Ange-Marie a une belle gueule. Mais il parle à un type que personne ne voit. Et il a dans la tête les horreurs des tranchées et de la Grande Guerre. Ces horreurs ne sont jamais montrées (à peine, en fait, mais cela ne compte pas vraiment). On fait confiance aux lecteurs pour savoir de quoi était faite la vie dans les tranchées, au front.
Ange-Marie débarque dans un village où il n'y a que des jeunes et des vieux. Et quelques éclopés.
Il va donc cliver le village. On l'adopte ou on le hait. Il est suivi par une clique d'enfants, dont Luce... à laquelle j'aurais donné 10 ans, et sans doute moins... et qui attend l'ange de laguerre, qui lui rapporterait son père, resté là-bas.
Ange-Marie rencontre aussi un sculpteur un peu fou, qui dessine et sculpte sans cesse la même jeune femme.
Ange-Marie a mis les pieds dans un microcosme où il va focaliser les haines du passé. Entre Hyacinthe qui l'a recueilli dans sa bastide et le sculpteur, une ombre plane.
Et bardaf... on tourne la page.
Ange-Marie n'a pas changé d'un pouce. On ne devine pas qu'il s'est passé des années... Et Luce pose nue pour
Ange-Marie et le vieux vicelard de sculpteur avec tout l'attirail qui ferait se dresser un monastère complet. Quel âge a-t-elle maintenant, vu qu'on parle mariage avec le beau gars du village....
Ce genre de trou, ce hiatus temporel, cela me gave. Faut faire avec, mais cela m'a laissé à quai. Déjà le dessin me bourrait grave. Mais le scénario à sens unique, cela m'a achevé. Et la répétition de l'histoire d'amour plusieurs dizaines d'années plus tard, too much.
Les auteurs ont placé le récit dans les suites de la guerre. La rédemption par l'art, la recherche de soi, les fantômes du passé, la culpabilité d'être en vie, etc. Mais cela ne m'a pas atteint. Restent les très belles illus.