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sur 4835 notes
Comme nous n'avions pas envie de quitter l'Angleterre victorienne de notre dernier roman (Miss Charity, de Marie-Aude Murail), je me suis dit que nous avions là une merveilleuse occasion de nous plonger dans un classique qui m'avait beaucoup marquée adolescente : L'étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde. Nous avions la chance (merci à mes parents !) d'avoir sous le coude la splendide version illustrée publiée par les éditions Sarbacane dans leur excellente collection « Grands classiques illustrés », point d'entrée somptueux vers l'univers de grands auteurs comme Herman Melville, Mark Twain, Jack London ou, en l'occurrence, Robert Louis Stevenson.

Est-il besoin de résumer cette affaire ultra-célèbre ? Nous voilà aussi perplexes que le notaire Utterson face au comportement insondable du respectable Dr Jekyll. Quels peuvent être ses liens avec l'infâme Edward Hyde ? Pourquoi ce dernier peut-il aller et venir comme bon lui semble chez le docteur ? Comment ce dernier, si plein de vertus, peut-il fermer les yeux sur les ignominies de Hyde ? Pourquoi refuse-t-il d'en parler à ses amis les plus proches et se retranche-t-il dans ses appartements ? Alarmé, Utterson tente de faire la lumière sur ce cas décidément bien étrange…

Les premières pages sont ardues pour le jeune lecteur peu familier de la langue de la fin du 19ème siècle. Cela vaut cependant vraiment la peine de persister car une fois l'intrigue nouée, impossible de reposer ce livre. Stevenson sait très bien y faire pour piquer notre curiosité et nous donner une bonne dose de frissons ! Mes enfants ont adoré mener l'enquête avec Utterson, recensant indices et témoignages, multipliant les conjectures et tournant avidement les pages jusqu'aux révélations finales. Londres, présentée ici sous son jour le plus sinistre entre ruelles obscures et intérieurs feutrés, offre un décor parfait à l'histoire, sublimé par les illustrations de Maurizio A.C. Quarello.

Ainsi, cette réédition grand format, cossue comme un salon anglais, permet à la fois de redécouvrir un texte illustre qui se relit vraiment avec plaisir (même en connaissant le fin mot de l'histoire), mais aussi d'en donner l'accès au jeune public.

Et ce texte reste une référence incontournable – peut-être LA référence – pour évoquer les doubles personnalités. Et plus généralement les dilemmes moraux des humains, partagés entre aspiration au bien et tentation du mal, entre civilisation et pulsions. La morale de l'histoire semble débattue. J'ai lu dans ce court roman une critique de la morale victorienne qui impose d'afficher d'hypocrites vertus et honnit tout amusement – ce que mes garçons ont eu beaucoup de mal à concevoir et qui a déclenché des débats animés ! C'est finalement le refus d'admettre certains de ses penchants qui déclenche le dédoublement de personnalité chez Jekyll…

Et Stevenson est quand même un personnage fascinant. J'avais déjà parlé de ses aventures dans ma chronique sur L'île au trésor. Il y aurait mille et une autres anecdotes à raconter. Saviez-vous par exemple que L'étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde lui fut inspiré par l'incroyable double-vie de l'Écossais William Brodie, ébéniste vertueux le jour et criminel la nuit ? Ou que l'épouse de Stevenson brûla le premier manuscrit de ce roman, le considérant comme raté ? Il faut croire que la réalité dépasse parfois la fiction !
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Un court et fantastique classique dans tous les sens du terme, lu d'une traite !

L'histoire est archi-connue, mais il me semble que ce n'est que par la lecture que ressort aussi vivement, avec des accents hallucinés et étonnamment séditieux, le thème de la duplicité des âmes, avec un Dr Jekyll fasciné par sa part de mal et somme toute assez désinvolte sur la moralité de ses actes, avant que l'expérience ne tourne mal.

Je suis restée littéralement collée au texte tout du long, emportée d'emblée par l'atmosphère d'étrangeté qui s'installe dans ce récit où Londres et ses ciels obscurs jouent un rôle de premier plan, et tenue en haleine par un suspens inquiétant dans lequel seuls les « vieux » romans du 19ème qui évoquant des mondes baignés de lumière moins crue qu'aujoud'hui, peuvent emmener l'imagination.
Je crois que je viens de me faire un nouvel ami en la personne de Robert Louis Stevenson !
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Mr Utterson, notaire on ne peut plus sérieux, se promène avec un parent éloigné qui lui raconte une curieuse histoire dont il a été témoin. Un jeune homme, Mr Hyde, a bousculé violemment une petite fille ; il a ensuite remis, en guise de dédommagement, un chèque au nom d'une tierce personne à la famille de l'enfant.

