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EAN : 9782259315999
240 pages
Plon (06/04/2023)
4.2/5   22 notes
Résumé :
Tout n'a pas été dit sur l'assassinat de Samuel Paty.
À partir de pièces inédites, de documents jamais révélés, de témoignages de première main, Stéphane Simon révèle les zones d'ombre du dossier.
En reprenant l'enquête à son origine, en interrogeant toutes les parties
prenantes, il nous fait vivre minute par minute les douze journées qui ont précédé le martyre de Samuel Paty.
Pour la première fois, Stéphane Simon pointe les oublis, les d... >Voir plus
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Lorsque je termine la lecture d'un livre, je laisse infuser avant d'essayer d'en dire quelques mots.
Une fois n'est pas coutume et parce que nous sommes le premier mai et que Samuel Paty est tombé au champ d'horreur d'un travail qui le passionnait, d'un travail qui lui a coûté la vie, d'un travail dont Malala Yousafzaï, fille d'un père enseignant, victime elle-même d'un attentat islamiste, dit : " Un enfant, un professeur, un livre, un crayon peuvent changer le monde ", je déroge à mes habitudes.

Le livre enquête de Stéphane Simon ( journaliste, producteur TV ) - Les derniers jours de Samuel Paty - propose une chronologie détaillée, précise, étayée des onze jours qui ont précédé l'assassinat de cet enseignant de quarante-sept ans par Abdoullakh Anzorov, un jeune réfugié Tchétchène radicalisé âgé de dix-huit ans.
Onze longs et terribles jours qui vont mettre en évidence l'échec annoncé d'un pays, de son administration, des rouages de son État, un échec imputable à la négligence, à l'incompétence, au travail bâclé, à la procrastination, à la bêtise, à l'entêtement, à la peur ( ne méritent le muguet que ceux qui font exception aux nominatifs présents dans cet énoncé ).
Onze longs et terribles jours où le communautarisme, l'islam radical, renforcés par la toute-puissance incontrôlée des réseaux sociaux, précieux auxiliaires serviles des réseaux islamistes, vont pouvoir alimenter à satiété la gueule de la machine à broyer dont les mâchoires pourront au final se repaître d'un innocent désigné à sa vindicte.
Onze longs et terribles jours durant lesquels des femmes, des hommes, proches professionnellement de Samuel Paty vont pour certains se dérober, pour très peu d'autres accompagner l'enseignant dans son Calvaire.
Onze longs et terribles jours où, le hasard, les circonstances, le fatum... que sais-je... vont peser de tout leur poids dans l'issue de cette tragédie... Je pense par exemple à l'impossibilité pour Samuel Paty d'utiliser sa voiture pour cause de bip permettant l'ouverture de la grille d'entrée du parking du collège... défaillant ; un bib qu'il espèrera récupérer jusqu'au dernier de ces onze derniers jours.

