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EAN : 9782754835336
96 pages
Futuropolis (11/01/2023)
3.5/5   28 notes
Résumé :
Jeune Viennoise en villégiature en Italie, Mademoiselle Else apprend par courrier que son père est menacé de prison pour dette. Sa mère lui demande dans sa lettre de solliciter Dorsday, un riche marchand d'art, afin de récupérer la somme demandée. L'étrange Dorsday propose un marché à la jeune fille : il lui donnera cet argent si, en contrepartie, elle accepte de se mettre nue devant lui…
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Je suis née pour être insouciante.
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, une adaptation d'une nouvelle parue en 1924, du romancier Arthur Schnitzler (1862-1931). Sa première publication date de 2009, et il a bénéficié d'une réédition en 2023. Cette adaptation a été réalisée par Manuele Fiore pour le texte, les dessins et les couleurs. Elle comprend quatre-vingt-trois pages de bande dessinée. L'édition de 2023 se termine avec un texte d'une page de Fiore intitulé Sfumato schnitzlerien, et sept pages d'études graphiques.

Dans la station thermale italienne de San Martino, en vacances, Else, une jeune femme de bonne famille, est en train de jouer au tennis avec son cousin Paul, sous les yeux de Cissy Mohr, une autre jeune femme courtisée par son cousin. Ce dernier court pour ramasser la balle, tout en regrettant que sa cousine ne veuille plus jouer. Elle confirme qu'elle n'en peut plus et lui indique qu'elle le retrouvera tout à l'heure. Puis elle salue Cissy d'un très formel Au revoir chère madame. Celle-ci lui répond gentiment de ne pas toujours l'appeler Madame, mais Cissy tout simplement, alors que Paul se tient contre elle. Taquine, Else reformule sa phrase : au revoir, madame Cissy. Cette dernière continue, lui demandant pourquoi elle part déjà, alors qu'il reste deux bonnes heures avant le dîner. Paul tempère et fait remarquer que Else fait du genre, c'est son jour. À l'attention de sa cousine, il ajoute : un genre d'ailleurs qui lui va à ravir, et son pull rouge encore mieux. Taquine, elle rétorque qu'elle espère qu'il aura plus de succès avec le bleu, couleur du pull de Cissy, et elle s'éloigne, sous le regard agacé de ses deux interlocuteurs.

Dans son for intérieur, Else jurerait qu'ils ont une liaison, cousin Paul et Cissy Mohr. Elle espère seulement qu'ils ne la croient pas jalouse, rien au monde ne lui indiffère davantage. Puis elle joue beaucoup mieux que Cissy, et Paul non plus n'est pas vraiment un matador. Il a une si belle allure pourtant. Si seulement il était moins affecté. Tante Emma n'a rien à craindre. Elle ne pense pas à Paul, pas même en rêve. Elle ne pense à personne. Elle n'est amoureuse de personne. Dommage quand même que le beau brun à la tête de Romain soit déjà reparti. Il a l'air filou, disait Paul. Dieu, elle n'a rien contre les filous au contraire. Elle aimerait assez se marier en Italie, mais pas avec un Italien. Villa sur la Riviera, escalier de marbre plongeant dans la mer. Elle, étendue nue sur le marbre. Elle est née pour une vie insouciante. Ah, pourquoi faut-il retourner à la ville ? Else est arrivée au pied de l'escalier menant à la terrasse de l'hôtel : elle croise monsieur Dorsday, vicomte von Eperies, et son épouse. Ils échangent quelques paroles. Il se montre galant ; elle lui fait une remarque insidieuse et piquante sur son âge. Elle pénètre dans les immenses salons de l'hôtel et son flux de pensées reprend. A-t-elle fait la fière ? Non, elle ne l'est pas. Paul l'appelle Altière. Altière et du genre distant, surtout aujourd'hui. À cause de ses règles évidemment ; ça l'élance dans les reins. Cette nuit, elle reprendra du Véronal. Un groom s'approche d'elle, il a un courrier à son attention. Tout en prenant la lettre, elle remarque que son filou est revenu. Elle regagne sa chambre, dénoue ses cheveux et prend connaissance du courrier de sa mère. Il s'agit de son père, et d'une dette pressante.

