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3,89

sur 4838 notes
Court, simple et efficace.

Averti par le génial "Dr Jerry et Mr Love" de Jerry Lewis, et puis surtout parce que l'histoire est devenue un mythe, on ne le lit désormais qu'en en connaissant le tenant et aboutissant : le bon Dr Jekyll et le très vilain Mr Hyde ne font qu'un.

Cela casse sans doute une partie de ce qui a pu frapper les premiers lecteurs. Hors le suspense, donc, il reste un récit qui progresse à toute vitesse, et ainsi une histoire qui tient encore la route malgré un manichéisme un peu suranné.

Reste aussi ce qui est le plus fort : avec son personnage extraordinaire, Stevenson a créé un mythe ex nihilo.
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LE MAL À SA SOURCE.

Difficile de présenter une fois encore ce chef d'oeuvre incontesté de la littérature britannique du grand XIXème siècle romanesque : tout ou presque à déjà été dit, écrit, argumenté sur cet ouvrage - pourtant assez bref puisqu'il tient en une centaine de pages, mais quelles ! - écrit en deux fois trois nuits (la première version ayant été détruite par son épouse qui estimait que c'était un torchon !), rédigé dans le plus grand sentiment d'urgence par un Robert Louis Stevenson pourtant déjà très malade mais à l'acmé de son génie. Car l'Étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde, c'est d'abord le fruit d'un véritable cauchemar, mais l'on ne s'appelle pas Stevenson pour rien et ce que d'aucuns auraient pris pour un désagréable intermède nocturne, voilà comment le créateur de L'Île au trésor s'en ouvre à sa femme : «j'étais juste en train de rêver un superbe conte de terreur» ! Un conte superbe de terreur
! Voilà donc ce que l'auteur allait transmettre à la postérité... Mais reprenons brièvement :

Deux hommes, un notaire et son cousin, cheminent et discutent amicalement dans la rue. Soudain, le premier remarque une porte qui départ dans le décor de cette agréable promenade tandis que le second lui conte une histoire surprenante qu'il a vécu peu de temps auparavant : la rencontre d'un homme en tout point repoussant, petit, au physique ingrat sans qu'il eusse été possible d'y trouver de véritable anomalie, mais que tout rendait désagréable dès le premier contact. Cet homme, après avoir injustement rudoyé et lamentablement piétiné une jeune fille sans défense s'en était allé par cette même porte chercher quelques pièces d'or ainsi qu'un chèque pour faire taire le père de la petite. L'impression de cette scène avait été si forte que l'homme la décrivant en frissonnait encore.

Mais qu'ouvrait donc cette mystérieuse porte ? A quel type d'enfer menait-elle ?

On apprend très vite qu'elle est l'accès de service à la grande demeure d'un riche et célèbre médecin, le Docteur Henry Jekyll et que cet être malfaisant qui s'y était introduit subrepticement n'était autre que l'épouvantable Mister Edward Hyde.

En quelques chapitres saisissant, le lecteur va tout apprendre de ces deux étranges et étonnants personnages mais, un peu à la manière d'un peintre cubiste autour de son modèle, Stevenson a l'intelligence d'approcher du noeud gordien de son histoire en adoptant plusieurs angles de vue, en pratiquant le décalage, en laissant d'abord le soin à différents protagonistes indirects de s'exprimer, d'approcher de la vérité, de leurs vérités successives ou simultanées : M. Enfield, le cousin du Notaire Utterson d'abord ; puis le notaire lui-même ; le même accompagné d'un policier après le meurtre aussi imprévisible qu'insoutenable d'un courtois vieillard ; le Docteur Lannyon prend la suite le temps d'un chapitre, ce qui lui sera d'ailleurs moralement fatal ; enfin, c'est la confession tant attendue du Dr Jekyll lui-même qui clôt cette succession de versions et de témoignages relatifs au personnage ineffablement nauséabond, délétère, qu'est Hyde.

