Pour rendre compte de cette pièce, et comprendre ses allusions, il faut la situer dans le cadre d'une trilogie qui commence avec «Donogoo-Touka», nom d'une bourgade brésilienne, à en croire un ouvrage du géographe le Trouhadec, candidat à un siège de l'
Institut de France. le hic, c'est que le naïf professeur s'est trompé. La ville n'existe pas. Cette erreur compromet son élection, mais une certain Lamendin va donner vie à la ville brésilienne en lançant auprès des boursicoteurs une vaste campagne de souscription. Ici encore, il faut comprendre le contexte, celui des projets fumeux grugeant des actionnaires trop naïfs. Monsieur le Trouhadec devient donc célèbre par la petite porte.
Dans la seconde pièce, «M. le Trouhadec saisi pas la débauche», notre savant est professeur au
Collège de France... avec 17 élèves, et s'entiche d'une actrice beaucoup plus jeune en tournée à Monaco, Mlle Rolande. Il s'y installe dans la pension de famille des époux Tressaillon, mais le timide vieillard, un peu ridicule, ne sait comment aborder la jeune actrice, quand il rencontre Bénin, son élève, qui se pique de connaitre Rolande. le Trouhadec lui demande de le présenter, mais Bénin n'est pas pressé. Tressaillon, le tenancier de la pension de famille, lui indique la marche à suivre classique: d'abord une invitation à diner, ensuite une promenade en voiture, et après, un petit cadeau.
Tressaillon : À ce moment là,... vous pouvez lui proposer une petite mensualité.
Le Trouhadec : Ah, ah, mais il doit bien y en avoir qui refusent.
Tressaillon : Dans ce cas, vous en proposez une un peu plus grosse...
Le Trouhadec : Mais en échange ?
Tressaillon : Dame en échange, vous aurez ce que vous souhaitez, un jour ou l'autre. Il y a chez la plupart des femmes une certaine probité commerciale.
Tout marche pour le diner et la promenade en voiture, mais pour le cadeau, le soupirant hésite à la dépense. Il propose une seconde promenade en voiture, qu'elle refuse en proposant dans une scène du plus haut comique une promenade à pied qui les mènera chez le bijoutier où elle a repéré un splendide bracelet à seulement 6.500 francs. le Trouhadec arrive à esquiver, et va se plaindre.
Tressaillon : «Vous avez de la chance qu'elle veuille un bracelet. Vous n'auriez pas un collier pour ce prix-là. Et en général, c'est le collier qui se demande»...
Le Trouhadec: Si je donne le bracelet, est-ce qu'ensuite, le collier n'est pas à craindre?
Tressaillon : C'est assez probable.
Le Trouhadec décide de tenter sa chance au casino, mais il n'y connait rien. Il gagne, mais néglige de ramasser sa mise qui reste en jeu et gagne à nouveau. Finalement, il sort avec plus de 100.000 francs. Il se voit offrir un contrat pour révéler sa méthode dans un livre, mais surtout, Rolande rapplique et roucoule. Bientôt, il ne lui reste plus que 5.000 francs. Qu'à cela ne tienne, il retourne au casino sans écouter les conseils, et la chance se retourne aussi. Il ne lui reste plus rien.
Tressaillon, généreux, lui offre un coffret rempli de bijoux, mais il s'avère qu'il s'agit du produit d'un vol. le voilà receleur. Il cherche à s'en débarrasser, mais personne n'en veut. C'est Bénin qui trouve la solution. L'honnête le Trouhadec restitue le coffret à la police en expliquant qu'il a promis au voleur, pris de remords, de ne pas le dénoncer. le commissaire accepte. Entretemps, le Trouhadec a commandé un somptueux banquet et n'a pas le premier sou pour le payer, mais accepte l'argent que Josselin lui offre pour publier sa méthode. Tout s'arrange. L'une des dernières répliques augure du futur puisque Mlle Rolande déclare qu'elle tâchera de se faire pardonner.
La troisième pièce de la trilogie, «Le Mariage de M. le Trouhadec», voit ce dernier approché pour prendre la présidence du "parti des honnêtes gens", mais pour cela, il devra renoncer à sa chaire de géographie et à Rolande, pour épouser la fille d'une baronne. L'ambition politique le prend, mais le parti des honnêtes gens est en réalité constitué de bandits, de nullités,... et de naïfs comme le Trouhadec. Et j'en passe.