Le nom de Mr Hyde a suffi à Mr Utterson pour en déduire le nom de la tierce personne parce qu'il a un bien étrange testament dans son office.

Vous connaissez sûrement l'histoire, au moins dans les grandes lignes, alors pourquoi le lire ? Tout d'abord pour la délicieuse désuétude de cette histoire écrite au XIXe siècle, et ensuite parce qu'elle n'a rien d'effrayant, et que c'est un classique de la littérature anglaise. Aujourd'hui, le lecteur y voit une référence au trouble dissociatif de l'identité, qui a été décrit pour la première fois en 1980.

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Devenu un classique de la littérature anglaise et entré dans le langage courant pour désigner certains criminels insoupçonnés jusqu'à leur arrestation, L'Étrange Cas du Dr Jeckyll et de Mr Hyde a une genèse presque aussi palpitante que son intrigue. Celle-ci serait née d'un cauchemar de Robert Louis Stevenson qui s'empressa de coucher sur papier une première version en trois jours. Sa femme Fanny, révulsée par la crudité et la violence du texte, le força à s'en débarrasser. Cette version non édulcorée a hélas disparu dans les flammes. L'écrivain se remit à la tâche avec une seconde puis une troisième mouture. Celle-ci, la définitive, fut publiée en 1886 et rencontra un immense succès.

Plus de cent trente années après, l'intrigue fonctionne toujours aussi bien. Quand l'histoire commence, il ne fait aucun doute pour les divers personnages, dont le notaire et ami du Dr Jeckyll, que Mr Hyde est un homme cruel, repoussant et d'une brutalité sans retenue, apparu soudainement sans qu'on sache d'où il vient. Tout repose alors sur une forme d'enquête pour comprendre ce qui peut bien lier un être aussi abject à l'excellent et philanthrope Henry Jeckyll. Ciels nocturnes ennuagés et brouillards londoniens s'occupent de fournir à l'ensemble un cadre inquiétant et sombre, littéralement empêchant d'y voir clair puisque personne ne parvient clairement à décrire le fameux Édouard Hyde.

La révélation du mystère a de quoi effrayer les lecteurs victoriens (et pas que, d'ailleurs). le récit de Stevenson, via les expériences dudit Dr Jeckyll, prend une connotation métaphysique sur la dualité existante en chacun de nous, dualité qui repose sur la différenciation entre le Bien et le Mal. Mr Hyde n'est pas totalement Autre, il est une autre facette du Dr Jeckyll, débarrassée du carcan de l'éducation, des conventions sociales et soucieuse de la conservation d'une bonne réputation. Il est l'humain ramené à la perpétuation de ses plaisirs et désirs dans tout leur égoïsme, fût-ce au détriment d'autrui. C'est le pécheur tenté refusant le combat contre la tentation et se livrant sans retenue à ses envies les plus déviantes. Intéressant débat qu'on retrouve dans certains thrillers ou biographies de psychopathes (notamment dans La théorie Gaïa de Maxime Chattam).

Après lecture de cette troisième version du roman, comportant le récit des folies du tandem Jeckyll/Hyde, je ressens la frustration de ne pouvoir connaître la teneur de la toute première version.
Dans une société victorienne que l'on sait corsetée par tout un tas de préventions et conventions sociales, la furie déchaînée par le personnage de Stevenson est-elle un moyen de lâcher la soupape, de se libérer sur papier de la rigidité du temps?

La controverse scientifique entre le Dr Jeckyll et son ami et confrère le Dr Lanyon est également un axe intéressant de l'intrigue. Derrière Jeckyll, on aperçoit l'ombre du Dr Frankenstein de Mary Shelley. Tous deux dépassent les limites de la médecine et de la recherche conventionnelle pour repousser des frontières humaines qu'ils dédaignent. Entre le savant fou et l'apprenti sorcier, dans un XIXème siècle industriel et qui se dirige vers le positivisme scientifique, ces deux hommes, comme Icare, s'enorgueillissent d'être allés plus haut, avant de sombrer du fait de leurs oeuvres.

