléas du voyage - le froid, la chaleur, la fatigue, le soleil.. - il médite, il fait son Chautauqua. Ca commence doucement: le récit du voyage et de ses pauses est entrecoupé de réflexions sur la mécanique de la motocyclette pour dériver, à partir de là, sur l'agencement de la logique et de la pensée philosophique.
Petit-à-petit, le narrateur, livré à la monotonie du voyage, renoue avec Phèdre, son ennemi, son alter-ego, son autre Lui, son Lui du passé, avant la folie et les électro-chocs. Et petit-à-petit, c'est ce retour sur les théories obsessionnelles de Phèdre sur la Qualité qui est entrecoupé de récits de voyage. Ainsi, ce sont les pensées intimes du narrateur qui finissent par l'emporter sur la réalité de ce trajet avec son fils, et il est, à nouveau, gagné par cette folie qui l'avait isolé de sa famille des années plus tôt.
J'avoue, les longues, très longues, digressions sur cette tentative de définir ce qu'est la Qualité m'ont quelque peu décontenancée, surtout parce que je ne voyais pas où il voulait en venir; cependant, il reste toujours dans le milieu concret qu'est l'université, et avec un minimum d'effort, on peut intégrer plus ou moins les concepts dont il fait une obsession.
En revanche, je me suis attachée au récit du voyage lui-même, qui redevient un peu plus dense vers la fin, heureusement, et à cette relation conflictuelle mais affectueuse entre le père et le fils. Je n'ai pas forcément apprécié le personnage du père, son comportement, mais je pense que ça fait partie du personnage.
Ce récit est, pour une large part, autobiographique. Il est, dans tous les cas, intéressant et atypique, mais semble voué à l'échec d'une vraie compréhension de la part du lecteur. Après tout, qu'importe, il fait réfléchir, et c'est déjà beaucoup.
Parfois, les ficelles sont grosses, la mécanique de la motocyclette et le voyage - la montagne qu'on gravit - sont des métaphores de la réflexion philosophique, mais c'est vrai qu'il ne se cache pas de ces analogies. Je dirais que c'est un livre à tenter, et qui de plus en dit long sur la difficulté de penser différemment.
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Livre au titre aussi surprenant que son contenu. Quoi qu'il en dise, il sera bien peu question de zen dans cette histoire. On parle un peu plus de l'entretien des motocyclettes, mais pas suffisamment pour en justifier la présence dans le titre. le narrateur sillonne l'Amérique à moto, en compagnie de son fils et d'un couple d'amis. L'occasion rêvée, pour lui, de partager les pensées qu'il a eues sur la route.

Cette randonnée est pour lui une tentative de renouer contact avec son fils. L'auteur nous dévoile rapidement son passé : étudiant doué, professeur torturé, angoissé par la question de la Qualité, qui l'a mené jusqu'au bord de la folie. Des chocs électriques en hôpital psychiatrique ont effacé cette ancienne personnalité, qu'il dénomme Phèdre, et qui reste un fantôme présent dans sa vie. Mais est-il vraiment encore le même, si ses anciens rêves, ses anciennes obsessions ont été détruites ?

Tout le long du chemin, l'auteur tente de disséquer le raisonnement de Phèdre, de comprendre comment il en est arrivé là. Il nous entraîne dans de longues digressions philosophiques sur la question du Bien, de la Qualité, sur l'art, sur le rapport des gens à la technologie.

Si ces longues digressions ont d'habitude le don de m'agacer, elles m'ont cette fois-ci tenues en haleine. le récit sonne comme une autobiographie, et pour le narrateur, ces questions existentielles qui le tourmentent ne sont pas un jeu intellectuel, mais nécessitent des réponses indispensables à sa vie. Livre déroutant, difficile à classer, mais qui possède un charme certain.
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J'ai abandonné.
Je n'ai pas pu. J'ai eu l'impression d'être avec mon homme quand il parle de carbu, de bougies…. de mécanique qui n'en finit pas.
J'ai eu l'idée d'avancer à la deuxième partie, mais là, même état de fait… Ce n'est pas fait pour moi.
