Mouloudji a toujours cultivé cette réputa- tion d'heureux dilettante, mais c'est un vrai professionnel qui commença très jeune, en 1936, au cinéma dans jenny, un film de
Marcel Carné, il avait alors quatorze ans. Cette première tentative réussie, il participa à La Guerre des gosses, aux Disparus de Saint-Agil ... qui lui donnèrent le goüt de la comédie et il s'inscrivit aux cours d'art dramatique de Charles Dullin.
Il joue ensuite dans quelques pièces et revient au cinéma avec Sous sommes tous des assassins. Il peint, expose, écrit et publie son premier roman, Enrico. Il prend goüt à la chanson en jouant dans une pièce musicale de jacques Besse, Chicago opéra. Accompagné par le pianiste de la troupe, Amédée Petrucciani, il passe ensuite dans quelques cabarets avant d'être remarqué par le jeune et talentueux découvreur de talents que tout le monde rêve de rencon- trer, je veux nommer :jacques Canetti. C'est le pied à l'étrier, la scène des 3 Baudets et une maison de disques, pas encore le rêve mais presque 1
Arrive alors cette rencontre indispensable à la réussite de toute vie d'artiste :
Raymond Asso lui propose Comme un p 'tit coquelicot. Mouloudji sait que c'est la chanson de sa chance et... vous connaissez la suite. Grand Prix du disque en 1953, il écrit lui-même, sur une musique de Georges van Paris, son second succès, Un jour, tu verras... Déjà très populaire, Mouloudji passe à l'Olympia en covedette avec Sydney
Bechet en 1954. Lorsque
Boris Vian lui propose de chanter
le deserteur Mouloudji n'hésite pas un instant, sans son- ger aux conséquences possibles de ce choix. Quand il l'interpréta pour la première fois au Théâtre de l'Oeuvre, la soirée faillit tourner au pugilat. Pire, la chanson fut interdite sur les ondes nationales et les disques retirés de la vente. La renommée de Mouloudji y gagna la considération de ses admirateurs mais le scan-
dale lui coüta sa carrière.
!"'était-ce pas conforme à son tempérament ? Il retrouve alors le chemin des petites salles et des cabarets,
chante et enregistre des
chansons de
Bernard Dimey dont il édite Les Poèmes voyous. Il se consacre plus à l'écriture de ses
chansons et de ses autobiographies : le Petit Invité, Balland 1989 ; La Fleur de l'âge, Grasset 1992 ; le Coquelicot, édité à titre posthume (édition Archipel, 1997), et prend le temps de peindre : Les prof essionnels aiment bien, mais, moi, jeJais ça uniquement pour mon plaisir.
Pour ceux qui veulent faire renaître les lampions de la fête, il existe une vidéo (la seule), enregistrée à l'occasion de son dernier passage à l'Olympia en 1975, produite par les Disques Déesse.
Un grand impresario m'enverra peut-être en tournée jusqu'à la fin des temps, d'étoile en étoile.