Un court roman classique à lire et relire tant pour le plaisir d'une narration concise, maîtrisée et passionnante que pour réfléchir aux thèmes mis en avant. La volonté d'aller toujours plus loin est une donnée, je crois, universelle. La tentation de défier la vie et son évolution naturelle se retrouve aujourd'hui dans les recherches transhumanistes et posthumanistes.
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Je connaissais comme tout le monde les grandes lignes du roman à travers divers films, séries et mêmes dessins animés, en gros le mythe de l'homme double. Mais je ne connaissais pas le moindre du monde ce très court roman écrit au XIXème siècle.

D'après ce que j'ai pu comprendre et lire à droite et à gauche, l'auteur (Stevenson) de "L'étrange cas du docteur Jekyll et Mr.Hyde" au moment d'écrire ce court roman était dans un état second voir de démence. C'est sa femme qui lui a envoyée des noms d'oiseaux à la figure à la lecture du manuscrit qu'il a écrit en une petite nuit. Elle a essayé de détruire celui-ci et Stevenson a du s'y reprendre à un second jet pour pouvoir le publier, ce qui n'a pas été de mince affaire auprès de son éditeur.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture qui m'a sans nul doute rappelé une autre lecture du XIXème de Mary Shelley avec son "Frankenstein" que j'ai pu lire très récemment.
Alors je ne suis pas du tout doué pour les critiques littéraires mais ces deux ouvrages ont un doux parfum de littérature fantastique du XIXème.
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C'est typiquement le type de livres pour lesquels je regrette de ne pas pouvoir me mettre dans la peau du lecteur de l'époque. C'est un classique bien trop connu pour que les effets de surprise marchent vraiment !
La plume a un certain charme vieillot, plus typique de l'Angleterre victorienne que d'une ambiance gothique à mon avis. C'est un texte très révélateur de l'hypocrisie de l'époque (surtout dans la façon dont le bon Docteur Jekyll s'arrange avec ses plus bas instincts sous couvert de respectabilité).
La construction de l'histoire a par contre assez mal vieillie. L'histoire est racontée par Mr Utterson, ce qui place le lecteur à distance de l'histoire du Docteur Jekyll. le lecteur d'aujourd'hui est habituée à certains procédés et décode plus vite les indices. Résultat : il trouve l'action un peu trop lente à se mettre en place et l'histoire peut lui paraître téléphonée.
C'est dommage car le thème, quoique bien dans l'esprit de l'époque ( le Horla, le portrait de Dorian Gray, …), était original et appelé à une belle fortune. N'est-ce pas une sorte d'ancêtre d'Anakin Skywalker / Dark Vador ? Coexistence du bien et du mal dans l'âme humaine, difficulté de plus en plus grande du Docteur à se débarrasser de son côté obscur, …
Un roman intéressant, complexe et riche.
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On le sait ou, du moins, on s'en doutait depuis longtemps: l'homo sapiens, sous son apparente unicité, est un être multiple - double, en l'occurrence, dans le célèbre conte de Stevenson: quelques décennies avant que Freud ne théorise cette idée (que l'on trouve déjà, par exemple, chez saint Paul!) et ne donne naissance à la psychanalyse, l'écrivain écossais dévoilait le côté sombre, maléfique qui se cache (to hide, en anglais) au plus secret de chacun d'entre nous. Ainsi le "bon" docteur Jekyll (celui qui tue - to kill - son "je" de surface?) se révèle-t-il être, également, le "méchant" mister Hyde!
Notre âme est le terrain où lumière et ténèbres se livrent bataille nous rappelle cette oeuvre qui est très vite devenue un classique de la littérature fantastique.
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Je viens de finir la série Penny Dreadful qui tire sa révérence après trois saisons bien remplies et passionnantes. Elle s'inspire de plusieurs romans célèbres du XIXème siècle : Docteur Frankenstein de Mary Shelley, le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, Dracula de Bram Stoker et enfin L'étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde de Robert Louis Stevenson. Il ne me restait donc que ce dernier ouvrage à découvrir.