Disons-le tout net : on est loin, dans ce texte original, de la version cinématographique américaine future, celle qui fit frissonner d'angoisse plusieurs générations de jeunes spectateurs, faisant de cette oeuvre le parangon de l'histoire d'épouvante, le modèle presque absolu d'un certain genre de cinéma de terreur - à égalité, sans doute, avec le très gothique "Frankenstein ou le Prométhée moderne" de l'anglaise Mary Shelley -. de fait, le lecteur, jeune ou moins jeune, imaginant qu'il va s'offrir quelques bons moments d'intense frayeur risque d'en être pour ses frais et regretter de suite les maîtres du genre : c'est qu'on l'aura mal dirigé. Et de même que Croc-Blanc ou le Petit Prince sont très loin de n'être que des ouvrages "pour la jeunesse", cet Étrange cas du Dr Jekyll et de M. Hyde est l'inverse d'une simple histoire d'adolescent en mal de sensation forte.

Partant d'un cauchemar superbe, Stevenson parle du Bien et du Mal - avec une posture morale que l'on pourra d'ailleurs estimer emprunte de théologie chrétienne, bien que l'écrivain écossais ne donne absolument jamais le moindre avis ni conseil moralisateur et laisse tout un chacun décider de ce qu'il souhaite y trouver-. le mal, perçut comme un piège absolu, puisque cet être ambivalent, comme nous le sommes tous, qu'est Jekyll ne peut que se voir happé, enfermé dans la mauvaise part de lui même par cet autre, entièrement voué au mal, sans retenue ni exception qu'est Hyde. Il ne peut y avoir de bonne résolution face au Mal absolu.

Il évoque aussi le thème de la transformation, qui pourra évoquer un autre roman fabuleux mais pas encore écrit : La Métamorphose de Franz Kafka. Cependant, la métamorphose qui intervient ici n'en est une qu'à moitié car, ainsi que l'explique d'ailleurs fort bien le Dr Jekyll lui-même, ce n'est pas en cloporte qu'il va se changer en avalant sa maléfique potion, mais en un autre lui-même qui est déjà une partie de lui, y compris lorsqu'il est intégralement Jekyll. Si Hyde a des allures de cloporte, c'est de manière strictement imagée.

On sait aussi que le créateur venu des brumes d'Édimbourg était fasciné par les premières expériences de Charcot sur l'hystérie, sur la folie et bien que Freud fut alors encore trop jeune pour avoir entamé sa carrière aujourd'hui fameuse, il est remarquable de constater comment Stevenson a pu percevoir et illustrer les singularités de la psyché humaine, bien avant que le médecin autrichien en fasse théorie. le philosophe et psychanalyste Jean-Bertrand Pontalis ne s'y trompe pas qui nous donne aussi cette clé-ci, parmi les multiples possibles, au cours de son excellente introduction au roman, dans la très complète publication des éditions "Folio classique". Et puisque tout émana d'un rêve, on ne peut que songer aux travaux théoriques du bon Docteur viennois sus-mentionné sur ces entre-deux de la réalité et du sommeil. On ne peut aussi oublier de citer, bien que les thématiques et les aboutissements en soient diamétralement différents, cet autre création de l'époque dédiée à la folie - Ô! combien prémonitoire pour son concepteur - le Horla du normand Guy de Maupassant.

