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Marie Dubost (Traducteur)
L'Arche (01/01/1900)
4/5   2 notes
Résumé :
Eugène Marchbanks, jeune homme de bonne famille féru de poésie, s’éprend de Candida, l’épouse d’un pasteur anglican. Sommée de choisir entre ses deux prétendants, la jeune femme annonce qu’elle « s’abandonnera au plus faible des deux ».
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La vraie force ne se montre pas, ou, plus exactement, derrière chaque édifice imposant, derrière chaque façade majestueuse se cachent de minuscules chevilles ouvrières sans le secours desquelles l'édifice ploierait, la façade croulerait.

C'est un peu cette thèse que développe cette pièce en trois actes de George Bernard Shaw écrite à la toute fin du XIXème siècle. Il y est beaucoup question d'apparences, sous différents angles d'approche.

La scène se passe dans l'Angleterre victorienne, mais pas dans l'Angleterre victorieuse, celle des milieux ouvriers, celle de la suie, de la sueur et des nécessiteux.

Dans cette Angleterre crasseuse, impitoyable, cernée de briques rouges : un îlot, une passerelle, un phare — c'est le révérend James Morell, un pasteur de sensibilité socialiste.

Morell est un orateur hors pair, très actif politiquement et socialement, une éminence locale au service du partage et de la bonne parole chrétienne. Candida est son épouse, Miss Garnett sa secrétaire, Lexy son assistant, Burgess son beau-père.

Voilà, je vous ai rapidement brossé le tableau de tous les personnages, oui tous, sauf un : Eugene Marchbanks. Lui est issu de l'aristocratie, c'est une manière de poète, un romantique, un écorché vif, un sensitif. Dans sa vie de bohème, il a été recueilli dans le giron du pasteur.

Nous sommes donc les témoins de l'activité, pour ainsi dire de la SURactivité du révérend Morell. Un agenda surchargé, des sollicitations de toute part mais un charisme, mes aïeux, un charisme ! À faire défaillir les dames ! lui, un homme d'église ! légitimement uni, qui plus est !

Je crois bien qu'elle en pince un petit peu pour lui la Proserpine Garnett, derrière sa machine à écrire. Et peu à peu, l'on s'aperçoit que si le pasteur Morell a tant de succès, c'est peut-être davantage pour ce vibrant charisme qu'il dégage que pour l'idéal politique et religieux qu'il prône.

Constamment absent du foyer, Candida est donc maîtresse à bord du domicile conjugal, vivant discrètement dans l'ombre du remarquable époux. C'est une femme exemplaire, qui prend son rôle très à coeur, douce mais ferme dans ses résolutions.

Son père, M. Burgess est un vieux commerçant roublard, au parler populaire, et qui s'intéresse surtout aux prêches de son genre pour les relations qu'il lui permet de nouer en vue de l'obtention de tel ou tel marché.

Si je vous disais maintenant que dans les engrenages de la vie lumineuse et bien réglée du pasteur venait s'insinuer un grain de sable, un petit caillou qui crisse en la personne de Marchbanks, qui, bien conscient du fait que Candida est un peu délaissée, finirait par s'amouracher sérieusement de la femme du pasteur, hum ? Qu'en dites-vous ?

Il m'incombe de ne pas éventer plus avant le scénario de cette Pièce Plaisante de Shaw, qui, certes, m'a semblé plaisante, mais peut-être un peu moins que L'Homme Et Les Armes, une autre des quatre Pièces Plaisantes de cet auteur irlandais toujours fin et dérangeant dans son propos — dérangeant pour les apparences et les idées reçues, j'entends.

Donc, même si l'on n'est pas, selon moi, dans le top niveau de l'auteur, voici néanmoins une pièce fort agréable et qui vaut le coup d'être découverte. En outre, ceci n'est que le reflet de mon candide avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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"Candida" pièce de théâtre de George Bernard Shaw, prix Nobel de littérature 1925.

