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L'Autofiction est un genre difficile et parfois indigeste pour le lecteur. Pourtant, rapidement ce lecteur découvre un récit riche d'anecdotes, de sensations et de sentiments. Rien de mièvre, rien de rebutant ! le lien puissant qui unit père et fils donne lieu à une narration qui sonne juste et qui est porteuse d'une rare émotion.
Au début du récit, un homme attend l'avion qui l'emmènera en Israël ; il se rend sur la tombe de son père pour le premier anniversaire de sa mort. Lucien Seksik avait été professeur, était un grand lecteur et administrait, à Nice, une société de bienfaisance qui s'occupait de procurer aux plus démunis une « sépulture décente ». Son travail consistait à écrire et lire l'éloge funèbre de défunts abandonnés. C'est au fils, maintenant, de rédiger l'éloge funèbre de son propre père.
Dans l'avion, il lie connaissance avec une jeune femme et leur échange lui ouvre les portes du souvenir. Convoqué par la discussion enclenchée, le passé resurgit par bribes. Bien que fervent lecteur et désirant être écrivain - projet qu'encourage Lucien -, le narrateur est devenu médecin pour correspondre au projet maternel. Toutefois le père défend lui aussi la beauté de cette entreprise. Double prescrit familial ! Lourd, très lourd prescrit familial !
Le lecteur saisit à ce moment toute l'ambiguïté de cet amour contraignant et pourtant magnifique.
« Il n'importait pas tant à mon père que je devienne écrivain. ( …) L'essentiel était avant tout que je fasse entendre ma voix – et sans doute, par ma bouche, la sienne. (…) C'était une aspiration au devenir par procuration, qui voulait réparer l'arbitraire dont mon père s'estimait doublement la victime(…). »
Le roman de Laurent Seksik est intelligemment structuré par des mouvements de va-et-vient réguliers entre le récit raconté à la voisine dans l'avion et les notes intitulées le livre de mon père qui relatent directement quelques épisodes de l'enfance du narrateur.
L'obéissance peut être un poids mais en l'occurrence elle débouche sur une magnifique déclaration d'amour qu'on repose lentement, après la dernière page, la gorge nouée !
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Je n'oublie pas ce livre de Laurent Seksik, Les derniers jours de Stefan Zweig, ces mots mélancoliques emportant cet écrivain autrichien en exil au Brésil avec sa nouvelle femme, vers une destinée Camusienne absurde, le suicide. Ce roman Un fils obéissant livre l'intimité de notre auteur à travers l'hommage rendu à son papa, mort dernièrement à l'hôpital de Tel Aviv. Ces autres romans sont une partie lui aussi, une forme intérieure de sa richesse intérieure, de ses mots venus à lui à travers ses auteurs qu'il met en scène dans sa propre prose comme un échange fluctuant, une traversée de son intérieur de l'intérieur, où Romain Gary partage comme le fils d'Einstein une scène de sa propre existence.
Un fils obéissant au contraire dans un style direct avec un "je" nominatif, ce "je" qui l'aspire dans son propre passé et celui de ces aïeux, une porte ouverte dans sa propre existence, un roman précurseur d'une force certaine, Laurent Seksik s'écrit enfin tout seul, sans otage de ses précédemment romans, avec ses héros connus, il peut en lui pour se mettre en scène.
Un an après la mort de son père Laurent Seksik se souvient de cet homme, à travers ce périple vers sa tombe en Israël, les images de lui traverse son esprit, sa prose varie selon la fluidité de ses souvenirs et la réalité qui l'entoure, cette rencontre avec cette jeune femme dans l'avion l'amenant vers son géniteur, son père et sa propre vie entremêlée avec le récit de son père sur son grand-oncle. Une écriture triple, la narration du récit de son père, l'enfance de Laurent Seksik et la réalité de son voyage avec la rencontre de cette jeune femme, complice lors de ce voyage, dans un dialogue savoureux et le chauffeur de son papa.
« le grand dessein des fils n'est-il pas de se hisser à hauteur de leur géniteur en prenant soin de les dépasser de leurs épaules, puis de trainer leur peine, le dos courbé, la tête basse, accablés de leur avoir survécu ? »
Voilà un témoignage de son père lors de ce récit étrange, comme une petite nouvelle, à part de ce roman, une histoire dans l'histoire, comme un cadeau donné de son père, une forme de testament familial. du Maroc à Marseille, de la Grande Guerre aux États-Unis, cette épopée extraordinaire en soi, de l'élixir « le Jacobin » au Coca-Cola, fabule encore plus ce passage de cette famille des grands hommes simples. Cette fratrie au lien familial respire cette ode paternelle de l'histoire du grand-oncle.
Il y a une sorte de sacralisation du père et du fils modèle, débute alors une caresse musicale entre eux avec les feuilles mortes de Prévert.
