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3,8

sur 2991 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce grand machin de livre (joli titre évocateur) est un très bon livre ! On pense beaucoup au Colombien Gabriel Garcia Marquez et à Cent ans de Solitude, pour son côté surréaliste, mais version plus moderne, un texte vibrant des notes solaires de la culture africaine. Un ouvrage émotionnellement dense, une Odyssée foisonnante, le périple d'un écrivain (le double littéraire de l'auteur?) se lançant sur les traces d'un autre écrivain, mystérieux, à l'unique livre (Le Labyrinthe de l'inhumain) : T.C Elimane !
Au-delà, une quête d'identité. Au-delà, ce livre reste constamment préoccupé par les traces que l'humanité, comme des phéromones, dépose dans le sillage de l'existence-même des êtres, comme obsédé par leur impossible expression. Un petit jeunot de la littérature très doué donc, vivement le prochain, si prochaine oeuvre il y aura ! Perso, je surveille ,aussi, ce côté-là des choses littéraires.
Prix Goncourt 2021. Mérité.
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Le narrateur découvre par hasard un premier roman mythique à l'incipit prometteur. À partir de ce petit livre (il tient dans la poche arrière de son jean) dont l'auteur a mystérieusement disparu, le narrateur va mener son enquête. Cette enquête va surtout être le prétexte d'une réflexion sur notre rapport intime à la littérature, le sens que peuvent prendre l'acte d'écrire et celui de lire, ce que signifie être un écrivain africain francophone au-delà des clichés du genre. Remarquablement écrit, foisonnant, ce roman d'une grande densité va à mon avis bien au-delà du clivage qu'il semble susciter et qui paraît essentiellement tenir au fait qu'il a obtenu le Goncourt. S'il relève d'une certaine exigence pour la lecture, il n'est jamais ennuyeux, au contraire très vivant, d'une construction habile, et l'auteur manie parfaitement humour et auto-dérision. Personnellement, alors que j'en appréhendais la lecture suite aux critiques de tous bords , je me suis laissée absorbée par cette enquête, j'y ai pris beaucoup de plaisir et la réflexion sur l'écriture et d'une façon plus générale la Littérature, m'a passionnée.
Cette lecture fait d'une certaine façon écho à une autre, ancienne, Lire Lolita à Téhéran de Aznar Nafisi (prix du meilleur livre étranger 2004 où l'auteur montre comment lire, écrire et étudier la littérature prennent source dans la vie même et peuvent être actes de résistance.
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Mohamed Mbougar Sarr propose un roman intense, puissant et même haletant avec La plus secrète mémoire des hommes que le prix Goncourt vient de consacrer en cette année 2021.

Diégane Latyr Faye est un jeune écrivain sénégalais, arrivé en France depuis si longtemps qu'il n'envisage pas de retour dans son pays. Lui, l'écrivain, a une obsession qui le brûle : retrouver le roman le labyrinthe inhumain d'un certain T.C Elimane, publié vers 1938, et comprendre comment est écrit un grand livre. Ce dernier raconte l'histoire d'un roi acceptant de brûler les vieillards de son royaume au début en échange d'un pouvoir énorme.

Il s'agit pour Diégane de rechercher des éléments auprès de ceux qui ont connu cet aîné autant auprès de sa propre famille, au Sénégal, qu'auprès de ceux qui l'ont rencontré en France, comme ses amis éditeurs et les autres écrivains francophones. Mais aussi, son enquête l'amene à Amsterdam auprès d'une étonnante écrivaine originaire de Dakar et même en Amérique du Sud recherché une poétesse Haïtienne.

L'obsession de Diégane est partagée par tous ceux qui ont approché ce « Rimbaud nègre »comme il a été qualifié. La quête de ce personnage énigmatique, qui n'a cessé de se fondre pour se faire oublier, transforme le roman en thriller, le lecteur restant scotché jusqu'à la fin. Les rebondissements, les retours en arrière et l'enchevêtrement des récits comme un labyrinthe rendent la lecture des trois livres de la plus secrète mémoire des hommes addictive et surnaturelle à la fois.