Je vais plutôt me rabattre sur : Nous rêvions juste de liberté de Henri Loevenbruck… Au moindre mot concernant la mécanique… j'abandonne… je fuis… je cours… Sinon, je me replierai sur « comment réparer son véhicule en 10 leçons ! » :-)

Bonne lecture !

Lien : https://angelscath.blogspot...
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Un des livres qui feraient aimer la réflexion philosophique à tous ses lecteurs s'il retrouvait un public. Car cette réflexion n'est ni pesante, ni pédante, ni désincarnée. Outre le développement très vivant d'un concept philosophique (la Qualité: vraiment un thème à creuser à notre époque où l'évaluation est le maître mot), l'auteur décrit un parcours de vie et les impasses d'une pensée qui ravageront une carrière et presque deux vies. Comment la relation est renouée entre père et fils, et donc avec le monde, par la grâce de la patience dans l'art de rafistoler les bécanes.En contrepoint, le récit d' un voyage au bout de la folie, et retour. Et en prime des conseils toujours valables pour les malheureux comme moi qui galèrent à monter un meuble Ikea. Bien sûr, les philosophes officiels de l'époque ont éreinté ce livre.
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Voilà plus de 40 ans que ce livre au titre intrigant fascine ceux qui ont eu la curiosité de l'ouvrir. Un livre qui sort de l'ordinaire écrit par un homme qui sort de l'ordinaire. Ceci explique sans doute cela.
Robert, l'auteur, emmène Chris, son fils d'une dizaine d'années, pour un long voyage à moto, de Minneapolis à San Francisco. Tout en roulant, il nous expose ses réflexions philosophiques, principalement à propos de la Qualité, qui l'ont à un certain moment mené au bord de la folie. Ses réflexions philosophiques, il les illustre d'exemples concrets relatifs à l'entretien des motocyclettes, dans un esprit proche de la tradition bouddhiste.
On peut trouver des livres de vulgarisation philosophique où les idées sont emballées dans une historiette qui rend la lecture plus plaisante mais qui, finalement, n'a pas un réel intérêt en elle-même. Ici, c'est différent. Tout présente un intérêt, et c'est ce qui rend ce livre fascinant. J'ai lu ce livre il y a une trentaine d'années, sur les conseils d'un professeur de philosophie, et je l'ai relu tout récemment, prêté par un collègue, motard depuis le berceau, qui avait pris plaisir à se retrouver dans les considérations sur l'entretien des motocyclettes. D'autres lecteurs pourront mettre en avant tous les aspects qui concernent la relation entre un père et son fils, ou encore le cheminement d'un homme qui tombe dans la dépression pour ensuite en sortir avec force. Bref, vous l'aurez compris, ce livre est d'une incroyable richesse !
En fait, les passages philosophiques n'ont pas pour but de vulgariser des théories classiques mais bien de présenter un questionnement et des idées qui sont propres à l'auteur. Et tout cela est indissociable de l'histoire de sa vie. Car Robert Pirsig, qui vient de quitter ce monde en avril 2017, était un surdoué, du genre à commencer à étudier la biologie à l'université à l'âge de 15 ans, avec un QI de 170. Comme beaucoup de surdoués, il s'est vite mis en marge du système, pour se retrouver torturé, non pas par ses sentiments, comme cela pourrait être le cas de grands artistes, mais bien par ses réflexions philosophiques. Cela lui a valu un internement en hôpital psychiatrique, pour soigner sa schizophrénie paranoïaque. Dans le livre, on est touché de l'entendre évoquer la personne qu'il était "avant" et qu'il baptise Phèdre. On le voit essayer de se souvenir de Phèdre, comme s'il essayait de se souvenir d'une autre personne. On imagine aussi le trouble de ses proches, et en particulier de son fils, qui ont vécu à ses côtés pendant cette période. C'est poignant, intime, dérangeant...
Pour moi, ce livre résonne d'une manière particulière : je suis mathématicien (une pathologie en soi, je sais...) et des fous géniaux, j'en ai côtoyé pendant mon bout de carrière à l'université. Ils m'étaient sympathiques, il me manquent... Heureux les fêlés car il laissent passer la lumière !