Le docteur Jekyll, le Docteur Lanyon et l'avoué Utterson sont des amis de longues dates : ils habitent tous trois Londres, au XIXème siècle et sont de la même origine sociale. Quelle ne fut pas la stupeur d'Utterson lorsqu'il découvre qu'un jour, le testament de son ami, le Docteur Jekyll, est en faveur d'un mystérieux Edward Hyde? Utterson en est certain, il n'a jamais entendu parler de cet individu : son ami serait-il donc victime de chantage? Lorsqu'il décide d'en apprendre plus au sujet de Hyde, il découvre quel odieux personnage il est! Et si Hyde voulait tuer son ami pour son héritage?

Malheureusement, la célébrité des personnages Jekyll et Hyde précède la lecture du roman. Malgré toute l'habileté de Stevenson pour maintenir le mystère autour de son intrigue, la chûte est déjà connue à notre époque et cela gâche un peu le plaisir du lecteur, je dois bien l'admettre.

Néanmoins, ce court roman permet également de réfléchir aux thèmes que sont les dangers de l'utilisation empirique de la science, la folie au travers de la schizophrénie ou la notion manichéenne qui sommeille en chacun de nous. La troisième partie contée par le Docteur Jekyll est d'ailleurs très éloquente et reste ma préférée.
Difficile de ne pas penser au roman de Mary Shelley lorsqu'est évoqué la figure du "savant fou", seul dans son laboratoire et qui s'adonne à des expériences dont il ne maîtrise pas complètement les tenants et aboutissants. Comme le Docteur Frankenstein, le Docteur Jekyll a un but philanthrope : celui d'améliorer les capacités de l'Homme grâce à la science. Mais, à vouloir jouer à Dieu, les conséquences sont désastreuses et la situation leur échappe à tous deux. Ce thème est très représentatif de la société anglaise du XIXème siècle. Elle est encore très imprégnée de religiosité et voit d'un mauvais oeil le développement de cette science difficile encore à appréhender et dont il convient de se méfier!
Ce roman permet également de réfléchir sur les différentes facettes de notre personnalité : il se veut manichéen. le Docteur Jekyll, un homme bon et philanthrope doit désormais combattre la personnalité mauvaise d'Edward Hyde au risque de se voir submerger par cette dernière et de devenir fou. Comme souvent dans les romans du XIXème siècle, le physique d'un individu est le reflet de son âme : rien d'étonnant donc à ce que Stevenson donne une image repoussante à Hyde. Parallèlement à l'émergence des sciences, la psychologie et la psychiatrie se développent aussi en cette fin du XIXème siècle : la pathologie du Docteur Jekyll ne s'apparenterait-elle pas à de la schizophrénie?

En conclusion, L'étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde est un roman bien construit, très représentatif de son époque et possède ses propres traits de réflexion. J'ai lu d'ailleurs une petite anecdote amusante à ce sujet : il semblerait que le premier manuscrit du roman ait été détruit par la femme de l'écrivain car elle le considérait comme un "cahier plein de foutaises"! Heureusement, Stevenson l'a réécrit pour notre plus grand bonheur!
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Après une tentative malheureuse dans le roman jeunesse, j'ai hésité entre un Jules Verne et ce Stevenson pour me ressourcer aux textes fondateurs...
Bien m'en a pris.
L'histoire, tout le monde la connaît (même moi, c'est dire !) dans ses grands traits, inutile d'en rajouter.
Mais ses ressorts, ses fondements, sont plus profonds que ne laisse supposer la simple évocation distanciée du dédoublement de personnalité.
J'y retrouve sous forme romancée le thème d'une lecture toute récente sur "le monstre tapi en nous" et il est remarquable que Stevenson réussisse à en dépeindre une figure si emblématique.
De plus, l'écriture est simplement magnifique, d'une simplicité et d'une précision... diaboliques.
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En jumelant ces deux êtres de laboratoire, Robert Louis Stevenson a crée la peur...
Ce livre, superbe réussite de la collection 10/18, débute par une préface brillante de Pierre Mac Orlan, nous offre le texte du formidable roman, qui est suivi de six nouvelles fantastiques écrites entre 1878 et 1893 (Will du moulin, Janet la revenante, Ollala, Markheim, Histoire de Tod Lapraik et Thorgunna la solitaire).
Et pour clore ce petit bijou Francis Lacassin nous offre une postface - Robert Louis Stevenson ou le fantastique de l'expiation - ainsi qu'une bibliographie des textes proposés.
Cet ouvrage est un petit bijou pour les amateurs de Robert Louis Stevenson et de sa littérature originale et inventive.
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