L'adaptation d'une oeuvre littéraire en bande dessinée constitue un genre en soi, avec le risque du mauvais dosage oscillant entre l'intégration de trop de textes du roman, soit une interprétation trop éloignée qui fait perdre le goût de l'original, voire le trahit. le lecteur entame ce tome et découvre deux dessins en pleine page avec uniquement un personnage en train de courir pour aller ramasser la balle, de gauche à droite dans la page de gauche sur fond blanc, et inversement au retour dans la page de gauche toujours sur fond blanc. L'artiste indique qu'il va proposer une adaptation aérée, ou au minimum sans gros pavés de texte. de même dans les deux planches suivantes, seuls sont représentés les trois personnages. Puis un dessin en double page les montrent discutant avec l'immense complexe hôtelier à quelque distance, et les montagnes en arrière-plan. Au cours du récit, l'auteur réalise cinq pages dépourvues de texte, laissant les dessins parler d'eux-mêmes, porter toute la narration. le texte se présente soit sous la forme de dialogues, soit sous la forme du monologue intérieur d'Else, des phrases courtes, assez naturelles, bien éloignées de la simple recopie d'un texte littéraire. Fiore ne fait qu'une seule exception : le texte de la lettre initiale de la mère d'Else qui court sur trois pages, avec des illustrations de la largeur de la page venant s'insérer entre deux paragraphes.

Dans le texte en fin d'ouvrage, l‘auteur indique qu'il a choisi cette oeuvre pour répondre à une commande d'adaptation d'un éditeur. Après avoir écarté plusieurs oeuvres soit trop difficiles soit déjà mainte fois adaptées, il retient cette nouvelle. Il ajoute : après s'être lancé près de quatre fois, il a compris que l'oeuvre graphique de Gustav Klimt (1862-1918) allait être son nord, cette ligne en fil de fer qui est la sienne, qui suit les cuisses des femmes, leur découpe des nez pointus et se courbe selon les formes amples de ses modèles. Il ne réalise pas des tableaux de Klimt, mais il s'inspire de sa façon de représenter les êtres humains. Il utilise des traits de contours très fins, parfois comme tremblés ou mal assurés, ou tracés sous l'inspiration du moment sans avoir été repris pour être consolidés. Cela donne parfois des représentations un peu naïves, un point pour figurer un oeil dans un visage ou des yeux écarquillés trop ronds et trop grands, quelques vagues traits pour la barbiche clairsemée de Dorsday, ou au contraire la sensation de percevoir l'état d'esprit du personnage. le lecteur se dit que cette façon de représenter les individus correspond à la perception subjective qu'en a Else elle-même. Sa propre délicatesse avec son visage épurée et doux, l'âge de monsieur Dorsday avec son visage asymétrique et marqué, ses trois cheveux sur le dessus du crâne, son corps lesté par un gros ventre, la tante avec son air revêche et repoussant comme si elle était incapable de ressentir la détresse qui émane de sa nièce, etc.

Ces traits de contour fins et fragiles sont habillés par des aquarelles qui leur apportent de la consistance, des nuances changeantes, des couleurs naturelles ou bien des impressions de lumière. En fonction de la séquence, du moment de la journée, de l'état d'esprit d'Else, un visage peut aussi bien être de couleur chair, que jaune, ou taupe, ou encore gris. de la même manière, l'aquarelle pare les décors de consistance, soit en venant occuper l'espace délimité par les traits de contour, soit en couleur directe. Passés les quatre dessins en pleine page sur fond blanc, le lecteur découvre le paysage de l'hôtel se détachant sur la ligne de montagne, un trait délimitant le contour du bâtiment, des portes fenêtres et des fenêtres, le pinceau donnant corps aux poutres apparentes, à la rangée d'arbres devant le bâtiment, à celle derrière de couleur plus sombre, ainsi qu'aux pentes de la montagne. Les images emmènent le lecteur sur le court de tennis avec son filet comme quadrillé au crayon, sur les marches menant à la très longue terrasse de l'hôtel, sous les lustres des salons très hauts de plafond, dans la chambre juste esquissée d'Else, de retour dans les salons maintenant teintés d'une nuance verte alors que la soirée commence, puis à l'extérieur dans des teintes bleutées et grises alors que la nuit commence à tomber, sur les rives rougies d'un lac avec de nombreux voiliers, etc.

