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Philippe Jaudel (Directeur de publication)Jean-Michel Servet (Éditeur scientifique)
EAN : 9782717840346
414 pages
Economica (31/05/2000)
3.6/5   10 notes
Résumé :

Adam Smith, né en 1723 et mort en 1790, est par tradition universellement reconnu depuis la publication en 1776 de Recherche sur la nature et les causes de la Richesse des Nations comme l'un des principes fondateurs d'une discipline alors en formation : l'économie politique. Toutefois, l'ouvrage s'adresse tout autant aux historiens, aux politologues et aux sociologues qu'aux économistes et aux philosophes. Suivant les mêmes principes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Adam Smith fait partie de la catégorie des auteurs qui sont plus adulés ou détestés que lus. À force de l'entendre être cité à tort et à travers, j'ai voulu aller voir par moi-même ce qu'il racontait vraiment.

Sans grande surprise, on retrouve bien les bases philosophiques du libéralisme, qu'il est toutefois intéressant de retrouver dans leur forme « originelle » : division du travail, liberté d'entreprendre et de recevoir les fruits de ses efforts – opposée à l'esclavage et au servage, ouverture du commerce au monde extérieur sans barrières artificielles de taxes et de quotas, et allergie à tout prix ou salaire fixe qui vient fausser l'équilibre naturel du marché.

Il est toutefois intéressant de noter que ce libéralisme est très collectif : si Adam râle sur les prix minimums, c'est parce qu'il estime que cette mesure « vole » la population d'un travail qui est aurait été créé sans eux. S'il s'oppose à une mesure pour soutenir l'industrie locale de drap (alors que la nation est forte en blé), c'est parce que ça oblige la population à payer plus cher son blé ET ses draps (et de recevoir des draps de plus mauvaise qualité, en plus).

Il y a une vraie notion d'effort collectif pour aller vers le plus efficace : pas de guerres, toujours plus d'échanges commerciaux, toujours plus d'accumulation de richesses et d'innovations. Tout en reconnaissant de mauvaise grâce que chacun est libre de faire ce qu'il veut de son argent, on sent une forme d'obligation morale à investir son argent dans la création de nouvelles richesses (ce qui enrichit toute la nation), plutôt que de les gâcher bêtement en produits de luxe destinés au paraître (ce qui appauvrit toute la nation également). Cette notion d'effort collectif me paraît très effacée aujourd'hui, pour une vision plus individualiste (« qui êtes-vous pour me dire ce qui est bien ou mal ? »).

Ceci étant dit, je comprends pourquoi ce livre est peu lu. Ce n'est pas vraiment un traité de vulgarisation, qui pose les bases claires d'une nouvelle philosophie. C'est plutôt une compilation d'études de cas, dans lesquels les principes fondateurs apparaissent en filigrane, mais qui contiennent aussi des réflexions politiques et historiques, et des débats sur les théories économiques concurrentes (le mercantilisme notamment).

À moins d'être passionné par l'évolution du prix du boisseau de froment à Windsor, ou l'impact des primes de pêche sur la production de barils de hareng en Écosse, on se lasse assez vite de ces compilations de chiffres et de dates – tout en reconnaissant qu'il y a une vraie démarche scientifique moderne à utiliser des faits concrets pour soutenir ses théories, au lieu de prendre des idées reçues ou des opinions personnelles pour des vérités universelles.

