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Pièces Plaisantes tome 1 sur 2
EAN : 9782851812988
182 pages
L'Arche (13/06/1997)
4/5   1 notes
Résumé :
Ces quatre pièces de 1894-1896 sont les premières d'une longue série qui firent la réputation de l'écrivain. L'épithète "plaisante" est donc encore justifiée quoique le tempérament atrabilaire de l'auteur s'y manifeste.
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Que lire après Pièces Plaisantes, tome 1 : L'Homme et les Armes - CandidaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cette première partie des Pièces Plaisantes de George Bernard Shaw regroupe deux textes de la fin du XIXème siècle qui, bien que le centre de leur propos soit assez différent, ont tout de même comme dénominateur commun de nous faire palper l'impact du lien amoureux sur les décisions importantes prises au cours de la vie.

C'est tout d'abord L'Homme Et Les Armes, une nouvelle fois (j'avais adoré Pygmalion), un petit bijou signé George Bernard Shaw. Une fluidité, une aisance, une saveur de ton et une profondeur de propos savamment dissimulée sous l'apparente légèreté de la comédie. Autant d'ingrédients qui justifient pleinement l'obtention d'un prix Nobel pour ce grand Monsieur du théâtre.

Le titre original, Arms And The Man, peut se comprendre à la lumière des premiers vers de L'Énéide de Virgile :
" Arma uirumque cano, Troiae qui primus ab oris
Italiam, fato profugus, Lauiniaque uenit
litora, multum ille et terris iactatus et alto
ui superum saeuae memorem Iunonis ob iram ; "
dont le premier peut se traduire comme : Je chante les armes et l'homme, qui, le premier depuis les rivages de Troie, etc., etc.

Pour Virgile, il s'agissait donc de raconter l'arrivée d'un Troyen (côte de la Turquie actuelle) venu apporter la civilisation à l'Italie, des combats qu'il avait dû mener, de la bravoure qu'il avait dû déployer pour fonder cette grande civilisation romaine.

Pour Shaw, c'est un peu la même chose en négatif. Il s'agit d'un Suisse (Bluntschli) venu faire la guerre en Bulgarie aux côtés des Serbes fin 1885 dans la pétaudière que sont devenus les Balkans.

Les armes de Bluntschli sont très significatives puisqu'il remplace ses munitions par des morceaux de chocolat. de plus il a l'âme prosaïque et calculatrice, totalement dénuée sentiments et d'attachement à une quelconque patrie.

Au cours d'une bataille délirante, où l'une des parties (les Serbes) tenait une position admirable mais avait des troupes sans munition et où l'autre partie (les Bulgares) avait une position désespérée mais dont les officiers étaient tellement inconscients et inexpérimentés que ne percevant pas le danger ils ordonnèrent la charge et emportèrent la position, le capitaine Bluntschli trouve refuge dans la maison Petkov.

Le Suisse tombe sur la fille de la maison, Raina, une ravissante Bulgare, fille du Major Petkov, fiancée du major Saranov, celui-là même qui a lancé la charge inconsciente contre les Serbes.

Commence alors pour Shaw une situation propice à libérer toute l'hypocrisie des relations humaines en général et amoureuses en particulier. L'auteur ridiculise l'idée même d'officier militaire, exhibe clairement l'inutilité et la non légitimité totale de cette guerre.

En effet, George Bernard Shaw est un témoin privilégié des guerres balkaniques. Né en Irlande en 1856 dans l'Angleterre victorienne et mort au lendemain de la seconde guerre mondiale, il a personnellement assisté à tout le processus de clivage des Balkans orchestré, depuis le congrès de Berlin en 1878, par le Royaume-Uni, notamment et qui conduira, d'abord aux Guerres Balkaniques, puis, bien sûr à la Première Guerre Mondiale, laquelle conduira etc., etc.

Cette pièce de 1894 est donc particulièrement lucide sur ce point et extrêmement contemporaine des événements qu'elle dénonce. Même si ce trait peut nous sembler un peu effacé de nos jours, c'est bel et bien une pièce politique et engagée à laquelle nous avons affaire.

C'est une pièce très plaisante et, sans aucune recherche de bon mot, c'est tout naturellement qu'elle a été intégrée à l'ensemble " Pièces Plaisantes " de son auteur.

C'est aussi une pièce où l'on parle beaucoup d'amour et de la faiblesse des sentiments que l'on dit les plus forts. Bref, un très, très bon moment de théâtre, drôle et sagace, que je recommande vivement.

Ensuite vient Candida, une pièce en trois actes où il y est beaucoup question d'apparences, sous différents angles d'approche et où l'auteur nous démontre que la vraie force ne se montre pas, ou, plus exactement, que derrière chaque édifice imposant, derrière chaque façade majestueuse se cachent de minuscules chevilles ouvrières sans le secours desquelles l'édifice ploierait et la façade croulerait.

La scène se passe dans l'Angleterre victorienne, mais pas dans l'Angleterre victorieuse, celle des milieux ouvriers, celle de la suie, de la sueur et des nécessiteux.

Dans cette Angleterre crasseuse, impitoyable, cernée de briques rouges : un îlot, une passerelle, un phare — c'est le révérend James Morell, un pasteur de sensibilité socialiste.