Mais il est autre chose qu'il ne faudrait pas perdre de vue, c'est que ce texte, aussi court soit-il, est un pur régal de lecture. Ces quelques pages savent manier avec une dextérité et un art sans commune mesure, le sens du rythme, du suspense, l'envie toujours renouvelée d'en savoir un peu plus, la fascination pour ces personnages dont nous ne savons, certes, que l'essentiel, mais qui prennent vie sous nos yeux comme s'ils étaient réels. C'est à ce tour de force romanesque qu'il nous est donné d'assister incontinent et c'est sans trêve que nous reprenons de loin en loin, pour nous remettre de quelque autre lecture, bonne ou moins bonne, le fil de cette littérature de génie. Ou comment, par l'évocation du mal absolu, se faire du bien...!
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L'étrange cas du Dr Jekyll et Mr Hyde est une nouvelle écrite par Robert Louis Stevenson et publiée en janvier 1886. Il conte l'histoire d'un notaire, Gabriel John Utterson, qui enquête sur le lien étrange entre Edward Hyde et le docteur Henry Jekyll.
Donc une nouvelle écrite en pleine époque victorienne, dans un monde où règne l'hypocrisie sous des dehors de bienséance.
C'est une nouvelle que l'on peut considérer comme une sorte de thriller d'épouvante où l'on considère le combat du bien et du mal. Mais aussi comme une histoire sur le dédoublement de la personnalité avec cette dualité que l'on a chacun en nous : le bien et le mal. Là où l'homme ordinaire compose avec ces deux facettes, le Dr Jekyll veut bien être Mr Hyde pour assouvir ses instincts mais rester Dr Jekyll pour ne pas avoir à les assumer.
Finalement une petite histoire très bien écrite, dans un langage très abordable pour un écrivain du XIXème siècle, j'ai bien apprécié. Ce livre a souvent été adapté à l'écran, donc je connaissais le mythe mais j'ai pris plaisir à lire l'intrigue originale.
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Un des ouvrages clés dans ma construction littéraire.
à tel point que je l'ai aimé si puissamment que je me suis interdit de le relire depuis 20 ans. J'aimerai tant ne jamais l'avoir lu, pour le redécouvrir! C'est fort, sombre, glauque sans doute, flippant et dérangeant. Mais tellement bien mené! Une machine à faire des cauchemars!
Merci M. Stevenson pour ce récit si inspiré!
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L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde (en anglais, Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde) est un court roman écrit par Robert Louis Stevenson et publié en janvier 1886. Il s'agit d'une réécriture, le premier manuscrit ayant été détruit par Fanny van de Grift, l'épouse de l'auteur, qui le considérait comme un « cahier plein de foutaises ».

Sous décor anglais de la fin du 19 ème, cette oeuvre raconte l'histoire d'un notaire, Gabriel John Utterson, qui enquête sur le lien étrange entre Edward Hyde et le docteur Henry Jekyll, un philanthrope obsédé par sa double personnalité, mettant au point une drogue pour séparer son bon côté de son mauvais. C'est ce dernier qui, nuit après nuit, prendra finalement le dessus et le transformera en monstrueux Monsieur Hyde.

La dichotomie entre le Dr Jekyll, sa vie d'ascète, sa recherche de satisfaction du devoir accompli et Hyde, avec son  amoralité complète,  son extraordinaire sadisme et "toutes les satisfactions sexuelles" à assouvir est énorme.

Prendre ou ne pas prendre la potion... telle est l'éternelle question ! En filigrane, prendre la voie du juste (et réfréner ses vilains désirs) ou pas.

Entre notre nature animale et notre nature spirituelle la marche est - elle si grande que ça ?

Ce texte, qui devait être sulfureux à sa parution, et un peu alambiqué, a bien vieilli ; je me suis un peu ennuyée. ....


Lien : http://justelire.fr/le-cas-e..
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Souvenir mémorable, ancré en moi pour toujours.

Moult fois imité, jamais égalé, que cet "étrange cas" qui nous tient en haleine du début à la fin, sans un instant de répit, et pour notre plus grand bonheur frissonnant.

Un incontournable classique qui n'a pas pris une ride !
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C'est en flânant dans les rayons de ma librairie que je suis tombée sur le cas étrange du Dr Jekyll et de Mr Hyde. Et j'ai été très surprise par la petite taille du roman. Sur le moment, j'ai cru qu'il ne s'agissait que d'extraits avant de m'apercevoir que c'était bien l'oeuvre complète.

J'avais toujours pensé que cette histoire était aussi épaisse que le Dracula de Bram Stocker. Comme quoi, un récit très court peut marquer les esprits, traverser les siècles sans problème et être le sujet d'une multitude d'adaptations cinématographiques de près de deux heures.

Cela s'explique facilement : le roman est génial, c'est un vrai coup de coeur.
Le thème est fascinant : le dédoublement de personnalité et l'affrontement entre le bon et le mauvais côté d'un même individu sont des sujets intrinsèquement intéressants. Et en plus, Stevenson les traite d'une manière intelligente et passionnante.

En passant par le prisme du fantastique et du polar, l'auteur a crée une atmosphère unique qui happe le lecteur dès les premières pages.
Parce que si j'ai aimé l'histoire, c'est l'atmosphère du roman qui m'a le plus enthousiasmée.