L'intrigue s'avère fort simple : Else est mandatée par ses parents restés aux Pays-Bas pour demander un prêt urgent de trente mille guldens à monsieur Dorsday, vicomte von Eperies, pour rembourser une dette dans les deux jours. Celui-ci accepte à une condition : pouvoir la contempler nue un quart d'heure. Acceptera-t-elle de se soumettre à cette exigence infâmante et ainsi sauver son père ? Ou refusera-t-elle pour conserver sa dignité au risque de condamner son père ? Un suspense binaire. Les auteurs, le romancier et le bédéiste, mettent admirablement en scène à la fois l'entrée dans l'âge adulte avec ses compromis, à la fois le tourment psychologique de la toute jeune femme. La lettre de la mère, reproduite dans son intégralité, constitue un exercice exemplaire de manipulation coercitive sous les dehors d'une demande gentille d'un menu service aussi banal que dérisoire, sur les plans affectif, émotionnel et psychologique. Voilà que la fille a le pouvoir de vie et de mort sur son père, ou plutôt la responsabilité afférente, ce qui constitue une inversion de la responsabilité des parents envers les enfants. Aussi bien les parents que monsieur Dorsday illustrent la maxime que l'âge et la traîtrise auront toujours raison de la jeunesse et du courage.

Dès la première séquence, le lecteur a conscience que la jeune demoiselle est ballotée par les injonctions sociales à trouver un mari et par ses hormones. D'un côté, elle ressent le fait de devoir bientôt se trouver un mari, devoir accepter les avances d'un homme qu'elle ne pourra au mieux que choisir par défaut, au pire qui lui sera imposé, tout en défendant sa vertu contre toutes les tentations. Elle a déjà pu constater l'effet que la présence physique de son corps habillé a sur les hommes, le pouvoir de séduction que cela lui confère et les avantages qu'elle peut en retirer. Dans le même temps, elle a compris que se montrer nue à Dorsday équivaut à faire de son corps, d'elle-même, une simple marchandise vendue pour de l'argent, un produit ayant une valeur économique dans un système capitaliste. D'un autre côté, elle fait l'expérience qu'elle ne peut pas concilier toutes les injonctions sociales qui pèsent implicitement la femme qu'elle est. Pouvoir faire l'expérience d'être amoureuse, et faire un bon mariage ou un mariage de raison. Accepter son corps sexué et la sexualité qui va avec, et rester pure. Sauver son père au prix d'être souillée par le regard d'un quinquagénaire libidineux et riche, et préserver sa vertu, sa virginité comme les convenances l'exigent. Conserver son intégrité psychique et sauver son père. Personne ne peut ressortir indemne d'autant de doubles contraintes. Comment devenir adulte dans une telle situation ? Comment construire sa propre voie, sa manière personnelle de faire ?

Adapter Arthur Schnitzler en conservant toute sa finesse et ses subtilités : un beau défi, relevé avec élégance par Manuele Fiore. Une bande dessinée à la narration visuelle sophistiquée et élégante, exprimant en douceur feutrée toutes les dimensions du conflit psychique se déroulant dans l'esprit d'une jeune femme estimant qu'elle est née pour être insouciante.
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Club N°51 : BD non sélectionnée mais achetée sur le budget classique
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Magnifique adaptation de la nouvelle de Schnitzler.

Le lettrage et les dessins évoquent l'art de cette époque : la Sécession viennoise.

Wild57
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J'ai bien aimé le dessin à l'ambiance des tableaux de Klint.

L'histoire ne m'a pas laissée indifférente mais l'ensemble ne m'a pas séduite.

Morgane N.
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La forme est réussie mais l'histoire ne m'a pas touchée.

