Malgré la quatrième de couverture, fort incitative, et la promesse d'un récit palpitant, j'ai parcouru ce pseudo-thriller sans enthousiasme.
L'auteur s'intéresse à l'identité féminine, ayant écrit un essai sur la problématique identitaire dans les romans de Simone de Beauvoir. Pour autant, on ne retire pas grand chose de ces mises en scène, ces exhibitions, cette perversité latente chez les principaux personnages, et encore moins cette soumission d'Anna, personnage principal, à Sophie, femme inspirée, dominatrice, manipulatrice... L'intrigue n'est pas sans évoquer le roman -à mon avis plus réussi- de Delphine de Vigan, "D'après une histoire vraie".
L'étude de moeurs, particulièrement celle du milieu bobo parisien, est intéressante, quoique caricaturale, mais certaines scènes, carrément pornographiques, n'apportent rien au récit.
Ceci pour la première partie du roman, la plus longue, qui se déroule à Paris, Paris que l'auteur connaît très bien, pour y avoir vécu et être parfaitement francophone.
La deuxième partie du roman est un peu plus intéressante. Du face à face entre Anna et son mari, Jonas, qui naviguent quelque part en Europe, de leur retour chez eux, à Copenhague, nous retiendrons le nouveau statut d'Anna, plus assumée en tant que femme, moins repliée sur ses doutes et ses peurs, comme si la disparition (?) de Sophie, son mentor, lui avait donné une nouvelle dimension, de femme et d'écrivain. Nous saurons aussi, progressivement, en quoi le passé d'Anna l'a inhibée et la hante toujours.
Mais tout ici est artificiel, calculé, comme le hasard, et les personnages nous filent entre les doigts, parce qu'il est impossible (pour moi en tout cas) de s'identifier à eux.
Au cours de ma lecture, je me suis souvent demandée à quel genre appartenait ce roman. Le qualifier de "thriller psychologique" me semble bien usurpé .
Merci aux Éditions L'Harmattan , et à Masse Critique, pour l'envoi de ce livre.
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Bizarrement, pour un être humain, le passé est toujours plus important que l'avenir. Et en revivant le passé, elle réveille une souffrance qui est devenue la force motrice lui permettant d'écrire. Cette douleur se replie d'elle-même, quand elle écrit. Qui peut lui dire qui elle est? Et comment peut-elle s'imaginer un avenir, quand elle ne veut pas avoir de passé?
Le fait est qu'elle a toujours été spectatrice de la vie. Qu'elle s'est laissée dériver comme du bois flotté. Qu'il s'est toujours agi de surnager. De survivre. De choisir la facilité. De ne pas devoir prendre position. De fait, quelqu'un avait toujours choisi pour elle. Et ne pas choisir, c'est aussi un choix.
Ce qui m'intéresse, c'est de me remettre en question. Parce que c'est quand on cultive sa propre vulnérabilité qu'il se passe quelque chose de nouveau. Je crois que le bonheur dépend de notre capacité à prendre des risques et à devenir vulnérable, justement. Tu prends des risques, toi, Anna?
Promets-moi de continuer à lâcher prise, à laisser la vie venir à toi. Tu ne peux pas écrire sur la passion sans toi-même avoir vécu ce que cela veut dire.
Au début, c'étai[en]t les hommes qui devaient me préserver de la folie, maintenant, c'est l'écriture.