« J'ai commencé ma carrière de fils idéal, pianiste de bar à dominicale »
Il y a dans la vie de Laurent jeune, une dualisation de ces désirs face à ses parents, sa mère désire médecine, son père écrivain, alors cette pensée paternelle résonne en lui.
« Garde une poire pour la soif » Disait son paternel, pour lui être médecin pour vivre et l'écriture pour passion sera la vie de Laurent Seksik.
Il y a dans ce récit de beaux aphorismes, des petites perles savoureuses comme des diamants taillés pour son défunt père, comme cette réplique dans un dialogue.
« Écrivain par votre père, vous êtes docteur par votre mère ? Je croyais qu'il n'y avait que la religion qui se transmettait ainsi chez vous ? »
Il y a une forme de romance dans ce roman, son père étant fantasque, « il dilapidait son argent en cadeaux », amoureux fou de sa femme, fidèle sans faille, son rêve de ne pas tromper sa femme, qu'il réalisera avec beaucoup de fierté et d'amour.
La religion flotte son étendard, comme un voile permanent sur la vie de cette famille, être juif avec ces traditions, ses faiblesses et surtout ses démons. le passage sur la Pâques juive est sublime, j'ai trop aimé, les fêtes de Pessah, la lecture de la Haggadah, puis ce lien fort entre le père et le fils comme un héritage caresse cette prose sensible et pure, une source de communion coule entre ses deux êtres, ce lien du sang puissant.
Il y a une forme de biographie cachée de Laurent Seksik, il se raconte avec son père, sa rencontre avec J.M.G. le Clézio, sa bibliothèque était devenue un mausolée de Zweig en 1987, sa lecture, le Monde d'hier : Souvenirs d'un Européen fût un évènement pour lui. Avec ses amours, ses rencontres et cette scène incroyable dans l'aéroport pour faire rencontrer une jeune demoiselle juive à son fils, devenant Cupidon.
J'avais trop aimé le château de ma mère et La gloire de mon père de Marcel Pagnol, deux romans rendant hommage à ses parents et aussi celui de Jacqueline de Romilly sur sa mère avec Jeanne, une tendresse belle, à défaut de ce roman Un fils obéissant, dans lequel mes émotions furent peu activées, comme si j'avais comme Laurent Seksik perdu le gout de la lecture, lui à la mort de son père, une forme opacité de ma sensibilité dans le brouillard d'une lecture triple peu osmotique, mais les mots sont pour le fils obéissant un hommage émouvant, doublement avec cette tradition juive, de deuil d'un an, avec beaucoup de passages savoureux et drôle. D'autres romans comme Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan, relatant le destin de la maman de celle-ci, bouleversent les sentiments, le Bonheur des tristes de Luc Dietrich aussi est un hommage poignant sur sa maman, ces romans sont des petits mausolées personnels faisant partie de mes lectures dernièrement, Laurent Seksik se livre dans ce roman, comme une révélation, un témoignage pure et sensible sur son intimité, un tournant dans ses écrits, une sorte de maturité révélatrice pour une douleur encore blessante, Un fils obéissant est cette cicatrice ouverte éternelle, une vie immuable d'un fils à son père, mais personnellement je n'ai pas pu avoir comme les autres une once de plaisir, juste une lecture simple et plaisante sans cette émotion donnée par les autres romans cités.
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Laurent SEKSIK s'envole de Paris pour Nice pour rendre hommage à son père décédé un an auparavant avec sa famille et des proches et lors duquel il doit tenir un discours qu'il n'a pas encore rédigé.
Les chapitres alternent et s'intitulent :
- Nos retrouvailles où sa jeune voisine de siège bavarde et espiègle lui fait raconter la raison pour laquelle il est médecin alors qu'il voulait être écrivain où le rôle de son père a été très important. Certains passages font sourire et la naïveté de cette jeune femme arrive par son questionnement à lui faire dire comment il est devenu un fils obéissant et certains passages sont très émouvants.
- D'autres chapitres intitulés le livre de mon père sont des récits du père de L. SEKSIK de son hospitalisation lors de son enfance, de son grand-père Jacob qui rêvait de vendre sa Jacobine, potion magique qui avait le même goût que le Coca-Cola et ce jusqu'à son décès sans avoir pu réaliser ce projet ni son oncle Victor qu'il accompagna aux Etats-Unis. Puis vient la guerre de 14-18 et encore la Seconde guerre mondiale dont j'ai beaucoup apprécié les récits du père à son fils en évitant la sauvagerie de ces guerres "une belle histoire, Laurent, finit toujours bien".
- D'autres chapitres sont intitulés le temps des adieux où l'état de santé de son père s'aggrave à l'hôpital de Tel-Aviv. Ce sont les derniers moments où on veut encore faire sourire, il a fallu que tu aies 50 ans pour devenir écrivain.

