La Terre sans Mal

Les 7 premières pages présentent les carnets de Eliane Goldschmidt sous forme d'écrits, dessins et photos. Fascinant ! Je suppose donc que c'est une biographie et que cette française a réellement existée. Elle débarque, une fois de plus, en forêt amazonienne dans une tribu qu'elle connaît pour continuer à étudier leur langue. Leurs comportements est étrange. Nous sommes en 1939 et elle est juive. La France va basculer. Une histoire pas toujours facile à suivre entre croyances, langage cru et quêtes. A voir pour la beauté du dessin.

1939, Amérique du Sud. Une jeune française, Eliane, fréquente les Mbyas et étudie leurs us et coutumes avec intérêt. Lorsque ceux-ci, d'ordinaire joyeux et énergiques, se renferment sur eux-mêmes, Eliane ne comprend pas. Elle persiste tout de même et reste avec eux, déterminée à comprendre. Petit à petit, les Mbyas semblent sombrer dans la folie. Ils attendent l'arrivée du Karai, un demi-dieu venu pour les mener vers la Terre sans mal, ou ils vivront heureux et prospéreront. Napagnouma, comme l'appellent les Indiens, les accompagnera dans leur périple. Mais cette Terre existe-t-elle seulement ?

Des dessins somptueux, une histoire belle et complexe. Anne Sibran nous présente un monde à part, un univers magique mais aussi cruel. Pendant que la Seconde Guerre mondiale fait rage, les Mbyas fuient, loin de la vicissitude des hommes. Je me suis régalée à la lecture de cette bande dessinée. A savourer !

Quel plaisir de découvrir en farfouillant dans le rayon BD de ma bibliothèque une histoire illustrée par Emmanuel Lepage !

Anne Sibran nous entraine au Paraguay en 1939 dans un récit romancé sur les traces d'une jeune ethnologue, Eliane Goldschmidt .

Cette jeune femme revient dans la tribu des Mbya en vue de compléter un dictionnaire de la langue guarani, mais depuis son précédent séjour, l'attitude des indiens a changé, ils préparent l'arrivée d'un prophète, le Karai qui doit les conduire à La Terre sans Mal pour échapper au prochain cataclysme.

La tribu part en abandonnant leur village.

Eliane ,surnommée Napagnouma par les indiens ,hésite mais en apprenant le début de la seconde guerre mondiale et le sort réservé à sa famille juive, les accompagne dans leur périple.

C'est une quête mystique, vouée à l'échec , mais ils retrouvent leur fierté , l'unité de la tribu même si beaucoup meurent en route.

Finalement le dernier petit groupe atteint la mer où les Blancs sont déjà installés et disparaissent.

La présentation est originale avec des fragments de carnets quand Eliane raconte et les chants et les poèmes très imagés des Mbya retranscrits en texte lorsqu'ils s'expriment ;

Cela donne une ambiance mystique avec des paysages envoutants de jungle profonde, de missions envahies par la végétation , admirablement illustré par Lepage .

Une réflexion émouvante et forte sur le sort des indiens guarani, leurs croyances avec en particulier cette migration mystique véritablement suicidaire, une réflexion profonde également sur le regard de l'autre .

Un hommage également aux travaux de Pierre et Héléne Clastres qui ont étudié ces tribus.

Malgré toutes mes recherches, Eliane Goldschmitt est un personnage de roman ...

En 1939, la jeune linguiste Eliane Goldschmidt se rend pour la troisième fois au Paraguay afin de poursuivre son étude de la langue guarani. Vivant au sein de la communauté Mbya, elle partage leur quotidien, leur repas et leurs jeux. Pourtant, depuis son retour, leur attitude a changé et ces derniers semblent résignés, se laissant aller et négligeant leurs terres. Eliane l'ignore encore mais l'Homme-Dieu, le Karaï va bientôt arriver dans la tribu pour emmener son peuple vers la Terre sans mal pour les sauver de la fin du monde. Un peu malgré elle, Eliane va se retrouver engagée dans cette improbable quête. U voyage initiatique à travers la jungle dans laquelle elle va bientôt se lancer corps et âme lorsqu'elle découvre que la guerre gronde en Europe et a commencé à faire ses premières victimes.

