Jack Glass : L'Histoire d'un meurtrier

Voici un livre de Science-Fiction très surprenant, tant dans la forme que sur le fond.
On y suit principalement Jack Glass, une sorte de révolutionnaire intergalactique qui souhaite mettre fin à une dictature généralisée, à travers trois histoires liées entre elles mais dont le fil narratif est découpé. Plus qu'un véritable roman on a la sensation de se retrouver face à trois courts romans ou nouvelles, compilés en une seule pièce, qui nous plongent dans trois univers différents :
- un huis clos sur un astéroïde prison, qu'on peut qualifier de violent (primitif même), masculin, gore, étouffant
- une enquête d'un registre plus classique dans le fond, dont le contexte s'ouvre sur quelque chose de beaucoup plus vaste, qui est dominé par le féminin, se révèle drôle, spirituel, avec une forme plus surprenante
- un pur texte de SF des étoiles, où là encore il s'agit d'un meurtre à élucider, qui semble revenir à un style de narration auquel nous sommes plus habitués généralement
Adam Roberts fait preuve d'une grande inventivité avec cet ouvrage, il montre un talent indiscutable pour créer des atmosphères étouffantes, décrire des conflits moraux majeurs, imaginer une société future à l'échelle du système solaire, se pencher sur des concepts spirituels ou métaphysiques (que signifie voyager plus vite que la lumière ?), plonger dans la psychologie humaine.
Bien que décousue, puisque séparée en trois histoires distinctes, et éloignées temporellement les unes des autres, l'aventure stellaire qui est racontée dans Jack Glass : L'Histoire d'un meurtrier est cohérente, captivante, et franchement réussie.
L'auteur se renouvelle sans cesse, et les protagonistes s'étayent au fil des pages, prennent en épaisseur, dans un cadre de SF mâtinée de Polar fort agréable.
Bien sûr les choix effectués par Adam Roberts ne feront pas l'unanimité, cependant je dois avouer que suivre Jack Glass, Diana, Sapho, dans leurs aventures fut une véritable bouffée d'air frais pour moi.
Aborder des concepts religieux, spirituels, astrophysiques, sociétaux, dans un livre qui relève du registre SF et qui s'appuie sur des rouages d'enquête policière est d'une ambition folle : l'auteur, à mes yeux, réussit haut la main le pari insensé de participer au renouveau de la science-fiction.
Quel talent !

Un quatrième de couverture diablement séduisant : l'auteur y promet, sur un ton fleurant délicieusement le pastiche littéraire, trois intrigues : un récit carcéral, une enquête policière classique et un meurtre en chambre close. le tout dans un univers de space opéra, et un nom de coupable annoncé dès le début, ainsi que l'intention de surprendre le lecteur.

Pari réussi pour le premier tiers du roman : l'auteur se tient rigoureusement à son programme, et met en place un monde assez noir. Les condamnés y sont déposés, en petit groupe, sur des astéroïdes, avec pour mission de creuser et d'aménager le rocher... Une mission impérative, car elle est leur seule chance de survie. Huit hommes sont ainsi enfermés, et on suit leur combat pour survivre et la mise en place d'une hiérarchie dans le groupe. Moins humoristique que le laissait entendre le quatrième de couverture, mais prenant, très original et avec une chute qui m'a laissée pantoise.

Les deux autres récits sont plus décevants. le style "ado" du second m'a amusé, mais l'auteur s'en éloigne assez rapidement, et revient à une intrigue assez convenue dans le ton, tout en poursuivant la mise en place d'un univers qui m'a intéressé. Ensuite... je dois avouer m'être un peu ennuyée dans le troisième tiers du roman. L'intrigue est mince, l'histoire d'amour téléphonée et le dénouement trop rapide.

Un auteur à suivre, assurément, mais qui tient mal la longueur dans cet opus.

Trois énigmes criminelles : "L'une est un récit carcéral, l'autre une enquête policière classique, la dernière un mystère en huis clos. Dans chacune, le meurtrier est la même personne: le tristement célèbre Jack Glass.
Votre rôle est de lire ces énigmes et de les résoudre. Et sachez que même si je vous l'ai déjà donnée, la solution devrait néanmoins vous surprendre." Avant propos au livre

Afin de vous aider dans votre enquête, une citation de Sherlock Holmes
"Quand on a éliminé l'impossible, quoiqu'il reste,
aussi improbable que ce soit, cela doit être la Vérité."

Première énigme :
Sept condamnés exécutent leur peine sur un astéroïde vide. Leur travail durant leur captivité : rendre ce caillou habitable en le creusant afin qu'il soit revendu comme logement. Un des prisonniers essaye de s'évader alors que les murs de sa cellule sont l'espace intersidéral, sans moyens techniques à sa disposition. Nous assistons à la préparation de son évasion, pour la moins inattendue.

Deuxième énigme :
Un domestique d'une famille aisée est assassinée. Seules 20 domestiques se trouvaient sur place et l'intelligence artificielle protégeant la maison assure que personne n'est rentrée ou sortie. Lequel des dix-neuf serviteurs est coupable ? Pourquoi l'a on tué ?
Ici, le pouvoir étant aux mains d'une grande famille à qui appartient certaines villes, des contrats commerciaux sont passés avec la police pour la sécurité. Police qui délègue donc "volontiers" l'enquête aux deux adolescentes de la famille qui adore jouer à une sorte de cludéo virtuel.