Une biographie émouvante d'un garçon qui a réalisé le souhait de son père, devenir medecin-écrivain et qui a profité des moments passés ensemble pour partager l'amour filial et toute l'histoire familiale depuis l'enfance du père en Algérie. J'envie beaucoup une telle relation intergénérationnelle qui me manque beaucoup. Je n'oublierai pas ce livre même si je regrette que les femmes soient si peu présentes.
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Un « fils obéissant » raconte en toute délicatesse le chemin d'un fils, l'auteur, dans le travail du deuil de son père Lucien, qui a tant marqué sa vie.

Le deuil touche à l'intime et est très personnel. Ecrire sur cette thématique n'est pas aisé, car il y a toujours le risque de basculer dans le pathos. Dans cette autofiction, rien de tel. C'est avec beaucoup d'émotion et d'empathie que le lecteur accompagne l'auteur dans son processus de deuil.

Par son écriture fluide et pleine de tendresse, l'auteur nous parle de son père, de leurs relations, au travers de souvenirs et d'anecdotes qui expliquent l'homme qu'il est devenu aujourd'hui. Entre passé et présent, Laurent Seksik se raconte, et rend hommage à son père ainsi qu'à l'histoire de sa famille, avec beaucoup d'amour et d'humilité. C'est beau et touchant.

Mais en même temps, on peut ressentir une certaine gêne face à une personnalité aussi imposante que celle de Lucien envers son fils… Un fils si obéissant envers ses parents qu'il est devenu à la fois médecin et écrivain… L'enfant parfait qui ne déçoit pas… ou qui n'a pas pensé ou osé décevoir, par respect et devoir de fidélité envers l'histoire familiale. On est tenté de saluer une telle réussite professionnelle, un tel amour filial proche de la perfection envers ses parents. Mais cette trajectoire dessinée par les parents aurait-elle été la même si l'auteur avait pu laisser exprimer son essence profonde dès son plus jeune âge?
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Un bel hommage, poignant et tendre, d'un fils à son père, dans une remarquable construction de récits enchâssés. Derrière l'exercice de mémoire filiale et affective, la grande Histoire affleure et éclaire progressivement le narrateur, c'est passionnant.
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Bonjour les lecteurs ….
J'aime bien les livres de Laurent Seksik..
Fini le destin des hommes illustres comme lors de ses romans précédents. Ici Laurent Seksik nous parle de lui et de sa famille. Et plus particulièrement de sa relation avec so n père.
Un n, un an que le père de Laurent est décédé. Dans la religion juive, la période de deuil se termine et la famille, les amis se rassemblent autour de la tombe du défunt pour se recueillir.
Laurent doit y tenir un discours .. Il se souvient
Voici un livre tout en tendresse et rempli d'émotions.
Ce fils obéissant, très attaché à son père, raconte de façon pudique la douleur de la perte, s'accroche à ses souvenirs.
Il raconte sa vie, ses choix étroitement liés au père.
Un livre sur la transmission de l'amour paternel, un livre rempli d'admiration d'un fils pour son père.
Un joli roman d'amour qui aura peut-être permis à l'auteur d'enfin faire le deuil de ce papa si présent.
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Mes Chers Vous,

Un fils obéissant relate la journée d'un homme qui prend l'avion pour Israël. Il part rejoindre sa famille pour assister à la cérémonie qui mettra fin à une année de deuil.
Alors qu'il devrait rédiger le discours qu'il est censé prononcer pour rendre hommage à son père disparu, il engage la conversation avec sa voisine.

Cette conversation sera l'occasion de se livrer sur sa vie, de son arrivée au monde au départ de son pilier, son Père.

