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EAN : 9782847955347
304 pages
ESPRIT DU TEMPS (30/09/2021)
4/5   1 notes
Résumé :
La violence inouïe du conflit de 1914-1918 marqua les corps et les esprits des soldats de blessures inédites, aux conséquences souvent très délétères autant que difficilement prévisibles.
Une industrie alors en plein essor, mise au service de la destruction des hommes, conduisit à des mortifications sans précédents. Le terrain et les conditions sanitaires rudimentaires entrainèrent l'exacerbation du risque infectieux dont celui, redoutable, de la gangrène. Su... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'avais rencontré les auteurs de cet ouvrage au salon du livre d'histoire de Verdun.
La discussion avec eux m'avait séduit : comment expliquer la typicité de la littérature célinienne en considérant son traumatisme de guerre lié à ses blessures.

Emeric Saguin est médecin, il a étudié la physiologie du cauchemar traumatique.
Joann Loisel est psychanalyste, grand amateur de Céline impatient à l'attente de la publication des 6 000 feuillets manuscrits récemment retrouvés.

La première partie analyse l'histoire du concept du traumatisme qui avait frappé les blessés psychiques de la grande guerre qui n'étaient pas pour autant reconnus comme tels.
La notion de trouble consécutif à la guerre voit le jour à partir de la théorie du “traumatisme hystérique” de Charcot et de la “névrose traumatique” d'Oppenheim.
Cette considération était battue en brèche par le soupçon de mystification de ces soldats dont on évoquait plutôt la “faiblesse morale”.

Les traitements étaient alors coercitifs et utilisaient l'électricité dite du “torpillage”, l'injection d'alcool à 90 degrés et autres plaisirs.

Le diagnostic d'obusite proposait un répertoire symptomatique sans limites : “trembleurs chroniques”, “convulsifs”, “inertes psychiques”, “crisards”, “myocloniques rythmiques”, “vomisseurs simples”, “vomisseurs complexes”, “éructants”, “camptocormiques”, “catiémophrénotiques”.
Cette partie rappelle également comment Freud a intégré l'événement traumatogène dans la psyché et comment la théorie psychanalytique est apparue par suite autant acceptable par les poètes que par les médecins.

Il faudra attendre les revendications des vétérans du Viet-Nam pour que le “post traumatic stress disorder” intègre la nomenclature médicale.

Le livre apporte ensuite sa pierre ou son caillou dans la chaussure : faut-il dissocier l'oeuvre de son auteur quand celui-ci s'est montré ignoblement antisémite ?
Sur ce thème, les auteurs reconnaissent qu'ils ne peuvent pas fondamentalement expliquer ce racisme.
Ils répertorient quatre causes cumulées à l'antisémitisme de Céline : le contexte politique, les mésaventures personnelles, un opportunisme et le déséquilibre psychique.

C'est une réelle biographie que celle de tenter d'expliquer la façon d'être et d'écrire par les stigmates du traumatisme psychique de Céline mais les interprétations sont “pointues” psychanalytiquement et m'ont laissé parfois au bord du chemin sur cette deuxième partie même si mon intérêt pour la question est vif.
J'avoue en effet que l'explication des points de suspension céliniens m'a laissé dubitatif et que les hypothèses émises sont parfois délicatement incompréhensibles (voir citation).

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Si le corps et l’esprit se vivent mortifiés, depuis la blessure de 1914, le sexe peut l’être également, exposant à un ressenti par trop cru, par trop vif, la rencontre à sa chair de la chair du partenaire. Une sexualité de “voyeur”, comme Céline évoquait la sienne, permettrait alors de mieux conserver son affection pour l’autre, son idéalisation même. De plus, puisque le traumatisme dépose une volonté puissante de se préserver autant que de préserver l’excitation sous peine de basculer, encore, dans la perception d’un terrible néant, les moyens de se situer suffisamment à la limite ressortent d’une très salutaire construction. Ce que découvrirait Louis Destouches, passés certainement quelques excès à Londres dont il fallait s’arracher, c’est qu’il existe des moyens de se tenir au bord de l’excitation et de la caresser, sans réactiver absolument la défaillance d'auto-contrôle. Après certains surinvestissements intellectuels, l’écriture qui l’occupe la nuit en est un qui a l’avantage de le protéger de trop perdre, de lui et de l’autre, dans une sexualité domestique.
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(excipit) Enfin, après l’ébranlement de 1914, la résolution qu'aura nouée le soldat blessé avec son émotion est moins un pacte freudien qu’un pacte faustien, plus apte sans doute pour lui à "connaître tout ce que le monde cache en lui-même" (J.-W. Goethe). Au prix du choc premier, de ses rémanences, de ses embardées, c’est un contrat avec le sang neuf du mal. Il en passe, au lecteur, un climat de dérèglement, propice aux épiphanies et aux horreurs.
Ainsi Céline impose à celui-ci d’éprouver le propre pacte qu’il peut établir avec l’écrivain. Et sur le fil de tant d'ambiguïtés et de provocations, n’es-ce pas en définitive lui, ce lecteur, qui se trouve élargi à penser et à repenser son histoire et, surtout, reste stimulé pour avoir son mot à dire ?
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