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EAN : 9782246861492
250 pages
Grasset (09/10/2019)
4/5   9 notes
Résumé :
C’est l’histoire d’un couple rare. Celle de deux écrivains, l’une guadeloupéenne, l’autre juif, dont l’œuvre croisée témoigne de la souffrance de leurs peuples. Et celle de deux êtres éperdument soudés, qui, pendant cinquante-cinq ans, tous les soirs, se sont lu un poème d’amour de Pablo Neruda.
Il y a pourtant un mystère autour des Schwarz-Bart. Pourquoi, au milieu des années 1970, se sont-ils tus et enfermés dans leur maison de Guadeloupe ?
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Comme je disais à mon amie hier, je suis tombée en amour de ce couple d'André et Simone Schwarz-Bart au quel Yann Plougastel redonne vie à travers ce récit passionnant qu'est Nous n'avons pas vu passer les jours signé aux éditions Grasset.

Oui Yann Plougastel a eu l'envie de les raconter avec les confidences de Simone, illustrées d'archives extraordinaires ...vraiment nous ne pouvons que lui dire un grand merci pour ce travail riche et ce magnifique témoignage de vie .

Simone se raconte, ses origines Guadeloupéennes, sa famille descendante d'esclaves, ses études à Paris et puis cette rencontre. Elle avait 20 ans en mai 1959, une rencontre comme un miracle. Perdue devant la bouche du métro Cardinal-Lemoine, un jeune homme comme une apparition dit-elle, est venu et s'est adressé à elle en créole.

Ensemble ils ont partagé un café et surtout discuté des heures durant sur leurs connaissances... lui son manuscrit, un hommage aux siens, disparus dans les fumées des camps de concentration, qu'il venait de déposer chez l'éditeur. " Ce jour-là, c'était comme si cela n'avait jamais commencé, mais que cela continuait. Ensuite, André et moi, nous n'avons pas vu passer les jours

Ce juif solitaire et cette métisse fière et farouche, comme les présente l'auteur, étaient un couple qui mérite vraiment d'être redécouvert.

"« Les peuples nés de l'esclavage et de l'exil n'oublient pas la souffrance, même quand ils l'oublient. » C'est bien cette mémoire que nous avions en commun, tous les deux. Hélas, ni les siens ni les miens n'ont cherché à avancer sur cette passerelle qui existe entre nos deux histoires." confie Simone à Yann Plougastel.

André a eu le Prix Goncourt en 1959 pour son roman le dernier des justes édité chez le Seuil ce qui a provoqué des polémiques invraisemblables sur la scène parisienne et qui l'a fait quitter cette scène des insensés hypocrites pour se réfugier ailleurs loin du tumulte assourdissant.

Cet homme inconsolable, torturé par une jeunesse marqué à l'encre rouge par la guerre, le combat et la mort des siens, est devenu écrivain non par goût littéraire mais par nécessité de dire, raconter les blessures, " tous les cris muets de ces histoires humaines." Au lendemain de la guerre, sa lecture de Dostoïevski lui fut une révélation dans ce sens, il a compris à cette lecture combien " la littérature pouvait expliquer la force sombre du monde."

Je voudrais vous en parler des heures mais ce serait trahir la formidable rencontre entre Simone et Yann, ces deux voix qui font ressurgir d'un passé pas si lointain, un homme, d'une grande générosité semble-il, d'une très grande humanité, qui avait dressé un pont remarquable entre deux cultures sous apparences bien différentes mais qui avaient comme mémoire commune la souffrance.

Je vous invite tous à lire ce récit très touchant pour toujours découvrir mieux, comprendre à travers des plumes vivantes et humaines des vies, des fissures, des guerres intérieures gardées sous silence.... qui méritent d'être lues dans les collèges, les lycées .....

Bien sur je vais lire le dernier des justes, ce qui vient aussi d'être édité ces dernières années et les livres de Simone ! J'ai envie de tout lire d'eux tellement ils ont touché en moi la part sensible à l'autre, l'autre différent, la souffrance de ce qui est ..............