Cet homme est Laurent Seksik.

Mais, alors qu'il analysait l'absence de relation dans le cas Eduard Einstein, puis l'absence du Père avec Romain Gary s'en va-t-en guerre, c'est une relation apaisée et fusionnelle que Laurent Seksik offre avec pudeur et tendresse.

Par une succession de scènes et d'instantanés, l'auteur livre petit à petit sa relation à son Père, cet homme qu'il a admiré plus que tout.

"Mon père comptait cette avalanche de défauts,
mais il possédait une qualité qui, à mes yeux, balayait tous ses travers,
imposait le respect, forçait l'admiration :
une façon de se tenir droit en toutes circonstances."

Certains pourront trouver impudique de livrer ainsi son histoire personnelle, de faire étalage de son deuil, mais pour Laurent Seksik, ce livre est avant tout un hommage à celui qui lui a permis de devenir l'homme qui l'est aujourd'hui

"Un tel roman m'offrirait surtout de nous retrouver côte à côte une dernière fois, le temps de l'écriture.
Signe qu'un an après sa disparition je n'ai toujours pas fait son deuil :
je préfère imaginer mon père vivant entre des pages, plutôt que sous la terre comme au ciel."

Sans pathos, Laurent Seksik offre un roman sur la transmission familiale, l'admiration filiale, la fierté paternel.... un magnifique roman d'amour inconditionnel !

C.
Lien : http://cecibondelire.canalbl..
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Un nouveau roman de Laurent Seksik qui change beaucoup de ce qu'il a écrit jusque-là, je n'ai pas tout lu mais Les derniers jours de Stefan Zweig ou Romain Gary s'en va-t-en guerre portaient sur des personnages littéraires où l'auteur s'emparait de ce que l'on connaissait pas ou peu du personnage pour raconter sa version de l'histoire tout en se basant sur la psychologie du personnage, les faits.
Ici on a un roman beaucoup plus intime, puisque le personnage principal n'est autre que l'auteur lui-même, le fameux "fils obéissant" qui met en scène son père récemment décédé. On a en réalité deux histoires qui se tissent, les derniers instants du père que le fils retrace alors qu'il se rend un an après sa mort sur sa tombe, et les relations du père et du fils autour de la littérature, comment le père a influencé le fils sur sa carrière littéraire, quel personnage il était lui-même.
Un roman qui se veut plus personnel qui permet à l'auteur de raconter mais aussi de mener une réflexion sur ce qui l'a amené à écrire et à réussir. J'ai beaucoup aimé la manière dont l'auteur fait intervenir une sorte de conscience à travers le personnage de la passagère de l'avion qui m'a fait penser à Enfance de Nathalie Sarraute où l'auteur réfléchit sur son rapport à l'écriture et ses motivations.
Un roman qui se révèle sensible donc, qui change par rapport à ce que j'ai pu lire de l'auteur, on a la sensation que l'auteur ose se livrer à son lecteur sans se cacher derrière un autre personnage pour explorer les relations père-fils, thème récurrent de son oeuvre.
Un très beau roman.
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Dans ses précédents romans , Laurent Seksik a souvent évoqué le rapport au père. C'est un sujet qu'il semble affectionner et à la lecture de ce neuvième roman on comprend mieux.
Dans ce roman, en effet, il évoque le sien un an après sa disparition.
Le père qu'évoque Laurent Seksik entretient avec son fils des rapports affectueux et de confiance. Il a toujours encouragé son fils souhaitant en faire un écrivain alors que sa mère le voulait médecin.
En fils obéissant, Laurent Seksik est devenu médecin et écrivain.
Bel hommage d'un fils à son père, ce roman est à la fois très émouvant et très pudique.
C'est un beau moment de vérité, lumineux et qui résonne encore après avoir fermé le livre.
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(..) C'est une une autobiographie. Laurent Seksik nous embarque dans son enfance et va nous narrer sa relation avec son père ainsi que son cheminement vers l'écriture. On se plonge dans ses souvenirs. Je l'ai lu d'une traite. On y découvre les attentes familiales concernant leur fils. L'amour y est dépeint en parallèle avec un peu de pudeur et une bonne dose d'humour. Tout le long de cette autobiographie, on ressent les liens forts entre père et fils. Et qu'au travers de l'injonction "tu seras médecin", c'est l'amour du père qui est montré et qu'il apprend aussi à déconstruire son idée de la réussite. (...)
Lien : https://laviedevantjufr.word..
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