On se retrouve dans un Londres humide, où le brouillard enveloppe les passants et affaibli la lumière des réverbères. Les feux crépitent dans des cheminées cossues. le thé, fumant, attend de réchauffer les vieux os des protagonistes. La nuit, les monstres s'éveillent et font perdre la raison aux notables.

Et l'apprenti sorcier se fait prendre à son propre piège, comme Victor Frankenstein en son temps ou Dorian Gray dans une autre mesure. Car c'est le message de Stevenson : si on joue avec des allumettes, on se brûle. Rangez vos poudres de perlimpinpin, vous ne serez jamais aussi fort que Mère Nature.

L'air de rien, ce petit roman, m'a mise mal à l'aise car il m'a obligée à réfléchir sur ma propre nature. Si moi aussi, je prenais cette potion, quel visage aurait mon double ? Sûrement pas celui d'un ange.
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Suite à un fait divers dans un quartier misérable de Londres, Maître Utterson enquête sur un certain Hyde, car il croit se souvenir que ce dépravé est l'héritier de son ami le Dr Jekyll, ce que lui confirme l'examen de son dossier personnel. Il veut le mettre en garde contre cet affreux personnage, mais la réalité n'est pas celle qu'il attendait.

J'ai beaucoup aimé ce court roman, très connu, mais que je n'avais pas encore pris la peine de lire, Je l'ai écouté en audio et c'est une version très réussie, avec de la musique d'ambiance qui nous plonge encore mieux dans cette sombre histoire. La psychanalyse en est à ses débuts et le bon docteur si apprécié en société a découvert une ombre au fond de lui-même, il trouve un moyen grâce à la chimie, de se séparer de ce double inquiétant. Mais celui-ci prendra le dessus.

A l'époque, le message était nouveau, alors que nous, nous savons parfaitement que nous ne sommes de purs agneaux. Il ne faut pas se laisser submerger par notre côté sombre, mais on ne peut le nier complètement. La vie adulte est sans doute la lutte pour trouver le bon équilibre. Si personne ne songe à commettre des crimes, on a souvent à lutter contre quelques mauvais penchants.

J'ai trouvé cette explication illustrée de notre dualité fondamentale très pertinente et réussie. La version audio avec ses passages musicaux bien choisis (french cancan, Dies Irae du requiem de Mozart etc) m'a vraiment enchantée, je me sentais immergée dans le Londres du dix-neuvième siècle. Une lecture courte mais très agréable.
Lien : https://patpolar.com/
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Ca fait 30 ans que je n'avais pas lu cet auteur !
Découvert avec "L'île au trésor" que j'avais aimé.
Il a fallu le challenge mauvais genres et qu'une amie m'en parle en me disant qu'elle voulait le lire pour que je me décide à le rajouter à ma PAL et le lire aussitôt.

Evidemment, on est dans le genre opposé du premier roman que j'ai lu et surtout l'histoire ne m'est pas inconnue.
C'est d'ailleurs ce dernier point qui est dommage.
On en a tellement entendu parler qu'on se spoil la fin !
D'un autre côté, tout est également dit sur la quatrième de couverture, pour ceux qui la lisent !

Le roman se lit vite car peu de pages et peu de personnages.
C'est un roman de genre fantastique et d'un autre côté, il fait se poser la question de qui sommes nous vraiment ?
On représente souvent, dans les dessins animés notamment, le bon et le mauvais côté d'une même personne et c'est sur cet aspect que Stevenson a choisi de développer son histoire.

Pour ceux qui n'en ont jamais entendu parler, laissez vous tenter par ce roman sans en lire le résumé.
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Je me suis régalée. Psychologie, psychanalyse, dédoublement de personnalité... je trouve que le psychisme est un sujet passionnant et j'aime lire des choses là-dessus, documentaire comme fiction. Il y a encore tellement à découvrir à ce propos!
Stevenson s'est ici inspiré de sa propre histoire, suite à un cauchemar dans lequel il vivait un dédoublement de personnalité. Quand les rêves inspirent des romans...encore un sujet à creuser :-)
L'écriture est travaillée, c'est un style d'époque antérieure et j'apprécie vraiment ces belles phrases bien tournées et recherchées.
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