Cette pièce fait partie des 4 pièces de théâtre dites "plays pleasant" de George Bernard Shaw. Elle est un petit régal à découvrir. Deux hommes, un pasteur d'âge mûr et un jeune poète gringalet et Candida, la femme du pasteur. Les deux hommes sont tous les deux désarmés devant elle. A qui donnera-t-elle son coeur ? à son mari, le pasteur socialiste bien-pensant ? ou au jeune poète qui la suit partout, éperdu d'admiration ? Elle le donnera dit-elle, au plus fragile des deux …
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
MORELL : Avez-vous augmenté les salaires ?
BURGESS : Oui.
MORELL : Quoi ?
BURGESS : J'suis d'venu un patron modèle. Maint'nant, j'emploie plus d'femmes ; elles ont toutes été sacquées : et le travail est fait à la machine. Pas un homme à moins de six pences de l'heure, et le tarif syndical pour ceux qui sont qualifiés. Qu'est-ce que vous pouvez m'dire, maint'nant ?
MORELL : Est-ce possible ? Eh bien, il y a plus de joie au ciel pour un pêcheur repenti. [...] Allons ! Avouez ! Vous êtes plus heureux. Vous avez l'air plus heureux.
BURGESS : Eh ben, ça s'peut. J'suppose qu'c'est vrai, puisque vous l'avez r'marqué. En tout cas l'Conseil, il l'a acceptée, mon offre. Y voulaient pas avoir affaire à moi tant qu'j'payais pas les salaires justes. Un fichu tas d'imbéciles qui se mêlent de tout !
MORELL : C'est donc pour ça que vous avez augmenté les salaires !
BURGESS : Pourquoi qu'j'l'aurais fait alors ? À quoi ça les mène, les ouvriers, si c'est pas à boire et à s'croire tout permis ? Tout ça, c'est très bien pour vous, James : ça vous met dans les journaux, et ça fait d'vous un grand homme ; mais vous pensez jamais au mal que vous faites en mettant d'l'argent dans la poche des ouvriers, qui savent pas comment l'dépenser, et en l'prenant aux gens qui pourraient en faire bon usage.

Acte I.
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MARCHBANKS : Pensez-vous que l'âme d'une femme puisse vivre de votre talent de prédicateur ?
MORELL : [...] En admettant qu'il ait une valeur quelconque, mon talent est comme le vôtre. C'est le don de trouver des mots pour exprimer la divine vérité.
MARCHBANKS : C'est le don d'avoir la langue bien pendue — ni plus ni moins. Qu'est-ce que votre talent de beau parleur a à voir avec la vérité, plus que le fait de jouer de l'orgue ? Je ne me suis jamais rendu dans votre église, mais je me suis rendu à l'une de vos réunions politiques, et je vous ai vu, selon la formule consacrée, soulever les gens d'enthousiasme ; c'est-à-dire les exciter jusqu'à ce qu'ils se comportent exactement comme s'ils étaient ivres. Et les épouses regardaient et voyaient à quel point les époux étaient ridicules...

Acte I.
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MARCHBANKS : Je passe mon temps à la recherche de l'amour ; et je le trouve en quantités infinies dans le cœur des autres. Mais quand j'en veux demander, cette atroce timidité me prend à la gorge ; et je reste muet ou, pire que muet, à dire des choses vides de sens, des mensonges absurdes. Et cette affection à laquelle j'aspire, je la vois donner à des chiens, à des chats, à des oiseaux familiers, parce qu'ils osent la demander. Il faut la demander : c'est comme un fantôme, elle ne peut parler à moins qu'on ne lui parle d'abord. Tout l'amour qui est dans le monde brûle de s'exprimer ; seulement, il n'ose pas, parce qu'il est timide ! timide ! timide ! C'est là toute la tragédie de ce monde.