Un immense Merci à la plateforme Netgalley et aux éditions Grasset
#Nousnavonspasvupasserlesjours #NetGalleyFrance
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Lui André Schwarz-Bart, un jeune juif qui arrive de Metz, issu d'une famille d'origine polonaise en grande partie anéantie dans les camps de concentration. Elle Simone Brumant, une guadeloupéenne issue de l'esclavage. Chacun est là avec ses chaines et ses morts à porter, par amour et pour se souvenir.
Ils se croisent de façon improbable dans les couloirs du métro. Elle est perdue, il s'adresse à elle en créole, ils parlent pendant des heures. C'est la rencontre de leur vie, ils ne se quitteront plus.

Lorsqu'ils se rencontrent, André est un ouvrier en train de finaliser l'oeuvre de sa vie, un roman qui sort de ses tripes, ce texte qu'il doit à la fois à sa famille et à tous les juifs qui vivent en lui. Ce sera le Dernier des Justes. le Goncourt de 1959 est bien plus qu'un simple roman, c'est aussi le premier qui dit ce que l'on n'appelle pas encore la Shoah, qui dit l'indicible, qui ose enfin verbaliser la souffrance, les morts, la folie de l'homme.

Considéré par certains comme un quasi « porte-parole » du judaïsme, il est conscient que cela n'est pas possible. Il a perdu la foi vers ses 13 ans alors qu'il n'est déjà qu'un survivant, et comme on le comprend. le Dernier des Justes est écrit comme un petit caillou blanc que l'on poserait sur une tombe, un hommage à ces morts et à cette communauté partie en fumée dans les crématoires de la seconde guerre mondiale. Face à la polémique de ce Goncourt, et son incompréhension devant tant de haine, André choisit de s'exiler.

Ensuite, André décide de réaliser un « cycle antillais », qu'il va initier et rédiger avec Simone avec le roman Un plat de porc aux bananes vertes en 1967 (puis en écrivant La Mulâtresse Solitude, Seuil, 1972). Sa démarche va être totalement incomprise. Car il rassemble dans son roman le sort du peuple juif et celui des esclaves, deux entités qui pour lui se ressemblent, car marquées l'une comme l'autre par une immense catastrophe. Face à l'incompréhension des lecteurs et des critiques pour sa démarche, il publiera par la suite très peu de livres. Blessé, meurtri par ce procès public sur sa légitimité, il part avec Simone s'installer à la Guadeloupe. Là, Simone va également publier ses romans, Pluie et vent sur Télumée Miracle en 1973, et Ti'Jean l'horizon en 1979. Quant à André, toute sa vie il rédige des notes, pose sur le papier idées et ébauches de romans, mais sans jamais rien publier.

Ils passeront quarante-six ans ensemble jusqu'au décès d'André en 2006. Après sa mort, Simone rassemble les archives laissées André. Elle publie à titre posthume une partie de l'oeuvre d'André Schwarz-Bart.

Lire la suite de ma chronique sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/12/26/nous-navons-pas-vu-passer-les-jours-yann-plougastel-simone-schwarz-bart/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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C'est l'histoire d'un couple d'écrivains qui ont su conjuguer leurs souvenirs, leurs talents pour bâtir une oeuvre singulière. André Schwartz-Bart, survivant de l'Holocauste, résistant tout juste adolescent, lauréat du Prix Goncourt 1959 pour le Dernier des Justes auteur de la Mulâtresse Solitude.

Simone Schwartz-Bart, Guadeloupéenne, riche de toute la tradition familiale, des contes de sa Grand-Mère, a rencontré l'écrivain toute jeune étudiante, à la veille du Goncourt. C'est une belle histoire d'amour. Histoire d'écriture aussi : elle co-signe Un plat de porc aux bananes vertes avec son mari puis construit une oeuvre à part entière avec Pluie et vent sur Télumée Miracle et Ti-Jean L'Horizon que j'ai lu avant de partir pour la Guadeloupe. 