Gwen
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Lien : https://mediatheque.lannion...
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C'est une adaptation d'un roman d'Arthur Schnitzler par Manuele Fior. Je suis toujours assez sceptique quand il s'agit d'adaptations d'oeuvres romantiques en bande dessinée, le rythme langoureux et l'ambiance feutrée, voire puritaine, ne se prête pas forcément au format de la bande dessinée. Mais que ça soit par Manuele Fior, c'est un argument plutôt favorable. Son graphisme aux couleurs liquides (aquarelles ou encres ?) se prête à cette atmosphère polie et hypocrite, il règne, par sa lumière, une ambiance de tensions, de séduction et de malaise. Pourtant, au départ, j'ai eu quelques doutes, la littérature romantique allemande prenait un peu trop le dessus, sans sa prose ornementée, j'ai eu du mal à entrer dans le récit. Mais, et c'est là que la magie de Manuele Fior opère, le récit s'emballe, les références s'orientent vers la peinture, la présence de Klimt crée un choc, le graphisme évolue, le tragique se déploie devant nos yeux, les couleurs, les effets de lumière, la pudeur du trait, prennent la place des mots, le récit devient fou, le malaise se déplace de case en case, celui d'Else, celui de l'entourage qui ne se situe pas au même niveau où celui du lecteur qui se perd entre les deux. C'est quand Manuele Fior s'écarte du style du roman pour nous imposer son style à lui que la démonstration devient implacable. celle qui rend monstrueuse l'hypocrisie de la pudeur, de la politesse, et de l'argument de la folie, du sexisme dégueulasse qui se cache derrière l'argument de l'hystérie féminine. Voici encore une oeuvre de Manuele Fior qu'il faut attendre d'avoir digérer pour en apprécier tout sa valeur.
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Ce titre est passé totalement inaperçu lors de sa sortie. Il faut dire qu'avec toutes les productions, celles qui ne font pas de publicité à grand renfort de campagne marketing sont plutôt vite oubliées. Dans ce cas, il ne reste plus que la solution du bouche à oreille.

Je sais que la collection Mirages chez Delcourt propose des romans graphiques intimistes assez intéressants en règle générale. Celui-ci échappera-t-il à la règle ?

On pourra tout d'abord être frappé par le graphisme. Il fait un peu vieille France mais il colle parfaitement à l'ambiance fin de siècle dernier voulu par l'auteur dans le milieu de la bourgeoisie en villégiature. C'est d'ailleurs tiré d'un roman d'Arthur Schnitzler écrit en 1924. On aura droit à différents codes visuels assez bluffants comme des contre-plongées.

Je regrette simplement de voir une jeune femme de 19 ans qu'on croirait beaucoup plus vieille sur certaines cases. Il y a comme une déformation peut-être voulue du dessin. C'est très souvent flou comme pour imaginer la beauté. En tout cas, c'est une belle expérience graphique avec un talent de l'auteur indéniable. Encore un jeune auteur italien me direz-vous !

Pour le reste, il s'agit d'un drame plutôt classique. Je m'attendais sans doute à quelque chose de différent et de plus percutant. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour sauver un père de la ruine ! La Belle Epoque avait ses règles assez strictes. On revit véritablement une certaine ambiance au milieu de ce microcosme malgré un statisme apparent du récit.

Bref, c'est difficile de se faire une idée précise tant c'est différent de toutes les productions actuelles. Cela ne sera pas une lecture facile d'accès au grand public, c'est certain. Il faut aimer la lenteur et la mélancolie qui trouvent un certain charme dans ce récit.
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Je me réjouissais de retrouver le travail de Manuele Fior avec cette réédition chez Futuropolis d'un album déjà sorti en 2009 chez Delcourt. Une BD qui est une adaptation d'un roman d'Arthur Schnitzler paru en 1924.

Une jeune fille en est le personnage central. Else, jeune bourgeoise de Vienne, est en vacances en Italie avec sa tante et son cousin. Un télégramme envoyé par sa mère va en bouleverser le cours. Son père a des dettes et Else est missionnée par sa mère pour obtenir la somme due auprès de Dorsay, un marchand d'art.

C'est le monologue d'Else elle-même qui nous offert. Des mots qui expriment un trouble profond, un tiraillement entre la volonté d'aider son père et le risque que cela fait peser sur elle. Car Dorsay exige en échange de pouvoir la regarder nue...

Dans la tête de la jeune femme, le désir de s'affranchir de toute pression existe, elle se voit elle-même comme une dévergondée, mais elle ne veut pas être une femme-objet, elle veut pourvoir choisir à qui s'offrir et on sent la colère poindre face à cette situation intenable dans laquelle la met sa mère.

Manuele Fior met magnifiquement en images ce drame avec un dessin inspiré de Klimt, Mucha ou Schiele. Ses aquarelles superbes posent le décor bourgeois de la fin du XIXème siècle et brossent une Else, diaphane, instable en proie à ce qu'on aurait appelé à l'époque l'hystérie.

