Le Vendéen James (prononcer Jame et non Djèmss, c'est un Français !) Sacré se souvient, avant son retour en France où se boucle ce texte tour à tour narratif ou énumératif, de ses longues années passées aux États-Unis dans cette immensité peuplée de camions rencontrés de parkings en truck stop, d'aire de roadway en «route un peu secondaire» ou en «restau routier que maintenant tout l'monde y va», gros jouets avec leurs décors, leurs couleurs, leurs inscriptions et leurs formes anthropomorphiques, ou zoomorphiques: museaux, groins, oreilles, cous, culs.
Sur dix photos noir et blanc et américaines prises par
Michel Butor au début des années 60 du siècle passé, et dont aucune ne met au premier plan de poids-lourds – pas de redondance ou de commentaire direct ici, mais plutôt des échos, des rebonds –, empruntant encore quelques citations de son livre
Mobile, James Sacré qui, comme ce grand aîné en écriture, a enseigné outre-Atlantique, donne un texte, poème, d'une apparente banalité, ou simplicité, avec cette façon mine-de-rien qu'on lui connaît, pourtant unique et qui ne saurait masquer sa très personnelle singularité avec son irréductible attachement aux "parlures" de son enfance, populaires, orales ou poitevines, comme aux extrêmes précision et justesse de ses mots, même les plus élémentaires.
Chronique parue dans "Encres de Loire" n° 55 page 39, printemps 2011
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