Acte II.
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MARCHBANKS : J'espère que je ne vous ai pas offensée. Peut-être n'aurais-je pas dû faire allusion à vos histoires d'amour.
PROSERPINE : Je n'ai pas d'histoires d'amour. Comment osez-vous dire une chose pareille ? Cette idée !
MARCHBANKS : Vraiment ! Oh, alors vous êtes timide, tout comme moi.
PROSERPINE : Je ne le suis certainement pas. Qu'est-ce que ça signifie ?
MARCHBANKS : Si, vous l'êtes, et c'est pourquoi il y a tellement peu d'histoires d'amour dans le monde. Nous passons tous notre temps à désirer l'amour : c'est le premier besoin de notre nature, la première prière de notre cœur. Mais ce désir, nous n'osons pas l'exprimer : nous sommes trop timides.

Acte II.
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MARCHBANKS : Oui, être oisif, égoïste et inutile, c'est-à-dire être beau, libre et heureux ! est-ce que chaque homme n'a pas désiré cela de toute son âme pour la femme qu'il aime ? C'est ça, mon idéal ; le vôtre et celui de tous ces gens horribles qui vivent dans ces hideuses rangées de maisons, quel est-il ? Des prêches et des brosses à astiquer ! À vous de prêcher, et à votre femme d'astiquer.

Acte II.
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Videos de George Bernard Shaw (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de George Bernard Shaw
"[…] les auteurs d'aphorismes, surtout lorsqu'ils sont cyniques, irritent ; on leur reproche leur légèreté, leur désinvolture, leur laconisme ; on les accuse de sacrifier la vérité à l'élégance du style, de cultiver le paradoxe, de ne reculer devant aucune contradiction, de chercher à surprendre plutôt qu'à convaincre, à désillusionner plutôt qu'à édifier. Bref, on tient rigueur à ces moralistes d'être si peu moraux. […] le moraliste est le plus souvent un homme d'action ; il méprise le professeur, ce docte, ce roturier. Mondain, il analyse l'homme tel qu'il l'a connu. […] le concept « homme » l'intéresse moins que les hommes réels avec leurs qualités, leurs vices, leurs arrière-mondes. […] le moraliste joue avec son lecteur ; il le provoque ; il l'incite à rentrer en lui-même, à poursuivre sa réflexion. […]
On peut toutefois se demander […] s'il n'y a pas au fond du cynisme un relent de nostalgie humaniste. Si le cynique n'est pas un idéaliste déçu qui n'en finit pas de tordre le cou à ses illusions. […]" (Roland Jaccard.)
0:14 - Bernard Shaw 0:28 - Julien Green 0:45 - Heinrich von Kleist 1:04 - Georges Henein 1:13 - Ladislav Klima 1:31 - Michel Schneider 1:44 - Hector Berlioz 1:55 - Henry de Montherlant 2:12 - Friedrich Nietzsche 2:23 - Roland Jaccard 2:37 - Alphonse Allais 2:48 - Samuel Johnson 3:02 - Henrik Ibsen 3:17 - Gilbert Keith Chesterton 3:35 - Gustave Flaubert 3:45 - Maurice Maeterlinck 3:57 - Fiodor Dostoïevski 4:08 - Aristippe de Cyrène 4:21 - Générique
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Référence bibliographique : Roland Jaccard, Dictionnaire du parfait cynique, Paris, Hachette, 1982.
Images d'illustration : Marquise de Lambert : https://de.wikipedia.org/wiki/Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles#/media/Datei:Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles.jpg George Bernard Shaw : https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Bernard_Shaw#/media/Fichier:G.B._Shaw_LCCN2014683900.jpg Julien Green : https://www.radiofrance.fr/franceculture/le-siecle-d-enfer-de-l-ecrivain-catholique-et-homosexuel-julien-green-8675982 Heinrich von Kleist : https://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_von_Kleist#/media/Fichier:Kleist,_Heinrich_von.jpg Georges Henein : https://www.sharjahart.org/sharjah-art-foundation/events/the-egyptian-surrealists-in-global-perspective Ladislav Klima : https://www.smsticket.cz/vstupenky/13720-ladislav-klima-dios Michel Schneider : https://www.lejdd.fr/Culture/Michel-Schneider-raco
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