AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791092613629
344 pages
Chum Editions (01/06/2018)
3.75/5   2 notes
Résumé :
Quand Stanislas Dambreville, spécialiste de Louis-Ferdinand Céline rencontre Juliette pour la première fois, il s'en moque. Le charme, la jeunesse de la jeune femme le laissent froid, il a un autre chat "Bébert" à fouetter : achever son dernier livre sur l'auteur controversé.
Juliette insiste, s'incruste, aime, s'enfuit, revient, jusqu'à ne plus s'appeler Juliette, mais Céline. Quel est son but? Jusqu'om veut-elle aller?
Que lire après Céline & CélineVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Chez Ô Grimoire, pas de juste milieu : l'un de nous deux a pratiquement tout lu de Louis-Ferdinand Céline, l'autre absolument rien. Moi, je n'ai jamais lu, et, lorsque chez Chum, ils nous ont proposé ce livre, j'avoue avoir eu une certaine inquiétude.

Mais c'est aussi toute l'idée de ce blog : nous aimons partager nos lectures, mais nous avons aussi le goût de nous mettre « en danger » en sortant, à l'occasion, de notre zone de confort. Alors, banco !

Venons-en donc à ce livre. Disons-le d'abord, ce Stanislas Dambreville nous apparait, au début du roman, comme l'un de ces intellectuels, dont certains auto-proclamés, qui, du haut de leur Olympe, jugent et, parfois, foudroient. Insensible, froid, détaché de tout, il parade, joue un rôle. Il faut un certain temps pour que les défauts de la cuirasse commencent à apparaître. Car c'est bien pour se protéger qu'il s'est ainsi coupé de la vie… Mais de quoi veut-il se protéger ? Pourquoi craint-il tant la vie ?

La vie, ici, est représentée par Juliette. Une vie au goût de jeunesse, de liberté, d'impudeur et d'insouciance. Mais aussi avec ses risques, ses dangers.

progressivement, on voit cet homme, qui avait réussi à se couper de toute émotivité, revenir dans la vie. Et ce mécanisme-là est non seulement riche, mais également très bien décrit. Certes, Stanislas Dambreville ne devient jamais totalement sympathique, mais on découvre progressivement un individu qui ré-accède à son humanité.

Juliette non plus n'est pas sympathique. Elle est manipulatrice, menteuse, simulatrice… Même si, dans cette histoire, elle incarne la vie, et son agitation, en réalité, elle est – ou, en tout cas, elle peut être – bien plus sombre que cela.

L'ensemble est joliment écrit, agréable à lire, et très informé – sur Céline et sur les milieux littéraires. On retrouve plusieurs passages amusants, d'autres qui donnent des références historiques, comme celui où Dambreville raconte s'être moqué d'un académicien, lequel lui aurait répondu de manière fine, occasion de rappeler que « la répartie dans la famille, était une tradition. L'ancêtre de l'académicien, juge au tribunal qui statuait sur le sort de Nicolas Fouquet, reçut un émissaire de Louis XIV réclamant la peine de mort pour le surintendant des finances. Ce juge fit répondre : « Dites au roi que le tribunal rend des arrêts et pas des services ». »

Alors, que vous connaissiez Louis-Ferdinand Céline ou pas, n'hésitez pas, et venez découvrir comment Stanislas Dambreville se frotte à la vie…
Lien : https://ogrimoire.com/2019/0..
Commenter  J’apprécie          230
Stanislas Dambreville, héros de ce roman, est le plus grand spécialiste, la référence absolue en ce qui concerne l'oeuvre de Louis-Ferdinand Céline. Professeur à l'Université et conférencier, il n'a jamais ménagé ses efforts pour tenter d'ouvrir les consciences. Car à ses yeux, le très controversé Céline n'est pas uniquement ce pamphlétaire antisémite proche des milieux collaborationnistes de la Seconde Guerre. Il le décrit aussi comme un homme avec ses forces et ses faiblesses, ses joies et ses peines. Derrière Louis-Ferdinand Céline se cache Louis-Ferdinand Destouches, médecin reconnu voyageant en Amérique et en Afrique, amoureux éconduit de la danseuse américaine Elizabeth Craig.
Pour Stanislas Dambreville, Céline est avant tout une véritable "révolution littéraire" jouant avec le rythme, la ponctuation, les sonorités et la musicalité des mots. Il faisait de ses écrits de vraies partitions. Cherchant, en vain, le mot juste, il prit le parti de l'imprécision, de l'invention. Et de cette approximation savamment travaillée, de cette alternance d'argot et de langage soutenu, il parvint à peindre de sa plume l'émotion suscitée chez le lecteur.
La vie de Dambreville, calme et solitaire, est rythmée par ses recherches et la rédaction de son livre qui s'évertue à relever les contradictions de l'auteur mais aussi à détourner les critiques, souvent acerbes, qui le visent. Alors, quand Juliette débarque chez lui, en Corse, éclatante de jeunesse, facétieuse et aguicheuse, le métronome s'emballe. Juliette apparaît puis disparaît. Juliette aime puis rejette. Juliette parle puis se tait. Juliette s'appelle Juliette puis Céline. Stanislas se perd devant tant d'incertitudes et les questions se bousculent, demeurant pour la plupart sans réponse. Cependant, il choisit de lui faire confiance, la défiance qu'il avait au départ a disparu. Et pourtant, dans son dialogue intérieur avec Louis-Ferdinand, le célèbre auteur l'avait prévenu…
Ce livre, dense et passionnant, présente de très nombreuses qualités. Par son style d'abord, alternant dialogues intérieurs entre Stanislas et Louis-Ferdinand Céline et dialogues truculents entre les différents personnages du roman. Michel Ruffin semble faire de l'alternance le point d'orgue de son livre. de l'amour viendra le rejet, de la gloire découlera la déchéance. Il décrit de manière subtile mais précise le mécanisme de l'ambivalence. Peut-on faire confiance à une femme en faisant taire nos peurs et doutes intérieurs? Peut-on porter aux nues Louis-Ferdinand Céline en gommant ses propos antisémites? Ne s'agirait-il pas ici d'une ellipse impardonnable? Tout comme serait-il convenable de ne voir qu'en Wagner la figure de proue de la musique romantique omettant ses propos antisémites et sa récupération, certes post-mortem, par les nazis? En mettant en scène des personnages se croyant merveilleusement libres, Michel Ruffin démontre combien la vie n'est pas aussi manichéenne qu'elle n'y paraît.
Lien : https://mespetitescritiquesl..
Commenter  J’apprécie          60

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ils élargirent la discussion en évoquant les rapports entre la littérature, la politique et la morale. Censurer la première au profit des secondes c’est exactement ce que font tous les régimes autoritaires ou les idéologies fascisantes. Des idées sont déclarées révolutionnaires, des livres sont brûlés pour le même motif, des procès sont intentés contre des hommes libres. […] Cela amena les autorités de l’État de Virginie à mettre à l’index Robin des Bois pour propagation des idées communistes en 1953, Staline à interdire le 1984 de Georges Orwell, etc.
Commenter  J’apprécie          70
C'est peut-être ça qu'on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir.
Commenter  J’apprécie          50
- Je pense que Céline fait en littérature de l'impressionnisme.
- Oui, tu as tout à ait raison, Céline est un impressionniste. Doublé d'un grand musicien. Il disait lui-même qu'écrire c'est choisir sa musique.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : antisémitismeVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (4) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5275 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}