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EAN : 9782251372303
166 pages
Les Belles Lettres (30/11/-1)
3.64/5   18 notes
Résumé :
Allons, Dromio, allons, tes bouffonneries ne sont pas de saison, Garde-les pour des jours meilleurs.
Où est l'or que je t'ai confié ?
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
La Comédie Des Erreurs… irai-je jusqu'à écrire " la bien nommée " tellement elle regorge de maladresses et de vieilleries de bas aloi ? Oeuvre de jeunesse de Shakespeare, qui plus est dans le registre de la comédie où je ne le trouve pas sur son meilleur terrain : on peut sans doute faire joyeusement l'impasse sur cette pièce (à mon misérable avis).

Qu'avait-il besoin, en effet, le grand William, d'aller s'embourber dans un remake d'une comédie antique de Plaute, elle-même déjà remake d'un original grec perdu ? Et si Les Ménechmes de Plaute est déjà un peu tirée par les cheveux avec le coup usé, archi usé, battu, rebattu archi battu des jumeaux, source inépuisable de quiproquos faciles, ici, le jeune Shakespeare nous inflige une double paire de jumeaux et là excusez-moi de le penser et encore plus de vous le dire, mais je trouve ça carrément lourdingue de chez lourdingue.

C'est tellement tiré par les cheveux que j'ai déjà oublié le début de l'intrigue et du pourquoi du comment un père avait eu des jumeaux et sa servante en avait eu elle aussi et qui plus est le même jour. Je ne me souviens déjà plus — alors que je viens de la terminer — pourquoi la mère avait été séparée avec l'un des jumeaux et le père avec l'autre et chacun des deux ayant pour compagnon de jeu et futur serviteur l'un des deux jumeaux de la servante. Blub, blub, blub… on s'enfonce tellement dans la mélasse que très vite on suffoque.

Pouh, là, là ! que c'est lourd, que c'est lourd ! Cela m'a rappelé mon grand-père avec son gros Berliet, qui avait un volant gigantesque et pas de direction assistée et où il fallait s'y prendre une demi-heure à l'avance pour faire quatorze tours de volant avant de prendre un virage.

Et finalement, après un sac d'embrouillaminis, tout il est bien qui finit bien et tout le monde il est content. Bon, c'est sûr, avec une pièce comme ça, vous allez vous coucher serein et votre sommeil n'est aucunement perturbé par ce que vous venez de voir ; vous faites de beaux rêves gentils et vous vous réveillez le lendemain matin en pleine forme. Remarquez, cela a un côté rassurant : on se dit que même l'immense dramaturge qu'était Shakespeare a commencé modestement (et même très modestement vous pouvez me croire).

Bref, circulez, y a rien à voir, il n'est même pas besoin de préciser le nom d'autres pièces du même auteur qui valent vraiment le coup. Celle-ci, à l'extrême rigueur peut se lire et être montée au collège, et encore, je pense que les collégiens s'y ennuieront encore plus que les adultes. Non, rien à faire, cette pièce n'a décidément aucun intérêt, sauf peut-être si vous avez une armoire à caler. Mais ce n'est bien évidemment qu'un avis, lui aussi sujet aux erreurs, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Mettez deux jumeaux séparés à la naissance dans une tempête, l'un restant avec la mère, l'autre avec le père, chacun des parents ne sachant pas ce qu'est devenue l'autre moitié de la famille. Ajoutez que les deux jumeaux s'appellent tous les deux Antipholus, et qu'ils sont nés en même temps que deux autres jumeaux, pris dans la même tempête, tous les deux nommés Dromio, et tous les deux devenus les serviteurs des deux Antipholus. Un Antipholus vit à Syracuse, l'autre à Éphèse. L'Antipholus de Syracuse parcourt le monde en quête de son frère jumeau, jusqu'au jour où il arrive à Éphèse, où il est interdit aux citoyens de Syracuse de débarquer sous peine de mort. de même fait le père, qui, lui, cherche l'Antipholus de Syracuse (vous me suivez ?), et se fait attraper par les autorités d'Éphèse à peine le pied à terre, et donc condamner à mort. C'est parti pour une comédie où chaque Antipholus est pris pour l'autre, et chaque Dromio pour son jumeau. Pas très réaliste, tout ça ? Non, sans doute pas, mais il s'agit là de convention théâtrale et le public se pliera (ou en tout cas devait se plier, à l'époque de Shakespeare) à cette situation rocambolesque.

