C'est un roman de 2022, et ça se voit tout de suite à sa lecture. Deux des principaux protagonistes sont d'un genre incertain et on y mange des grillons pour sauver la planète! L'intrigue, quant à elle, est à la fois compliquée, étrange, émouvante par moment, assez invraisemblable et avec une fin prévisible. Quelques fragments du récit sortent du lot. Ainsi la série d'interrogatoires d'un suspect peu bavard par Love Martinsson, psychologue de talent. Avec des techniques douces, pour le moins inhabituelles, mais habiles. Marquant également l'histoire peu banale de Stina relatée par Per Qviding dans son livre ‘Vie et mort de Stina'.
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Car au delà de l'intrigue policière (il y a quelques crimes - trois pour être précis), c'est le récit de la vie de Stina. le récit nous est délivré par morceaux et par deux canaux différents. Stina vit dans une famille d'adoption, avec un frère plus jeune dont elle s'occupe comme une mère. Elle mène une vie en marge de la société, dans le Jämtland, et malgré tous les malheurs qui s'abat sur elle, elle s'en sort plutôt bien.
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L'enquête de police menée par Jeannette Kihlberg et Jimmy Schwarz, aidés de Nils Ahlund et d'Olivia Jensen m'a laissé sur ma faim, tant elle apparaît classique, terne et décousue.
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Mais ici beaucoup des protagonistes sont doubles. Certains ont une vie dans le roman de Per Qviding, et une autre vie, une vie réelle qui ne ressemble en rien à celle du roman. D'autres ont une vie officielle très lisse et une vie privée beaucoup plus sombre. Enfin l'un des personnages va nous apparaître successivement sous deux noms différents, un autre sous trois noms différents!!! Et puis on va rencontrer tellement de Qviding, vivant dans des siècles et des endroits distincts qu'on va se perdre en route!! Quelque part, cette difficulté à identifier, et à nommer les protagonistes finit par nous détacher du récit.
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Un livre où l'on peut se perdre et qui laisse une bonne place à l'imagination pour en dénouer les fils, une fois la lecture achevée, pas sûr que l'on ait tout compris mais cette part de mystère me convient très bien. J'avais laissé tombé d'autres livres de ces auteurs mais celui-ci me donne envie de revenir dessus.
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Un prêtre et le bourreau ont accueilli Marie-Antoinette au pied de la guillotine. […] A midi et quart exactement, Marie-Antoinette a posé sa tête sur le billot pendant que le peuple jubilait. […]
Arrivé à ce point de l’histoire, père avait l’habitude de s’arrêter, pensif, et ce qu’il disait ensuite pouvait varier. […]
Mais la fin la plus excitante était quand Pe racontait la chose extraordinaire qui se serait produite quand le bourreau a brandi la tête coupée de Marie-Antoinette.
Tandis qu’il montrait la tête au peuple et que le sang coulait du cou tranché, la reine a ouvert les yeux.
Elle a regardé la foule et les cris de joie ont cessé.
Marie-Antoinette a cligné des yeux , trois ou quatre fois, et tous ont pu voir que la tête continuait à vivre alors que le corps gisait inerte sur la guillotine.
On voyait clairement que le courage n’avait pas abandonné la reine.
- « Le vrai bonheur, dis-je, se trouve chez les peuples primitifs en Afrique ».
Vidar commence à s’endormir pendant que je lui parle de ces femmes et hommes noirs pauvres qui vivent si près de la terre qu’ils ont une connaissance innée de qui ils sont et de comment tout, vraiment tout fonctionne réellement. « Ils ont à peine des vêtements. S’ils veulent quelque chose de joli, un bijou, peut-être, ils le fabriquent plutôt que de l’acheter. Ils n’ont jamais eu de chef qui les trompe et leur ment pour avoir le pouvoir et la richesse, et pour cette raison leurs histoires sont toujours vraies, leurs récits parlent de notre être le plus profond et de notre lien avec les animaux et la planète tout entière. »
Le petit pot en verre dont le contenu était à présent dans l’assiette ne pouvait servir que de décoration, alors que, d’après le vendeur, c’était censé être un snack. « J’ai appris que l’élevage de grillons consommait beaucoup moins d’eau que la production de viande de boeuf, expliqua Love, et que les émissions de dioxyde de carbone étaient cinquante-cinq fois moindres pour une teneur en protéines égale à la viande.
- C’est cent fois plus repoussant », objecta Ahlund.
Lasse sourit, tendit la main et attrapa un grillon d’un centimètre de long qu’il se fourra dans la bouche.
Elle sort le livre de son sac, le feuillette jusqu’au bon en‑
droit et, tout en marchant dans l’allée qui conduit jusqu’à
Aluddsparken, sur la rive sud-ouest de l’île, elle commence
sa lecture.
Stina Qviding, de Vitvattnet dans le Jämtland, avait dix-huit
ans quand, à l’automne 1869, elle est arrivée à Stockholm. Elle
avait rejoint l’exode de ceux qui partaient vers le sud en quittant les localités sinistrées du Norrland, et elle avait échoué à
Stockholm, comme beaucoup, dans la rue, une boîte de conserve à la main
Nous autres les vivants, nous ne sommes que des morts en vacances.
Payot - Marque Page - Erik Axl Sund - Une vie de poupée