Derrière T.C Elimane, Mohamed Mbougar Sarr s'est inspiré de Yambo Ouologuem, écrivain malien, consacré par le prix Renaudot en 1968 pour « le Devoir de violence », accusé de plagiat et relégué, depuis, dans l'anonymat.

Mohamed Mbougar Sarr, avec sa façon très particulière, pose la question de la littérature francophone lorsque l'écrivain est africain. Dépassant superbement les représentations coloniales et celles migratoires, il inscrit sa réflexion sur le rôle de l'écriture, la condition de l'écrivain et l'universalité de la littérature. Mais encore faut-il accepter que l'acte d'écrire se nourrisse de toutes les lectures rencontrées, ce que le soi disant plagiat de T.C Elimane interroge.

Mais, là où le destin ou le hasard, ou les deux à la fois, place Mohamed Mbougar Sarr au coeur de la médiatique du prix Goncourt, Diégane livre son point de vue sur ce travail de communication qui doit s'adjoindre à celui d'écrivain pour pouvoir garder consistance littéraire. Avec un humour ravageur, Diégane se moque à la fois des écrivains africains et francophones, des honneurs, des critiques qui placent l'homme à la place de l'oeuvre et même ceux qui essayent de résumer les thèmes d'un roman. Prémonitoire ?

En même temps que de décrire le travail de l'écrivain, Mohamed Mbougar Sarr pose le rapport du lecteur à la littérature. Il démontre combien un écrit bouleverse celui qui le découvre, combien il peut le hanter et le nourrir des réflexions qu'il véhicule. Diégane est avant tout un lecteur addictif qui se voit pris au piège des mots d'un autre.

La plus secrète mémoire des hommes raconte aussi l'importance de la transmission, celle de la culture, bien sûr, avec ces nuances animistes et le pouvoir des esprits. Mais aussi celle de sa famille. le rapport au père, porteur d'un savoir particulier, y est analysé. La recherche des racines semble devenir indispensable à celui qui s'interroge. du coup, le héros hérite de la sagesse de celui qui voit dans le futur, comme son père, pour lire et relier le passé au présent.

Beaucoup d'appréhensions ont accompagné la lecture du début de ce roman qui ont été balayées rapidement par le style, l'intrigue magistralement menée, les réflexions et la manière d'embarquer le lecteur dans un monde romanesque et fantastique.

Cette prose poétique se déguste avec délectation. Une très belle découverte !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Diegane est un jeune écrivain sénégalais étudiant à Paris. Il découvre par hasard un livre publié en 1938 par T. C. Elimane. Subjugué, il part en quête de cet auteur entouré de mystère, en France d'abord puis sur les terres africaines, en passant par Amsterdam et l'Amérique Latine.

Cette enquête pour retrouver le magnétique Elimane et son livre maudit, est menée comme un thriller mystique et envoutant, à travers les légendes africaines et les mystères de l'écriture. C'est un roman d'introspection pour Diegane, en quête de sens et de légitimité.

C'est aussi l'histoire d'un livre dans le livre, avec une mise en abîme dans laquelle l'auteur se livre à une réflexion profonde sur la place ambiguë de la littérature africaine d'aujourd'hui, dans laquelle subsiste les restes du colonialisme et qualifiée de « francophonie », lui préférant une littérature universelle et intemporelle.

Mohamed Mbougar Sarr possède une plume précise, envoutante et poétique. le rythme du roman est riche et intense, labyrinthique, truffé de métaphores subtiles où chaque mot est à sa juste place. Ses réflexions sont profondes. J'ai eu la chance de le rencontrer lors d'une dédicace, et j'ai été attendrie par sa gentillesse et son humilité. Tant de talent, d'humour et de psychologie chez un si jeune auteur méritait bien le Prix Goncourt 2021. C'est un grand moment littéraire comme on en connait peu dans une vie.
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Avec Mohamed Mbougar Sarr, la littérature francophone tient un immense auteur : acuité des descriptions, humour mordant, vocabulaire sans frontière.
"La plus secrète mémoire des hommes" a été couronné du prix Goncourt dès le premier tour du scrutin #VivreViteVoterVite.

