Non, la parcelle Z n'est pas un endroit tenu secret des États-Unis où les extraterrestres auraient atterri le 17 janvier 1973, et où, depuis, le professeur fou Raouswellt se livreraient à des expériences afin de découvrir avant tout le monde la véritable recette du pistou !
Non, décidément non, la science-fiction française se tient mieux que cela.
D'ailleurs, ce livre de
Jacques Spitz, écrit en 1942, est-il vraiment un roman de science-fiction ?
Pour ma part, j'aurai tendance à le décrire comme un roman de moeurs vaguement métaphysique, et teinté de fantastique et d'espionnage.
Les laboratoires Blandin ont fait leur fortune avec la poudre vitaminée, l'argénium qui est un métal vivant et la synthèse électrique des chromosomes dans les cellules végétales.
Ça vous en bouche un coin !
Mais ce n'est pas tout, un des scientifiques les plus doués du labo, Bernard Desmaisons, va se marier avec Cécile Morhange, la jeune secrétaire du patron .
Voilà qui annonce du bonheur dans la maison !
Seulement Cécile est une enfant de l'assistance publique, à la santé défaillante, et qui de plus vient de perdre son chien.
Ce qui ne serait rien si Bernard n'était pas un vieux garçon rétrograde et jaloux ...
Alors, vous allez me dire :
- "c'est bien beau tout ça. Mais où est donc passé le "fantastique" promis ?"
Et c'est là qu'intervient "la parcelle Z".
Un moyen bioélectrique dont je n'ai pas compris le traître mot du mode d'emploi, mais qui n'en permet pas moins de surveiller sa belle à l'intérieur d'un cadre dans lequel on a glissé une carte de Paris.
Ajoutez à cela deux ou trois agents secrets à surveiller parce qu'ils sont douteux et troubles, une vieille amie de l'assistance publique qui a mal tourné, un chien nommé "Cerbère" ... et vous obtenez un roman original et attachant, quoiqu'un peu lent et confus.
Le livre est écrit de main de maître.
Les descriptions sont plaisantes sans être surchargées.
Le lecteur a du plaisir à suivre les personnages de ce drame de la jalousie, de ce récit qui s'accroche au style élégant de la plume de son auteur, et qui, en cela, perd un peu de son efficacité.
De plus l'épilogue est un peu ridicule, un peu à la façon de ceux qui étaient accrochés à ces mélodrames du XIXème siècle.
Ce livre est aussi moins léger, plus désespéré dans son propos et sa manière, que le reste de l'oeuvre dédiée à la SF par Spitz, qui pourtant est apocalyptique.
Mais
Jacques Spitz a su fouiller assez dans le coeur et dans les tripes de son personnage principal, Bernard Desmaisons, pour en extraire une splendide description de ses états d'âme d'homme jaloux.
Et, c'est ce qui fait l'intérêt principal, je crois, de ce bon roman que
Jacques Spitz a signé d'un "Z" qui veut dire ... Cécile !
Nonobstant que la jalousie est un vilain défaut ...