Ce fut un si long chemin pour un enfant…
Lui, c'est « l'enfant », accompagné de ses parents résistants, en fuite pour cause invasion allemande.
Depuis 1940, la Norvège est allemande et le seul salut possible est de pouvoir gagner la Suède, au statut de neutralité. Une situation qui n'est pas sans rapport avec l'exode des français traversant les Alpes ou les Pyrénées pour fuir l'occupant.
Mais les pays scandinaves ne sont pas en climat tempéré. On parle ici de conditions climatiques extrêmes frisant les -30°C. le pays est immense, les frontières incertaines et il faut toujours et toujours avancer… La faim, le froid, l'épuisement, la peur vont être le quotidien de ce voyage hallucinant dans une campagne enneigée et glaciale.
C'est un roman oppressant par la factualité de la narration. Aucune empathie possible avec les personnages qui ne sont désignés que par les termes génériques de père, mère et enfant. Il s'agit d'un marathon hivernal et interminable, aux participants inconnus, des gens simples que l'on s'approprie par les épreuves, espérant, souffrant et lâchant prise avec eux. Au bout du chemin, la vie sauve mais aussi l'exil, une vie à reconstruire, une santé à recouvrer.
Herbjorg Wassmo, plus connue pour sa trilogie du livre de Dina, offre un livre dur mais magnifique, en forme d'hommage pour des héros ordinaires, à l'instinct de survie et à la ténacité remarquables, qui doivent encore trouver en eux le courage de la réadaptation.
Et une question ouverte pour nous interroger sur la valeur que nous accordons à la liberté.
Tout cela en valait-il la peine ?