André et Simone Schwartz-Bart fréquentaient de nombreux écrivains, poètes, militants, anciens résistants à Paris que j'ai eu plaisir à retrouver. Ils ont aussi beaucoup voyagé : à Lausanne, Dakar, en Guadeloupe. Chez eux, ils ont ont des tableaux d'origines diverses. Une vie bien remplie! 

Ce livre vient de la rencontre de Yann Plougastel avec Simone Schwartz-Bart qui a retrouvé des notes, manuscrits papiers qu'a laissé André après son décès. de belles citations proviennent de ces écrits. Elle dresse un portrait très émouvant de son mari. 

Cependant leur vie ne fut pas toujours facile. de nombreuses déconvenues et scandale ont suivi les publications : dès l'obtention du Goncourt, jalousies d'éditeurs qui voyaient couronner un auteur plus chevronné. Plus tard, il ne fut pas toujours compris :  certains juifs voyaient avec déplaisir un écrivain juif sortir Un plat de porc avec des bananes vertes. Inversement  certains Antillais voulaient attribuer la biographie de l'icone Solitude à Simone plutôt qu'à André. On comprend ces difficultés à la lumière des revendications identitaires actuelles. Serait-ce possible aujourd'hui?

Blessé, André a cessé de publier, pas d'écrire, il ne faisait que cela, mais il détruisait ses notes. Simone a diversifié ses activités, organisant une maison d'hôtes dans la maison familiale. 

J'ai beaucoup aimé ce livre que je n'arrivais pas à quitter, admirative pour l'ouverture d'esprit de ces deux écrivains, universalisme de la souffrance, holocauste ou esclavage et colonisation. Mémoire de l'humanité sans exclusive. 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
En dédiant Un plat de porc aux bananes vertes à Aimé Césaire, poète antillais, et à Elie Wiesel, écrivain juif, André tenait à signifier la contiguïté entre deux expériences extrêmes, l’esclavage et la Shoah, qui permettait un dialogue entre ces deux peuples. Qu’il s’agisse du Dernier des Justes ou du Plat de porc aux bananes vertes, deux idées maîtresses sous-tendent le projet global : le monde concentrationnaire est le secret de notre monde et l’homme concentrationnaire est une des clefs de ce que nous sommes. Il avait vu le Mal en face, cet homme-là, il l’avait côtoyé de façon palpable, mais il se refusait à en parler directement. Dans une interview donnée au Monde en 1967, il l’explique très clairement : « Dans Le Dernier des Justes, je n’ai pas fait connaître le camp à mon héros, qui est gazé dès son arrivée : je ne l’ai pas fait parce que je ne voulais pas, et je ne le voulais pas parce que je ne le pouvais pas. Je me suis servi d’un biais en faisant connaître à mon héros, dans sa vie “courante”, des expériences, qui, en germe, étaient déjà concentrationnaires
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Pour moi, être un écrivain juif, cela signifie presque la même chose qu’être juif, cela m’oblige à participer directement ou indirectement à la vie d’êtres qui ne sont pas nécessairement juifs. Être juif, c’est d’abord participer à la vie des hommes, à leur souffrance, y adhérer intérieurement, essayer d’apporter une lumière dans cette obscurité, essayer d’entrevoir des possibilités de justice réelle, vivante… p100 André
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« Paris, 17 août 1976
André, je viens de relire Le Dernier des Justes. Je pleure, je ne cesse pas de pleurer. C’est le plus grand livre, le seul. Je t’aime, pardonne cette explosion.
C. Lanzmann »
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- du port de La Rochelle, la nuit, Olivier BARROT présente le livre "La Chanson Mondiale depuis 1945" de Yann PLOUGASTEL, publié chez LAROUSSE.
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