Il s'agit là d'une adaptation des Ménechmes de Plaute, mais Shakespeare en a rajouté un peu (beaucoup, en fait) avec les serviteurs jumeaux. du comique de situation, donc, dans une comédie où Shakespeare s'est bizarrement conformé aux fameuses trois unités qui seront bientôt de mise dans le théâtre français (la seule autre exception dans son oeuvre étant La tempête, ce qui est encore plus curieux). Michèle Vignaux, shakespearienne avérée, y voit carrément une interrogation, notamment sur l'usurpation d'identité, qui relève en partie de la métaphysique. D'autres y voient dans Antipholus d'Éphèse le personnage le plus sombre de toute l'oeuvre de Shakespeare... (bon, oui, c'est un sale type) de mon point de vue de non spécialiste, c'est aller un peu loin, et je me demande si l'on n'a pas tendance à attribuer certaines qualités aux textes de Shakespeare juste sous prétexte qu'il est Shakespeare. Je parie bien, en tout cas, que peu de gens se retrouveront dans ces lectures d'une pièce qui, de plus, est loin d'être hilarante, les méprises se répétant à l'envi. On a envie de crier aux personnages, comme le public élisabéthain, qu'ils sont des imbéciles qui se font avoir à tous les coups (et tout ça malgré l'argument de la convention théâtrale que j'invoquais en début de critique).

Ce qu'il y a de plus intéressant dans cette pièce, c'est ce qui n'y est pas, ou plutôt ce qui est tout juste amorcé. Tempête, naufrage, jumeaux, méprises sur l'identité de certains personnages... ça vous rappelle forcément quelques petites choses. Et lorsque je vous aurait révélé que l'Antipholus et le Dromio de Syracuse, égarés par la situation étrange dans laquelle ils se trouvent et n'y comprenant goutte, croient rêver ou être la proie des fées, vous penserez encore plus fort à une certaine comédie féerique... N'empêche que toutes ces thématiques qu'on retrouvera avec bonheur dans La nuit des rois, le songe d'un nuit d'été, La tempête, et j'en passe, ne seront jamais ici développées. C'est malgré tout le comique de situation qui prend le dessus. Ce qui fait que le grand intérêt de la pièce réside dans l'intérêt même qu'on porte à Shakespeare, et qu'à mon avis, seuls les grands lecteurs de Shakespeare, c'est-à-dire ceux qui ont envie ou besoin de connaître tout son oeuvre dramatique, ont réellement besoin de s'y frotter. Si vous ne comptez pas lire tout Shakespeare dans votre vie (ce qui est tout à fait autorisé par la loi), je vous conseillerai de passer directement à autre chose.


Challenge Théâtre 2017-2018
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La Comédie des Erreurs est un bon sandwich composite : une première tranche de pain, noir comme un drame, pour aiguiser, en les trompant, les papilles; une deuxième, blonde comme des biscuits à la cuiller, en guise de happy end; au coeur, jambon et fromage.
Certain(e)s puristes du sandwich trouveront que c'est excessif et qu'il faut savoir choisir. Disons qu'a minima, il faut avoir assez faim pour apprécier.

Le jambon donc, c'est une première paire de jumeaux, les maîtres, de leur nom Antipholus; le fromage, c'est leurs serviteurs, jumeaux également, du nom de Dromio (mon attribution de la garniture est arbitraire et pourrait être inversée, ne pas y chercher de prétexte à la lutte des classes). Sans suppléments, vous avez droit aux cornichons que sont l'épouse de l'un, sa soeur, une pute, un orfèvre,… sans oublier l'exorciste de service; le tout s'avale et se digère avec plaisir et sans désagrément ultérieur.

