Chez Ô Grimoire, pas de juste milieu : l'un de nous deux a pratiquement tout lu de
Louis-Ferdinand Céline, l'autre absolument rien. Moi, je n'ai jamais lu, et, lorsque chez Chum, ils nous ont proposé ce livre, j'avoue avoir eu une certaine inquiétude.
Mais c'est aussi toute l'idée de ce blog : nous aimons partager nos lectures, mais nous avons aussi le goût de nous mettre « en danger » en sortant, à l'occasion, de notre zone de confort. Alors, banco !
Venons-en donc à ce livre. Disons-le d'abord, ce Stanislas Dambreville nous apparait, au début du roman, comme l'un de ces intellectuels, dont certains auto-proclamés, qui, du haut de leur Olympe, jugent et, parfois, foudroient. Insensible, froid, détaché de tout, il parade, joue un rôle. Il faut un certain temps pour que les défauts de la cuirasse commencent à apparaître. Car c'est bien pour se protéger qu'il s'est ainsi coupé de la vie… Mais de quoi veut-il se protéger ? Pourquoi craint-il tant la vie ?
La vie, ici, est représentée par Juliette. Une vie au goût de jeunesse, de liberté, d'impudeur et d'insouciance. Mais aussi avec ses risques, ses dangers.
progressivement, on voit cet homme, qui avait réussi à se couper de toute émotivité, revenir dans la vie. Et ce mécanisme-là est non seulement riche, mais également très bien décrit. Certes, Stanislas Dambreville ne devient jamais totalement sympathique, mais on découvre progressivement un individu qui ré-accède à son humanité.
Juliette non plus n'est pas sympathique. Elle est manipulatrice, menteuse, simulatrice… Même si, dans cette histoire, elle incarne la vie, et son agitation, en réalité, elle est – ou, en tout cas, elle peut être – bien plus sombre que cela.
L'ensemble est joliment écrit, agréable à lire, et très informé – sur Céline et sur les milieux littéraires. On retrouve plusieurs passages amusants, d'autres qui donnent des références historiques, comme celui où Dambreville raconte s'être moqué d'un académicien, lequel lui aurait répondu de manière fine, occasion de rappeler que « la répartie dans la famille, était une tradition. L'ancêtre de l'académicien, juge au tribunal qui statuait sur le sort de
Nicolas Fouquet, reçut un émissaire de
Louis XIV réclamant la peine de mort pour le surintendant des finances. Ce juge fit répondre : « Dites au roi que le tribunal rend des arrêts et pas des services ». »
Alors, que vous connaissiez
Louis-Ferdinand Céline ou pas, n'hésitez pas, et venez découvrir comment Stanislas Dambreville se frotte à la vie…
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