Bien qu'il soit un scientifique, Robert Pirsig nous emmène aux frontières de la raison, arguant par exemple que la Qualité est un concept que la raison ne peut définir. Il fait sauter les limites entre pensée « classique » et pensée « romantique », entre technique et art, au profit d'une meilleure qualité de vie. Lisez donc vous-même et même si certains points vous échappent, vous en sortirez grandis ! Moi-même, je le relirai, à coup sûr, car je suis certain que j'en ai pas encore épuisé tout le contenu.
Note: la version française que je viens de lire est une traduction de l'édition anglaise de 1974. Je possède aussi l'édition anglaise de 1984 (tout cela se trouve facilement en librairie). Dans une postface extrêmement émouvante, Robert Pirsig y relate la mort de Chris, assassiné en rue à l'âge de 22 ans, par des malfrats qui l'ont tabassé pour un peu d'argent. Terrible...
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Citations et extraits (65) Voir plus Ajouter une citation
Ce qui me paraît important, c'est le Chautauqua, voilà le seul mot que j'ai trouvé pour exprimer ce que j'ai en tête. On appelait Chautauqua, autrefois, les spectacles ambulants présentés sous une tente, d'un bout à l'autre de l'Amérique, de cette Amérique où nous vivons. C'étaient des causeries populaires à l'ancienne mode, conçues pour édifier et divertir, pour élever l'esprit par la culture. Aujourd'hui, la radio, le cinéma et la télévision ont supplanté le chautauqua. Il me semble que ce n'est pas vraiment un progrès. Mais peut-être le courant de la conscience va-t-il plus vite, à l'échelle de la nation? Dans le chautauqua qui commence ici, je ne veux pas ouvrir de nouvelles voies à la conscience, mais simplement creuser un peu davantage les anciens chenaux, comblés par des débris de pensées poussiéreuses et de platitudes indéfiniment répétées. "Quoi de neuf ? ", voilà une question éternelle, toujours intéressante, toujours enrichissante ! Mais si l'on en reste là, il n'en résulte qu'un étalage de trivialités à la mode, le tout-venant de demain. J'aime mieux cette autre question : "Qu'est-ce qui est mieux ? " - question qui va en profondeur et qui permet d'atteindre la mer. Il y a dans l'histoire de l'humanité des époques où les chemins de la pensée ont été tracés si fort qu'aucun changement n'était possible et que rien de neuf n'arrivait jamais. Le "mieux" était alors affaire de dogme. Ce n'est plus le cas. De nos jours, le courant de la conscience collective semble déborder, perdre sa direction originelle, inonder les terres basses, séparer et isoler les hautes terres - sans autre finalité que l'accomplissement stérile de son propre élan. C'est ce chenal qu'il convient aujourd'hui de creuser.

(P20)
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Démolir une usine, se révolter contre un gouvernement, refuser de réparer une moto, c'est s'attaquer aux effets et non aux causes. Et tant qu'on ne s'attaquera qu'aux effets, rien ne changera vraiment. Le vrai système, c'est notre système de pensée, c'est la rationalité elle-même. Qu'on détruise une usine en laissant debout le système de pensée qui l'a produite, celui-ci reconstruira une nouvelle usine. Qu'une révolution détruise un gouvernement en laissant intacts les modes de pensée qui lui ont donné naissance, on les retrouvera dans le gouvernement suivant. On parle beaucoup de système, mais on ne sait pas de quoi on parle.
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« Il va falloir faire sauter les rivets, dis-je.
— Ouais. Mais avec quoi ?
— Avec une fine lame en métal. Tu l'enroules autour de la poignée et tu la glisses sous le collier. Ça te permet de le serrer d'un cran. C'est un truc utile, pour toutes sortes de réglage.
— Et où est-ce que je peux trouver une lame comme ça ?
John commençait à montrer un certain intérêt pour l'opération.
— Il y en a plein ici », en jubilant, je lui montrai une boîte de bière. Il mit un moment à comprendre.
— Quoi ? avec une boîte de bière ?