La machine infernale se met en branle le 5 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine, au collège public du Bois-d'Aulne appartenant à l'académie de Versailles, lorsque Samuel Paty, professeur d'histoire et de géographie, chargé du cours d'éducation civique et morale ( EMC ), consacre le cours en question à " la liberté d'expression ".
Ce cours, il l'a baptisé : " Situation dilemne : être ou ne pas être Charlie."
Pour le rendre " un peu moins magistral et un peu plus vivant ", il a choisi de le rendre interactif, de raconter " les heures tragiques de Charlie Hebdo après la publication des caricatures, d'illustrer son propos.
" Samuel Paty s'avance au tableau et y trace deux colonnes. À gauche, " Je suis Charlie ". À droite, " Je ne suis pas Charlie ". En dessous de chacune, il inscrit les arguments de l'une ou l'autre position : " La liberté de l'homme est un droit de la presse " ou au contraire " Charlie Hebdo n'est pas respectueux envers la religion " Un exercice de réflexion dialectique...
Avant de passer de la théorie à l'illustration, Samuel Paty s'est également posé la question de savoir s'il faut que tous ses élèves assistent à son cours, et en particulier à la projection des caricatures...
Il a finalement décidé en rendant possible que les " âmes sensibles " s'abstiennent.
Parce qu'il sait que les caricatures peuvent heurter, l'enseignant propose donc à ceux qui le souhaiteraient de " détourner le regard " ou de " sortir de la classe ".
Il pense ainsi préserver l'essentiel, le cours sur la liberté d'expression qui dure cinquante minutes, là où la projection des illustrations ne prendra que quelques instants. Cinq élèves demandent alors à sortir, avec l'accord de leur professeur et sous la surveillance d'une AESH ( Accompagnant d'élève en situation de handicap )...
L'enseignant utilise un diaporama afin d'illustrer son propos. Parmi les images projetées se trouvent quatre caricatures de Mahomet. L'une est signée Coco, l'une des dessinatrices emblématiques de Charlie Hebdo. Son dessin, publié pour la première fois en septembre 2012, montre un homme nu se prosternant à terre, portant une barbe fournie et un bonnet blanc, les parties génitales bien en vue, l'anus caché par une étoile jaune. En légende : " Mahomet : une étoile est née ".
Nous sommes le lundi 5 octobre dans la classe de quatrième " 5 " du collège public du Bois-d'Aulne de Conflans-Sainte-Honorine ; il est entre 10 h 30 et 11 h 30, la machine infernale vient de se mettre en marche... plus rien ne l'arrêtera.

Stéphane Simon va à travers un compte à rebours scrupuleux retracer minutieusement et précisément qui, quoi, comment, quand et où cette machine infernale a embarqué de coupables, de témoins plus ou moins directs, de responsables plus ou moins directs.

Nous avons tous des infos sur cet assassinat terroriste. Peut-être nous en faisons-nous une idée, formulons des hypothèses, avons des convictions " inébranlables "...
Cette enquête de Stéphane Simon nous donne l'occasion de compléter, de nuancer, de relativiser, de confirmer ou d'infirmer nos doutes ou nos certitudes.
L'auteur a une thèse, celle de la défaillance de l'État.
Après lecture de son enquête, j'ai une meilleure approche de ce terrible drame, plus fournie, plus nuancée.
Je n'en dirai rien, laissant à chacun le droit de décider en son âme et conscience.
Après que Samuel Paty ait été frappé de dix-sept coups de couteau, puis décapité postmortem par son assassin le 16 octobre 2020.
Après qu'il ait eu " droit " à des funérailles nationales dans la cour pavée de la Sorbonne, qu'on lui ait remis la Légion d'honneur à titre posthume le 21 octobre 2020.
Après que son petit garçon de sept ans ait été fait pupille de la nation.
Après que l'on ait donné son nom, et qu'on continue de le faire à raison, à des rues, des squares, des établissements publics, qu'est-il advenu ?
"Avons-nous défendu la liberté que vous enseigniez si bien et portons-nous haut la laïcité ? Avons-nous tenu l'engagement de ne pas renoncer aux caricatures, aux dessins, même si d'autres reculent ? Nous efforçons-nous d'offrir toutes les chances que la République doit à toute sa jeunesse sans discrimination aucune ? Est-ce cela que nous faisons, professeur ?
À chacun de voir.
Si j'ai des doutes, je les tairai.
En revanche, ce que j'exige en tant que citoyen, c'est que le procès qui pourrait avoir lieu cet automne, ne soit pas un procès à huis clos... comme ce pourrait être le cas, car impliquant des mineurs... mais qu'il soit public comme le réclame la famille Paty !

Je me permets de reproduire un petit texte que j'avais écrit après la mort de Samuel Paty.