Troisième énigme :
Sept personnes dans un lieu clos et une se fait tuer. La vidéosurveillance indique qu'aucun ne l'a tué, comment est-il mort ?

La résolution des énigmes permet de passer un agréable moment, très divertissant par l'humour qui se dégage de ce roman.
Mais cette distraction n'est que la partie immergée du livre. L'enquête n'est présente que pour nous dévoiler les travers de notre monde.
La famille Argent de la deuxième enquête est ici une parabole de notre monde de la finance.
Dans cet univers, seule une infime partie de la population est riche, l'autre partie croulant sous la misère et l'esclavage : "On parlait de serviteurs, pas de citoyens"
Un bon moment, avec une petite baisse de régime vers la fin, mais ne boudons pas notre plaisir. le livre relie genre policier et science fiction, et prend le meilleur des deux.

En Résumé : Je ressors de ma lecture de ce roman pas complètement convaincu, l'ensemble ne répondant pas obligatoirement aux attentes que j'avais. La particularité de l'histoire repose sur le fait que l'auteur propose trois nouvelles pour présenter son personnage et son univers. Mais voilà autant la première nouvelle m'a accroché dans son côté sombre, mature ainsi que dans ce qu'il développait et proposait, autant les deux suivantes qui changent complètement de ton m'ont peu à peu décroché devant leurs passages convenus et leurs aspects prévisibles et parfois tirés par les cheveux tant ils manquent de densité pour les rendre cohérents. Les personnages ne sont pas mauvais, Jack Glass s'avérant un héros charismatique et entraînant même si j'étais un peu frustré par son côté robin des bois et non pas le meurtrier annoncé. L'héritière a eu un peu plus de mal à me convaincre devant un peu trop de futilité. Les protagonistes secondaires par contre ne servent qu'à soutenir l'intrigue ce qui est légèrement dommage. En fait là ou le récit gagne en intérêt c'est dans les détails et principalement dans l'univers qu'il brosse au fil des pages. Un monde futuriste ou le pouvoir est entre les mains des grandes familles, où le peuple est de plus en plus pauvre et exploité et où la loi se fait par la police et la mafia qui soulève de nombreuses questions. Dommage que ce ne soit pas plus développé, mais le roman aurait perdu son côté décalé. La plume de l'auteur est entraînante, simple et efficace.


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Ce récit suit la vie de Jack Glass, un mystérieux meurtrier qui se trouve être le coupable des 3 nouvelles. Comment ? C'est ce que nous allons tenter de savoir. Séparé en 3 parties, chacune contant un moment précis, ce livre a été et une très très bonne lecture pour le premier tier, et une un peu moins bonne pour les deux derniers.
C'est un livre qui est selon moi parfait pour commencer la sf en douceur, surtout si aimant les enquêtes

Cette première partie se passe en huis-clos, dans un astéroïde ; un endroit assez spécial mais qui apporte une certaine singularité au récit. Cet endroit est donc une genre de prison détenant 8 prisonniers. 8 personnes qui devront cohabiter afin de survivre : se nourrir, respirer, dormir... On va donc suivre leur cohabitation assez animalière, la mise en place d'une hiérarchie imposant la fameuse loi du plus fort. Entre injustice, dégoût, angoisse, ingéniosité, les sentiments vont se brinquebaler et nous emmener à travers ce récit imaginatif, à la chute complètement ahurissante.
Si vous aimez être surpris, le mystère, les huis-clos, les retournements de situation et suivre des personnages complexes avec de lourds passés, cette première partie en vaut la peine !

En revanche, les deux autres sont vraiment dans une ambiance différente, beaucoup moins poignantes.
C'est deux parties, qui sont assez complémentaires puisqu'on suit les mêmes personnages m'ont moins emballées. Elles n'avaient pas le peps, cette étreinte au coeur qu'avait la première... Elles ne sont pas mauvaises mais plus décevantes (à titre totalement personnel) .

La deuxième partie reprend les codes d'une basique enquête policiere sur fond de sf. Un domestique est retrouvé mort dans la demeure d'une riche famille. Qui des 19 autres domestiques est le coupable sachant que personne n'est entré ni sorti ? Cette enquête reste tout de même sympa à suivre mais sur un ton beaucoup plus légère que la première. Je ne me suis pas attachée plus que ça aux personnages mais j'ai tout de même pu ressentir de la peine ou de la détresse pour certains.

Enfin la troisième partie se passe elle aussi dans un huis-clos. Celle-ci est probablement celle que j'ai le moins aimé sans pour autant être inintéressante. On continue à se questionner, se demandant comment Jack Glass a pu commettre son meurtre sachant que des caméras de surveillance n'ont pu voir personne la tuer.

L'univers en lui-même fut très intéressant, en parallèle avec le notre, très centré sur la différence de classes. Grâce à sa plume entraînante l'auteur a ainsi pu nous emporter aisément dans son récit.