Usé jusqu'à la corde, le coup des jumeaux?
Est-ce si important et, en supposant que ce le soit - à qui le blâme, quatre siècles plus tard!
C'est vrai qu'il furent nombreux, les auteurs qui utilisèrent cet expédient.
Alfred Ernout, qui traduit Menaechmi dans le Tome IV des Comédies de Plaute (Société d'Edition Les Belles Lettres 1936), cite, dans sa notice, les auteurs grecs ayant donné le titre de Jumeaux ou Semblables à leurs pièces: Antiphane, Anaxandride, Aristophon, Xénarque, Alexis, Euphron, sans compter Ménandre, présumé mais non jugé faute de preuve, prédécesseur de Plaute pour Les Menechmes. Rien qu'en France, Plaute inspira en un peu moins d'un siècle Les Menechmes de Rotrou (1636),Les deux Arlequins de le Noble (1691) et Les Menechmes ou les Jumeaux de Regnard (1705). Bien entendu, c'était le moment ou jamais de réactiver les antiquités, le rythme a pu baisser dans les siècles suivants.
Rien ne m'autorise à affirmer que Shakespeare fut le premier à élever l'artifice au carré ni à prétendre qu'après lui aucun illuminé n'osa mettre en scène trois paires ou plus pour ce qui eut pu être une Comédie des Horreurs . Mon intuition me dit pourtant que c'est le cas.

Pompe, inspiration ou parodie? l''ancêtre latin s'étant contenté du jambon, Shakespeare a voulu innover pour enrichir mais peut-être aussi pour parodier. J'aime à lui laisser le bénéfice du doute parce que, faute d'être érudit, je suis snob.
L'intérêt de la Comédie des Erreurs, aujourd'hui, ne tient pas dans l'intrigue qui n'est qu'un prétexte, ce qu'elle n'était sans doute pas quand elle fut créée vers 1593. On riait surement beaucoup alors de ce comique de situation résultant des quiproquos, assortis des coups de bâtons du maître châtiant un valet ou de l'épouse cocufiant son mari ou des situations inversées par les auteurs plus audacieux. Je dois avouer au passage que ces situations dites comiques m'ont le plus souvent laissé de marbre, même enfant.

La comédie de Plaute est simple voire simpliste; elle s'alimente essentiellement d'une querelle entre un mari volage et sa femme jalouse , exacerbée par les malentendus provoqués par le jumeau. Après une assez longue exposition du contexte, qui s'applique à bien expliquer la situation d'origine, le pourquoi et le comment, confortant l'idée que l'intrigue compte pour tout ou presque, les évènements vécus "en direct" sont peu nombreux (don d'une mante à l'amante, double interdiction de séjour du mari); les dialogues sont directs, rapides, visant à l'essentiel, efficaces. Foin de sandwich, on est dans la farce.

La Comédie des Erreurs transforme et enrichit ce substrat primaire : exploitant la mise au carré des jumeaux, Shakespeare décline avec la rigueur suffisante le potentiel de quiproquos en l'appliquant aux principaux protagonistes, relativement nombreux; la combinatoire qui en résulte, outre qu'elle donne par moment légèrement le tournis, produit une atmosphère tantôt fébrile, parfois proche du drame, avec des scènes où prédominent la tension, la colère, l'agressivité des jambons Antipholus; tantôt apaisée avec des temps de relâchement, de détente ménagés par le comportement moins élitiste des fromages Domio, l'évocation de la condition des femmes par les deux soeurs et même une brève bluette marquant s'il en était besoin que l'auteur ne manquait pas, grâce aux cornichons, de voies sur lesquelles faire cheminer son ouvrage.
Les tranches de pain, le Duc et Egéon d'une part, l'abbesse d'autre part, se révèlent être les Dei ex machina de la Comédie, noblesse et clergé obligent.

