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EAN : 9782754830935
184 pages
Futuropolis (11/01/2023)
3.21/5   28 notes
Résumé :
Mars 1939. Cerbère, à la frontière entre la France et l'Espagne. Les trains ne circulent plus. Les transbordeuses - les "orangères" - ne chargent plus les oranges qui pourrissent sur place. Sur la corniche, un hôtel, "le phallus de l'arrogance et de l'argent", est abandonné.
Seuls trois hommes hantent les lieux : José de Villalobos, "peintre officiel", cherche la beauté pour sa grande fresque. Il croit l'avoir trouvée chez Montse, une orangère fière et farou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Club N°51 : BD non sélectionnée
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Histoire polyphonique d'une guerre à l'autre.

Le côté sombre du récit est renforcé par le graphisme noir et blanc, rehaussé parfois de quelques lavis.

Wild57
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Le dessin est très beau mais le scénario reste un peu creux.

Gwen E.
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J'aime le dessin.

L'histoire m'est un peu passée au-dessus.

Morgane N.
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La porte ouverte du wagon de marchandises laisse apparaître une montagne de ... ? charbon ? Pierres ? A première vue, on n'identifie pas de quoi il s'agit. Un liquide en coule et quelques uns de ces objets sont encore colorés. Un phylactère : « Hhh... Quelle odeur. »
C'est ainsi que commence le roman graphique de Thomas Azuelos. Il nous ramène en 1939 à Cerbère, une ville frontalière entre l'Espagne et la France.
Une grande vignette en plongée survole le réseau ferroviaire. L'écartement des rails n'est pas le même dans les deux pays. de sorte que les trains qui apportent des fruits d'Espagne s'arrêtent là. Ce sont les « orangères » qui sont chargées de les transborder vers des convois français.
En mars 1939, c'est la « retirada », l'exode des républicains espagnols poursuivis par les troupes franquistes. La ville est bombardée, les activités à l'arrêt. Ainsi s'explique cette énigmatique première planche. le wagon est rempli d'oranges pourries.
Ce climat délétère et étrange de fin du monde, on le retrouve tout au long de cette histoire dans laquelle on croise des tas de personnages tous plus bizarres les uns que les autres : parmi les orangères révoltées, il y a Montse, la rebelle, la vieille Mousseigne, qui ne parle guère, mais n'en pense pas moins. Un peintre qui a l'air fou. Il compose une gigantesque fresque et représente des cadavres nus qu'il trouve sur le bord de la route. Il est amoureux de la belle Montse. Un cuisinier qui est arrivé blessé avec une colonne de réfugiés. Et bien d'autres qui se croisent dans un grand hôtel abandonné sur les hauteurs de la ville.
Les dessins sont très agressifs : gros plans sur des yeux déments, cernés, couleurs très sombres : noir, gris, verdâtre, un peu de jaune. le climat est malsain : mouches, rats, dépouilles, l'orage et les éclairs effrayants et surtout l'hôtel, qui ressemble à un navire échoué sur la colline. On dirait que tout le monde s'est donné rendez-vous à cet endroit. le cuisinier blessé s'y établit. Il nettoie l'office rempli de détritus en putréfaction, il va pêcher et prépare de la nourriture. Il accueille un blessé, un juif allemand qui protège le traité philosophique qu'il a écrit et prend bien trop de morphine. Il se sent rejeté et poursuivi par tous les camps. Des Russes sont à sa recherche, des révolutionnaires espagnols attendent un passeur et des armes. En fait, ce lieu qui paraît abandonné grouille de monde. Il s'oppose à une sorte de buisson, comme une fleur gigantesque, au coeur duquel Montse retrouve le peintre qui veut, avec son portrait, représenter « toute la beauté du monde ».
Il est vrai que cet album est très esthétique, mais il ne m'a pas plu. J'ai d'abord eu l'impression de ne rien comprendre et de me perdre dans un imbroglio politique. J'ai dû entamer des recherches sur cette ville que je ne connaissais pas, mais qui existe bel et bien, ce qui m'a permis de constater à quel point Thomas Azuelos avait respecté la réalité des lieux, en particulier de cet improbable hôtel, qui domine toujours la région.
Je savais qu'il y avait eu des différences d'écartement de rails entre différents pays, ce qui causait d'énormes problèmes, puisqu'il fallait changer de convoi à la frontière. Mon père, cheminot passionné, nous en avait parlé. Mais je ne connaissais pas cet épisode qui suit la guerre d'Espagne.
J'ai trouvé l'histoire trop confuse, trop sombre, avec des personnages torturés et des traits menaçants. L'atmosphère est tendue, électrique à l'image des éclairs qui cernent le bâtiment. On se croirait plongé en pleine apocalypse. Bref, malgré ses indéniables qualités, ce n'était pas un album pour moi.
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Un récit ambitieux, voilà ce que Thomas Azuelos essaie de composer à partir de destins brisés par la guerre (celle d'Espagne qui se termine, et celle mondiale qui commence). Des destinées qui vont aussi tenter de trouver dans la guerre des raisons d'exister, pendant que d'autres essaieront de trouver d'autres voies pour exister. Comme Carles, le cuisinier, ou José, le peintre.

