Olivier Rolin3/5
1 notes
littérature, politique
Résumé :
Ce que représente Olivier Rolin n’est pas limité à son oeuvre, d’abord parce que ses livres sont des formes ouvertes, en appel au monde ou renvoyant vers lui. Ports, routes, légendes, travail minutieux d’inventaire du non recensé, et basculement dans l’invention romanesque... Mais Olivier Rolin est aussi un héritier, et un compagnon.
Nous présentons ici un premier ensemble qui, côté littérature, est une suite d’hommages et d’études, Echenoz, Michon, mais auss...
>Voir plus
Que lire après
littérature, politiqueVoir plus
le plaisir de la lecture, même sans se référer tout de suite aux textes qui .en sont l'objet, évocation que, dans mon inculture, je goute presque comme une rêverie autour du livre pourtant étudié avec pertinence - « littérature, politique » d'
Olivier RolinCommenter  J’apprécie         00
Ni photo, ni Pléiade, il ne voulait rien qui enferme, qui pèse ou qui pose, il est cet être paradoxal et admirable, cette chimère : un révolutionnaire discret. Il est encore un maître de bizarrerie, et même de drôlerie. Ceux qui ne voient pas l’humour de Michaux, qu’ils aillent manger de la tarte à la compote de boulons. Que ferions nous face aux imbéciles, aux importants, aux importuns, s’il ne nous avait légué ces armes secrètes que sont la séance de sac et la mitrailleuse à gifles ? Il est l’insaisissable, le très libre, l’incongru, l’ironique, aussi le très douloureux, celui qui est « né troué », dont les mots fulgurants disent les soubresauts de l’« animal de lin » sous les coups de ciseaux du malheur.
J’aime le nom des derniers vers, «Hôtel des étrangers », et puis leur attaque, «Quel est Amour le nom de mon amour ? », et puis ces histoires mélancoliques d’épingles à cheveux d’autrefois retrouvées entre deux lattes du parquet. Sacré Blaise… Là, c’est son côté Apollinaire. Et puis alors j’aime beaucoup ça : « Je travaille dans ma chambre nue, derrière une glace dépolie / Pieds nus sur du carrelage rouge, et jouant avec des ballons et une petite trompette d’enfant : / Je travaille à la FIN DU MONDE
Raconter des histoires, transmettre des idées, témoigner, des tas d’institutions bavardes s’occupent de ça, les grands-mères (du temps au moins qu’elles savaient « raconter des histoires »), l’université, les médias, le cinéma, même les partis politiques. Tramer de la beauté avec les mots, en revanche, est proprement l’objet de la littérature. Seulement on ne sait pas du tout en quoi consiste cette « beauté » verbale. On cherche à tâtons, obstinément, quelque chose qu’on ne connaît pas, ou plutôt quelque chose qu’on a souvent éprouvé, lecteur (et alors cela donne envie d’interrompre sa lecture pour se lever et tourner en rond en répétant, en ressassant la phrase qui vous a balancé comme une décharge électrique), mais que pour autant on ne sait pas définir
La « mine de plomb » de Claude Simon embrasse, dans un seul mouvement, à la fois très simple et très réticulé, l’espace et ce qui le remplit, elle joue vertigineusement du panoramique et du zoom, elle montre sa forêt, sa masse, sa rumeur et la fine articulation de la feuille sur sa tige, l’armée en déroute et le poil luisant de sueur sur la croupe d’un cheval, elle va sans cesse du cosmos à la chose même, et c’est ce battement en elle qui lui confère, je crois, cette puissance un peu grisante qui impose au lecteur sa loi. Elle a quelque chose de l’aleph borgésien : «L’espace cosmique était là, sans diminution de volume
Pierre Michon, abbé. Toujours m’a frappé le côté médiéval de son visage : terrien et spirituel, de la ruse, de la violence avec aussi des éclats de douceur et même une bonté qui bouleversent. Visage d’un homme qui sait piéger, chasser, parler aux bêtes et à Dieu, visage versatile de reître et de moine, accoutumé aux enluminures du sang et des lettres, rompu à la paillardise, à l’entaille du gel, au guet, au silence.
Rencontre avec Olivier Rolin autour de Jusqu'à ce que mort s'ensuive paru aux éditions Gallimard.
Olivier Rolin, né en 1947 à Boulogne-Billancourt, est un écrivain français, lauréat notamment du prix Femina en 1994 pour Port-Soudan et du prix France Culture en 2002 pour Tigre en papier. Il a publié entre autres: Circus 1 (Éditions du Seuil, 2011), Bric et broc (Verdier, 2011), Circus 2 (Seuil, 2012), Veracruz (Verdier, 2015), Extérieur monde (Gallimard, 2019) et Vider les lieux (Gallimard, 2022).
--
31/01/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
+ Lire la suite