Si les caractères ne m'ont pas paru particulièrement approfondis ni objets d'étude, les mots sont tout et ce tout me plaît.
Dans cette pièce des débuts, on trouve déjà la poésie qui surgit de nulle part, le jeu avec les mots omniprésent et l'humour en cascade, le lyrisme voire la fureur comique.
C'est, pour moi, la marque de Shakespeare, indépendamment du genre, du thème traité et de l'ampleur de la liquidation finale de la distribution.
Ici tous s'en sortent bien, alors c'est une comédie!
La bibliothèque de la Pléiade, poursuit avec le tome I des Comédies le formidable travail entamé avec les tragédies. On apprécie de même ici la présentation bilingue, anglais et français en vis-à-vis. N'étant pas angliciste distingué, j'ai aimé la traduction de Henri Subamy qui fait l'effort de traduire par des rimes françaises les rimes anglaises lorsqu'elles se présentent et ose, avec un certain bonheur me semble-t-il, transposer les plaisanteries:

"Dromio
I pray you jest, sir, as you sit at dinner
De grâce, monsieur, attendez d'être à table pour plaisanter;

I from my mistress come to you in post;
Ma maîtresse m'envoie vous chercher tambour battant,

If I return, I shall be post indeed,
A mon retour, c'est moi qui serai tambour battu,

For she will score your fault upon my pate.
Car elle m'annoncera votre défection sur ma caboche."

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Antipholus d'Éphèse et son frère jumeau, Antipholus de Syracuse, ont été séparés enfants en même temps que deux autres enfants, Dromio d'Éphèse et Dromio de Syracuse, leurs esclaves. Leur père, Égéon, marchand de Syracuse, au terme d'un périple qui l'a conduit tout autour de la Méditerranée, finit par débarquer à Éphèse où la présence des marchands de Syracuse est hors la loi...
Lien : https://www.danslabibliotheq..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
LUCIANA : C'est un double manquement que de déserter votre lit
Et, à table, de le faire lire à votre femme sur votre visage ;
Une turpitude bien déguisée reste aussi discrète qu'un bâtard ;
Une parole méchante aggrave les vilaines actions.
Hélas ! à nous pauvres femmes, faites croire seulement,
Car nous sommes pétries de crédulité, que vous nous aimez.

Acte III, Scène 2.
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ANTIPHOLUS DE SYRACUSE : Quelle erreur a trompé notre œil et notre oreille ?
Jusqu'à y voir plus clair, l'incertitude est sûre ;
De l'illusion offerte usons tant qu'elle dure.
(ANTIPHOLUS OF SYRACUSE : What error drives our eyes and ears amiss ?
Until I know this sure uncertainty,
I'll entertain the offer'd fallacy.)

Acte II, Scène 2.
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L'ABBESSE : Les clameurs venimeuses d'une femme jalouse
Ont un poison plus funeste que la dent d'un chien enragé.
(ABBESS : The venom clamours of a jealous woman
Poisons more deadly than a mad dog's tooth.)

Acte V, Scène 1.
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DROMIO DE SYRACUSE : Le Temps est en faillite, il doit plus que ne lui rapportent les saisons.
Pire encore, c'est un voleur ; n'avez-vous pas entendu dire alentour
Que le Temps marche à la dérobée nuit et jour ?

Acte IV, Scène 2.
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DROMIO DE SYRACUSE : Il n'est jamais temps de retrouver ses cheveux, pour un homme que la nature a rendu chauve.
(DROMIO OF SYRACUSE : There's no time for a man to recover his hair that grows bald by nature.)

Acte II, Scène 2.
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Videos de William Shakespeare (373) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William Shakespeare
En Europe comme aux États-Unis, la pièce "Macbeth" de William Shakespeare est entourée de superstitions, au point d'être devenue maudite. Mais d'où vient cette malédiction présumée ?
#theatre #culture #art #shakespeare #macbeth
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