Dans cette histoire, on chemine aux côtés de Diégane, sénégalais, étoile montante de la littérature francophone et africaine (difficile de ne pas y voir un parallèle avec l'auteur du roman), parti sur les traces d'un certain T.C Elimane.
Ce mystérieux auteur sénégalais publia jadis un chef- d'oeuvre...jusqu'à ce que plusieurs chercheurs et journalistes l'accusent de plagiat. T.C Elimane prit alors la poudre d'escampette sans laisser de traces, sinon cela ne serait pas drôle.

Peu à peu, Diégane remonte le fil d'Ariane.
Au gré des rencontres, il découvre le passé d'Elimane, l'appel irrésistible de la France. Et de sa littérature. Son charisme électrisant tous ceux qu'il côtoie. Son charme irrésistible. Ses silences. Son histoire familiale complexe. Et celui qu'il cherche depuis des décennies.
Progressivement, un semblant de magie s'immisce dans le récit.

Elimane, échaudé et incompris, n'a plus voulu écrire. Sans pour autant perdre sa superbe.
Diégane le retrouve trop tard, il s'en est allé. En sachant qu'il viendrait.

Mais Diégane n'a pas tout perdu...

Seul reproche : pendant une centaine de pages, l'histoire s'essouffle, en se focalisant trop sur la psychologie profonde d'Elimane.

Hormis cet écueil, voilà un roman brillant, qui mérite amplement son succès.
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Belle découverte d'un écrivain brillant, d'une oeuvre singulière, un thriller littéraire corsé, impossible à lâcher !
Pas de gros risques à entreprendre cette lecture, prix Goncourt 2021, si ce n'est qu'il faut s'accrocher, se concentrer car la quête, l'enquête menée sur l'auteur TC Elimane auteur du « Labyrinthe de l'inhumain »en 1938, se déroule à partir de traces, va s'étendre sur plus d'un siècle et nous amènera à côtoyer nombre de personnes, avec pour point commun le fait de posséder une forte personnalité et M M Sarr nous les rend vivant dans leur milieu, leur chair, leurs désirs, leurs croyances, leurs liens aussi.
Ce roman est très construit, mais toute baisse d'attention du lecteur est sanctionnée, le labyrinthe devient souterrain, ça s'enchevêtre ! Et donc un retour en arrière devient indispensable et le risque est de se prendre les pieds dans le fil d'Ariane, pourtant présent. Bon ! Nous ne sommes tout de même pas dans une épreuve de Fort Boyard, quoique ..l'humour n'est pas absent !
Récompenses, liste non exhaustive, pour le lecteur persévérant :
- Enrichissement du vocabulaire, prévoir dictionnaire, Google ou équivalent !
- Un voyage dans le mystère de l'écriture
- de très belles pages sur la littérature africaine et sur le génie propre des cultures ancestrales ( versus modernité abêtissante) et aussi sur la littérature universelle
- Une meilleure compréhension du rejet de la colonisation «  résiduelle » par les jeunes générations d'écrivains africains
Je vous recommande de vous plonger dans cet ouvrage, décoiffant, décapant et .. radicalement désespéré, en tout cas c'est ce qu'il me semble et je souhaite me tromper, car la solitude est absolue pour qui se consacre à l'acte d'écrire en voulant engendrer une oeuvre qui débordera pour , encore un peu de temps, toutes les morts et finitudes des êtres, des choses, des lieux…


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Prix Goncourt bien mérité ! Au début j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans. Je n'arrivais pas à savoir où l'auteur voulait en venir. Était-ce un essai, un documentaire? Et puis au bout d'un moment j'ai décidé de lâcher prise et je me suis complètement laissée embarquer.

Je me suis retrouvée à faire des recherches sur internet sur T.C Elimane ! C'est pour dire (je n'en dirais pas plus). La force du récit, la réflexion sur les auteurs francophones d'Afrique Noir et leur place dans la littérature occidentale. Ce livre est à la fois un voyage, un conte, un livre dans le livre. En bref, j'ai été bluffée par le talent de l'auteur. Chapeau !
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26/2/2023 - Je viens de refermer Romain Gary de Dominique Bona et je suis encore toute subjuguée par ce formidable écrivain (Romain Gary pour qui aurait un doute en me lisant).
Les livres me tombent des mains,
je viens d'abandonner le Jardin des plantes de Claude Simon, Indiana Indiana de Laird Hunt et je m'attaque doucement à ce roman couronné du Goncourt 2021.