Emmanuel Lepage et Anne Sibran nous emmène dans un voyage fabuleux à travers les mythes et les espoirs d'un peuple voué à disparaître. Déambulant semaines après semaines, mois après mois, à travers la forêt qu'il parcoure d'Est en Ouest, croisant jaguars affamés, cathédrales abandonnées au beau milieu de la nature, paysages défigurés par la main de l'homme et ses industries, Karaï et les siens cherchent cette fameuse terre où le mal serait absent. Eliane, surnommée Napagnouma ("la femme blanche qui fait pleurer son bâton", comprendre celle qui écrit et dessine avec son crayon) les accompagne et bientôt s'immerge totalement dans cette culture qui n'est pas la sienne, voulant tirer un trait sur cette Europe guerrière qui lui a pris ses proches.
Pour Eliane, cette quête devient vite la sienne et prend une forme personnelle où elle se cherche une nouvelle identité. Elle abandonne ses attributs occidentaux et se rase les cheveux pour symboliser sa nouvelle naissance. Désormais, elle est une Mbya.

Le récit nous est raconté par Eliane, elle-même, par l'intermédiaire de son carnet où elle note ses impressions. L'album débute d'ailleurs par une reproduction de quelques pages (7) de ce fameux carnet où le lecteur découvre ses croquis, ses notations linguistes, des anecdotes de vie des Mbyas. le tout est ponctué d'annotations plus tardives où Eliane s'adresse directement à son fils...
On retrouve ainsi au fil de l'histoire des phylactères quadrillés, reprenant ainsi l'idée de la narration issue de son carnet de notes. Très rythmé, le récit nous emmène véritablement au coeur d'un univers totalement inconnu qui flirte avec la mythologie et la magie, sans tomber dans un description ethnologique trop marquée.

Cette grande fresque épique est, par ailleurs, totalement sublimé par le dessin d'Emmanuel Lepage dont c'est le premier album qu'il réalise en couleurs directes. Et quelle flamboyance ! En effet, la forêt semble luxuriante, dense et humide. Les couleurs sont fortes, alternant entre la touffeur sombre des arbres et la lumière éclatante du soleil et des feux.

On sent chez le dessinateur comme chez la scénariste une recherche précise et très documentée de cette culture disparue.
Les communautés Mbyas sont des des groupes primitifs de chasseurs-cueilleurs qui vivent dans la forêt amazonienne, au Paraguay, au Brésil et en Argentine. La disparition progressive de la forêt au profit de l'industrie forestière amenuise leur territoire et entraîne leur propre disparition. Au Paraguay, il resterait à l'heure actuelle 14 000 Mbyas ; 8000 en Argentine et 7000 au Brésil. Une culture en danger donc (certains parlent de "génocide silencieux") et dont la langue est de moins en moins transmise.

La terre sans mal est véritablement un petit bijou qui réussit à sublimer une culture indienne peu connue à travers la quête mythique et spirituelle d'un peuple, à la recherche d'un paradis perdu inaccessible dont il serait le seul élu. Une recherche où sagesse et sacrifice personnel sont de mise et révélant peut-être d'une certaine manière la place de l'Homme dans un univers qui le dépasse.
Laissez vous donc bercer par la magie indienne des tambours et par l'utopie d'un monde sans mal !

Un indispensable qui est malheureusement épuisé (il serait d'ailleurs de bon ton qu'une réédition soit à nouveau envisagé...) qu'on trouve facilement sur certains sites en ligne d'occasion ou que vous trouverez peut-être en bibliothèque.
Lien : http://legrenierdechoco.over..

Nous sommes dans le fin fond de la forêt Amazonienne auprès du peuple Mbya à la veille de la seconde guerre mondiale.
Cette communauté, non asservie aux diverses missions chrétiennes venues les évangéliser et non assimilée aux moeurs et coutumes Paraguayens, fait l'objet de menaces régulières des autorités du Pays.
Eliane Goldschmidt, scientifique Européenne, va s'immerger dans ce monde aux antipodes du nôtre.
Au moment où elle s'y rend (pour la troisième fois), les Mbyas ont laissé pourrir leurs récoltes, ont abandonné leur lieu de vie pour suivre l'homme dieu : le Karaï.
Celui-ci a convaincu les mbyas qu'un meilleur monde existe ailleurs, d'où ce voyage vers la Terre sans mal.
Notre Eliane, devenue "Napagnouma", va suivre ce peuple dans cette quête mystique et s'assimiler lentement aux us et coutumes des Mbyas.

C'est une très belle histoire que nous conte nos deux auteurs. le graphisme est sympa, les illustrations sont chaleureuses voire sensuelles (les corps dénudés abondent). Nous baignons ici au coeur d'un bout d'humanité en voie de disparition.
J'ai été conquis.