Voici un tout petit roman publié par les talentueuses éditions Elyzad, en poche, ce qui le rend très facile à glisser dans son sac pour le sortir à tout moment. Et, comme toujours, le livre est joli !
Nous sommes dans les années 60, juste avant et après la guerre d'Algérie. Nous découvrons
Marguerite, jeune femme toute simple qui pense avoir trouvé le bonheur en épousant Simon, jeune homme tout simple aussi quoique un peu jaloux. On passe les étés dans le village des parents fermiers de Simon, entre travaux de la vigne et repas avec les saisonniers. Tout irait bien si Simon n'avait rapporté de sa guerre en Algérie la hantise, la rancune, la peur, la haine, l'incompréhension absolue vis-à-vis des Algériens. Sentiments qu'il va étendre aux Maghrébins, Marocains par exemple et que les Français un peu beaufs du village n'hésiteront pas à étendre aux Iraniens (C'est l'époque de Khomeiny à Neauphle le Château. Tous ces musulmans, bonnet blanc, blanc bonnet , non?)
Et le roman passe des sentiments hargneux de Simon et consorts à ceux, troublés, tremblants, émus, de
Marguerite, petite Emma qui s'ennuie auprès de son désagréable mari. du rêve à la réalité, quand passe un joli regard clair dans un visage basané, des attentions douces, un peu de bonheur furtif. Elle se laisse aller, doucement, naturellement.
Mais la vie ne gâte pas si facilement la petite
Marguerite, son saisonnier marocain disparaît, son mari sort du champ et quand enfin, pendant sept années de douceur avec un marchand de tapis elle trouve la sérénité et le bonheur, la vie se moque encore d'elle. Douce et triste
Marguerite...
Dans ce court roman tout en délicatesse, en finesse et en sensibilité,
Leïla Sebbar n'appuie pas sur les comportements racistes et bêtes, ne juge pas et épargne même le mari jaloux et haineux. L'Histoire passe, laisse des traces longues à effacer. D'une triste actualité, ce roman rappelle que tous les musulmans ne se ressemblent pas et que faire l'amalgame, hâtivement, stupidement, c'est prendre le risque de la haine et de la violence.
J'avais beaucoup aimé «
Le pays natal », oeuvre collective. Je ne suis pas déçue de roman, loin de là.