Et là que vois-je un souffle qui m'enchante et me rappelle un peu le Gary susnommé :

« T. C. Elimane n'était pas classique mais culte. le mythe littéraire est une table de jeu. Elimane s'y était assis et avait abattu les trois plus grands atouts dont on pût disposer : d'abord, il s'était choisi un nom à initiales mystérieuses; ensuite il n'avait écrit qu'un seul livre, enfin, il avait disparu sans laisser de traces. Il valait, oui, qu'on mit son nez en jeu pour s'emparer de sa dépouille.
Si on pouvait douter qu'ait réellement existé, à une époque, un homme appelé TC Elimane, ou se demander si ce n'était pas là le pseudonyme qu'un auteur s'était inventé pour se jouer du milieu littéraire ou s'en sauver, nul en revanche ne pouvait mettre en doute la puissance des vérités de son livre : celui-ci refermé, la vie vous refluait à l'âme avec violence et pureté. »

Un peu plus loin, j'ai fais connaissance avec Mareme Siga, une écrivaine sénégalaise accusée d'être pythonisse (je ne connaissais pas ce mot et j'ai appris que ce n'était pas la femelle du python, Gros-Calin sort de mon esprit !) mais une sorte de voyante…

J'ai rencontré Romain Gary en chair et en os, page 82 « Pour décrire l'amour de sa mère, qu'il n'a plus jamais retrouvé dans aucun autre, Romain Gary parlait d'une promesse de l'aube. Pour l'amour charnel, je dis, moi, il y a quelques fois un serment de la nuit. Je l'ai prêté à une autre femme, il y a plus d'un an. …Cette femme n'est plus là. Son sceau est puissant et je n'en possède pas la clef. Depuis son départ, tout corps féminin m'effraie. Et même mes plus profonds fantasmes cèdent devant cet intraitable fantôme ».

J'ai aussi rencontré (plusieurs fois) Ernesto Sabato dans ce roman aux multiples facettes (qui m'a fait également penser aux détectives sauvages , Bolano cette fois)…
En résumé un roman autour de la littérature et de l'intertextualité, la création littéraire, le retour aux sources, l'amitié….que j'ai trouvé passionnant mais très exigeant (j'ai mis deux semaines à le lire, ce qui m'arrive rarement…)
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Je ne vais pas faire un résumé de l'histoire puisque vous pouvez en trouver partout. Je vais uniquement vous parler de mon ressenti. de la sensation incroyable de lire un grand livre.
Je me suis plongée dedans très rapidement, au bout du deuxième paragraphe j'ai su que j'allais aimer. Plus j'avançais dans l'histoire plus j'étais conquise. Ma maniaquerie des longues phrases se portait à merveille, peu de dialogue et une narration hors du commun.
J'étais subjuguée par l'écriture, c'est simplement beau.
Donc lisez le, pour la beauté.
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Je referme ce livre à l'instant...

Et, comme après chaque oeuvre magistrale que j'ai la chance de découvrir, je reste les yeux dans le vide quelques minutes, encore sous le charme. Ici, encore au Sénégal avec Faye, émerveillé par un tel talent, et triste que l'histoire se referme déjà.

Pourtant, j'ai traversé des périodes de turbulences dans la 1ère moitié du livre, avec de longues envolées littéraires superflues à mes yeux, avec un soupçon de pédanterie sémantique... le narrateur explique qu'il a étudié le dictionnaire des synonymes enfant... et je suis persuadé que l'auteur également, avec une myriade de noms qui me sont totalement inconnus tout du long du récit.

Voilà sans doute le seul défaut de ce livre remarquablement construit et qui raconte une histoire, chose trop oubliée par nombre d'auteurs.

Ce livre est absolument remarquable. Habituellement, je ne lis pas les romans récompensés récemment par un prix, n'y accordant que peu d'importance. Ici, face à un tel concert de louanges, j'ai fait une entorse à mon habitude et qu'ai-je bien fait!

Et pour ceux qui me suivent, quel bonheur de voir Eduardo Mallea cité avec d'autres auteurs de la revue Sur lors du passage d'Elimane à Buenos Aires dans les années 1960!


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