C'est quasiment un huis clos, l'action se déroulant en majeure partie dans un hôtel désaffecté à la frontière franco-espagnole. Entre républicains désireux de passer en Espagne, passeurs, travailleuses frontalières exploitées, émissaires russes envoyés pour récupérer le manuscrit d'un philosophe juif morphinomane caché dans l'hôtel... sans même compter sur le bécut, ce géant mythique, cyclope et anthropophage de la Gascogne et des Pyrénées qui finit par prendre vie dans l'orage de montane final... j'ai fini par sombrer. L'auteur secoue tous ces ingrédients sans réellement trouver le mélange idéal, celui qui ferait prendre consistance à sa fable "pleine de bruit et de fureur et ne signifiant rien"... pour reprendre les mots du Barde, sauf que Shakespeare y donnait du sens.

Parfois le dessin sauve un peu l'ensemble, mais souvent j'ai trouvé cela facile ou manquant de conviction.

Je suis donc passé à côté de cette BD qui promettait...
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Thomas Azuélos publie une belle fiction qui s'inscrit dans un épisode sombre de notre histoire, entre la débâcle qui a donné naissance au franquisme en Espagne et la débâcle qui a créé le régime de Vichy en France, alors que les forces staliniennes tentaient de régenter les supporters communistes partout en Europe.
L'entrée en scène dans cette bande dessinée du personnage formidable de Walter Benjamin lui donne une ampleur peu commune.
Le faible et fragile héros qui se nomme Carles Bartomeu Altaió donne à l'ensemble une couleur très humaniste.
La force des femmes qui semble elle aussi inspirée de la Carme de Bizet, augmente encore cette puissance à l'oeuvre dans ce récit.
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Les Républicains espagnols fuient leur pays soumis par Franco. Certains tentent de passer la frontière par le rail et Cerbère, juste après la frontière, est leur premier point de chute.

On y trouve Montserrat, une orangère - ouvrière des oranges -, lumineuse jeune femme à la tête de la révolte des ouvrières et impliquée dans des missions de résistance. Et José, un peintre alcoolique à la recherche de la beauté, égaré dans le grand hôtel local qui semble servir de refuge aux fuyards républicains.

Carles est l'un d'eux. A son tour, il va recueillir Walter, philosophe sous morphine, et sa sacoche précieuse. Ces personnages se croisent, s'évitent, que cachent-ils ? Quel rôle jouent-ils ? Chacun pose un regard sur le conflit qui approche, sur les hommes et leur tendance à la guerre... Que va t-il rester ? Où est la beauté du monde ?

Dès les premières pages, j'ai été comme envoûté par le dessin de Thomas Azuélos. Un personnage féminin qui irradie, qui aimante le lecteur, un dessin sobre, où le noir est omniprésent, le vert et le jaune étant les seules couleurs vraiment visibles.

Un peu dérouté par la dernière partie - mais qui m'a permis d'en savoir plus sur la présence russe en Espagne à cette époque - je reste sous le charme de Montse et d'un univers graphique qui monte en intensité, comme l'orage qui annonce l'inévitable.
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critiques presse (1)
LeMonde
27 février 2023
Dans cette œuvre polyphonique aux allures de fable, l’impressionnisme crépusculaire est appuyé par des dialogues resserrés. Un album envoûtant.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
[Walter Benjamin dit:] Staline n'y comprends rien [à ma philosophie].
Il croit que j'ai juré la mort du capitalisme et de la bourgeoisie. Il croit pouvoir faire de ce manuscrit un outil de propagande contre l'Amérique.
Il se trompe. Mon ambition est plus haute. C'est une critique de toute la civilisation industrielle moderne
...
Un dynamitage du grand récit du progrès!
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[Walter Benjamin dit:] Face à un futur positiviste, patriarcal et autoritaire, qui colonise les corps, les esprits, la nature ... qui se nourrit encore et encore de guerres effroyables ... qui recherche uniformisation, utilitarisme et désenchantement du monde ... La philosophie est la seule réponse.
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[Walter Benjamin dit] Le monde ne veut pas de moi. Je suis juif. Je suis allemand. Trop communiste. Trop dissident. Hitler... Staline... Tout le monde me veut mort. L'Europe va sombrer et je dois sauver ce qui peut être sauvé.
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J'ai vu la mort en Catalogne. Elle n'a aucun sens. Ce n'est qu'un massacre.
Il faut avoir une cause et s'il le faut accepter de mourir pour elle . L'Histoire jugera.
La guerre est sans fin. Je choisis la vie.
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Les guerres et les révolutions ne sont rien à côté de ça. Le goût d'un bon plat. Perdre le goût, c'est perdre l'envie de vivre.
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Il ne devra plus y avoir d'orphelins sur cette terre
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