Ce très bel album vient prendre place aux côté d'Hypericon et confirme mon goût pour le dessin délicat de Manuele Fior.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
J'aimerais assez me marier en Italie, mais pas avec un Italien.
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Ma chère enfant, je regrette infiniment d’interrompre ces quelques belles semaines de vacances par une nouvelle aussi désagréable. Enfin bref, l’histoire de Papa est devenue urgente. Je ne sais comment nous en sortir. Il s’agit d’une somme assez dérisoire, trente mille guldens, que nous devons nous procurer d’ici trois jours, sinon tout sera perdu. Tu sais bien, qu’à plusieurs reprises nous nous sommes trouvés dans des situations semblables et que la famille nous en a toujours sortis. La dernière fois, Papa a dû signer un reçu et s’engager à ne plus jamais rien demander à ses porches, particulièrement à l’oncle Bernhard. Tu mentionnes Dorsday qui s’ajourne lui aussi à San Martino, cela nous a semblé un signe du destin. Tous les jeudis, au Club Residenz, Papa joue au whist avec lui, et l’hiver dernier, il lui a sauvé une assez grosse somme dans son procès contre une autre marchand de tableaux. D’ailleurs, pourquoi te le cacher, il a autrefois aidé Papa. Je m’étais donc dit que tu pourrais peut-être nous rendre service et parler à Dorsday, il t’a toujours chérie tout particulièrement. Il paraît qu’il vient de se faire quatre-vingt mille guldens sur un Rubens qu’il a vendu. N’en parle pas, bien entendu. Pour le reste, sois franche avec lui. E procès Erbesheimer rapportera à Papa cent mille guldens sûrs. Mais, au stade actuel, il ne peut évidemment rien réclamer. Je te l’assure, cela ne prêtera pas à conséquence. Papa aurait pu lui télégraphier, mais c’est quand même autre chose quand on parle personnellement avec lui. Le six, à midi, il faut que l’argent soit ici, maître Fiala est intraitable ! Si l’argent n’est pas remis le cinq à midi, le mandat d’arrêt sera lancé ! Il faut donc que Dorsday fasse verser la somme par sa banque télégraphiquement, au nom de maître Fiala. Alors nous serons sauvés. Crois-moi, moi, enfant adorée, tu ne te compromettras en rien. Papa avait des scrupules d’abord. Il a fait deux autres tentatives. Il est rentré désespéré, moins peut-être à cause de l’argent qu’en raison du comportement ignoble des gens à son égard. L’un des deux était jadis le meilleur ami de Papa, tu vois de qui je parle. Parle donc avec Dorsday sur-le-champ, je t’en conure, et télégraphie-nous le résultat. Ne laisse rien transparaître devant tante Emma, c’est déjà assez triste, en pareil cas, ne pouvoir s’adresser à sa propre sœur. Ma chère, chère enfant, je suis navrée que si jeune tu aies à subir ce genre de choses, mais ce n’est la faute de Papa que dans une infime mesure, tu peux me croire. Je termine donc, mon enfant, j’espère qu’en tout état de cause tu pourras rester à San Martino jusqu’après les jours de fête, au moins jusqu’au neuf ou dix. Ne te crois surtout pas obligée de rentrer à cause de nus. Encore une fois, ne nous en veuille pas, ma chère, ma douce enfant, ille baisers. Ta maman
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Je jurerais qu’ils ont une liaison, cousin Paul et Cissy Mohr j’espère seulement qu’ils ne me croient pas jalouse, rien au monde ne m’indiffère davantage puis je joue beaucoup mieux que Cissy, et Paul non plus n’est pas vraiment un matador. Il a une si belle allure pourtant. Si seulement il était moins affecté. Tu n’as rien à craindre tante Emma. Je ne pense pas à Paul, pas même en rêve. Je ne pense à personne. Je ne suis amoureuse de personne.
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Je l’ai bien vu venir Paul. Tous ces derniers temps, j’ai vu venir ce genre d’incident. Elle n’est absolument pas normale. Il faudra bien sur la mettre à l’asile.
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Ne fais donc pas d’histoires, Paul, et ne me regarde pas comme ça ! Tu n’as jamais vu une femme ayant la migraine ?
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