LA PROIE

Une toile d'araignée
Aux fils dégouttant de sang,
Tissée par des mains sales,
Guettait, tapie dans un chemin,
Qu'un maître au sortir de l'école,
Vienne s'enferrer dans ses filets de haine,
Et que de ses crochets tranchants
Elle puisse ôter au malheureux
L'espoir d'un lendemain
En incisant sa vie à gands coups d'un venin
Sécrété par un esprit qu'elle affirmait divin
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Je commence par la fin "Que sont-ils devenus ?"
Les intervenants officiels ont pratiquement tous été soit promus, soit ont obtenu la Légion d'Honneur, voire les deux.
Alors qu'ils n'ont rien empêché.
Alors que tous les signaux étaient au rouge, les malfaisants fichés, le site Pharos alerté de nombreuses fois sur des messages haineux, les vidéos postées sur les réseaux sociaux.
Qu'eussent-ils obtenu s'ils avaient fait correctement leur travail ?
Car c'est le plus incompréhensible, le plus scandaleux, l'incompétence, la négligence, la bêtise et, j'ose le dire, une certaine indifférence de ceux qui auraient dû intervenir, protéger, agir et surtout au minimum, comprendre ce qui était en train de se passer, ils avaient tout sous les yeux.
L'ouvrage que Stéphane Simon a consacré à cette tragédie est remarquablement bien fait, détaillé jour après jour, le rôle de chacun clairement indiqué, il cite les noms, les fonctions.
Autant dire que Stéphane Simon n'avait pas intérêt à écrire la moindre approximation, à laisser passer la moindre erreur.
Je suis sortie de cette lecture un peu sonnée, même si j'avais, à l'époque, suivi cette affaire dans la presse et à la télévision.
Le meurtrier Abdoullakh Anzorov, islamiste fanatique, a été abattu par la police, enterré dans son pays d'origine la Tchétchénie et fêté (y compris par le président de cette République) comme un héros et un martyr.
Sa famille, arrivée en France en 2003 bénéficiait du statut de réfugié est retournée en Tchétchénie et son père affirme désormais être satisfait du crime commis par son fils : "il a remboursé la dette de tous les musulmans".
Désespérant, non ?
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Je me doutais que cette lecture ne serait pas facile mais j'en ressors en colère, chamboulée.

L'auteur Stephane Simon est journaliste .

Il a livre un travail remarquable en écrivant ce récit de faits uniquement.

Des faits obtenus, vérifiés et références a chaque fin de chapitre.
Ce livre retrace jour par jour les éléments qui ont conduit a ce drame.
La lecture est tellement compliquée que j'ai du le lire en plusieurs jours , car il secoue, fait énormément réfléchir quand on connait la fin et provoque plusieurs interrogations et incomprehensions

Ce récit est très riche et beaucoup d'éléments sont détaillés.

Une question me reste en tete : j'ai du mal a comprendre comment après tant de dysfonctionnements entre les différentes institutions , tant de personnes ont été décorées ou promues par la suite .

Une lecture saisissante, très riche mais âmes sensibles s'abstenir
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Ce livre documentaire n'est pas mon genre de prédilection, mais cette affaire m'a marquée autant par sa cruauté que par le fait que l'on ait osé s'en prendre à un enseignant, une fois encore.
Un livre coup de poing, parce qu'il faut bien le dire, c'est anormal que dans notre pays, un dépositaire de l'autorité publique se fasse décapiter pour avoir fait son travail, même si en tant qu'ex enseignante, je pense que c'était provocateur de montrer ces caricatures tout de même indécentes. Mais on ne tue pas pour ça. La vie est sacrée. C'est anormal que l'Education Nationale n'ait pas réagi, c'est anormal cette violence.
Un documentaire qui se lit comme une piqûre de rappel. Bien écrit. Bien construit. Bien documenté.
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"Si vous rencontrez une difficulté, venez me voir. Ma porte vous sera toujours ouverte". Qui n'a jamais entendu de tels propos au sein de l'Éducation Nationale? Ce livre met en exergue les dysfonctionnements du système, les petites lâchetés accumulées qui ont finalement conduit, à l'assassinat d'un professeur. Bien documenté, cette enquête raconte de façon chronologique les dix derniers jours de Samuel Paty et la manière pernicieuse avec laquelle l'engrenage fatal s'est mis en branle. Un petit bémol, l'auteur ne maîtrise pas très bien le jargon employé dans le milieu mais l'essentiel n'est pas là.
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