Point amusant : la « main invisible du marché » qu'on attribue à Adam Smith à tout va, n'existe pas dans ce texte (et après vérification, dans aucun autre non plus) : la seule occurrence de « main invisible » parle plutôt de la somme des égoïsmes qui donne le meilleur des mondes pour le collectif. Donc non seulement on le cite sans le lire, mais en plus pour parler de quelque chose qu'il n'a jamais écrit. Rien que pour cette découverte amusante, ma foi, je ne regrette pas la lecture de cet essai austère.
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j'aime bien ce livre mais la theorie d'Adam smith est un peu prophetique
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Faussement novateur et d'une réputation surfaite.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Observez, dans un pays civilisé et florissant, ce qu'est le mobilier d'un simple journalier ou du dernier des manœuvres, et vous verrez que le nombre des gens dont l'industrie a concouru pour une part quelconque à lui fournir ce mobilier, est au-delà de tout calcul possible. La veste de laine, par exemple, qui couvre ce journalier, toute grossière qu'elle paraît, est le produit du travail réuni d'une innombrable multitude d'ouvriers. Le berger, celui qui a trié la laine, celui qui l'a peignée ou cardée, le teinturier, le fileur, le tisserand, le foulonnier, celui qui adoucit, chardonne et unit le drap, tous ont mis une portion de leur industrie à l'achèvement de cette œuvre grossière. Combien, d'ailleurs, n'y a-t-il pas eu de marchands et de voituriers employés à transporter la matière à ces divers ouvriers, qui souvent demeurent dans des endroits distants les uns des autres! Que de commerce et de navigation mis en mouvement! Que de constructeurs de vaisseaux, de matelots, d'ouvriers en voiles et en cordages, mis en œuvre pour opérer le transport des différentes drogues du teinturier, rapportées souvent des extrémités du monde! Quelle variété de travail aussi pour produire les outils du moindre de ces ouvriers! Sans parler des machines les plus compliquées, comme le vaisseau du commerçant, le moulin du foulonnier ou même le métier du tisserand, considérons seulement quelle multitude de travaux exige une des machines les plus simples, les ciseaux avec lesquels le berger a coupé la laine. Il faut que le mineur, le constructeur du fourneau où le minerai a été fondu, le bûcheron qui a coupé le bois de la charpente, le charbonnier qui a cuit le charbon consommé à la fonte, le briquetier, le maçon, les ouvriers qui ont construit le fourneau, la construction du moulin de la forge, le forgeron, le coutelier, aient tous contribué, par la réunion de leur industrie, à la production de cet outil. Si nous voulions examiner de même chacune des autres parties de l'habillement de ce même journalier, ou chacun des meubles de son ménage, la grosse chemise de toile qu'il porte sur la peau, les souliers qui chaussent ses pieds, le lit sur lequel il repose et toutes les différentes parties dont ce meuble est composé; le gril sur lequel il fait cuire ses aliments, le charbon dont il se sert, arraché des entrailles de la terre et apporté peut-être par de longs trajets sur terre et sur mer, tous ses autres ustensiles de cuisine, ses meubles de table, ses couteaux et ses fourchettes, les assiettes de terre ou d'étain sur lesquelles il sert et coupe ses aliments, les différentes mains qui ont été employées à préparer son pain et sa bière, le châssis de verre qui lui procure à la fois de la chaleur et de la lumière, en l'abritant du vent et de la pluie; l'art et les connaissances qu'exige la préparation de cette heureuse et magnifique invention, sans laquelle nos climats du nord offriraient à peine des habitations supportables; si nous songions aux nombreux outils qui ont été nécessaires aux ouvriers employés à produire ces diverses commodités; si nous examinions en détail toutes ces choses, si nous considérions la variété et la quantité de travaux que suppose chacune d'elles, nous sentirions que, sans l'aide et le concours de plusieurs milliers de personnes, le plus petit particulier, dans un pays civilisé, ne pourrait être vêtu et meublé même selon ce que nous regardons assez mal à propos comme la manière la plus simple et la plus commune. Il est bien vrai que son mobilier paraîtra extrêmement simple et commun, si on le compare avec le luxe extravagant d'un grand seigneur; cependant, entre le mobilier d'un prince d'Europe et celui d'un paysan laborieux et rangé, il n'y a peut-être pas autant de différence qu'entre les meubles de ce dernier et ceux de tel roi d'Afrique qui règne sur dix mille sauvages nus, et qui dispose en maître absolu de leur liberté et de leur vie.
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Un grand travail de corps ou d'esprit, continué pendant plusieurs jours de suite, est naturellement suivi, chez la plupart des hommes, d'un extrême besoin de relâche qui est presque irrésistible, à moins qu'il ne soit contenu par la force ou par une impérieuse nécessité. C'est le cri de la nature qui veut impérieusement être soulagée, quelquefois seulement par du repos, quelquefois aussi par de la dissipation et de l'amusement. Si on lui désobéit, il en résulte souvent des conséquences dangereuses, quelquefois funestes, qui presque toujours amènent un peu plus tôt ou un peu plus tard le genre d'infirmité qui est particulière au métier. Si les maîtres écoutaient toujours ce que leur dictent à la fois la raison et l'humanité, ils auraient lieu bien souvent de modérer plutôt que d'exciter l'application au travail, chez une grande partie de leurs ouvriers. Je crois que, dans quelque métier que ce soit, on trouvera que celui qui travaille avec assez de modération pour être en état de travailler constamment, non seulement conserve le plus longtemps sa santé, mais encore est celui qui, dans le cours d'une année, fournit la plus grande quantité d'ouvrage.
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L’accroissement des capitaux qui fait hausser les salaires tend à abaisser les pro­fits. Quand les capitaux de beaucoup de riches commerçants sont versés dans un mê­me genre de commerce, leur concurrence mutuelle tend naturellement à en faire bais­ser les profits.

Chapitre 9 : Des profits du capital.
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[P]uisque chaque individu tâche, le plus qu'il peut, 1° d'employer son capital à faire valoir l'industrie nationale, et - 2° de diriger cette industrie de manière à lui faire produire la plus grande valeur possible, chaque individu travaille nécessairement à rendre aussi grand que possible le revenu annuel de la société. A la vérité, son intention, en général, n'est pas en cela de servir l'intérêt public, et il ne sait même pas jusqu'à quel point il peut être utile à la société. En préférant le succès de l'industrie nationale à celui de l'industrie étrangère, il ne pense qu'à se donner personnellement une plus grande sûreté; et en dirigeant cette industrie de manière à ce que son produit ait le plus de valeur possible, il ne pense qu'à son propre gain; en cela, comme dans beaucoup d'autres cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions; et ce n'est pas toujours ce qu'il y a de plus mal pour la société, que cette fin n'entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d'une manière bien plus efficace pour l'intérêt de la société, que s'il avait réellement pour but d'y travailler. Je n'ai jamais vu que ceux qui aspiraient, dans leurs entreprises de commerce, à travailler pour le bien général, aient fait beaucoup de bonnes choses.
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Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu'ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ; et ce n'est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c'est toujours de leur avantage.
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