Morell est un orateur hors pair, très actif politiquement et socialement, une éminence locale au service du partage et de la bonne parole chrétienne. Candida est son épouse, Miss Garnett sa secrétaire, Lexy son assistant, Burgess son beau-père.

Voilà, je vous ai rapidement brossé le tableau de tous les personnages, oui tous, sauf un : Eugene Marchbanks. Lui est issu de l'aristocratie, c'est une manière de poète, un romantique, un écorché vif, un sensitif. Dans sa vie de bohème, il a été recueilli dans le giron du pasteur.

Nous sommes donc les témoins de l'activité, pour ainsi dire de la SURactivité du révérend Morell. Un agenda surchargé, des sollicitations de toute part mais un charisme, mes aïeux, un charisme ! À faire défaillir les dames ! lui, un homme d'église ! légitimement uni, qui plus est !

Je crois bien qu'elle en pince un petit peu pour lui la Proserpine Garnett, derrière sa machine à écrire. Et peu à peu, l'on s'aperçoit que si le pasteur Morell a tant de succès, c'est peut-être davantage pour ce vibrant charisme qu'il dégage que pour l'idéal politique et religieux qu'il prône.

Constamment absent du foyer, Candida est donc maîtresse à bord du domicile conjugal, vivant discrètement dans l'ombre du remarquable époux. C'est une femme exemplaire, qui prend son rôle très à coeur, douce mais ferme dans ses résolutions.

Son père, M. Burgess est un vieux commerçant roublard, au parler populaire, et qui s'intéresse surtout aux prêches de son genre pour les relations qu'il lui permet de nouer en vue de l'obtention de tel ou tel marché.

Si je vous disais maintenant que dans les engrenages de la vie lumineuse et bien réglée du pasteur venait s'insinuer un grain de sable, un petit caillou qui crisse en la personne de Marchbanks, qui, bien conscient du fait que Candida est un peu délaissée, finirait par s'amouracher sérieusement de la femme du pasteur, hum ? Qu'en dites-vous ?

Il m'incombe de ne pas éventer plus avant le scénario de cette Pièce Plaisante de Shaw, qui, certes, m'a semblé plaisante, mais peut-être un peu moins que L'Homme Et Les Armes, une autre des quatre Pièces Plaisantes de cet auteur irlandais toujours fin et dérangeant dans son propos — dérangeant pour les apparences et les idées reçues, j'entends.

Donc, même si l'on n'est pas, selon moi, dans le top niveau de l'auteur, voici néanmoins une pièce fort agréable et qui vaut le coup d'être découverte. En outre, ceci n'est que le reflet de mon candide avis, désarmé, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
SERGE : Le métier des armes, ma chère madame, c'est l'art qu'ont les lâches d'attaquer sans merci quand ils sont forts, et de rester en lieu sûr quand ils sont faibles. Voilà tout le secret des batailles gagnées. Prenez votre ennemi au dépourvu, mais jamais, en aucun cas, ne le combattez à chances égales.

L'HOMME ET LES ARMES, Acte II.
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Vidéo de George Bernard Shaw
"[…] les auteurs d'aphorismes, surtout lorsqu'ils sont cyniques, irritent ; on leur reproche leur légèreté, leur désinvolture, leur laconisme ; on les accuse de sacrifier la vérité à l'élégance du style, de cultiver le paradoxe, de ne reculer devant aucune contradiction, de chercher à surprendre plutôt qu'à convaincre, à désillusionner plutôt qu'à édifier. Bref, on tient rigueur à ces moralistes d'être si peu moraux. […] le moraliste est le plus souvent un homme d'action ; il méprise le professeur, ce docte, ce roturier. Mondain, il analyse l'homme tel qu'il l'a connu. […] le concept « homme » l'intéresse moins que les hommes réels avec leurs qualités, leurs vices, leurs arrière-mondes. […] le moraliste joue avec son lecteur ; il le provoque ; il l'incite à rentrer en lui-même, à poursuivre sa réflexion. […]
On peut toutefois se demander […] s'il n'y a pas au fond du cynisme un relent de nostalgie humaniste. Si le cynique n'est pas un idéaliste déçu qui n'en finit pas de tordre le cou à ses illusions. […]" (Roland Jaccard.)
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Référence bibliographique : Roland Jaccard, Dictionnaire du parfait cynique, Paris, Hachette, 1982.
Images d'illustration : Marquise de Lambert : https://de.wikipedia.org/wiki/Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles#/media/Datei:Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles.jpg George Bernard Shaw : https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Bernard_Shaw#/media/Fichier:G.B._Shaw_LCCN2014683900.jpg Julien Green : https://www.radiofrance.fr/franceculture/le-siecle-d-enfer-de-l-ecrivain-catholique-et-homosexuel-julien-green-8675982 Heinrich von Kleist : https://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_von_Kleist#/media/Fichier:Kleist,_Heinrich_von.jpg Georges Henein : https://www.sharjahart.org/sharjah-art-foundation/events/the-egyptian-surrealists-in-global-perspective Ladislav Klima : https://www.smsticket.cz/vstupenky/13720-ladislav-klima-dios Michel Schneider : https://www.lejdd.fr/Culture/Michel-Schneider-raco
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