Je connaissais
Abdelhak Serhane pour ses romans dans lesquels il parvenait à me faire comprendre la vie d'un gamin, d'un jeune homme dans le Maroc de la deuxième moitié du XXe siècle. Avec Dunes paradoxales, je le connais maintenant pour sa poésie. Ce recueil porte sur un élément incontournable du Maghreb : le désert. Eh oui, ce désert muet et bruyant à la fois, fiévreux, insondable. Assimilé à un cri venant du plus profond. Les poèmes qu'il contient sont jolis. Sombres, mais jolis. Cet aspect sombre, je ne l'ai pas détecté d'emblée. Parfois, c'est à la toute fin d'un poème qu'il paraissait. Sinon, ici et là, je tombais sur des expressions comme « les dunes en marche dans le sang des siècles. » Sur le coup, je trouvais de telles expressions imagées, belles, avant de me rendre compte que, finalement, elles étaient un tantinet morbides. D'où le paradoxe du titre, j'imagine. Mais ça n'enlève rien à la portée poétique de l'oeuvre. Bien au contraire! J'aurais espéré que quelques uns des poèmes – plusieurs – soient plus positifs. Ayant moi-même vécu deux ans au Maroc, et ayant apprécié mon séjour (après une période d'adaptation), je trouve beaucoup de belles choses à dire sur le Sahara. Toutefois, il faut dire que, souvent, dans ce recueil de poèmes, le désert n'est qu'un concept qui représente autre chose. Par exemple, les rêves brisés, les mauvais souvenirs, les peurs inavouées, la terreur au fond de soi. Malgré les thèmes sombres traités dans ces poèmes, il me prend l'envie de retourner au Maroc pour écouter le désert…