— Et comment ! tu découpes ce que tu veux là-dedans...»
J'étais content de moi. Par mon astuce, je lui évitais de courir Dieu sait où à la recherche de Dieu sait quoi.
À ma grande surprise, John n'appréciait pas du tout. Il prit soudain un air méprisant et, avant que j'aie pu comprendre, décida que ses poignées de guidon allaient très bien comme ça. Pour autant que je sache, elles sont toujours desserrées.
Je crois que je l'ai vraiment offensé, ce jour-là. J'avais le culot de vouloir réparer sa nouvelle BMW à mille huit cents dollars, fin joyau d'un demi-siècle de mécanique allemande, avec un morceau de boîte de bière !
Ach, Du lieber !
L'aluminium dont sont faites les boîtes de bière américaines est un métal souple et très malléable, qui convient donc parfaitement à cet usage. De plus, l'aliminium ne s'oxyde pas à l'humidité ou, plus précisément, il est toujours recouvert d'une fine couche d'oxyde, qui le protège de la corrosion. En d'autres termes, tout mécanicien allemand, ayant derrière lui un demi-siècle de finesse mécanique, aurait compris que la solution que je proposais était parfaite.
J'ai souvent pensé, mais trop tard, que j'aurais dû passer discrètement derrière mon établi, découper un morceau de boîte de bière, en gratter la peinture rouge, et revenir avec John en déclarant que nous avions de la chance, que je venais de retrouver la dernière pièce d'une série, en provenance directe d'Allemagne ; une pièce spéciale de la collection particulière du baron Alfred Krupp, qui avait fait l'immense sacrifice de la livrer au commerce. John aurait marché, avec délectation !
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Reparlons un peu du couteau de Phèdre. Chacun de nous, comme lui, manie ce couteau, pour diviser le monde en éléments et rebâtir une structure. A chaque instant, nous éprouvons des millions de sensations diverses, dont nous sommes plus ou moins conscients/ des collines brûlées, le bruit du moteur, les vibrations de la machine; chaque rocher, chaque plante, les barrières, les détritus au bord de la route. Nous percevons tout cela, mais nous n'en prenons pas vraiment conscience, sauf si nous avons à réagir à une sollicitation inhabituelle. Nous ne pouvons prendre conscience de tout ce qui est, notre esprit serait surchargé de détails inutiles, cela rendrait toute pensée impossible. Nous devons trier parmi nos perceptions, et le résultat de ce tri que nous appelons "conscience" n'est jamais identique à nos perceptions: parce que en triant nous modifions le réel.Nous prélevons une poignée de sable dans le paysage infini qui nous entoure - et nous la baptisons: monde. C'est sur ce monde que nous appliquons le processus de discrimination. Nous divisons le sable en petits tas: l'ici et l'ailleurs, le blanc et le noir - l'hier et l'aujourd'hui.
Notre poignée de sable semble uniforme - mais plus nous la regardons, plus elle apparaît diverse. Chaque grain est différent des autres.
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Dans la littérature zen, mais aussi dans les récits de toutes les grandes religions, on trouve des voyageurs parcourant ainsi les montagnes. L'allégorie est facile entre la montagne et l'obstacle spirituel que tout âme doit franchir pour atteindre le but de sa quête. Comme ceux que nous laissons derrière nous, dans la vallée, la plupart des gens demeurent toute leur vie au pied des montagnes de l'esprit, sans chercher à les gravir. Ils se contentent d'écouter le récit de ceux qui les ont vaincues; ils évitent ainsi les difficultés de l'ascension. D'autres partent dans la montagne, accompagnés de guides expérimentés et qui connaissent les voies les meilleures, les moins dangereuses. D'autres encore, sans expérience, et se méfiant des guides, s'efforcent de trouver des itinéraires inédits; bien peu y parviennent. Mais, parfois, certains d'entre eux, touchés par la grâce, à force de volonté et de hasards heureux, parviennent au but. Une fois arrivés, ils se rendent compte, plus facilement que tous les autres, que le nombre de voies n'est pas limité. Il y a autant de chemins que de voyageurs.
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