Au premier abord, ce n'est sans doute pas le scénario le plus abouti de la série, il semble plutôt que
Joann Sfar et
Lewis Trondheim aient pondu un récit pour valoriser le graphisme de
David B. :
Des scènes de batailles avec des squelettes contre des dragons, autant dire, il n'y a que
David B. pour le rendre à ce point jubilatoire. Il y a quelques grandes illustrations pleine page qui viennent ponctuer cette histoire et qui semblent sorties d'une folie créatrice sans limites. Les pages fourmillent de squelettes, d'os, d'épées, de haches, d'armures, de monstres, de gueules dans un foisonnement de couleurs, passant du naturel au plus saturé, chaque vignette est une icône, un sujet de vénération, et moi j'adore.
Dans l'oeuvre de
David B., il y a un aspect exutoire, voire expiatoire, je conseillerais d'ailleurs vivement à ceux qui aiment son dessin mais qui n'en saisissent pas forcément la profondeur de lire "L'ascension du Haut-Mal”. Cet opus de la série Donjon va complètement dans ce sens. On ressort deux personnages de Donjon Potron-minet, qui ont vécu bien avant cette aventure, ils sont réveillés après leur mort, et renaissent sous forme de squelettes aveugles et sans mémoire pour se lancer dans un combat infini avec un nombre incalculable d'autres squelettes. Cette série semble ne jamais pouvoir se finir, c'est ce qui est démontré ici, le graphisme de
David B. s'inspire d'enluminures médiévales, d'ornementations orientales, il est chargé d'une infinité de mythologies, de cosmogonies, et tout cela se percute dans une bataille sans fin. le scénario est simple en apparence, mais ce que
David B. arrive à en dégager est prodigieusement abyssal, de l'ordre de la saga épique, comme un aboutissement d'un univers de Fantasy unique et infini.
Cette bande dessinée s'adresse surtout aux fans de la série Donjon et aux fans de
David B., ça tombe bien, je fais partie des deux, et je suis comblé.